Khalifé : Le Hezbollah transformera notre vie en enfer
Wikileaks guerre de juillet / journal Al Akhbar 7 avril / Khalifé : Le Hezbollah transformera notre vie en enfer
Câble numéro : 06BEIRUT3132
Date : 28 septembre 2006, 8:08
Sujet : le ministre de la Santé chiite évalue le Hezbollah et les alliances politiques
Envoyé par : Jeffrey Feltman, ambassadeur
(...)
2- Le 27 juillet, l'ambassadeur et un diplomate politique se sont rendus au bureau du ministre de la Santé chiite, Mohammad Khalifé, (un des trois ministres alliés de Nabih Berry) pour discuter de la scène politique libanaise.
Khalifé s'est dit gêné par "l'escalade verbale" dans les discours politiques. La provocation est devenue hors de contrôle. Il y avait une foule massive dans le rassemblement du Hezbollah tenu vendredi dernier, il n'est pas le temps de le confronter par les autres partis.
(...)
4- Khalifé a affirmé que si le Hezbollah profite correctement de ses institutions internes, il serait capable, via ses ressources financières, de contrôler encore une grande partie des habitants sunnites au Liban. Pour nous, cela sera un scénario de cauchemar.
5- Khalifé a affirmé que "Téhéran surveille étroitement le Hezbollah qui ne peut pas faire actuellement grande chose au Sud-Liban. Cependant, si la Syrie ne réussit pas à parvenir à un arrangement avec la commission d'enquête internationale des Nations Unies et le tribunal de Hariri, le Hezbollah transformera notre vie en enfer et il y aura un retour des attaques terroristes et des voitures piégées. La Syrie pourrait également utiliser ses mandataires palestiniens et ses agents dormants au Liban.
6- Khalifé a dit que le Hezbollah transformera notre vie en enfer sur le plan politique si la Syrie ne parvient pas à un accord sur les enquêtes de la commission internationale des Nations Unies. La Syrie fait son chemin à Tripoli en appelant les hommes de religion sunnites et autres dirigeants à s'entraîner sur ses territoires.
Un gouvernement d'unité nationale
(...)
8- Khalifé a dit que lorsque l'armée libanaise s'est déployée au Sud, le Hezbollah a confronté des difficultés politiques dû à son insistance accrue à former un gouvernement d'union nationale. Khalifé a souligné que le gouvernement actuel ne peut pas être dissous avant la formation d'un autre nouveau, non pas seulement parce que le président Lahoud bloque l'approbation d'un nouveau cabinet, mais vu que les manœuvres politiques pour la formation d'un nouveau cabinet seront infinies. Pour cela, la proposition d'Aoun de former un gouvernement d'union nationale sera l'unique source pour le Hezbollah afin d'élargir son contrôle. Khalifé a prévu qu'Aoun réclamerait "un ministère principal" comme la Justice et un nombre des ministres nouveaux sans portefeuilles.
(...)
Il faut désarmer le Hezbollah
11- Khalifé a dit que le Hezbollah doit se changer. Il ne peut pas refuser. La résolution 1701 du Conseil de Sécurité l'a éliminé, commes un groupe armé. Il sera désarmé de la même façon adoptée avec les autres partis après la guerre civile. Les membres du Hezbollah doivent s'enrôler dans l'armée libanaise. Plus tard, ils disparaîtront durant 7 à 10 années, parce qu'une nouvelle génération des combattants du Hezbollah ne sera pas engagée. Interrogé si le Hezbollah et l'Iran accepteraient un tel avenir, Khalifé a répondu que tout le monde, y compris les Chiites au Sud les contreront. Ils veulent le gouvernement pour retourner à leur vie, c'est à dire l'armée libanaise. Khalifé a estimé que le Hezbollah possède 4 à 5 mille membres à temps plein.
12- L'ambassadeur a signalé que certains ont conclu du discours du Nasrallah tenu la semaine dernière que le Hezbollah ne renoncera pas à ses armes avant la formation "d'un gouvernement propre et équitable" et que Nasrallah est la seule personne qui fixera quand le gouvernement accomplira l'Etat propre et équitable. Khalifé a dit que c'est une fausse conclusion et que Nasrallah n'aurait pas surveillé ses mots avec précision s'il a laissé cette impression.
13- Khalifé a remarqué que les lignes rouges du Hezbollah ont été dépassées dans trois cas : l'armée libanaise s'est déployée au Sud, un mandat plus élargi a été accordé à la FINUL qui a pris la mission de faire des patrouilles librement sans le consentement du Hezbollah. Enfin, Khalifé a souligné le rôle personnel qui a joué afin d'obtenir l'approbation du conseil des ministres : Il a lui-même proposé la suggestion au conseil des ministres afin de fournir une couverture au président de la chambre Berry et le ministre des AE chiite Salloukh pour soutenir un rôle maritime pour la FINUL. Bien que les Chiites au conseil des ministres se sont divisés sur la résolution et que le Hezbollah s'y est opposé, l'ambassadeur a signalé que pour le Hezbollah, le gouvernement actuel n'a pas été mauvais.
L'affaire Jizzini
14- Le ministre a affirmé que le désaccord récent sur le directeur général de la Sûreté générale, Wafic Jizzini, a ajouté une tension inutile à la relation entre le président de la Chambre Berry et le PM Siniora. Khalifé a ajouté que Jizzini est un partisan du Hezbollah et ensuite Berry ne lui fait pas attention en tout cas. Cependant, Khalifé a expliqué qu'il s'est entendu avec Siniora de ne pas aborder, lors la réunion du conseil des ministres tenue la semaine dernière, la proposition que ce dernier a lui-même ajoutée à l'ordre du jour portant sur la formation d'une commission pour enquêter si Jizzini est soumis à l'autorité du ministre de l'Intérieur, Ahmad Fatfat ou pas. Siniora a violé l'accord et a soutenu la mesure prise par Fatfat, de déférer Jizzini devant le bureau du procureur général, augmentant ainsi la tension.
La tension chiite-sunnite et les élections
16- Khalifé a dit que la tension entre les Chiites et les Sunnites est "élevée en général mais elle n'a pas atteint l'apogée". L'ambassadeur a signalé que le PM a besoin de reconstruire son partenariat, actuellement rompu, avec Berry. Khalifé a affirmé que Berry ne soutient pas Siniora et Hariri dans les institutions gouvernementales. L'ambassadeur a raconté qu'il a proposé à Berry d'examiner des questions comme la loi électorale pour concentrer les capacités de différentes catégories sur un but unifié, si le dialogue national demeure impossible.
(...)
Feltman