Pandémie et manifestations: l’ONU dénonce les «discriminations raciales endémiques» aux Etats-Unis
Par AFP
La pandémie et les manifestations provoquées par la mort de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc lors de son arrestation, mettent en évidence les «discriminations raciales endémiques» aux États-Unis, a déclaré mardi la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.
«Ce virus révèle des inégalités endémiques trop longtemps ignorées», a estimé Michelle Bachelet dans un communiqué.
«Aux États-Unis, les manifestations provoquées par la mort de George Floyd mettent en évidence non seulement les violences policières contre les personnes de couleur, mais aussi les inégalités dans la santé, l’éducation, l’emploi et la discrimination raciale endémique.»
Une semaine après la mort de George Floyd, un homme de 46 ans décédé après que Derek Chauvin, un policier blanc, s’est agenouillé sur son cou pendant plus de huit minutes, des centaines de milliers d’Américains protestent contre les brutalités policières, le racisme et les inégalités sociales, exacerbées par la crise de la COVID-19.
Le président Donald Trump a promis de restaurer l’ordre dans une Amérique en proie à un déferlement de colère historique, menaçant de déployer l’armée pour faire cesser les violences.
À Genève, le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Robert Mardini, une organisation qui sort rarement de sa réserve, a indiqué mardi dans un tweet : «Nous sommes solidaires de nos collègues et amis de la Croix-Rouge américaine dans le rejet de la haine, du racisme, de la violence et du sectarisme. Aujourd’hui et chaque jour».
Dans un tweet séparé, le CICR a rappelé aussi, sans toutefois pointer les États-Unis, que «le droit international exige que la police fasse un usage minimal de la force».
Dans une vidéo postée sur le réseau social, le CICR souligne que les policiers ne «peuvent utiliser les armes et la force qu’en dernier recours», et que l’utilisation des armes à feu est autorisée, «seulement lorsqu’elle est essentielle pour protéger la vie» des personnes.
«Tragédie»
Les problèmes de discrimination conjugués à l’inégalité face à la COVID-19 «se vérifient à des degrés divers dans de nombreux autres pays», a souligné Michelle Bachelet.
«Les statistiques font état d’un impact dévastateur de la COVID-19 sur les populations d’origine africaine, ainsi que sur les minorités ethniques dans certains pays, dont le Brésil, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis», selon elle.
Aux États-Unis, le taux de mortalité des personnes positives à la COVID-19 est deux fois plus important parmi les Afro-américains que dans les autres communautés, avance l’ex-présidente du Chili.
«Dans l’État de Sao Paulo au Brésil, les personnes de couleur ont 62 % plus de risques de mourir de la COVID-19 que les personnes blanches», a-t-elle affirmé, assurant également, sans toutefois donner de statistiques pour étayer ses propos, qu’« en France, dans le département de la Seine-Saint-Denis, où vivent de nombreuses minorités, une surmortalité plus élevée a également été signalée».
De même, a-t-elle ajouté, les données gouvernementales en Angleterre et au Pays de Galles montrent un taux de mortalité des Noirs, des Pakistanais et des Bangladais «qui est presque le double de celui des Blancs, même si l’on tient compte de la classe sociale et de certains facteurs de santé».
«C’est une tragédie qu’il ait fallu la COVID-19 pour mettre en évidence ce qui aurait dû être évident-à savoir que l’inégalité d’accès aux soins de santé, les logements surpeuplés et la discrimination omniprésente rendent nos sociétés moins stables, moins sûres et moins prospères», a déploré Mme Bachelet.