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«Quand est-ce que l’Amérique a été grande ?»: Les USA enterrent «Big George»

«Quand est-ce que l’Amérique a été grande ?»: Les USA enterrent «Big George»
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Par AlAhed avec sites web

Entre les larmes et les slogans politiques, les obsèques de George Floyd, dans une église du Texas mardi 9 juin, ont mêlé les hommages à cet homme noir tué par un policier blanc et les appels enflammés à s’attaquer, enfin, au racisme qui «blesse l’âme» de l’Amérique.

La pasteure Mia Wright, de l’église Fountain of Praise à Houston, a d’emblée donné le ton de ces funérailles, retransmises en direct dans des millions de foyers :

«Nous allons peut-être pleurer, faire notre deuil, mais nous allons trouver du réconfort et de l’espoir !»

Dans le premier registre, les proches de George Floyd ont salué «Big George», leur «Super-Man», leur «doux géant» dont la stature de près de deux mètres n’a pas empêché un agent de police de l’étouffer, en s’agenouillant pendant près de neuf minutes sur son cou, il y a quinze jours à Minneapolis, dans le nord du pays où il était parti vivre il y a quelques années.

«L’heure de la justice raciale est venue»

«Vous êtes obligés de faire votre deuil en public, c’est difficile», leur a dit le candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden dans une vidéo au ton intime diffusée pendant la cérémonie. Mais, pour lui, «l’heure de la justice raciale est venue». «Nous ne pouvons plus nous détourner du racisme qui blesse notre âme», a ajouté l’ancien vice-président de Barack Obama, qui jouit d’une grande popularité parmi les électeurs noirs.

Plusieurs élus démocrates, dont le maire de Houston, Sylvester Turner qui a annoncé une réforme de la police de la ville, ont pris la parole à la tribune, mais c’est la jeune nièce de George Floyd qui s’est aventurée le plus avant sur le terrain politique.

«Certains disent qu’il veut rendre leur grandeur à l’Amérique», a lancé Brooke Williams, en référence au slogan de campagne de Donald Trump. «Mais quand est-ce que l’Amérique a été grande ?», s’est-elle interrogée en dénonçant la «haine raciale» aux Etats-Unis.

Le président américain Donald Trump «n’a pas eu un mot» pour le calvaire de George Floyd, a accusé le révérend Al Sharpton lors des obsèques. «Le président a parlé d’appeler les militaires en renfort» pour ramener le calme dans les villes secouées par des violences à la suite de ce drame, a relevé cette figure des droits civiques. «Mais il n’a pas eu un mot pour les huit minutes et quarante-six secondes de ce meurtre policier», a-t-il ajouté.

Le calvaire de George Floyd, dont une vidéo est devenue virale, a suscité une mobilisation inédite aux Etats-Unis depuis la lutte des droits civiques dans les années 1960. Sous le cri «Black Lives matter» (La vie des Noirs compte), les appels à réformer la police et à lutter contre les inégalités raciales ont gagné le monde entier.

Mais Donald Trump, qui briguera un second mandat en novembre, campe sur un discours de fermeté. «La première chose que nous devons faire est nettoyer la Maison Blanche», en a conclu, sous les applaudissements de l’église, le révérend Bill Lawson en appelant les Américains à «voter».

Entrecoupées de chants gospel, les funérailles ont aussi vu un artiste dessiner le visage de George Floyd en ligne blanche, sur une toile noire. Première figure blanche à s’exprimer, le pasteur Steve Wells a interpellé sa communauté :

«Nous sommes meilleurs qu’avant, mais nous ne sommes pas aussi bons que nous devrions l’être et ce n’est pas suffisant»

Enterré aux côtés de sa mère

A l’issue de la cérémonie, George Floyd a été enterré aux côtés de sa mère Larcenia, morte en 2018, dont il avait le surnom «Cissy» tatoué sur la poitrine. Lors de son calvaire, il avait supplié le policier Derek Chauvin de le relâcher en implorant «maman».

Devenu le visage des brutalités policières, l’agent de 44 ans a comparu lundi pour la première fois devant la justice par vidéo. Lors de l’audience, la juge a fixé à un million de dollars le montant de sa caution libératoire, assortie de certaines conditions.

Il avait fallu attendre quatre jours pour qu’il soit arrêté et inculpé, dans un premier temps d’homicide involontaire. Ses trois collègues impliqués dans le drame n’avaient pas alors été inquiétés.

Cette clémence apparente de la justice avait attisé la colère et, le dernier week-end de mai, les manifestations avaient dégénéré en violences, avec des affrontements et des pillages nocturnes dans plusieurs villes du pays.

Des couvre-feux et le déploiement de soldats de la garde nationale ont peu à peu ramené le calme. En parallèle, le chef d’inculpation retenu contre Derek Chauvin a été requalifié de «meurtre», un crime passible de quarante ans de prison, et ses trois collègues ont été arrêtés et inculpés pour complicité.

«Domination totale»

Loin de s’exprimer en faveur de la victime, Donald Trump a été trop transparent sur ses ambitions. Lors d’une réunion le 1er juin avec les gouverneurs, il a explicitement réclamé une réponse militarisée et une «domination totale» du champ de bataille pour éradiquer les manifestants, qualifiés de «terroristes», des peines de prison pouvant aller jusqu’à «dix ans» et l’imposition d’une véritable «force d’occupation» dans les villes américaines.

Mais les manifestations se poursuivent : des dizaines de milliers de personnes, noires et blanches, ont encore défilé dans le calme ce week-end en réclamant des réformes de fond des forces de l’ordre.

En France, des hommages ont eu lieu mardi soir dans plusieurs villes (Lille, Grenoble, Paris, Dijon, Amiens…), pour saluer la mémoire de George Floyd, au moment de ses obsèques.

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