Jaber : Berry a craint de perdre ses partisans dû à la reconstruction
Wikileaks guerre de juillet/ journal Al Akhbar 7 avril/ Jaber : Berry a craint de perdre le soutien de ses partisans dû à la reconstruction
Câble numéro : 06BEIRUT2826
Date : 31/8/2008, 15:15
Sujet : le député chiite modéré, Yassine Jaber, parle de l'embargo et du Hezbollah
Envoyé par : Jeffrey Feltman, ambassadeur
Commentaire
Selon le député chiite modéré Yassine Jaber, l'économie libanaise, le gouvernement et les forces armées ont été affaiblis durant les années des crises et le conflit actuel armé. Les institutions libanaises sont incapables de repousser la menace du Hezbollah sans l'aide sérieuse de la communauté internationale et de l'administration américaine. Jaber, qui représenterait une tendance significative de la pensée politique libanaise, a réduit le rôle de la contrebande d'armes. Il a affirmé que le gouvernement libanais ne réussirait pas à traiter sérieusement le problème même s'il était une condition pour lever l'embargo sur les ports libanais et l'aéroport.
(Le commentaire est terminé)
La souffrance du Liban
L'ambassadeur, le responsable politique et économique à l'ambassade et un des conseillers politiques libanais de l'ambassade ont offert un déjeuner à Yassine Jaber, un député chiite éminent mais modéré et deux fois ministres. Etant une source familière pour l'ambassade, Jaber est un député sur la liste de Nabih Berry- mouvement Amal, bien qu'il n'en soit pas un membre. Jaber a commencé la conversation en prétendant que" le blocus est pire que la guerre".
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Il a prétendu que les entreprises internationales étaient obligées de rester 35 jours sans contact avec le monde extérieur et qu'elles ne resteraient pas au Liban dans de telles circonstances. L'ambassadeur a signalé que vu la popularité élevée du Hezbollah et sa suprématie après le conflit, de nombreuses sociétés de sécurité ont décidé de rendre le Liban un pays indésirable pour y fonder leur siège.
Jaber a indiqué que beaucoup de familles libanaises riches ont également reporté leur retour au Liban ou elles ont définitivement quitté le Liban. "Les plus dépensiers" sont restés loin du Liban parce que, parmi d'autres choses, les écoles privées ont décidé d'emboîter le pas aux écoles publiques en ajournant le début de l'année scolaire. (Remarque : l'école de la diaspora américaine dont Jaber est représenté dans le conseil d'administration a reporté l'entrée scolaire jusqu'au 9 octobre, une semaine avant la nouvelle date d'ouverture des écoles officielles). Jaber a noté que la suspension de l'enseignement est l'un des coups les plus durs du conflit actuel pour le Liban.
Jaber a prétendu que la guerre a rendu le Hezbollah populaire, mais elle a coûté la vie à plusieurs personnes, et détruit les moyens de subsistance, notamment dû à l'attaque contre les infrastructures. L'ambassadeur a souligné que le conflit prochain sera pire si la contrebande d'armes n'a pas été contrôlée et que le Hezbollah est prêt à détruire le Liban pour assurer sa survie
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7- Jaber s'est opposé à l'insistance de l'ambassadeur que le problème réel réside dans les opérations de contrebande d'armes, notamment à travers l'aéroport. L'ambassadeur a confirmé que les mesures adoptées à l'aéroport ont pratiquement facilité la mise en œuvre de tous les types d'opérations de contrebande, ce qui signifie que la contrebande d'armes et d'autres questions sécuritaires sont très loin de la solution".
8- Jaber a posé, à maintes reprises, des questions sur la possibilité d'utiliser des solutions techniques pour le problème de la contrebande d'armes. Il a proposé que le Liban tente d'utiliser des systèmes d'inspection douaniers, comme ceux offerts dans le passé par la société suisse Société Générale de Surveillance (SGS), cependant, à l'époque le timing n'était pas approprié.
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9- Jaber a confirmé que le Hezbollah veut actuellement "absorber la colère et calmer la situation" et que ses partisans, notamment les Chiites, ne désirent pas le déclenchement d'une autre guerre ou "d'un second round", selon les propos de Nasrallah. L'ambassadeur a dit à Jaber que "le Hezbollah provoquera maintenant une nouvelle guerre en raison de la poursuite des opérations de contrebande d'armes".
Le gouvernement de Siniora dans une impasse
10- Il a indiqué que le gouvernement libanais aurait du louer des hôtels pour loger les personnes qui ont perdu leurs maisons durant la guerre, ce qui aidera les sans abris et soutiendra en même temps le secteur des hôtels.
11- Jaber a reconnu que Siniora et Berry ont réussi dans le plan de sept moins, mais ils ont échoué lorsqu'ils ont connu que le Hezbollah était plus actif contre Israël et au nom du Liban. Jaber a confirmé que Berry a demandé au Hezbollah de ne pas reconstruire les maisons situées dans les régions soumises à l'influence d'Amal, pour permettre à Berry (avec l'aide de certaines sources inconnues) de faire cette mission et maintenir la loyauté de ses partisans.
L'armée libanaise
12- L'armée libanaise, dont Jaber et l'ambassadeur se sont entendus sur la performance formidable et sur la récupération de sa confiance et de son intégrité durant la révolution du cèdre en 2005, a également besoin urgent d'aide avant d'assumer des missions supplémentaires lors de son déploiement dans le pays. Jaber a demandé "pourquoi nous ne pouvons pas obtenir un pont d'aides immédiates ?". Il a proposé la mise en œuvre d'un programme d'urgence pour équiper l'armée et les points de contrôle. Jaber a regretté le retard dans le déploiement des forces de la FINUL au Sud, ajoutant que l'arrivée du soutien allemand aux douanes et aux autres postes frontaliers peut prendre deux mois ou plus.
Le parlement libanais refuse de recevoir les visiteurs
14- Jaber nous a informés que le parlement libanais a décidé de ne pas voyager et refuser la réception de toute délégation officielle, y compris la visite de la délégation du Congrès prévue cette semaine, pour protester contre le blocus. L'ambassadeur a qualifié cette décision "d'absurde", notamment à la lumière des visites américo-libanaises attendues, et a appelé Jaber à inciter à l'annuler. Jaber a indiqué que beaucoup de nos projets communs seraient menacés, y compris les programmes d'aides humanitaires et de déminage. C'est une mesure stupide de la part du parlement de rater l'occasion d'exposer le point de vue du Liban devant la délégation du congrès.
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17- Jaber a souligné que la force armée du Hezbollah est la plus dangereuse et différente de toute autre force armée non officielle dont le Liban avait témoigné. "Ce ne sont pas des combattants arabes ordinaires, ils ont tenu bon sous le bombardement et n'ont pas échappé. Ils ont une idéologie qui les motive à mener des opérations résistantes formidables", a dit Jaber. La question des hameaux de Chebaa leur fournit une couverture politique, mais l'invasion israélienne - Jaber a utilisé le mot extorsion - a convaincu les Libanais de rejoindre et soutenir ce groupe. Même Ayman al- Zawahiri, un chef d'Al Qaïda qui a lancé une campagne d'épuration terroriste contre les chiites, ainsi que les autres extrémistes sunnites ont exprimé leur soutien au Hezbollah.
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Feltman
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Le 23 mars 2006 (06BEIRUT955), le membre du bloc parlementaire "Libération et Développement", le député Ali Ossayran, a rencontré l'un des diplomates de l'ambassade américaine à Beyrouth, avec qui il a discuté de l'initiative du président Berry sur le dialogue national. Le télégramme signé par l'ambassadeur Jeffrey Feltman et qui comprend un procès-verbal, qualifie Ossayran de "candidat principal à la présidence du parlement durant l'an dernier avant que Berry ne remporte le prix". Selon le télégramme de l'ambassade US, Ossayran a affirmé que le Hezbollah "obéira fidèlement à ses parrains iraniens" afin de garder ses armes aussi longtemps que possible.
Selon Ossayran, Nasrallah "s'est débarrassé avec compétence de toute opposition dans la communauté chiite, et a transformé le Hezbollah en une valeur régionale importante au système régional ambitieux". Ossayran croit fermement que Hariri, Aoun et autres "pensaient suivant leurs désirs" lorsqu'ils ont cru pouvoir "transformer le Hezbollah à un parti modéré et le négocier sur son désarmement durant une durée courte".
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Lors d'une réunion avec l'ambassadeur américain Jeffrey Feltman tenue le 27 septembre 2005 (05BEIRUT3122), le ministre des Affaires étrangères, Fawzi Salloukh, a dit à l'ambassadeur que ses derniers entretiens à Washington lui ont clarifié que le gouvernement des Etats Unis ne cherche pas à isoler la communauté chiite libanaise, et que certains Libanais chiites sont trompés en croyant que la politique du gouvernement américain est "anti-chiite". Salloukh a dit qu'il veut œuvrer avec l'ambassadeur pour s'assurer que les chiites comprennent la politique étrangère des Etats Unis. Même si les chiites redoutent "certains des principes du gouvernement américain et n'aiment pas la résolution 1559 du Conseil de sécurité", ils ont besoin de voir que les Etats-Unis ne cherchent pas à les isoler en tant que communauté". Salloukh a proposé, selon le câble, de travailler comme un médiateur entre Feltman et le Hezbollah, mais l'ambassadeur américain a refusé en expliquant que "nous n'envoyons pas des messages au Hezbollah".