Le Yémen abandonné à son sort et les aides humanitaires politisées
Par AlAhed
Les Yéménites ont souffert tout au long d'années, durant lesquelles l'offensive saoudienne a détruit toute forme de vie. Les raids ont visé les ressources agricoles, le bétail, les magasins d'alimentation, les camions citernes et les projets d'approvisionnement en eau.
Même les établissements du Programme alimentaire mondial des Nations Unies n'ont pas été épargnés par le bombardement, l'agression ayant détruit ces établissements alimentaires dans le district de Haradh dans le gouvernorat de Hajjah le 28 mai 2015, dans les premiers mois de l'agression.
Ce qui a été épargné par le feu de l'offensive, a été atteint par le blocus qui a provoqué la famine parmi les Yéménites, en une mesure de punition collective imposée par les pays de la coalition, faisant fi du droit international et des droits de l'Homme.
Selon les rapports des organisations des Nations Unies, le nombre de personnes ayant besoin d'aides humanitaires est passé à 22,2 millions de Yéménites, sur une population totale de 29,3 millions, soit plus de 90% de la population.
Selon le cinquième rapport du Centre yéménite pour les droits de l'homme, 11,3 millions de personnes sont classées parmi les plus nécessiteuses, et il y a une augmentation estimée par plus d'un million de personnes dans le plus grand besoin depuis juin 2017, et 17,8 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire.
Selon un rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, 60% des familles yéménites n'ont pas été en mesure de se fournir une nourriture suffisante. Il y a une diminution du volume de la consommation alimentaire quotidienne et le recours à l'achat de nourriture bon marché, dont la validité est sur le point d'expirer.
La réalité du rôle des organisations de secours au Yémen:
Face à cette situation catastrophique, classée parmi les pires du monde, l'aide humanitaire apportée par les organisations internationales n'est point à la hauteur des souffrances et ne couvre pas le grand déficit, même si elles se vantent de la taille des groupes à qui elles déclarent avoir fourni une aide.
Le directeur général du Département des médias du Conseil suprême des affaires humanitaires, Hana Al-Wajih, a demandé dans une interview accordée à Al-Ahed: Pourquoi cet écart profond entre le nombre énorme dont parlent les organisations internationales et la réalité existante? Cette aide arrive-t-elle réellement? Cette aide parvient-elle à ceux qui en ont besoin?
«Le Programme alimentaire mondial a déclaré qu'il fournissait une assistance à 12 millions de citoyens yéménites. C'est une aide qui a toujours été accompagnée de menaces, de pressions et de conditions. De surcroit, la plupart des produits sont avariés, avec une date de validité expirée», a-t-elle expliqué.
Concernant l'acceptation par les Yéménites de telles aides, Al-Wajih a ajouté: «Une fois, un de nos responsables a indiqué au programme alimentaire, que nous n'avons point besoin d'aides qui augmentent la souffrance de ce peuple».
Le Programme alimentaire a précédemment déclaré que son aide n'atteignait pas les bénéficiaires, ce qui constitue une dénonce contre le gouvernement national du salut. A ce propos, Al-Wajih a répondu: La distribution des aides alimentaires est du ressort du Programme alimentaire lui-même et par l'intermédiaire de ses partenaires. Le gouvernement n'intervient pas dans le processus. C'est ce programme qui doit se poser cette question, a-t-elle martelé.
Al-Wajih a expliqué que «le programme alimentaire a exercé des pressions et des menaces, pour céder à toutes ses conditions, sinon il suspendrait son aide», soulignant qu'«aucun compromis ne poussera et le peuple yéménite à renoncer à souveraineté, après avoir consenti des sacrifices suprêmes.»
Ces menaces ont coïncidé, plus d'une fois, avec les victoires de l'armée yéménite et de ses comités populaires sur les fronts de bataille. La récente menace des Nations Unies de suspendre toute aide a été lancée lors des victoires de l'armée yéménite et de ses comités populaires à Neham et Al-Jawf. Dans ce contexte, Al-Wajih a conclu: «Si l'on nous demande de renoncer à notre souveraineté et dignité, ou de faire des concessions inacceptables, nous le refusons catégoriquement. Je crois que les organisations internationales sont maintenant pleinement conscientes que le peuple yéménite ne s'incline jamais.»