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USA: la mort de George Floyd requalifiée en «meurtre», les 4 policiers inculpés

USA: la mort de George Floyd requalifiée en «meurtre», les 4 policiers inculpés
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Par AlAhed avec sites web

Le procureur enquêtant sur la mort de George Floyd à Minneapolis a requalifié mercredi les faits en homicide volontaire : Derek Chauvin, le policier qui a asphyxié cet Afro-américain de 46 ans, a été inculpé de «meurtre non prémédité».

Ses trois collègues ont été, quant à eux, inculpé de complicité, et tous ont été renvoyés de la police.

Les quatre agents encourent donc une peine maximale de 40 années de réclusion, selon l'acte d'inculpation enregistré au tribunal.

La famille de la victime, décédée le 25 mai, s'est félicitée de l'aggravation de ces poursuites, dans un communiqué transmis par son avocat, Ben Crump.

«C'est un pas important sur la voie de la justice», a-t-elle commenté, neuf jours après la bavure enregistrée sur une vidéo qui a choqué la société américaine et jusqu'au-delà des frontières du pays.

La mort de George Floyd, à l'âge de 46 ans, a généré un mouvement de protestation historique aux Etats-Unis, des centaines de milliers de personnes descendant dans les rues jour après jour pour dénoncer le racisme et les brutalités policières.

Mardi, le Pentagone a mobilisé près de 1.600 soldats de l'armée américaine et les a déployés dans la région de Washington afin de contenir les manifestations.

« On en a assez d’être tués »

Sur Hollywood Boulevard, les véhicules blindés et les militaires de la Garde nationale n’ont pas découragé les manifestants. Une semaine après le décès de George Floyd, un Afro-Américain mort asphyxié sous le genou d’un policier blanc dans le Minnesota, plusieurs milliers d’habitants de Los Angeles ont à nouveau défilé, mardi. Et des centaines de milliers d’Américains ont fait de même dans tout le pays, de Washington à Portland. Malgré des incidents à Atlanta et des arrestations dans la soirée de manifestants ayant violé les couvre-feux mis en place dans de nombreuses métropoles, les cortèges ont été plus pacifiques que les jours précédents, qui avaient été marqués par des émeutes et des pillages.

Alors que Donald Trump a promis «la loi et l’ordre», la foule, groupée en milieu d’après-midi au croisement d’Hollywood et Vine, réclame «la justice et le changement», avec la présidentielle de novembre en ligne de mire. «On est en colère. C’est même plus fort, c’est de la rage. Ce n’est pas juste contre les brutalités policières. C’est contre le racisme systémique, la discrimination à l’embauche, les incarcérations massives et l’injustice du système de santé», dénonce Joshua, un néo-Angeleno né dans le Sud américain. «La pression sur le cou de George Floyd a duré huit minutes. La population noire vit avec cette oppression chaque seconde aux Etats-Unis.» Alors que le coronavirus a creusé les inégalités économiques, et que la mortalité est deux fois plus élevée chez les Afro-Américains, la pression s’est «accumulée pendant trois mois», estime-t-il. Et la mort de George Floyd a tout fait exploser.

« No justice, no peace »

La foule qui progresse sur Sunset Boulevard est à l’image de Los Angeles : jeune et cosmopolite, et, Covid oblige, le plus souvent masquée. Les voitures qui tentent de passer apportent leur soutien en klaxonnant ou en distribuant gratuitement de l’eau ou du gel hydroalcoolique. Le hashtag #BlackLivesMatter est omniprésent sur les pancartes, tout comme #ICantBreath («Je ne peux pas respirer»), les derniers mots de George Floyd. Mais aussi ceux d’Eric Garner, décédé dans des conditions similaires à New York en 2014.

Venues de South Los Angeles, une banlieue principalement noire et latino, Destiny et Jamisha reprennent en chœur «No justice, no peace» («Pas de justice, pas de paix»), un refrain déjà scandé lors des émeutes de 1992 après l’acquittement des policiers jugés pour le passage à tabac de Rodney King. Mais aussi «Hands up, don’t shoot» («les mains en l’air, ne tirez pas»), popularisé lors des manifestations de Ferguson après la mort de Mike Brown en 2014.

Michael Brown, Tamir Rice, Philando Castile, Breonna Taylor, George Floyd et tant d’autres – plus de 1.000 Américains sont tués par la police chaque année, avec un taux 2,5 fois plus élevé de victimes afro-américaines que blanches. A l’aide d’un mégaphone, Ish égraine ces noms. S’il n’excuse pas la violence des derniers jours, il la comprend : «On est frustrés. On a envie de hurler. On en a assez de mourir. On a mis un genou à terre pacifiquement pendant des années, et c’était déjà trop pour certains.» Selon lui, «le changement prendra du temps, mais ce qui semble être différent cette fois, c’est la prise de conscience et la mobilisation des Blancs.»

Alors que l’heure du couvre-feu approche, des organisateurs de Black Lives Matter LA lancent un appel sur Instagram : «Rendez-vous devant la résidence du maire» Eric Garcetti. Les policiers quadrillent le quartier et bloquent les principaux accès avec du ruban jaune «Do not cross» pour canaliser la foule. Plusieurs centaines de personnes se rassemblent et appellent à «couper les fonds à la police» – la veille, le chef du LAPD, Michael Moore, avait estimé que les pilleurs étaient «aussi responsables [que la police]» de la mort de George Floyd.

«Les gens sont fatigués»

A Minneapolis des groupes de manifestants plus virulents sont venus d'autres Etats et ont laissé leur signature sous la forme de slogans anarchistes. Mais les chiffres des arrestations montrent qu'ils ne formaient que 20% du cortège, loin de la caricature faite par Donald Trump qui met en cause les antifas uniquement, un mouvement qui se réclame de l'antifascisme. Une grande majorité des fauteurs de troubles interpellés étaient en fait des habitants de la ville.

«Les gens sont fatigués. Personne ne nous écoute jamais. A part la violence, quelles solutions avons-nous ?», interpelle un jeune homme noir.

Pour se protéger de la casse, beaucoup ont écrit : «magasin tenu par des Noirs» sur leur devanture. Dans ce quartier métissé de Minneapolis, les habitants ont du se défendre contre des groupes d'extrême-droite venus les intimider. «Ici j'ai vu les gens la nuit avec des marteaux et des battes de base-ball. Ils étaient prêts à se battre contre ces suprémacistes blancs». Ces jeunes ont vu passer ces extrémistes plusieurs fois ; ils étaient quelques dizaines seulement.

Des milliers de manifestants défilent toujours partout aux Etats-Unis

New-York, Boston, Washington, Houston... La mort de George Floyd a dépassé de loin Minneapolis, et des milliers de manifestants descendent tous les jours dans les rues, certains faisant fit des couvre-feux imposés face aux violences des deniers jours. A Houston, au Texas, près de 60 000 personnes ont manifesté mardi 2 juin.

 

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