Coronavirus: le racisme de l’occident à l’égard de l’Afrique, reflet d’un système mondial inhumain
Par AlAhed
Le continent africain affronte la pandémie du nouveau coronavirus, comme tous les autres pays du monde, dans un contexte d'appréhensions de la propagation du virus dans les pays du continent, comme a déclaré le ministre de la Santé de l'Afrique du Sud, Zweli Mkhize. Le bilan des contaminations jusqu'au moment dans ce continent est loin de celui enregistré dans certains pays européens.
A l'heure actuelle, on craint la propagation rapide du virus, dans les quartiers pauvres et surpeuplés, qui manquent la plupart du temps des mesures sanitaires.
Bien que des gouvernements aient lancé des campagnes de dépistage à large mesure et imposé des mesures de confinement pour des semaines, ces mesures sont insuffisantes prenant en compte la fragilité du système de la santé dans plusieurs pays du continent, notamment ceux qui font partie du tiers monde.
Un nouveau défi
Ce continent qui a toujours souffert de la cupidité des pays occidentaux et de différentes formes de colonisation, se trouve actuellement confronté à un nouveau défi de lutter contre un ennemi invisible qui frappe les puissances. Certains des responsables de ces pays occidentaux, ont fait dernièrement des déclarations racistes, appelant à considérer le continent africain comme terrain d'essai à tout nouveau vaccin contre le coronavirus.
Les experts et analystes ont été unanimes contre les déclarations du chef de l'unité de soins intensifs de l'hôpital Cochin à Paris, John-Paul Mira, jugeant ses propos comme une ingérence occidentale raciste contre les pays du Sud, notamment contre le continent africain, où le nombre des cas de covid-19 et des décès au virus sont plus bas en comparaison avec d'autres continents.
Ces déclarations sont survenues dans une circonstance mondiale délicate qui suppose la solidarité entre les peuples du monde et non ce dédain de la part d'une personne qui appartient à un secteur censé être marqué de pitié, de noblesse et de grand respect à l'autre.
En effet, c'est ce qui explique la grande campagne de critiques locales et internationales de ces déclarations honteuses à l'égard du continent africain ayant souffert des anciens colonisateurs, tels que la France et le Royaume-Uni.
Les échos de ces déclarations sont arrivés à l'Organisation mondiale de la Santé, dirigé par un directeur général africain, Tedros Adhanom Ghebreyesus qui a fustigé les propos du médecin français, tout comme plusieurs autres parties.
Un terrain d'expériences
Le médecin français avait appelé, lors d'une interview télévisée en compagnie du directeur de recherche à l'Institut national de la santé, Camille Locht, qui évoquait le vaccin antituberculeux en train d'être testé dans un certain nombre de pays européens pour traiter le Coronavirus, à mener ces expériences en Afrique. Il a insisté sur son approche, considérant, avec un racisme honteux, que les Africains sont dans tous les cas exposés au danger et ne se protègent pas et par la suite, Il n'y a aucun mal à essayer le vaccin sur eux comme s'il laissait entendre qu'ils étaient morts dans tous les cas.
Face aux critiques contre cette mentalité raciste coloniale, qui est toujours enracinée dans les esprits de certains malgré la fin de l'ère coloniale, le médecin est revenu sur ses déclarations et a fait des excuses.
Le chef de l'unité de soins intensifs de l'hôpital Cochin à Paris a estimé que ses propos, qui semblaient clairs, francs et indiscutables, étaient mal compris et sortis de leur contexte.
Des figures éminentes
Ces déclarations ont provoqué un tollé dans le monde entier, de la part de politiciens, de sportifs, d'artistes, de journalistes, d'hommes de loi et de travailleurs dans le domaine de la santé.
La star du football ivoirien Didier Drogba a dénoncé ce qu'il considère comme des «propos injurieux, répréhensibles et racistes».
Ces déclarations racistes ont également été condamnées par le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus qui les a expliquées comme un héritage de la mentalité coloniale. Cet Ethiopien, qui fut ministre des Affaires étrangères, et dont le pays est une exception dans la mesure où il n'avait pas connu la colonisation occidentale et ayant contré les Italiens, les empêchant d'occuper le pays.
Ghebreyesus a souligné que l'Afrique ne peut pas et ne sera pas un terrain d'essai pour aucun vaccin, notant qu'entendre ces déclarations de scientifiques au XXIe siècle est honteux et épouvantable.
Affronter les répercussions du coronavirus
Aujourd’hui, au milieu de ces menaces contre l’humanité tout entière, la question se pose de savoir dans quelle mesure le continent africain est capable de faire face à cet ouragan.
Dans ce contexte, le chercheur tunisien en sociologie, Mamdouh Ezzeddine, interviewé par Al-Ahed, a estimé que les répercussions seront catastrophiques en Afrique si la maladie se propage rapidement, étant donné que la situation sanitaire est fragile et que de nombreux pays du continent ont des problèmes économiques et sanitaires, en particulier les pays africains qui sont décrits comme étant en voie de développement ou pays du tiers monde.
Il a ajouté: «Il est vrai que 70% des patients et des décès se trouvent dans les pays européens et les Etats-Unis, et les chiffres sont plus faibles dans les pays africains, peut-être parce que le nombre des tests est plus faible, mais les risques semblent être plus importants pour les pays africains qui ne peuvent pas seuls faire face à cette pandémie, ce qui nécessite l'intervention de l'Organisation mondiale de la santé.»
Il a poursuivi que cette épidémie a mis à nu le racisme de certains et le discours discriminatoire de certains autres dans les pays développés, de sorte que le phénomène de la piraterie, comme la récente saisie par les Etats-Unis de fournitures médicales, en un retour au Moyen Âge. Il est devenu évident que ces pays ne pensent qu'à leurs propres intérêts et ne respectent pas les autres.
En ce qui concerne le discours sur l'expérience du vaccin et les déclarations racistes qui sont parues dans les médias à l'égard des pays africains, Ezzeddine a estimé que ça révèle une mentalité coloniale que le Coronavirus a de nouveau révélée, montrant le mensonge des pays qui revendiquent la démocratie et la prospérité.
«Aujourd'hui, nous sommes dans un seul bateau, et la valeur de l'homme doit prévaloir. L'économie doit être au service des peuples, et non l'inverse. Nous vivons dans un moment critique du monde et nous passerons à un nouvel ordre mondial. Nous sommes devant de nombreux scénarios, ou nous nous retrouverons devant un système mondial plus humain de solidarité internationale tout en donnant la priorité aux valeurs humaines ou vice versa. Nous pourrons par contre avancer vers un monde plus brutal si les pays développés monopolisent la médecine et les traitements et placent le reste du monde en marge de l'histoire et l'exploitent dans plus de guerres de domination et de contrôle.»