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Discours à l’occasion de la cérémonie organisée pour les funérailles des deux chefs le général Qassem Soleimani et Abou Mahdi al-Mouhandis

Discours à l’occasion de la cérémonie organisée pour les funérailles des deux chefs le général Qassem Soleimani et Abou Mahdi al-Mouhandis
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Au nom de Dieu

Nous organisons aujourd’hui, une cérémonie funéraire en hommage à un immense chef jihadiste islamique, hajj Qassem Soleimani, qui a dirigé la force Al-Qods au sein des Gardiens de la Révolution islamique et à un très grand chef et un cher moujahed, Abou Mahdi al Mouhandis, vice-président du comité d’Al Hachd Al Chaabi al Moukaddas en Irak, ainsi qu’à leurs compagnons et accompagnateurs, les martyrs iraniens et irakiens qui sont tombés avec eux, lors du dernier crime.

Cela s’est déroulé le second jour de janvier, dans la nuit de jeudi à vendredi. Si nous écrivons la date, le 2/2/2020, nous pouvons dire qu’elle constituera un tournant dans la région. Elle marque le début d’une nouvelle étape et la fin d’une autre; Cette nouvelle étape et cette nouvelle page d’Histoire ne sera pas seulement pour l’Iran ou pour l’Irak, mais pour toute la région. Je reviendrai sur cela.

Mais permettez-moi, au début de m’arrêter sur l’aspect personnel de ce crime et de cet assassinat.

Dans la nuit de jeudi, du 2/2/2020, haj Qassem Soleimani a réalisé son vœu le plus cher. Il a atteint son objectif, ne parlons-nous pas toujours d’objectifs, les nôtres et ceux de nos ennemis ?  Haj Qassem Soleimani a donc réalisé son vœu dans la nuit de jeudi à vendredi, un vœu et un objectif personnels. Car j’ai toujours dit en parlant des martyrs, que le martyre qu’ils souhaitent est pour leur vie personnelle, non pour la oumma. Le martyre est un projet personnel. Mais pour la oumma, les martyrs souhaitent et visent le bien, la vie douce, le bonheur, la dignité, l’honneur, la force et l’immunité, la vie dans les grâces de Dieu. Mais sur le plan personnel, le martyre est leur objectif.

C’était donc son vœu depuis qu’il était jeune, lorsqu’il a rejoint les fronts en Iran. Il a continué à porter ce vœu et cet objectif jusqu’au bout. Dans ce parcours, certains tombent dans le premier quart, d’autres au milieu et d’autres encore vers la fin. Mais chez tous, la passion ne faiblit pas au contraire, elle augmente avec le temps qui passe. Haj Qassem Soleimani et Abou Mahdi al Mohandis font partie de ceux dont la passion du martyre n’a cessé d’augmenter. Plus ils avançaient en âge et voyaient leurs cheveux blanchir et plus ils se mettaient à craindre de mourir de maladie ou dans leurs lits. Hajj Soleimani avait cette crainte lui, qui a été présent sur tous les fronts et dont le cœur est criblé de traces de balles ou de morceaux de roquettes.  Au cours des dernières années, lorsqu’il venait à Damas, des frères de chez moi prenaient en charge sa sécurité et sa protection. Ils restaient avec lui jour et nuit jusqu’à son retour à l’aéroport de Damas. Il passait de nombreuses nuits à pleurer en évoquant les martyrs. Dans de nombreuses rencontres, il me disait : J’étouffe dans ce monde tant j’ai hâte de rencontrer Dieu et les martyrs qui sont déjà là-bas. Il parlait notamment de ses frères et amis avec lesquels il avait vécu, combattu et souffert et dont la plupart étaient déjà morts.

Il a donc réalisé son vœu. C’est d’ailleurs ce qui nous console, à nous tous qui l’avons aimé, ses frères et ses amis.

DE la banlieue sud ici, je m’adresse à la famille de hajj Qassem Soleimani, à tous ses proches et amis et en particulier à son épouse et à ses enfants pour leur dire : Ce qui doit vous consoler c’est que le hajj a réalisé son vœu le plus cher. Vous savez mieux que moi combien il tenait à atteindre cet objectif et combien il avait hâte de partir en martyr.  C’est aussi la même situation pour hajj Abou Mahdi.  Il y a deux ou trois mois, il était chez moi. Il m’avait fait l’honneur de me rendre visite ici dans la banlieue sud de Beyrouth.  Nous sommes restés des heures. La dernière fois, il m’a dit : sayed, il semble que la bataille contre Daech en Irak touche à sa fin. . Il y a eu beaucoup de martyrs, mais je suis resté vivant. Je ne suis plus très jeune et mes cheveux sont blancs, ainsi que ma barbe ; Je prie  pour que mon sort soit le martyre. C’est pourquoi je dis aussi à son épouse et à ses filles : cela devrait vous consoler, car c’est ce que nos chers disparus voulaient avec force et passion.

Je vais conclure l’aspect personnel pour parler de la confrontation. Aujourd’hui, leur vœu le plus cher a donc été exaucé. Dans notre culture religieuse, le martyre est l’un des deux bienfaits, avec la victoire. Etrange comme notre foi peut changer les équations. Le pire que peut nous faire notre ennemi, c’est de nous tuer, alors que le plus que nous pouvons souhaiter et appeler de tous nos vœux, c’est d’être tués par nos ennemis. L’équation religieuse a donc transformé le point le plus fort de l’ennemi en notre point le plus fort. C’est pourquoi nous sommes invincibles. Lorsque nous remportons une victoire nous sommes victorieux et lorsque nous tombons en martyrs nous sommes aussi victorieux. Jeudi dans la nuit, la résistance et tout l’axe ont donc remporté une nouvelle victoire et c’est un nouvel exemple de la victoire du sang sur l’épée.

Mabrouk pour hajj Qassem et hajj Abou Mahdi et à tous les moujahidins en Iran et en Irak, ce double martyre, cette fin grandiose et noble, dans l’école d’Al Hussein et de Zeinab. Dans cette école, nous aimons le martyre et nous ne voyons en lui que la beauté.

Deuxièmement, j’entre dans le vif du sujet. Je voudrais parler directement de cet événement : que s’est-il passé ? Pourquoi cela s’est-il passé ? Pourquoi hajj Qassem Soleimani et avec lui Abou Mahdi ? Pour quels objectifs ?  Où se dirige la région ? Quelle est la position à adopter ? Quel est le devoir à accomplir et quelle est la responsabilité qui en découle ?

J’ai dit que nous nous trouvons devant une nouvelle étape, totalement différente des précédentes. Je pourrais parler des heures et des jours durant des qualités de hajj Soleimani, sa piété, son courage, son savoir, son cerveau stratégique, sa modestie, ses réalisations, ses souffrances, ses sacrifices, ses efforts... Même chose pour le frère Abou Mehdi. J’espère que nous trouverons un jour le temps de parler de tout cela. Mais pour l’instant je veux me concentrer sur le vif du sujet.

D’abord : que s’est-il passé ?  Dans la nuit de jeudi, hajj Qassem Soleimani et ceux qui l’accompagnaient ont quitté ouvertement l’aéroport de Damas pour se rendre à Bagdad. A l’aéroport de Bagdad, hajj Abou Mehdi al Mouhandès et certains frères  du hachd al Chaabi l’attendaient.  Ils sont donc montés dans les voitures qui les attendaient et après une courte distance, le convoi est la cible d’un tir de missiles sophistiqués, lancés par les avions américains. L’attaque était violente et sauvage. Vous avez tous vu les images. Les voitures ont été déchiquetées, les deux chers frères tombent en martyrs et ceux qui les accompagnent aussi. Tous ne sont plus que des corps morcelés et brûlés qu’il est difficile d’identifier. Entre parenthèse, je sais  que les deux chefs et ceux qui les accompagnent souhaitaient mourir en martyrs. Mais la réalité a dépassé leurs espérances, puisque leur fin a ressemblé à celle d’Al Hussein, sans tête, le corps coupé en morceaux. Je ne sais pas s’ils avaient ces images en tête...

En tout cas, les corps ont été déchiquetés et il était difficile d’identifier à qui ils appartenaient. Mais quelques heures à peine après l’attaque, le Pentagone a publié un communiqué pour revendiquer l’opération. Il a dit qu’elle a mené l’attaque sur une décision du président Trump. Il y a eu ensuite plusieurs déclarations et conférences de presse américaines, du secrétaire d’Etat américain, du ministre de la Défense, du Conseiller de la Sûreté nationale, jusqu’à Trump lui-même qui s’est manifesté à travers plusieurs tweets. Il s’est ainsi déclaré fier d’avoir assassiné hajj Kassem Soulaymani, tout en évoquant les raisons qui l’ont poussé à donner l’ordre de le faire. Il s’agit bien sûr de mensonges.

Nous sommes donc devant un crime clair, revendique, dont on connaît les détails : qui a donné l’ordre (Trump) et qui a exécuté, le Pentagone, l’armée américaine, une force de l’armée américaine présente dans la région, qu’elle soit en Irak ou venue de l’extérieur de ce pays, c’est un détail.  Il ne s’agit donc pas d’un assassinat mystérieux, anonyme, par le biais d’une voiture piégée ou dans le cadre d’une embuscade, qui exige une commission d’enquête et qui ouvre la voie à plusieurs hypothèses. Pas du tout. Nous sommes devant un crime clair. C’est important pour la suite. Le président américain a donc donné l’ordre à son armée d’exécuter ce crime. Et c’est ce qui s’est passé.

Deuxièmement : pourquoi faire un tel crime de cette façon claire, publique et officielle ? Sans que nul ne s’en offusque ?

Il y a deux choses.

  1. L’échec de toutes les tentatives précédentes d’assassinat qui n’avaient pas laissé de traces ou d’indices. Certaines avaient été divulguées, d’autres non. La dernière en date avait eu lieu à Karman (son lieu de naissance). Regardez d’ailleurs avec quel cerveau diabolique les Américains et les Israéliens travaillent. Le groupe qui préparait l’attentat a été arrêté. Après avoir amené les explosifs, les agresseurs se préparaient à acheter une maison près de la husseyniyé de la localité. Ils voulaient creuser un passage souterrain de la maison qu’ils voulaient acheter vers la hussyeniyé. Ils voulaient placer une quantité impressionnante d’explosifs sur les lieux, sachant que hajj Kassem venait à cette husseyniyé pour certaines occasions religieuses, où venaient aussi près de 5000 personnes. Ils voulaient donc tuer 5000 personnes pour atteindre hajj Qassem !

Dieu Tout-Puissant a choisi pour lui une autre mort et comme l’a dit le sayed Khamenei, il a été à la hauteur de ce martyre, après l’échec de toutes les autres tentatives anonymes et sans indices de le tuer. Il est mort dans le cadre d’une opération claire.

  1. Le second élément porte sur les circonstances  particulières que traverse notre région et l’Irak en particulier qui ont poussé les Américains à réaliser ce crime dans ce timing précis. Je vais développer cela. En évoquant les détails de la situation actuelle et des réalisations de l’axe de la résistance, on comprendra mieux les raisons de l’assassinat. Il ne s’agit pas seulement de faire un exposé et une analyse mais si on comprend les objectifs de l’assassinat on pourra les mettre en échec.

Dans les détails, trois ans après l’arrivée à la présidence américaine de Donald Trump, quel est le bilan de sa politique étrangère dans la région et dans le monde ? Echec sur échec, impuissance, confusion etc. Il n’a donc rien à offrir à ses électeurs sur le plan de la politique étrangère, alors qu’il entre en pleine période électorale.

Entrons un peu dans les détails. Le grand titre était l’Iran. Depuis le premier jour de son accession au pouvoir, Trump s’est fixé pour objectif de faire chuter le régime islamique iranien. . C’est d’ailleurs ce qu’avait déclaré John Bolton qui dans les célébrations des fêtes de fin d’année, l’an dernier, avait pris la parole dans le cadre du rassemblement des moujahidi-khalq (les opposants iraniens au régime) organisé à Paris. Bolton avait donc dit : la prochaine célébration se fera à Téhéran. Entre-temps, Bolton est parti et le régime iranien est resté en place. Il était le conseiller auprès de la Sûreté nationale américaine et il exprimait la stratégie de Trump à l’égard de l’Iran.  Donc, l’objectif ultime est de renverser le régime.  L’objectif minimal était de parvenir à tout le moins, de modifier son comportement, de contrôler son action et de le faire plier.  Par conséquent, il voulait parvenir à un nouvel accord sur le nucléaire qui inclut un accord sur les missiles balistiques et un autre sur les dossiers régionaux. L’Iran n’a pas accepté. Trump est alors sorti de l’accord sur le nucléaire et il a imposé à l’Iran des sanctions inédites depuis 40 ans. Il a même imposé des sanctions à tous ceux qui traitent avec l’Iran, dans une tentative de lui imposer un blocus sévère, de l’isoler et de lui faire peur. Il misait aussi sur la faim des gens, sur la crise économique aigüe à l’intérieur du pays, sur les divisions internes si elles existent et il voulait pousser vers la discorde interne, tout en profitant de tous les éléments et instruments régionaux disponibles. Tout cela a échoué.

Il se dirige maintenant vers les élections et il ne peut pas dire à son peuple : j’ai fait chuter le régime de la République islamique. Il ne peut pas dire aux Américains : j’ai fait plier le régime iranien ou encore : j’ai imposé un nouvel accord sur le nucléaire. Pire encore, Trump en est arrivé au point de demander à des dirigeants européens d’intervenir  pour lui assurer une rencontre avec le président iranien, dans les coulisses des réunions de l’ONU à New York. Le président Rouhani a refusé une telle rencontre. Toute la stratégie de Trump était bâtie sur des négociations sous pression. Il l’a dit lui-même et il a même annoncé que les dirigeants iraniens finiront par accepter et il leur a même laissé le numéro de son téléphone. Mais son mandat se terminera et l’Iran n’ira pas vers lui et nul ne le contactera.

Que dira-t-il au peuple américain à ce sujet ? Il n’a enregistré que des échecs alors que l’Iran a grandi.

Je vais laisser l’Irak vers la fin car il a une particularité spéciale avec ce qui s’est passé concernant hajj Qassem et hajj Abou Mahdi.

Deuxièmement, la Syrie. Là aussi, il y a un échec et une grande confusion. Il est clair que le projet américain a échoué en Syrie. Le dernier épisode a été comment il a trahi ses alliés et ses amis que l’on appelle «KASSAD», c’est-à-dire les groupes kurdes qui se battent à l’Est de l’Euphrate. Nous avons vu dans quelle confusion il s’est débattu dans ce secteur. Tantôt, il annonçait sa volonté de retirer ses troupes de l’Est de l’Euphrate et le lendemain, il disait qu’il voulait y maintenir une partie. Il a finalement tranché en maintenant une partie de ses troupes sur place. Dans quel but ? Certainement pas pour protéger ses alliés les Kurdes. Mais plutôt pour protéger les gisements de pétrole et de gaz en Syrie, afin de pouvoir les piller. Il a dit cela, déclarant qu’il parlera avec les compagnies de prospection, d’extraction et d’exportation de pétrole et de gaz pour pouvoir mettre la main sur ces richesses. Cette attitude exprime bien la confusion américaine en Syrie. Trump a maintenu une partie des forces à l’Est de l’Euphrate pour le pétrole et une petite partie à Tanaf, à la demande d’«Israël, selon ce qu’il a dit. Car si Tanaf tombe entre les mains des forces de l’armée syrienne, toute la frontière syro-irakienne sera ouverte et en particulier la voie de passage internationale de Ratba.

Troisièmement : il y a aussi un échec au Liban. Tout l’argent qui a été dépensé, les sanctions, les pressions, les incitations lancées pour ternir l’image de la résistance, monter son environnement populaire contre elle et pousser les Libanais à se soulever contre elle ont échoué. Nous nous souvenons de la dernière invasion de Pompeo et la déclaration écrite qu’il a lue à partir du ministère libanais des Affaires étrangères, qui ressemblait à une déclaration de guerre. Sans oublier les multiples visites  de Sattterfiled aux responsables libanais. On ne l’avait pas alors dit publiquement, mais je l’avais dans une réunion et cela avait été divulgué dans la presse. Au cours de ses dernières visites au Liban, Satterfield menaçait les responsables libanais en leur disant : vous avez 15 jours pour enlever les installations du Hezbollah dans la Békaa. Si vous ne le faites pas ou si vous ne demandez pas au Hezbollah de le faire, «Israël» viendra vous bombarder et nous placerons alors le Liban face à de nouvelles sanctions.  Des menaces et encore des menaces... qui bien sûr n’ont pas eu d’effet «Israël» n’a pas eu le courage de bombarder les installations incriminées, car nous avions dit que si les israéliens le faisaient, nous aurons une riposte rapide et adéquate. Vous vous rappelez que dans mon discours consacré à la Journée Al Qods, j’avais fait allusion  à cela. Il y avait donc des tentatives pour affaiblir la résistance au Liban, pour faire pression sur elle et contrôler totalement la décision dans ce pays. Cela a échoué.

Quatrièmement : au Yémen, l’endurance et le courage des Yéménites a empêché les Américains et leurs alliés d’enregistrer une victoire militaire dans ce pays. Il faut savoir que la guerre dans ce pays  est en première lieu américaine, menée grâce à une décision américaine et non seulement saoudienne.

Cinquièmement : en Afghanistan, les Américains cherchent une formule pour partir sans perdre la face.  Il y a aussi une grande confusion. Tantôt Trump envoie Khalilzada négocier avec les Talibans au Qatar. Ils se mettent d’accord et les Talibans ont rendez-vous avec Trump à La Maison Noire. Mais le lendemain, Trump annule le rendez- vous et déclare : j’ai sorti les Talibans et les négociations avec eux de ma vie. Puis quelques jours plus tard, il redemande à négocier, car il veut sortir de cette impasse. Donc, en Afghanistan aussi, il ne peut pas se vanter d’avoir fait de grandes réalisations.

Sixièmement : le deal du siècle.  Il voulait l’annoncer lors de la première année de son mandat  et l’imposer aux régimes arabes et aux populations arabes, les Palestiniens en tête.  Où en est ce deal ? Qui en parle encore ? Grâce à la résistance du peuple palestinien et des leaders palestiniens, en dépit des guerres de Gaza, en dépit du blocus et des sanctions, en dépit de ce qu’endurent les Palestiniens de Cisjordanie, de l’intérieur et de l’extérieur, en dépit de leurs conditions de vie très difficiles, des menaces sur l’UNRWA, des souffrances des détenus palestiniens et de l’impasse dans laquelle ils se trouvent, Trump n’a pas réussi à imposer son plan.

Septièmement : l’Irak.  Quel est le projet de Trump dans ce pays ?  Nous n’avons pas besoin d’avoir des sources secrètes au sein de la CIA ou au pentagone ou ailleurs  pour comprendre ce qu’il veut. IL est vraiment clair et transparent, parce qu’il est arrogant et méprisant. Il ne respecte rien, ni les Etats, ni le Droit international, ni les institutions internationales, ni la communauté internationale, ni quoique ce soit.  Pendant toute la campagne électorale, que disait-il au sujet de l’Irak ? Il voulait son pétrole. Il disait : le pétrole irakien doit nous revenir de droit. Il veut même quelques champs pétroliers modestes en Syrie, qui ne sont pas à comparer avec le pétrole irakien. Il disait donc : nous devons mettre la main sur le pétrole irakien pour rembourser tout ce que nous avons dépensé dans ce pays. Quand on lui demandait comment il compte s’y prendre puisque dans ce pays, il y a un Etat ? Il répondait (et je voudrais que tout le monde, surtout nos frères en Irak m’écoutent bien) : il n’y a pas d’Etat en Irak. Il n’y a rien qui s’appelle l’Irak. Revenez à ses déclarations. Il disait : nous enverrons nos forces s’installer dans les lieux abritant des gisements pétroliers. Nous occuperons de grandes surfaces autour. Nous construirons des ceintures de sécurité et nous extrairons le pétrole avant de l’exporter et d’empocher l’argent.

Donc quel était donc depuis trois ans le projet de Trump en Irak ?  Mettre la main sur les puits de pétrole et sur les richesses pétrolières de ce pays. Il ne veut donc pas qu’il y ait en Irak un Etat qui pourrait l’empêcher de le faire. S’il faut absolument qu’il y ait un Etat, il doit lui être totalement soumis, à lui, à l’armée américaine, à l’ambassadeur américain etc.  Un Etat soumis politiquement, militairement et sécuritairement. Son prédécesseur avait emmené «Daech». C’est d’ailleurs lui-même  qui avait dit que Obama et Hillary Clinton avaient créé «Daech» et ils avaient voulu que cette organisation reste pendant des années pour avoir un prétexte de maintenir les troupes américaines en Irak.  Ils avaient dit que la guerre contre «Daech» exige dix bonnes années, 20 ou même 30. Et sous prétexte  de la guerre contre «Daech», ils reconstruisent els bases américaines  dans les régions entourant les puits de pétrole. En même temps, ils pillent les ressources de ce pays et lui vendent des armes, intervenant dans les décisions de l’Etat pour l’affaiblir. C’était d’ailleurs cela leur problème avec hajj Qassem Soleimani et avec Abou Mahdi. Je reviendrai sur ce point. Voilà son projet pour l’Irak. Il a échoué. Comment ?  D’abord, en faisant disparaître le prétexte qui s’appelait Daech ? La position irakienne populaire, officielle et religieuse (les autorités de Najaf) était ferme dans la volonté de combattre «Daech» et de finir la bataille le plus tôt possible. C’est là qu’intervient Qassem Soleimani comme un facteur essentiel dans cette guerre. Même chose pour Abou Mehdi al Mouhandis, ainsi que les forces du Hachd al Chaabi, avec l’appui de l’autorité religieuse. Ils ont donc pu remporter cette bataille en quelques années.

Le prétexte est donc tombé de la main des Américains. Après la fin de «Daech» et la découverte du rôle des Américains dans cette organisation terroriste, des voix commencent à s’élever en Irak pour réclamer le départ des troupes américaines.  Ces voix disent ce qui suit : vous dites êtres venus pour nous aider à éliminer «Daech». «Daech» est finie, vous devez donc partir. Mais les Américains ne veulent pas partir. Ils veulent rester car ils ont utilisé «Daech» comme prétexte pour revenir militairement en Irak et y réaliser des objectifs cachés. De plus, après la fin de «Daech» en Irak, il y a eu des élections législatives dans ce pays. Qui les a remportées ? Je ne vais pas parler d’un parti ou d’un groupe politique précis, mais d’un climat général et d’une orientation politique. La tendance politique qui a remporté les élections en Irak est celle qui n’est pas soumise aux Américains et qui n’écoute pas leurs directives. C’est une tendance qui réfléchit principalement sur le plan national. Les Américains préfèrent dire qu’il s’agit de la tendance iranienne. Mais c’est une qualification qui n’est pas précise. La qualification précise est de dire que la plupart des personnalités, des partis et des blocs qui ont remporté les élections législatives en Irak font partie de ceux qui n’obéissent pas et ne sont pas soumis aux Américains. C’est sur la base de la volonté de ces partis, blocs et personnalités qu’a été formé le gouvernement, un gouvernement qui a dérangé les Américains. Je ne veux pas entrer dans les détails irakiens. Je me contente d’évoquer cet aspect lié aux Américains. Le gouvernement formé par Adel Abdel Mahdi a déplu aux Américains. D’abord, il a refusé que l’Irak soit une partie de la campagne contre l’Iran. Il a refusé d’appliquer les sanctions contre l’Iran. Il s’est donc dressé contre la volonté des Américains. Deuxièmement, le gouvernement de Adel Abdel Mahdi a refusé le «deal du siècle». De plus, ce gouvernement s’est tourné vers la Chine et il a conclu avec ce pays des contrats  de plusieurs milliards de dollars pour le développement et la prospérité de l’Irak. Les Etats-Unis veulent les contrats en Irak pour leurs propres compagnies, afin de pouvoir piller le pays à travers leurs sociétés et leurs contrats. De même, le gouvernement de Abdel Mahdi a refusé de  maintenir les frontières avec la Syrie fermées. Ce gouvernement a insisté pour ouvrir le point de passage de Bou Kamal. Toutes ces décisions ont fâché les Américains. Il faut ajouter à cela le fait que des voix se sont élevées au Parlement pour réclamer le départ des troupes américaines, ainsi que des tensions sur le terrain. Au point que les Américains ont senti, selon ce qu’ils ont dit, qu’ils étaient en train de perdre l’Irak. Ils ont occupé ce pays, non pas pour y répandre la démocratie, ni pour les élections et encore moins pour l’indépendance et la prospérité du pays. Ils ont occupé le pays et ont renversé le régime de Saddam Hussein, pour pouvoir contrôler ce pays et ses richesses. Lorsqu‘ils ont vu que le peuple irakien recherchait la stabilité et voulait se libérer, ils ont lâché  sur lui tous les groupes terroristes  qu’ils avaient formés et qu’ils avaient créé et amené en Afghanistan, au Pakistan, en Arabie saoudite, au Yémen et dans tous les pays du monde. Le peuple irakien a donc dû faire face entre 2003 et 2011  à une vague d’opérations terroristes, à des milliers de kamikazes qui se sont fait exploser dans les mosquées, les églises, les écoles, les marchés et les lieux religieux. Dans le cadre de ces attentats, la fleur des leaders et des personnalités irakiens ont été tués. Mais ceux qui facilitaient  les actions de ces groupes étaient les occupants américains.  Au cours de la dernière période, les Américains ont tenté de semer la discorde au sein du peuple irakien et de le pousser vers la guerre civile. Mais les positions éveillées et sages de l’autorité religieuse et des leaders irakiens  a empêché la réalisation de ce plan. Il faut aussi évoquer la position sage et intelligente des tribus irakiennes et des différentes organisations de la résistance irakienne qui ont joué un rôle pour empêcher la discorde et la guerre civile. Les Américains ont essayé à travers leurs armées électroniques et leurs instruments sournois de semer la discorde entre les peuples iranien et irakien.  Pourquoi ? Parce que les Irakiens appuyaient le peuple iranien et voulaient l’aider.  Les Américains se sont comportés au cours des dernières semaines avec panique, avec le sentiment que l’Irak allait leur échapper.  Ce qui constitue un échec pour Trump qui va vers des élections présidentielles.  Tout cela, c’était avant le 2 janvier 2020, avant l’assassinat de Hajj Qassem et hajj Abou Mahdi.  Donc, les Américains allaient d’échec en échec. Nous devons être réalistes, Trump avait des succès à son actif, mais aucun en matière de politique étrangère, non seulement dans notre région, mais aussi dans le monde entier.

Au Vénézuela, il a lancé le projet de renverser le président Maduro et il a échoué. A Cuba, il n’a pas réussi à faire quelque chose. En Corée du Nord, il a menacé et envoyé des hydravions. Il a même failli déclencher une guerre puis il s’est dirigé vers les négociations. Il a trompé le peuple américain en lui faisant croire qu’il allait détruire les armes nucléaires coréennes. En Chine, en Russie qu’a-t-il fait ? Avec les amis et les alliés qu’a-t-il fait ? Même ses alliés et ses amis, il les humilie quotidiennement. Il les méprise et les déçoit. C’est cela sa politique étrangère. En fait, lorsqu’il parle de politique étrangère, Trump parle de trois choses, toutes malheureusement dans notre région. Il n’a pas de politique étrangère. Dans chaque discours il parle des 400 milliards qu’il a pris à l’Arabie. Il en parle avec moquerie en humiliant les Saoudiens et tout le monde rit et applaudit, malheureusement.

Sa seconde réalisation : il parle des contrats d’armes, surtout les pays arabes, des contrats portant sur des milliards de dollars et il dit aux Américains, avec ces 400 milliards de dollars moi je vous ai créé des emplois.  Les américains applaudissent.

La troisième réalisation, c’est le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de «Tel Aviv» vers Al-Qods (Jérusalem). Donc, ces trois réalisations portent sur des concessions arrachées aux Arabes et aux Musulmans. Il a ainsi attaqué Al-Qods, les lieux saints musulmans et chrétiens. Ce sont là ses réalisations en matière de politique étrangère. Si quelqu’un en voit d’autres, qu’il me le dise.

C’est pourquoi les Américains se sont retrouvés face à un véritable défi qui s’appelle l’Irak, à la veille des élections. Trump devait donc aller vers une autre période, une autre politique. Il ne s’agit donc pas d’un assassinat isolé, un acte qui passe et qui sera ensuite suivi de négociations. Pas du tout. Ils ne considèrent pas cette opération sous cet angle. C’est le début d’une nouvelle étape américaine dans la région. Nous n'avons pas été les agresser. C’est eux qui nous ont attaqués et qui ont déclenché une guerre d’un type nouveau dans la région, le jeudi 2 janvier. Ils ont donc réfléchi pour voir quel acte ils peuvent commettre qui serait de nature à modifier les équations, affaiblir ou briser l’axe de la résistance, un acte qui pourrait ébranler l’Iran et redonner confiance à leurs alliés et instruments dans la région.  Un acte qui pourrait redorer l’image des Etats-Unis dans la région et être utilisé dans les élections, tout en aidant les Américains à imposer leurs conditions dans la région, tout en étant une réalisation en matière de politique étrangère ; ils ont donc trouvé cela, qui n’est pas une guerre, car la guerre c’est une grande aventure. De plus, avec «Israël» qui a le souci de Gaza comment mener une guerre contre le Liban, ce n’est pas une mince affaire.  Je ne dis pas que c’est impossible, mais ce n’est pas une mince affaire.  C’est même compliqué. Il faut se rappeler ce qu’a dit le chef d’état- major israélien il y a quelques jours pour comprendre ce que je dis. Une guerre contre l’Iran, Trump est conscient qu’il s’agit d’une grande affaire dangereuse et d’une grande aventure. Il faut donc trouver une action qui soit moins qu’une guerre et qui n’en provoque pas une. C’est donc ce qu’ont voulu faire les Etats-Unis pour inaugurer une nouvelle étape dans la région, une nouvelle équation et de nouvelles conditions. Ils ont choisi Qassem Soleimani, un pilier  de l’axe de la résistance, après avoir fait une estimation de la situation. Haj Qassem était chez moi, il y a quelques semaines et nous avions fait cette lecture. Le premier mercredi de la nouvelle année chez les chrétiens, il est venu chez moi. Il n’avait pas de mission précise. Il a dit : je suis passé pour vous saluer et pour discuter. C’est un bon début d’année pour moi que de vous voir et de discuter avec vous, de regarder votre noble visage. Nous avons donc parlé et je lui ai dit : hajj, il y a une grande insistance dans les médias américains sur vous. Ils mettent votre photo en page une et ils mettent comme titre : le général irremplaçable... C’est une préparation du terrain à votre assassinat.  Le hajj s’est mis à rire et m‘a dit : si vous pouviez souhaiter cela pour moi ! Chaque fois que je lui disais : Hamdellah ala salamé. Il me disait : merci mais l’occasion a été perdue. C’est comme cela qu’il pensait. Voilà donc comment ils ont planifié. Chaque fois qu’ils analysaient l’axe de la résistance, son nom revenait tout le temps.  Qu’ils aillent vers la Palestine, Gaza, la résistance palestinienne, l’appui à cette résistance, les armes, les entraînements, les moyens technologiques, l’appui médiatique et dans le cadre de congrès à la résistance palestinienne, ils se heurtaient tout le temps au nom de Soleimani.  Même chose au Liban.  La libération de 2000, la guerre de 2006, le renforcement de la force de la résistance au Liban, ses capacités en matière de missiles, notamment sensibles, sa force, sa détermination, ils retrouvent Qassem Soleimai. Ils vont en Syrie. Les Etats-Unis et «Israël» misent sur les terroristes takfiristes. Mais ils trouvent aux côtés de l’armée et du peuple syrien, Kassem Soulaymani. Ils veulent contrôler l’Irak et jouer avec les Irakiens par le biais de «Daech», ils trouvent qu’il y a quelqu’un qui réunit les Irakiens et coordonne entre eux. C’est Qassem Soleimani. Au Yémen, ils trouvent Qassem Soleimani, en Afghanistan aussi et dans toutes les factions de la résistance,  ils voient sa trace. Que signifie Qassem Soleimani pour l’Iran ? Ils le savent. Les Israéliens considèrent Qassem Soleimani comme l’homme le plus dangereux pur lui depuis sa création. Il a entouré cette entité de missiles. Partout on parle de lui et de la menace existentielle qu’il représente pour cette entité. Mais les Israéliens n’avaient pas le courage de l’assassiner. Ils auraient pu le tuer en Syrie, car dans ce pays, ses mouvements et son action étaient à découvert. Il était sur les fronts et à Bou Kamal.  Les Israéliens n’ont pas osé, les Américains l’ont fait. Donc, ce dernier représentait l’élément rassembleur, le point central de rencontre, de coordination, de force et de communauté de destin et d’objectifs entre les Etats, les différentes factions et les populations de la résistance. Ils ont donc voulu le tuer et le faire ouvertement. Parce que cela a une portée morale et psychologique. Cette revendication directe de la part des Etats-Unis de l’assassinat de Qassem Soleimani et de hajj Abou Mahdi al Mouhandis a des objectifs : créer la faiblesse en Irak, créer une faiblesse au sein de l’axe de la résistance et pousser vers un détachement des liens  entre l’axe de la résistance dans notre région et la République islamique d’Iran.  Ils souhaitent que l’Iran prenne peur et se dirige vers des concessions et bien d’autres choses encore. Nous devons avoir en tête les objectifs de cet assassinat  pour parler de la vengeance  et de la punition juste. Il ne s’agit pas de deux tribus qui se battent : un est tué et l’autre dot tuer un de la tribu adverse. Non, il y a deux projets en confrontation, celui de l’hégémonie israélo-américaine sur notre région, indépendamment des détails particuliers au Liban, en Irak, en Syrie, dans le Golfe, au Yémen... Il y a un projet d’hégémonie israélienne sur notre région, sur nos symboles sacrés de manière à faire d’«Israël» le maître des ressources dans cette région, qu’il s’agisse du pétrole et du gaz ou d’autres. Même le pétrole de Syrie, ils ont un œil sur lui, même le pétrole du Liban qui n’est pas encore apparu, ils le veulent.  Ils veulent mettre la main sur tout, sur toutes les richesses. Et en face, il y a le projet de la résistance, de l’indépendance, de la souveraineté, de la libération et de la liberté. Le projet qui veut que les ressources de la région soient aux peuples de cette région, ainsi que les symboles sacrés. Il y a aussi entre les deux projets, des gens qui sont perdus, qui attendent sur la colline pour voir qui va gagner et se ranger à ses côtés. Comme on dit en langage familier : ils ne savent pas où Dieu les a placés. Par contre, les autres savent aux côtés de quel projet ils se situent et c’est ce que l’événement du 2 janvier est venu confirmer.

Quelle est notre responsabilité dans la décision de faire face à ce projet ?  La confrontation a commencé avec le crime. Commençons par l’Iran. Qu’ont donc voulu dire les Américains aux Iraniens ? Nous vous tuons un de vos plus grands généraux, un homme-clé dans votre influence dans la région. Parmi les objectifs voulus par les Américains, il y avait donc la volonté de faire peur aux Iraniens pour les faire plier et les pousser à aller vers des négociations. En même temps, ils voulaient que l’Iran ne fasse aucune réaction à ce crime d’une si grande ampleur.  Pourtant, la riposte de l’Iran a commencé dès les premiers instants qui ont suivi l’assassinat.  Le communiqué du leader, l’ayatollah Khamenei était clair. Celui du président de la République et des différents responsables aussi.  De même, le peuple iranien qui est descendu spontanément dans les rues de toutes les villes et les régions, le jour des funérailles, chaque jour, une cérémonie a été organisée dans une région, à Ahwaz, à Téhéran, à Karman... Pompeo a dit qu’il voulait voir la réaction du peuple iranien. Je lui dis aujourd’hui : demain, n’écoutez pas vos conseillers. Asseyez-vous devant votre petit écran et regardez  la réponse du peuple iranien, à Téhéran et à Karman, comme la réponse que vous a donnée aujourd’hui Ahwaz. C’est cela l’Iran. Ce pays qui, par la voix du peuple et de ses responsables a déclaré qu’il ne céderait pas, le parlement iranien l’a dit aussi. Ils ont tous promis qu’ils ne cèderaient pas et qu’ils vont riposter et se venger. Donc, le premier objectif américain est tombé en quelques heures. Ils n’ont pas réussi à faire plier l’imam Khamenei, ni les responsables. Allons maintenant vers l'Irak. Les Américains avaient misé sur une débandade au sein du Hachd al Chaabi après ce crime, ainsi que l’ensemble du courant résistant national et indépendant en Irak.  L’Irak se serait ainsi dirigé vers une crise interne qui va ébranler la situation et ferait peur aux autres Irakiens. Nous avons d’ailleurs vu un certain désordre dans les médias, en créant un climat d’incertitude, de peur annonçant des raids qui n’ont pas lieu etc.  Mais là aussi, la réponse irakienne a commencé.  Cela a commencé avec les obsèques communes  des martyrs. Entre parenthèse, je dois dire que les Américains, au cours des dernières années et des derniers mois, ont essayé de rouvrir toutes les blessures, de réveiller les rancunes, d’inventer des histoires sans aucun fondement  pour diviser les Irakiens et les Iraniens. Ils ont poussé certains à insulter l’Iran, à aller jusqu’à incendier le consulat iranien et les drapeaux iraniens. Le résultat c’est que les martyrs irakiens et iraniens ont été enterrés ensemble dans une même cérémonie. Vous avez tous vu les rangs unis à Kazimiyé à Bagdad, à Karbala, à Najaf, les images parlent d’elles-mêmes. Il n’est nul besoin d’explication. Le peuple irakien, les forces politiques, les autorités religieuses, les blocs parlementaires, les partis, les factions de la résistance, les responsables, tous ont publié des communiqués pour condamner ce crime, le tout dans une volonté plus marquée de réclamer le départ des troupes américaines d’Irak.  Ce mouvement populaire que nous avons vu en Irak depuis jeudi jusqu’à aujourd’hui est un indice clair. Voilà donc un nouvel objectif voulu par les Américains qui tombe. Le sort est en train de se retourner contre le sorcier. Aujourd’hui, le monde entier a les yeux fixés sur le Parlement irakien, en présence du Premier ministre, qui est prêt à présenter une note pour se retirer de l’accord irako-américain. Mais il a besoin de la consolidation que représente le Parlement. La plupart des blocs ont annoncé leur intention de voter en faveur du retrait des troupes américaines. Le brouillon du projet de loi a été écrit. Nous devons nous attendre à cela, bien qu’au cours des nuits et des jours précédents, les Américains  ont réveillé tous leurs démons en Irak pour faire pression sur les Irakiens pour que le Parlement n’adopte pas un projet dans ce sens. Je souhaite qu’il le fasse. C’est notre espoir et notre vœu, que le Parlement irakien adopte une loi réclamant le retrait des troupes américaines de l’Irak.

En tout état de cause, cet objectif américain doit chuter. Je le crois. Même si ce projet n’est pas adopté au Parlement,  je crois que les Irakiens, les résistants nobles n’accepteront pas le maintien d’un soldat américain sur leur sol. Je ne le dis pas pour donner des directives aux Irakiens, mais parce que je les connais bien. La réponse élémentaire au crime américain de tuer Qassem Soleimani et Hajj Abou Mahdi al Mouhandis c’est de réclamer le retrait des soldats américains d’Irak et de libérer le territoire irakien de la nouvelle occupation. Les Américains vont découvrir qu’ils ont tué hajj Qassem pour ne pas perdre l’Irak, mais qu’ils vont le perdre quand même.  Même chose pour hajj Abou Mahdi al Mouhandis. J’ai lu ce qu’ont écrit de grands stratèges américains vendredi sur le fait que les Américains ont perdu l’Irak.  Mais cela ne peut se faire  que grâce à la volonté du peuple irakien, des moujahidins et des résistants  nobles en Irak. Hajj Qassem était derrière la résistance  qui a libéré l’Irak de l’occupation entre 2003 et 2011. Il a été un facteur déterminant de  cette libération avec Abou Mahdi et leurs compagnons et de la libération de l’Irak  du terrorisme. Leur sang devrait aboutir à la seconde libération de l’Irak de l’occupation américaine. C’est la riposte minimale à l’assassinat. C’est cela l’Irak.

En Syrie, nous devons poursuivre le parcours avec détermination vers la victoire définitive. Nul ne doit être ébranlé ou inquiet. Nul ne doit avoir peur après l’assassinat de ce grand chef. Cela arrive dans les guerres : les grands chefs sont tués en martyrs et les autres continuent le parcours pour atteindre les objectifs que les Grands avaient fixés.

Au Yémen, les Yéménites doivent aussi poursuivre leur combat avec détermination et courage, avec la même confiance qui dictent leur action.

Nous, dans les mouvements de la résistance, nous devons faire deux choses :

D’abord : quel est l’un des objectifs de Trump ? Nous faire peur à tous. Ils ont commencé à parler de la suite de la liste. C’est-à-dire que X ou Y vont suivre. Il s’agit donc de faire peur aux forces de la résistance et aux chefs des mouvements de cette résistance dans toute la région, pour qu’ils reculent et évitent d’assumer les responsabilités.

Donc, la première réponse des mouvements de la résistance a été la suivante :

Ces mouvements ont dit – et je le répète aujourd’hui- qu’ils continueront à être attachés à leurs objectifs et à leur cause centrale. Ils ne comptent pas reculer dans la lutte essentielle. Ils ne reculeront pas et ne faibliront et ils ne seront pas effrayés. Ils ne seront même pas déstabilisés et perdus, puisque très rapidement, ils ont resserré leurs rangs.

Sur le plan psychologique, le martyr de Hajj Qassem et Hajj Abou Mahdi va constituer un facteur supplémentaire poussant vers la volonté encore plus déterminée d’atteindre nos objectifs. Car nous estimons que nous nous trouvons à un croisement historique et stratégique pour l’ensemble de la région.

Cet événement nous montre l’immensité de la colère américaine et l’ampleur de l’échec des Américains. Il nous montre aussi à quel point ils sont coincés pour aller vers un choix aussi stupide.

Donc, nous sommes à la veille d’une grande victoire. Nous ne pouvons pas être vaincus suite à la chute d’un chef historique. Au contraire, nous devons porter son sang et sa bannière, ainsi que ses objectifs pour aller de l’avant avec encore plus de détermination, de foi, de confiance et d’amour pour aller à la rencontre de Dieu, comme l’a fait Qassem Soleimani.

Ceux qui nous menacent de mort et de nous tuer pour que nous ayons peur et nous reculions, nous n’avons qu’à leur rappeler l’Histoire et reprendre la fameuse phrase qui dit : «vous me menacez de mort ? Sachez que la mort est pour nous une habitude et notre dignité est dans le martyre».

Le second défi devant la résistance est qu’elle doit augmenter la coopération entre ses factions et cherche à renforcer ses capacités et son potentiel, car il semble que la région se dirige vers une situation et un mouvement différents. Le martyre de hajj Qassem au niveau de la région ne peut pas aboutir à un affaiblissement et à la fragilisation. Au contraire, nous devons poursuivre le plan et les objectifs qu’il voulait atteindre.

Même chose pour le martyre de Abou Mahdi en Irak. Il ne doit aboutir qu’au renforcement de la force qui défend l’Irak, sa dignité, ses symboles sacrés et ses choix face à l’occupation et face à toute forme de terrorisme.

Enfin, dans la riposte, je parle de sanction juste. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que l’auteur du crime est identifié. Il doit subir une sanction. Je ne parle pas ici selon la logique de la vengeance.

Le cas du Hajj Qassem Soleimani est différent. Si les américains avaient attaqué une installation iranienne, une cible précise ou même une personnalité autre que Hajj Qassem dans son implication dans l’ensemble de l’axe de la résistance, certains auraient pu dire : Ok, il s’agit d’une attaque contre l’Iran. Celle-ci doit répondre. Par contre Qassem Soleimani n’est pas simplement iranien. Il concerne l’ensemble de l’axe de la résistance et toutes les forces qui en font partie. Il concerne la Palestine, le Liban, la Syrie, l’Irak, le Yémen, l’Afghanistan et tout pays où se trouve une résistance noble ou qui appuie une telle résistance.

Qassem Soleimani concerne la oumma. Il ne s’agit donc pas d’une cause purement iranienne. Les Iraniens veulent riposter. Où, comment et quand ? Cela les concerne. C’est à eux de prendre la décision. Mais cela n’enlève pas la responsabilité de l’axe de la résistance. Je le dis aujourd’hui à tous nos frères et nos amis, les factions et les partis de l’axe de la résistance : l’Iran ne vous demandera rien, ni de faire quelque chose ni de ne pas faire.

En ce qui la concerne, c’est elle qui décidera. La volonté de son peuple et de ses responsables est claire. Par contre, c’est aux forces de l’axe de la résistance de décider comment elles vont se comporter. Si quelqu’un parmi ces forces décide de lancer une punition équitable, ce sera sa responsabilité, car ces forces ne sont pas les instruments de l’Iran. Je le répète : l’Iran ne demandera rien à ses alliés et à ses amis, ceux aux côtés desquels elle s’est tenue, qu’elle a soutenus et appuyés depuis 40 ans.

En Iran, il y a aujourd’hui des condoléances car ce pays a perdu un de ses plus importants généraux et chefs une de ses plus grandes fiertés ; mais elle ne demandera rien à ses alliés.

Nous restons, vous et nous, les gens, les amis, les frères. Comment allons-nous nous comporter ?  Nous contenterons-nous de faire des cérémonies de funérailles et des communiqués ? La question n’est pas seulement de viser l’Iran, mais l’ensemble de l’axe de la résistance. Il s’agit donc de préparer une nouvelle étape sur laquelle les Américains et les Israéliens pourront bâtir des victoires dans la région. Cette étape nous vise tous et sert les objectifs des Américains et des Israéliens.

Nous devons donc nous diriger tous, sur l’ensemble de la région et de notre oumma vers la punition équitable. Qu’est-ce que cela signifie ? Je vais être transparent, car nous sommes passés par une expérience similaire. Je vais donc entrer dans les détails.

Certains peuvent dire – et cela a été le cas sur les réseaux sociaux et dans les médias- que la punition équitable doit toucher une personnalité du niveau et du poids de Qassem Soleimani.  Qui donc ? Le chef d’état- major américain ?  Le ministre de la Défense américain ?  Le responsable de la région centrale au pentagone ?  Aucune de ces personnalités n’est au niveau de Qassem Soleimani et Abou Mahdi al Mouhandis. Il n’y en a pas. La chaussure de Qassem Soleimani a plus de valeur que la tête de Trump et tout le commandement américain. Sa chaussure.

On ne peut pas faire justice à Kassem Soleimani et même Abou Mehdi al Mouhandis pour aller donc vers une punition et une vengeance.

La punition équitable en toute transparence et clarté, c’est la présence militaire américaine dans la région. , les bases militaires, les navires de guerre, tout officier ou soldat américain dans notre région, dans nos pays et sur notre sol. L’armée américaine a tué ceux-là et c’est elle qui doit payer le prix. C’est cela l’équation.

Lorsque nous disons cela, nous ne visons nullement la population américaine. Je voudrais que ce soit très clair. Cela ne concerne pas le peuple américain, les citoyens américains. Dans notre région, il y a des citoyens américains, des commerçants, des journalistes, des sociétés, des ingénieurs, des médecins etc. Tous ceux-là ne sont pas visés. Nous ne devons pas les toucher.

Je vais même dire plus : toucher aux civils américains  et aux citoyens américains sert la politique de Trump et transforme le combat contre le terrorisme.

La bataille, la sanction équitable et la confrontation doivent être avec une institution américaine qui s’appelle l’armée. C’est elle qui a exécuté l’assassinat et cela reste dans le cadre de la bataille légitime, naturelle comme une réaction contre les assassins criminels occupants.

C’est mon avis et j’en assume la responsabilité. Certains diront : le sayed a amplifié la question. Je leur dis : non, je lui ai donné son volume naturel. C’est cela sa dimension véritable.

Si l’assassinat de hajj Qassem Soleimani et de Abou Mahdi de cette façon passe de façon incidente, cela signifierait un début dangereux pour les mouvements de la résistance, ses chefs, ses Etats et ses entités. Ce serait un début dangereux pour l’axe de la résistance, la cause palestinienne, la cause d’Al-Qods (Jérusalem) et cela signifierait que la région se dirige vers une hégémonie américaine et israélienne.

Dès le début du chemin, je précise que nous n’accepterons pas que notre sang, notre dignité, notre pays, nos ressources, nos peuples soient entre les mains de ceux qui veulent nous bafouer et nous humilier. Nous n’accepterons pas cela. Ceux qui l’acceptent sont libres, mais nous autres, nous n’accepterons pas. Certains diront demain : c’est un nouveau sujet de conflit. Je dirais : oui, c’est un sujet de conflit et de discussion, pas nouveau. Cela remonte à 1982. Depuis le début, nous avons des divergences sur ce point précis.

Mais si les forces de la résistance et els peuples de la région prennent cette direction, je vous le dis, les Américains quitteront cette région humiliés, vaincus, terrorisés, comme ils en sont partis dans le passé. Les kamikazes qui avaient poussé les Américains à quitter la région dans le passé sont encore là et ils sont encore plus nombreux que par le passé.  Les moujahidins et les résistants qui avaient poussé les Américains à partir dans le passé n’étaient pas nombreux. Ils étaient considérés comme faibles. Aujourd’hui, ce sont des peuples, des forces, des factions et des armées qui possèdent des moyens énormes.

Si les peuples de la région travaillent pour atteindre cet objectif, quel sera le résultat ? Lorsqu’on commence avec une telle transparence, il ne s’agit plus de faire des opérations sonores, ou même sans signification profonde. Soyons précis, lorsque les cercueils des soldats américains et des officiers américains commenceront à rentrer chez eux horizontalement après être venus dans la région verticalement, Trump et son administration comprendront qu’ils ont véritablement perdu la région et ils perdront les élections.

Notre volonté et notre objectif au sein de l’axe de la résistance doivent être les suivants : la réponse au sang de Qassem Soleimani et à celui de Abou Mahdi est d’obliger les forces américaines à se retirer de toute notre région.

Si cet objectif est atteint – et il sera inchallah- la libération d’Al-Qods et le fait pour le peuple palestinien de trouver sa terre, ses symboles sacrés et la Palestine sera à portée de pierres.

Lorsque les Américains quitteront la région, les sionistes feront leurs bagages et partiront derrière eux. Nous n’aurons même pas besoin de faire une bataille contre «Israël».

Je termine en disant : L’ignorant Trump et les idiots qui sont avec lui ne savent pas ce qu’ils ont fait. Ils ont commencé un processus sans savoir ce qu’ils ont fait. Ils vont le découvrir. Je vais leur dire, en utilisant les images de sayeda Zeinab : ce sang que vous avez versé n’est pas n’importe lequel. C’est une histoire différente. La punition équitable sera pour le sang de hajj Kassem, pour le sang de Imad Moghnieh, pour le sang de Abbas Moussawi, Ragheb Harb, Moustafa Badreddine, pour Abou Mahdi al mouhandis et pour tous les martyrs de cette oumma.

Lorsque nous choisirons cette option, non pas par réaction. Au contraire, je le répète : personnellement, je suis heureux pour hajj Kassem. Il s’est beaucoup fatigué dès l’âge de 20 ans sur tous les fronts et dans toutes les batailles. Il est donc temps pour lui de se reposer. Dieu Tout Puissant l’a couvert de ses bienfaits en lui permettant de vivre jusqu’à l’âge de 61 ans.

Nous ne sommes donc pas en colère ou sous le coup de l’émotion. Nous n’avons pas non plus peur. Au contraire. Nous disons simplement que ce sang noble versé est une occasion pour cette oumma de se débarrasser de l’hégémonie, de l’occupation et de l’arrogance. Même si les conséquences seront grandes, car les victoires seront cette fois décisives et finales, inchallah.

Avec ce sang, comme c’est le cas avec chacun de nos grands martyrs que nous chérissons, nous poursuivrons le chemin ensemble, vous le peuple de la résistance, les patients, les sincères et les gens les plus nobles. Nous poursuivrons le parcours ensemble et le sang de nos martyrs ne sera pas gaspillé. Au contraire, il nous mènera au final vers la victoire.

 

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