Coronavirus: l’Europe encore plus meurtrie, Trump plus prudent
Par AlAhed avec AFP
Moscou et Lagos rejoignent lundi les plus de trois milliards d'habitants de la planète confinés chez eux dans l'espoir d'enrayer la progression du Covid-19 qui fait plus de 33.000 morts, meurtri l'Europe et en particulier l'Espagne et l'Italie, et fait reculer Donald Trump qui espérait alléger au plus vite les restrictions.
Les pays les plus touché par le nouveau coronavirus, l'Italie et l'Espagne, espèrent approcher enfin du pic de la pandémie. Mais aux Etats-Unis où l'on dénombre environ 140.000 cas de contamination, le président Donald Trump estime que le pays attendrait son pic « probablement » dans deux semaines.
Son conseiller sur la pandémie, le Dr Anthony Fauci a dressé un scénario terrifiant en estimant que le virus pourrait faire « entre 100.000 et 200.000 morts » contre près de 2.400 actuellement parmi les Américains.
A Moscou, où déjà depuis le 8 mars ceux qui ne respectent pas les mesures de quarantaine encourent cinq ans de prison, le maire Sergueï Sobianine a ordonné le confinement général.
Les 12,5 millions de Moscovites ne seront autorisés à sortir de chez eux que pour se rendre au travail, si c'est nécessaire, pour les urgences médicales, pour se ravitailler ou aller dans une pharmacie. Ils peuvent sortir les poubelles et promener leur chien mais seulement dans un rayon de 100 mètres de leur domicile.
Lagos, mégapole tentaculaire de 20 millions d'habitants et Abuja, capitale du Nigeria, ont elles aussi décrété un confinement total.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec près de 200 millions d'habitants enregistrait dimanche soir 97 cas déclarés, mais leur nombre pourrait rapidement exploser, a prévenu le ministre de l'Information Lai Mohammed jeudi.
Les mesures de confinement suscitent de nombreuses incompréhensions et contestations en Afrique subsaharienne, où une grande partie de la population vit avec moins de deux dollars par jour et dépend de l'économie informelle pour survivre.
Hôpital de campagne à Central Park
Aux Etats-Unis, le New Jersey, la Floride, la Louisiane, le Michigan figurent parmi les Etats les plus menacés. Dans l'Illinois est décédé un bébé de moins d'un an, une des plus jeunes victimes connues du Covid-19, qui épargne généralement les enfants.
A New York, un hôpital de campagne était en cours d'installation dimanche dans l'emblématique Central Park, pour faire face à l'afflux attendu de malades.
« Nous espérons être opérationnel d'ici 48 heures, et prêts à accueillir des patients », a expliqué le Dr Elliott Tenpenny, coordinateur de l'équipe, selon lequel l'hôpital de campagne aura une capacité de 68 malades.
« Les hôpitaux se remplissent dans toute la ville et ils ont besoin d'aide. C'est pour ça que nous sommes ici », a-t-il souligné.
Le président Donald Trump a dit prolonger les « recommandations jusqu'au 30 avril pour ralentir la propagation » du coronavirus. Jusque-là, il s'était convaincu d'un retour à la normale pour Pâques, le 12 avril.
Le pic s’approche
En Europe, où se concentrent deux tiers des décès enregistrés dans le monde, les autorités sanitaires espèrent en revanche approcher du pic de l'épidémie.
Entre samedi et dimanche, l'Espagne a enregistré 838 morts, nouveau record, pour le troisième jour consécutif, de décès en 24 heures, pour atteindre un bilan de 6.528.
« Notre problème fondamental en ce moment est de garantir que les unités de soins intensifs ne saturent pas », a résumé le directeur du Centre d'urgences sanitaires, Fernando Simon.
L'Espagne a durci ses règles de confinement en vigueur depuis la mi-mars, en n'autorisant jusqu'au 9 avril que les activités économiques « essentielles », à savoir la santé, l'énergie et les transports.
En Italie, pays qui enregistre le record mondial de décès (10.779 pour 97.689 cas recensés), le confinement commence à produire des résultats encourageants après trois semaines.
« Dans tous les services d'urgences, on enregistre une réduction » des arrivées de patients, selon Giulio Gallera, responsable de la santé de la région septentrionale de Lombardie, la plus touchée.
Les grandes villes italiennes continuent d'être désertes comme l'attestent des images tournées dimanche par des journalistes de l'AFPTV, montrant par exemple à Rome une place d'Espagne sans âme qui vive.
A part une voiture de police et un cycliste égaré, les quelques piétons semblent perdus sur cette place emblématique, célèbre pour sa fontaine en forme de barque et ses escaliers, habituellement bondée de touristes.
Confrontée à un afflux de malades dans les hôpitaux et à une pénurie de matériel qui s'annonce, la France (plus de 2.600 morts, dont 292 ces dernières 24 heures) a commandé un milliard de masques, notamment à la Chine, et compte presque tripler le nombre de lits affectés à la réanimation.
L'épidémie s'accélère aussi au Royaume-Uni, avec désormais 1.228 morts pour quelque 20.000 cas confirmés, pays où le confinement général a été décrété lundi pour trois semaines. Selon une haute responsable des autorités sanitaires, Jenny Harries, la Grande-Bretagne pourrait ne pas renouer avec une vie normale avant six mois ou plus.
En Allemagne, le ministre des Finances d'un exécutif régional, « profondément inquiet » des répercussions de la pandémie sur l'économie, s'est suicidé. Les groupes Adidas et H&M ont suscité l'indignation en annonçant vouloir cesser de payer les loyers de leurs magasins fermés.
Les Pays-Bas voisins, qui refusent pour l'heure de confiner leurs 17 millions d'habitants, annonceront mardi s’ils continuent dans cette voie, après avoir franchi dimanche la barre des 10.000 contaminations recensées, pour 771 décès.
La Chine, où s'est déclarée la pandémie en décembre, a fermé depuis samedi ses frontières à la plupart des étrangers et réduit drastiquement ses vols internationaux pour prévenir un retour du coronavirus via des cas « importés ».