Les mineurs d’Al-Qatif…qui les sauvera ?
Par Latifa al-Husseini
Les tragédies des habitants d’Al-Qatif n’en finissent pas. Comme si l’oppression était leur destin. Mais malgré ce fait, ils ne se plient pas devant les oppresseurs et s’attachent davantage à la nature pacifique et la justesse de leurs choix, en dépit des tentatives visant à les faire taire et à réprimer leur mouvement en faveur du droit. La bataille est donc longue, de plusieurs étapes, dont les procès arbitraires. Ces hommes affrontent les plus mauvais châtiments pour les moyens d’expression les plus pacifiques : Les manifestations, la réclamation de la justice.
En effet, les prisons de l’Arabie saoudite abondent de détenus politiques, condamnés seulement pour avoir affronté les autorités et leurs méthodes et politiques. Parmi ces détenus des mineurs, sous l’âge légal, accusés de sympathie à l’égard des manifestations sociales de 2011 dans les rues d’Al-Qatif. Ces mineurs furent incarcérés. Le verdict et le châtiment sont émis par une seule partie. Pas de défense ou d’avocat. Les procès sont tenus alors que les accusés ne savent pas quand, comment et les échanges durant la séance. Ils doivent se soumettre au gouverneur, commandé officiellement par le roi et ses services judicaires. Et si on décide de les exécuter, de leur infliger une punition ou de les tuer discrètement, leurs parents ne sont pas informés que suite à leur martyre, loin de leurs proches. Ils sont enterrés sans que leurs familles y participent ou les visitent pour leur faire les adieux et prendre leurs testaments.
Deux mineurs prochainement exécutés
Durant les derniers jours, des fuites ont fait état que le nombre des menacés d’exécution en Arabie saoudite compte 12 détenus mineurs, accusés dans des affaires politiques. Plus d’une partie juridique a mis en garde contre la proche exécution.
Les sources de l’organisation euro-saoudienne des droits de l’Homme ont affirmé à AlAhed que les menacés d’exécution ont passé par différentes étapes judicaires, dont certains ayant épuisé toutes les étapes dans l’attente de l’exécution, qui devrait être signée par le roi, en une mesure non publique, alors que d’autres attendent d’être déférés devant la cour d’appel, et une troisième catégorie subit la demande du procureur général de l’exécuter. Le nombre total atteint 47 détenus.
Selon les sources, des chefs d’accusations ont été lancés contre 12 détenus au moment où ils étaient mineurs, comme Mohammad Issam Al-Faraje, accusé avant d’atteindre l’âge de dix ans.
Des procès en l’absence des avocats
Le danger est donc imminent. Une source d’Al-Qatif a précisé à AlAhed que les dernières données de l’intérieur de la prison de Dammam confirme l’existence de craintes sérieuses sur la volonté du régime saoudien d’exécuter des mineurs, surtout que les procès ont été tenus, dans la plupart, en l’absence des avocats et en toute confidentialité.
Tragédie et souffrance humaine
L’affaire des détenus est assez compliquée et injuste. Les prisonniers endurent de l’injustice, leurs parents déplorent la privation de leurs fils. Ils souffrent de ces conditions, surtout que les autorités leur interdisent d’avoir des informations ou de rencontrer leurs fils avant l’exécution.
La source a affirmé que les proches des détenus vivent dans un état de paralysie et d’espoir à la fois, et souhaitent l’annulation des verdicts, mais craignent en même temps la trahison du régime comme fut le cas lors du massacre du 23 avril 2019, lorsque 33 hommes sont tombés en martyrs et le massacre du 11 juillet 2017, lorsque 4 personnes ont été exécutées, en plus du massacre de 2 janvier 2016, ayant tué 4 personnes, avec en tête cheikh Nemr Bakr Al-Nemer.
Privation du dernier adieu
Taha Al-Haji, un des principaux avocats saoudiens qui suit l’affaire, a évoqué à AlAhed la dangerosité de l’état des détenus, notant que les verdicts finals ont été émis contre certains. Un fait qui signifie la possibilité de leur exécution sans annonce au préalable et sans informer les parents.
Selon l’avocat, cette méthode constitue une violation flagrante des droits humanitaires des prisonniers, indépendamment de la justesse de leur arrestation et procès.
Selon ses dires, les autorités les privent d’écrire leur testament et de rencontrer leurs proches pour la dernière fois. Un fait qui se prolonge après l’exécution, sans aune prise en compte des sentiments des parents.
Il a rappelé qu’un cas similaire a eu lieu en avril dernier, lorsque les parents ont été informés de l’exécution des détenus via les réseaux sociaux.
Al-Haji a ajouté que les violations se poursuivent plus tard, puisque les exécutés sont enterrés loin de leurs lieux d’origine, étrangers comme leurs parents, sans prière et sans dernier adieu ou un coup d’œil sur leurs corps meurtris. Tous ces abus s’ajoutent à la nature des accusations injustes.
En raison de son expérience judiciaire, l'avocat a expliqué que le système relatif aux mineurs qui a été mis en place pour empêcher le meurtre des mineurs, ne dissuadera pas l'autorité et le tribunal de continuer à appliquer la décision. Le parquet insiste sur la peine capitale.
Ils n’ont que Dieu
Ces détenus ne peuvent compter que sur Dieu, ont affirmé leurs proches, rappelant qu’ils vivent sous un régime de dictature sanguinaire qui entreprend de terroriser et d’intimider le peuple par l’exécution des mineurs, afin de garantir le maintien de son pouvoir, aux dépends de personnes ayant réclamé leurs droits les plus simples, participé à des manifestations pacifiques ou exprimé leurs points de vue sur leurs conditions tragiques.
Le spectacle se complique davantage à l’ombre de l’oreille sourde adoptée par Al-Saoud vis-à-vis des organisations de droit et des organisations humanitaires. Selon les sources, nul ne pourrait dissuader leurs crimes contre les fils d’Al-Qatif, privés de la libre expression et des droits.