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Aoun à Feltman : Tous les Libanais sont obligés de soutenir ceux qui se battent contre Israël

Aoun à Feltman : Tous les Libanais sont obligés de soutenir ceux qui se battent contre Israël
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La guerre de juillet 2006 (complots et négociations sous le blocus)

L'ambassadeur Feltman ne s'attendait pas à ce que la guerre de juillet 2006 élimine seulement le Hezbollah. Il a vu dans cette guerre beaucoup d'effets secondaires positifs. Il a compté sur la destruction de la popularité du député Michel Aoun et son courant politique, et au mieux l'éloigner du Hezbollah. Durant les trois premières semaines, Feltman a laissé Aoun "seul". Il ne l'a pas visité; il s'attendait à ce que l'ancien chef de l'armée arrive à la conviction qu'il faut rompre l'alliance avec le Hezbollah. Mais quand il lui a rendu visite au premier jour du mois d'août, Feltman a constaté que Aoun non seulement n'a pas changé de position, mais au contraire son support pour le Hezbollah a augmenté. 
Ce qui a le plus gêné Feltman est l'avis d'Aoun sur les forces du 14 février qui sont décrites par la plupart des documents de Feltman comme les parties "pro-réformes". Dans le télégramme envoyé par l'ambassade américaine à Beyrouth (publié ci-dessous), Aoun confirme son support pour  les forces qui luttent contre Israël, tout en soulignant qu'il présentera «ses questions» à son allié, le secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah, lorsque la guerre se termine.
Le contenu du télégramme montre quelques unes des raisons ayant contribué  à l'évolution des  relations entre Aoun et Nasrallah au cours des cinq dernières années.
On ne peut plus parvenir à cette conclusion si nous comparons le compte rendu de la rencontre entre Aoun et Feltman et les deux télégrammes contenant les comptes rendus de la rencontre entre l'ambassadeur américain et le ministre Boutros Harb. Celui-ci apparaît dans les télégrammes horrifié par l'idée de la guerre victorieuse du Hezbollah. Il conseille d'occuper des terres libanaises par Israël à fin de montrer "la faiblesse du Hezbollah". Mais ces conseils n'ont pas plu à Jefferey Feltman qui voulait une réponse à sa question essentielle: Comment peut-on vraiment affaiblir le Hezbollah? 
Aoun à Feltman : Tous les Libanais sont obligés de soutenir ceux qui se battent contre Israël
Harb: Il ne faut pas que Nasrallah devienne "Rambo"
Numéro du télégramme: Beyrouth 2508
Date: le 1er Aout 2006, 12:34
Sujet: Aoun chante avec la chanteuse française Edith Piaf (non, je ne regrette rien)
De la part de: l'ambassadeur Jeffrey Feltman
Résumé:
L'ancien chef de l'armée libanaise Michel Aoun a exprimé son refus quant à l'affrontement de la situation de schisme que représente le Hezbollah au Liban. Loin de considérer Hassan Nasrallah responsable de la violence qui a débuté avec l'attaque du Hezbollah le 12 juillet, Aoun a affirmé que tant que les combats se poursuivent, le Liban doit entièrement s'unir derrière la force qui fait face aux Israéliens. Le leader du courant patriotique libre a exprimé son support pour le plan des sept points proposé par le premier ministre Siniora et les négociations pour le cessez-le-feu. Mais il a prétendu que les affaires les plus sensibles contenues dans le Mémorandum d'entente qui a été déclaré le 6 février avec Hassan Nasrallah. Dans une tentative étrange pour ne pas prendre une position, Aoun a insisté qu'il n'est pas vraiment dans une alliance avec le Hezbollah, mais il critique les dirigeants «constants» de 14 Mars  - Siniora et Walid Joumblatt, Saad Hariri - qui, à son avis, ne méritent pas «la confiance» des Libanais. Il a insinué que (même s'il ne l'a pas dit explicitement) Nasrallah comme partenaire, mérite plus la confiance. Et lorsqu'il lui a été demandé de donner une explication aux affaires du 12 juillet, il a avoué qu'il ne sait pas comment cela est arrivé.
(Fin du résumé) 
Lors d'une réunion tenue le premier du mois d'août avec l'ambassadeur et un diplomate (de l'ambassade), le leader du Courant Patriotique Libre Michel Aoun a essayé d'expliquer comment il a réussi à écrire deux articles totalement contradictoires et qui ont apparu dans une période de 24 heures dans le «Wall Street Journal» et le journal pro-syrien. Aoun a affirmé que ses points de vue exprimés le 30 juillet dans le journal Assafir dans lesquels il a supporté le Hezbollah et les explications équilibrées concernant le conflit actuel qu'il a montré dans le "Wall Street Journal" le 31 juillet sont totalement compatibles les uns avec les autres si nous considérons son engagement en tant que citoyen libanais.
3. Il a insisté sur le fait que les Libanais sont tous obligés de montrer leur support pour ces forces (le Hezbollah) qui affrontent Israël. En conséquence, l'ancien commandant militaire a répété qu'il peut analyser la cause profonde du conflit, tout en exprimant son soutien pour le Hezbollah. À la lumière des crimes israéliens, il n'avait pas tout simplement  une autre option.
Les conséquences pour le Hezbollah
4. Lorsqu'on lui a demandé si la position ironique de Nasrallah exprimée devant ses collègues dans le dialogue national, quelques jours avant le début des combats explique les résultats; Aoun a évité de répondre à cette question. Au lieu de donner une réponse simple, Aoun a affirmé qu'il était possible d'éviter la guerre – si les leaders politiques au Liban avaient prêté attention aux conclusions de ses premiers débats avec le Hezbollah (qui ont conduit au mémorandum du 6 février) et ont compris 3 affaires essentielles. Une approche unifiée envers le gouvernement d'Israël aurait conduit à la stabilisation.
5. Comme il le fait à maintes reprises, Aoun a noté la manière dont le mémorandum d'entente a géré le document l'affaire les fermes de Chebaa captivées sous le protectorat israélien, et les armes du Hezbollah. Il a insisté sur le fait que les problèmes sous-jacents restent les mêmes, suggérant que les sept points présentés par Siniora sont juste une répétition de ses positions antérieures.
Lorsque l'ambassadeur a insisté pour savoir s'il était possible qu'Aoun et le courant patriotique font face à la décision délibérée et unilatérale de Nasrallah qui a engagé le Liban dans une guerre douloureuse, Aoun a répondu tout simplement qu'il posera les questions "nécessaires" au Leader du Hezbollah dès que les combats s'arrêtent. Aoun a annoncé que «Chacun a le droit de poser des questions». Il ajouta plus tard, que tant que les combats se poursuivent, tout le monde doit mettre de côté toutes les autres considérations.
Il supporte les travaux des Nation-Unies, et critique le 14 mars
7. Tout en détournant une autre question, Aoun affirma qu'il faut considérer son "alliance de coopération" avec le Hezbollah dans la même perspective de l'interaction des autres politiciens avec ce parti. En fin de compte, et comme il a indiqué,  Siniora a invité le Hezbollah pour faire partie de son gouvernement politique, alors que le Courant Patriotique Libre a été mis dans un isolement lors de la formation du gouvernement en juin dernier. Dans le même contexte, Aoun a souligné que c'est Saad Hariri qui a passé de longues heures élaborant des discussions fermées avec le chef du Hezbollah, tandis que les extraits de ses débats (à Aoun) ont conduit  à document officiel le 6 février. En fin de compte, il a parlé de la relation instable avec le leader druze Walid Joumblatt.
8. Aoun a déclaré qu'à un moment ou un autre, tous les partisans de la réforme parmi les dirigeants du 14 mars, ont essayé de trouver un terrain commun avec Hassan Nasrallah. Et malgré cela, il était le seul politicien à payer le prix.
Aoun a utilisé cette logique pour conclure que les dirigeants du 14 Mars n'ont pas eu la «confiance » du peuple libanais, ce qui entravera les efforts du gouvernement pour parvenir à un cessez-le-feu juste.
L'ambassadeur a souligné que, quelles que soient les tentatives réalisées par Joumblatt et Hariri visant à se rapprocher de Nasrallah, mais au moins ils voient clairement maintenant qui est Nasrallah et ce qu'il représente. Aoun n'a pas répondu.
9. Malgré le manque de confiance (ou même la perception d''infériorité) envers le gouvernement de Siniora et ses alliés politiques, Aoun a reconnu qu'il soutient les efforts font par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour parvenir à un cessez-le-feu.
Mais il n'a pas pu se contrôler et souligne dans son dernier commentaire que cela aurait pu être évité si Siniora, Hariri et Joumblatt "qui se ressemblent" avaient  tenu compte de ses propositions politiques
Le lendemain
Aoun a déclaré qu'il espérait que toutes les forces politiques disparates au Liban collaborent ensemble pour reconstruire ce «pays brisé», mais il a réitéré sa conviction qu'il ne peut pas faire confiance à ceux dont le leadership n'a pas réussi- la majorité du 14 Mars - à prévenir la «catastrophe» en cours. Aoun a confirmé qu'il a toujours travaillé pour assurer les conditions que certains Libanais prétendent soutenir aujourd'hui: le retour des prisonniers, le retour de Chebaa, et "l'intégration"  des armes du Hezbollah dans les forces armées libanaises. Il a de même annoncé qu'il y a un point de rencontre entre lui et le gouvernement. Mais à la fin, il reprend son inquiétude du fait que le gouvernement n'est pas à la hauteur.
Commentaire
11. Une telle réunion a  représenté une déception pour tous ceux qui souhaitaient que la crise tragique actuelle permettra d'injecter un peu d'intégrité dans la relation entre le Hezbollah et Michel Aoun. La performance interrompu et répétée et la plupart du temps contradictoire. Aoun a montré beaucoup d'aversion et de méfiance. Les mêmes caractères qui provoquent beaucoup d'aversion et de méfiance parmi les membres de la classe politique au Liban.
Il n'admet que rarement avoir commis une faute ou mal calculé. Et à travers une distorsion de la logique, il trouve toujours un moyen pour raconter ses "championnats" diplomatiques et politiques, tout en considérant les efforts des autres politiciens inefficaces et mal perçus.
12. Le solide soutien dont il bénéficie parmi la communauté maronite au Liban (même si ce soutien a diminué depuis le jour de son arrivée à l'Aéroport International de Beyrouth en mai lorsqu'il a demandé de la foule de ses partisans motivés «de la fermer»), fait de lui une force politique capable de contribuer matériellement aux efforts visant à soutenir la réforme afin d'atteindre à un état démocratique et stable. Mais son refus pour voir la réalité du Hezbollah -et les critiques qu'il lance sur tous les autres chefs politiques- l'ont mis dans une impasse politique de laquelle il refuse de s'en débarrasser. 
13. Nous avons remarqué la présence de désagrégations au sein du Courant Patriotique Libre et de fortes objections face aux politiques d'Aoun parmi ses conseillers de seconde classe. Mais le fait qu'Aoun se dirige peu vers les autres chefs réformistes montre que la scène politique, à un moment donné après la bataille, sera témoin de beaucoup de conflits, comme dans la période du 11 juillet. Nous sommes d'accord avec lui sur le fait qu'il ne faut pas ignorer la communauté shiite au Liban et qu'il ne faut pas que cette communauté se ressente défaite. Mais, contrairement à Joumblatt et Hariri, Aoun n'a pas encore reconnu que Nasrallah l'a exploité.
Fin du commentaire
Feltman

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