Discours à l’occasion de la Journée du Martyr du Hezbollah
Au nom de Dieu
Pour commencer, je vous souhaite à tous la bienvenue, en cette cérémonie à l’occasion de la Journée du Martyr du Hezbollah, que vous soyez à Baalbeck, au Hermel, à Nabatiyé, à Tyr ou encore dans la banlieue sud de Beyrouth.
Avant de commencer le discours proprement dit, permettez-moi de présenter mes plus sincères condoléances pour la disparition du sayed Abdallah Charafeddbne, que Dieu ait son âme. Il est le fils de l’imam sayed Abdel Hussein Charafeddine. Je présente donc mes condoléances aux membres de sa noble famille, un à un et à tous nos proches dans la ville de Tyr et sa région, où il a vécu la plupart du temps. Je présente aussi mes condoléances à toutes les écoles religieuses et à tous ceux qui l’ont aimé. Il s’agit d’une grande perte que celle de cet uléma exceptionnel.
Je dois aussi m’adresser à tous les musulmans du monde pour les féliciter de la naissance du Prophète, Mohammed ben Abdallah, , le dernier des Prophètes. Si nous sommes une oumma depuis 1400 ans et si nous vivons dans la foi et si nous avons réussi de grandes réalisations tout au long de notre Histoire, c’est grâce à cette naissance qui a marqué un tournant dans l’histoire de l’humanité et qui marque son présent et son avenir.
Que cette occasion soit bénie pour tous les musulmans dans le monde.
Chers frères et sœurs, la cérémonie d’aujourd’hui est liée à une occasion précise, la Journée du Martyr. Je compte diviser mon discours en trois parties. La première concerne l’occasion pour laquelle nous sommes réunis. La seconde portera sur deux ou trois développements régionaux et toute la troisième partie sera consacrée à la situation interne libanaise.
Pour rappel seulement, pourquoi avons-nous choisi le 11 novembre de chaque année pour le consacrer à la Journée du Martyr. Si le Hezbollah a choisi cette journée en particulier c’est en raison d’une action jihadiste résistante qui s’est déroulée en ce jour-même de l’année 1982.
Le 11 novembre 1982 le jeune Ahmed Kassir a pris d’assaut le siège du gouverneur militaire israélien occupant, dans le cadre d’une attaque suicide. Il a inauguré ainsi l’ère des jihadistes kamikazes et il a obtenu le titre d’émir des jihadistes kamikazes. En précipitant sa voiture bourrée d’explosifs vers le siège du gouverneur militaire israélien, il a réussi à détruire complètement le bâtiment et à faire ainsi, de l’aveu de l’ennemi près de cents morts parmi les officiers et les soldats israéliens. Il s’agissait donc d’une opération historique qui a eu un écho immense. Jusqu’à présent, les images de Sharon sur les décombres du bâtiment détruit sont dans tous les esprits, ce même Sharon qui était si fier de sa grande réalisation qui consistait dans l’invasion du Liban, jusqu’à la capitale Beyrouth. On le revoit debout, face aux décombres et aux corps tués par l’explosion, humilié, brisé par ce coup terrible porté à son armée par un seul homme, un jeune nommé Ahmed Kassir. Le gouvernement ennemi a même déclaré un deuil national suite à la catastrophe subie par son armée.
Chaque année je le dis et je le répète encore aujourd’hui. Nous sommes en 2019 et jusqu’à aujourd’hui, l’opération menée par Ahmed Kassir reste la plus importante de l’histoire du conflit arabo-israélien et dans l’histoire de la confrontation entre la résistance contre le projet sioniste, contre l’occupation israélienne de notre terre et de nos symboles sacrés. Cette opération est la plus importante sur le plan de l’ampleur, de la qualité et de l’efficacité, car elle a causé un grand nombre de pertes chez l’ennemi en une seule minute et dans le cadre d’une seule attaque. Il y a eu par la suite des opérations techniquement plus évoluées, dont certaines qui n’étaient pas des opérations suicides, mais celle-ci reste la première dans la classification sur le plan de l’importance et de l’efficacité. En attendant qu’une autre vienne prendre la première place...
C’est grâce à cette opération, car souvent l’événement donne au temps sa valeur, son importance et sa grandeur, que nous avons choisi de célébrer la Journée du Martyr en souvenir de Ahmed Kassir le premier et le plus efficace des jihadistes kamikazes.
Aujourd’hui, nous célébrons donc la mémoire de tous nos martyrs, un à un. Vous savez qu’en général, la direction centrale ne commémore pas le souvenir de chaque martyr séparément des autres, car cela pourrait créer des embarras pour les gens et pour la situation générale. La plupart du temps, nous faisons des commémorations le troisième jour après la mort d’un martyr, ou pour le souvenir d’une semaine ou même pour le quarantième. Parfois, nous le faisons pour le souvenir d’un an. En général, ce sont les familles et les proches qui organisent des comités de condoléances dans les villages et les « husseyniyiés » les plus proches.
Nous considérons donc la Journée du 11/11, chaque année, comme celle de la commémoration annuelle de chacun de nos martyrs, qu’il s’agisse d’un uléma, de chefs, dont vous connaissez tous les noms, de moujahidins qui sont tombés en martyrs dans plusieurs arènes, fronts et positions, ou encore d’hommes, de femmes et d’enfants tombés en martyrs parce qu’ils appartiennent au parcours de la résistance. Cette Journée leur est dédiée à tous.
Je voudrais dire un mot sur les familles des martyrs en cette journée particulière. Le plus important est qu’ils aient la foi, qu’ils soient engagés idéologiquement et qu’ils aient un message et une confiance immense dans la volonté de Dieu. Il est important qu’ils cherchent toujours à obtenir la bénédiction du Tout-Puissant et qu’ils aient dans leur cœur, hâte de Le rencontrer. Ce sont des qualités morales très importantes et précieuses.
Nos ennemis se trompent toujours dans leur compréhension des mouvements de la résistance dans la région. Pas seulement au Liban, car il s’agit de particularités qui ne concernent pas seulement les martyrs du Hezbollah. Elles sont le propre de la plupart des mouvements de résistance dans notre oumma. Nos ennemis croient donc que ces mouvements sont formés de mercenaires. Tout simplement parce que c’est ainsi qu’ils voient les choses. Trump se comporte aujourd’hui avec l’armée américaine comme si elle était une armée de mercenaires. Un soldat et un officier américains reçoivent un salaire en contrepartie des missions qu’ils effectuent. Les primes sont supérieures si la mission est en dehors des Etats-Unis et ils croient que c’est le cas de tous les autres. Ils ne comprennent donc pas la réalité de nos générations de jeunes, qui sont les descendants du Prophète et des combattants de l’Islam, qui adorent Dieu et attendent avec impatience le moment de Le rencontrer. Il s’agit d’une question profonde dans sa dimension humaine, morale et spirituelle. C’est pourquoi nos combattants sont différents et nos martyrs se sont battus pour Dieu et dans la foulée pour défendre l’Homme, son existence, sa liberté, sa dignité, son honneur, sa sécurité et son entité. Combattre est donc dans ce contexte, la voie pour défendre les opprimés, les hommes, les femmes, les enfants, c’est aussi la voie pour défendre les symboles sacrés, c’est la voie de la résistance et de la confrontation avec les tyrans et les forces arrogantes et méprisantes qui ne cherchent qu’à piller les ressources des autres et à les humilier. C’est dans ce genre de batailles que nos martyrs sont tombés, dans toutes les scènes et sur tous les champs de bataille. Aujourd’hui nous leur disons : Soyez heureux. Chaque jour qui passe nous fait découvrir un peu plus les difficultés de la vie, cette vie qui est en fait un examen permanent. Le croyant ne peut connaître la paix qu’en retrouvant son Créateur. Paix à vous du fond de nos cœurs. Profitez de cet insigne divin qui vous a été accordé. Paix à vous auprès de Dieu, nous sommes fiers de vous. Vous avez été choisis pour être à côté des anges et Dieu vous inonde de Ses bienfaits. Dieu vous a choisis et vous êtes maintenant en paix. Nous autres, nous continuons à subir les épreuves et nous avons besoin de force, de détermination, de piété et de sens des responsabilités pour poursuivre le combat. Nos martyrs nous ont laissé des victoires et de grandes réalisations, le Hezbollah et les autres mouvements de résistance dans la région, tout un axe, des blessés, des otages libérés, leurs familles à tous, des combattants, un environnement populaire, des gens qui nous appuient et d’autres qui sont dans les premières lignes. Mais nous sommes surtout redevables à nos martyrs et à leurs familles.
Ils nous ont fait entrer dans l’ère des victoires et des réalisations. Nous devons toujours avoir en mémoire ce qu’ils ont réalisé pour mesurer ce qu’ils nous ont donné et les en remercier. Nous devons toujours nous rappeler la libération de la terre, le retrait de l’occupant sans condition, sans accord et sans le moindre acquis, sans même des mesures de sécurité. Nous devons nous rappeler la libération des otages et le retour des corps de nos martyrs chez nous. Il reste encore dans le dossier de la libération, les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba, ainsi que la partie libanaise de la localité de Ghajar. Toujours sur le plan de leurs réalisations, ils ont repoussé les menaces qui pesaient sur le Liban et ils ont mis notre pays à l’écart des grands dangers, dans leur confrontation avec les terroristes. Si les terroristes avaient gagné cela aurait changé la face du Liban, sur le plan démographique, humain, « civilisationnel » et sécuritaire. Le Liban serait devenu différent et ne s’appellerait plus le Liban. Ils nous ont donné la force et l’immunité pour assurer la protection de notre pays et créer une dissuasion face à l’ennemi, dont nous voyons les effets, dans la position solide face à toute confrontation. Ils ont réussi à transformer le Liban d’un pays que l’ennemi israélien pouvait contrôler avec une seule troupe musicale en un pays qui constitue une menace existentielle et stratégique pour lui. Aujourd’hui, après les déclarations sur les missiles de haute sensibilité, la menace est devenue existentielle. Tout cela, c’est grâce à nos martyrs. C’est grâce à eux que nous jouissons aujourd’hui de la dignité, de la capacité, de la présence et de la position. C’est grâce à leur sang et aux souffrances de leurs familles qui ont fait preuve de patience, de courage et d’esprit de sacrifice que nous avons aujourd’hui cette détermination et cet enthousiasme, notamment chez nos jeunes, nos femmes et nos enfants et bien sûr, nos hommes.
Grâce à la bénédiction des familles des martyrs, la résistance a grandi et s’est amplifiée. Grâce à leur voix et à leur appui, elle a pu affronter la tyrannie qui leur a pris leurs enfants martyrs. La patience, l’éveil, la foi et la moralité des familles des martyrs qui ont toujours défendu à haute voix la résistance ont permis à celle-ci de tenir même dans les périodes où elle était ciblée matériellement, militairement, médiatiquement ou encore de façon sécuritaire, politique et morale. Les familles des martyrs ont toujours été en première ligne pour défendre la résistance qu’elles considèrent comme la leur, car elles sont les plus liées à elle, puisqu’elles lui ont donné ce qu’elles ont de plus précieux, la vie des êtres qui leur sont chers.
C’est pourquoi, en cette journée du 11 /11/ 2019, la résistance qui appartient à ces martyrs et à leurs familles est à l’apogée de sa force. Elle n’a jamais été aussi présente, efficace et importante, en tant que partie de l’axe de la résistance dans la région. Elle est dans une position avancée et elle participe à la réalisation du présent et de l’avenir au Liban, en Palestine et dans la région. Elle supporte des poids importants et assume de grandes responsabilités. Nous sommes fiers du fait que notre résistance est une partie de l’axe de la résistance qui tient bon et remporte des victoires dans la région.
Je vais passer maintenant à la seconde partie du discours consacrée à la situation régionale, pour finir par les développements au Liban qui me paraissent très importants. Je vais me contenter de deux points sur le plan de la situation régionale.
Le premier porte sur la situation au Yémen. Le leader courageux et cher sayed Abdel Malak Badreddine al Houthi a annoncé avant-hier une position historique, à l’occasion des célébrations dans ce pays de la naissance du Prophète. Il a pris position à l’égard du conflit avec l’ennemi israélien. En tant que fils de la résistance, nous devons nous y arrêter, nous les peuples du Liban et de la Palestine et tous ceux qui se sentent concernés par le conflit avec l’ennemi israélien. Le cher leader a déclaré, suite à des menaces israéliennes de frapper le Yémen : Si vous attaquez le Yémen, nous riposterons et nous n’hésiterons pas à vous porter des coups très forts. D’où a-t-il dit cela ? Du Yémen, de Sanaa, de la province de Saada. Il a annoncé que son combat avec l’ennemi israélien est basé sur la foi, la religion, l’engagement. Cela signifie que ce combat a une dimension humaine, morale et religieuse, alors que d’autres essaient toujours de le montrer comme un conflit politique entre des Etats. Quelle est l’importance de ces propos ? Ils sont prononcés par le chef d’un front qui se bat depuis 5 ans contre les forces de l’agression appuyées par les Etats-Unis et la Grande Bretagne sur le plan occidental avec des milliers de mercenaires dotés des meilleures armes, de missiles, de véhicules et autres. Ces armes ont été utilisées dans les combats et tout le monde les a vues. Ces propos ont été lancés par un chef militaire dont les combattants se battent sur tous les fronts et commencent à détenir des armes sophistiquées, comme des missiles et des drones et ils remportent des victoires. On parle donc d’un chef qui a une grande crédibilité et qui s’il lance des menaces peut les exécuter. D’ailleurs, il y a beaucoup de discours dans le monde arabe et islamique avec des menaces. On ne voit pas leur trace dans les médias israéliens ou dans les commentaires des responsables israéliens. Mais ce discours-là a fait l’objet de nombreux commentaires chez les Israéliens. Pourquoi ? Parce que les israéliens suivent ce qui se passe et considèrent désormais que l’axe de la résistance a une nouvelle composante, le Yémen, le Yémen de la résistance, de la patience, de la sagesse, de la foi, du jihad et des victoires. Le chef militaire a clairement lancé ses menaces en riposte à celles des Israéliens et il est en mesure d’exécuter ses menaces. Les mouvements de résistance devraient être fiers de cet élément de force nouveau dans lequel ils doivent voir une dimension stratégique, à cause notamment de la position du Yémen sur la Mer Rouge et la capacité de ce pays à atteindre l’entité ennemie. Il n’a pas dévoilé ses cartes, ni déclaré ce qu’il compte frapper. Il n’a pas parlé de l’étendue géographique des frappes possibles. L’ennemi le prend au sérieux et il sait que ce nouvel environnement stratégique contre lequel il complotait avec les Américains et le monde entier est devenu un nouvelle force dans un pays et une région où il y a de la crédibilité, de la vitalité, de l’efficacité et du courage. C’est un développement très important. Certaines parties ne mesurent pas l’importance de cet élément, mais l’ennemi et les fils de la résistance savent parfaitement la mesurer.
Un autre élément, dans ce même contexte, c’est l’importance de l’auditoire. Il y avait une foule immense pour l’écouter. Il ne s’agissait donc pas d‘une conférence de presse. Il y avait un monde incroyable. Vous avez vu cela à la télévision, à Sanaa, à Saada et dans de nombreuses villes du pays. On aurait dit une mer vivante, des centaines de milliers de personnes étaient présentes sous le soleil au milieu de la journée, elles n’étaient même pas assises sur des chaises dans des salles climatisées, mais en plein air, alors qu’à tout moment, l’aviation pouvait les bombarder, puisque le pays est en état de guerre. Elles sont restées pendant des heures à écouter leur chef parler dans des circonstances et des conditions difficiles. Cela montre l’immensité de leur foi, de leur amour pour le Prophète. C’est aussi un message politique. C’est extraordinaire qu’un peuple, après 5 ans de guerre, des dizaines de milliers de martyrs, militaires et civils, des centaines de milliers de personnes menacées de mort, dans un pays soumis à un blocus économique et financier, alors que le gouvernement de Sanaa n’a souvent pas les moyens de payer les salaires, puisse venir en si grand nombre écouter le discours de son chef. C’est un message fort à tous les tyrans du monde qu’ils ne doivent pas miser sur la fatigue, la lassitude et le désespoir de nos peuples, quelles que soient les difficultés. La foi reste plus forte que tout. Je dis cela et je reviens à ce que j’avais dit au début sur le secret de la force de cet axe qui réside dans sa foi, sa spiritualité son attachement à ses symboles sacrés et sa détermination à consentir des sacrifices pour l’amour du Prophète. Toute cet amour n’est pas tributaire des avantages matériels, des plaisirs individuels auxquels aspirent les gens en général.
Le second point que je voudrais évoquer concerne la République islamique d’Iran. Au cours des derniers mois, le spectre de la guerre planait. Tout le monde, notamment certains pays régionaux basaient leurs pronostics sur l’hypothèse d’une guerre américaine contre l’Iran. Certaines parties locales au Liban avaient hélas adopté cette thèse. Je voudrais aujourd’hui dire que cette hypothèse a disparu à cent pour cent. Ou disons à 99,99%. Les pays de la région devraient désormais baser leurs calculs sur ce fait. Ceux qui misaient sur une telle guerre devraient abandonner cette hypothèse.
Le fait que de nombreux Etats de la région, dont des Etats du Golfe, ont modifié leur ton à l’égard de la République est un indice. Certes, ces Etats qui étaient dans le camp hostile à l’Iran, je ne vais pas entrer dans les noms maintenant, ont donc changé de ton et cela grâce à la résistance de la République islamique après le retrait de Trump de l’accord sur le nucléaire et son imposition de sanctions très fortes sur l’Iran. Mais ce pays a tenu bon. Il connaît certes des difficultés, mais elle est en train de surmonter cette période difficile et les analystes affirment qu’il parviendra à le faire. Aujourd4hui, de nombreux analystes occidentaux et des experts stratégiques aux Etats-Unis, en Occident et même chez l’ennemi israélien affirment que la politique de Trump a échoué. Quelle était cette stratégie ? Sortir de l’accord sur le nucléaire, imposer des sanctions sur l’Iran, tenter de faire chuter la République islamique de l’intérieur, faire pression sur elle et brandir la menace de la guerre contre elle pour l’entraîner vers les négociations. C’est cela la stratégie de Trump. Mais la menace de guerre n’existe plus. C’est pourquoi la stratégie a échoué. La République islamique sort de cette épreuve forte, capable, présente dans l’équation régionale, dans l’adoption des causes de la région et de ses peuples.
La dernière information va sûrement provoquer une crise cardiaque chez Donald Trump. Tout le monde sait que Trump ne pense qu’au pétrole et au dollar. Il a lâché les Kurdes de Syrie, qui se sont tenus à ses côtés et il a trouvé pour cela toutes les justifications possibles. Certains sont même revenus à la Seconde guerre mondiale pour dire que les Kurdes n’ont pas participé au débarquement de Normandie. Trump ne fait donc aucun cas aux hommes. S’il est revenu sur sa précédente décision de retirer ses troupes de Syrie, préférant en maintenir une partie à l’est de l’Euphrate. Or, nous avons vu le président de la République islamique d’Iran cheikh Hassan Rouhani déclarer officiellement qu’un nouveau champ de pétrole a été découvert qui renferme une réserve de 53 milliards de barils. J’ai fait le calcul ; Combien faudra-t-il à l’Iran de temps pour épuiser ses réserves si ce pays recommence à exporter un million de barils par jour ? Il faudra des générations d’Iraniens ! Je ne vais pas vous donner les résultats de mes calculs de peur de m’être trompé. Mais cheikh Rouhani a précisé que la superficie de ce champ est de 2400km2 dans la région de Khouzistan, au sud-ouest du pays. Les couches de pétrole sont à une profondeur de 80 mètres. Mais le plus important, c’est que ce champ a été découvert grâce aux efforts de la Compagnie nationale iranienne depuis 2016. Cela signifie que des experts iraniens, en se basant sur un site iranien pris en charge par des spécialistes économiques respectés, disent que l’Iran produit en se basant sur le prix actuel du pétrole près de 3 trillions de dollars...Cela devrait suffire à provoquer une crise chez Trump.
C’est dire que l’Iran et l’axe dans la région est en train de sortir de la menace de la guerre et il est aussi entrain de surmonter la période la plus dure de son histoire. Il en sort fort et capable, remerciant Dieu pour ces moyens et ces nouveaux horizons.
J’en arrive au dossier libanais. Concernant le gouvernement, la désignation et la formation, les discussions en cours, je ne vais pas en parler maintenant, car les rencontres se poursuivent et nous ne sommes pas obligés de donner une position maintenant, pour laisser les portes ouvertes aux meilleurs résultats possibles.
Le second point est qu’il faut continuer à bâtir sur les éléments positifs. J’ai dit cela depuis le début du mouvement populaire le 17 octobre et je le répète.
Parmi les éléments positifs les plus importants, ceux qui font l’unanimité, c’est la lutte contre la corruption. D’autres points ne font pas une telle unanimité, entre les manifestants eux-mêmes, comme celui de l’abolition du confessionnalisme politique. Est-ce vraiment ce que veulent tous les manifestants et ceux qui les appuient dans leurs maisons ? Ce n’est pas sûr que tout le monde veuille sortir des contraintes confessionnelles.
Il y a beaucoup d’autres revendications qui ne font pas l’unanimité et qui sont lancées par les gens eux-mêmes ou à travers des politiciens, des personnalités des médias ou même par des figures qui se considèrent impliquées dans le mouvement de protestation. Mais lorsqu’on commence à parler sérieusement, il apparaît que ces revendications ne font pas l’unanimité. Par contre, le sujet qui revient dans toutes les places et sur toutes les chaînes de télévision et qui est brandi par tout le monde c’est celui de la lutte contre la corruption, le fait de juger les corrompus et la restitution des fonds pillés. Cela ne fait l’objet d’aucun débat. Au contraire, il y a sur ce sujet une unanimité nationale qui va au-delà des confessions, des régions et des partis. Même s’il y a des parties qui ne sont pas d’accord, au sein du mouvement, elles n’osent pas le dire.
C’est un point positif. Grâce à ce qui s’est passé, je crois que personne ne peut aujourd’hui protéger un corrompu, ni un parti politique, ni une force politique, ni un zaïm, ni une autorité religieuse ou politique, ni même une communauté ou une confession. C’est un grand développement au Liban.
Nous voulons bâtir sur cet élément positif en disant qu’il y a aujourd’hui un appel réel à la lutte contre la corruption et à mettre main sur les corrompus tout en reprenant les fonds pillés. Cela n’est pas lié au gouvernement, s’il est formé cette semaine ou la semaine prochaine ou encore si sa formation est retardée. Ce sont deux sujets totalement séparés. Pourquoi ? Parce que la lutte contre la corruption est devant la Justice.
Je vais parler plus longuement de ce sujet, avec logique, rationalité, responsabilité et je ne vaux pas tenir à ce sujet des propos qui suscitent l’émotion et l’enthousiasme, ou lancer des slogans.
En ce qui nous concerne, nous avons dit dans le cadre de la campagne électorale, que nous sommes une partie intégrante de la lutte contre la corruption. Mais nous avions aussi été clairs sur le fait que cette opération prend du temps et de longs efforts. Il ne faut donc pas s’attendre à des résultats rapides. Je reviens sur cela, car certains comparent la guerre contre la corruption à la lutte pour la libération des territoires occupés et à la résistance. Pourtant, il y a une différence entre les deux. Il y a une différence objective dans les instruments, les méthodes et les moyens, ainsi que dans la nature des objectifs. Quels sont par exemple les instruments et les moyens de la lutte contre l’occupant ?
Il y a dans ce contexte, une couverture nationale et légale. La plupart du peuple libanais est contre l’occupation et considère Israël comme un ennemi. Il est aussi certain dans ce même contexte que l’environnement populaire de la résistance est présent en force et les résistants aussi.
Au sujet des moyens, il y a les jihadistes, les mouijahidins, les armes, les équipements, un cerveau militaire, des investigations, une planification, une action sur le terrain et les cibles ennemies.
Même si on prend un otage, on peut le garder et ne pas le remettre par exemple à l’Etat. Car si on le remet à l’Etat et les Américains exercent des pressions, il sera libéré le lendemain. Dans la résistance, on n’a même pas besoin d’une salle d’opérations communes avec l’Etat. Nous avons toujours refusé cela, en disant qu’il vaut mieux distribuer les rôles en préservant le secret, pour pouvoir mener des actions plus précises.
Ce sont donc les éléments qui constituent la résistance contre l’occupant. Elle attaque des positions de l’occupant, pose des embuscades, frappe, entraîne l’ennemi dans une confrontation qui doit l’épuiser, elle l’humilie, lui fait peur et lui impose de se retirer de sa terre. C’est cela l’équation de la résistance.
Concernant la résistance contre la corruption, elle a aussi ses instruments et ses éléments qui sont tout-à-fait différents. Pourquoi j’utilise l’expression résistance contre la corruption ? parce que nous parlons d’un pays où il y a des responsables corrompus, des fonctionnaires corrompus, des commerçants et des personnalités importantes impliquées dans la corruption, ou en tout cas qui sont accusées de l’être.
Le but est donc juger tous ceux-là, de les punir et de retrouver les fonds pillés par eux. Cela ne peut pas se faire avec les mêmes instruments utilisés dans la résistance contre l’occupant. La lutte contre la corruption utilise donc d’autres éléments. Quels sont-ils ?
Evidemment, il y a d’abord la justice, des juges, un dispositif judiciaire, des magistrats indépendants, intègres et courageux qui n’ont pas peur et qui ne cèdent pas aux pressions des politiciens et des forces politiques. Des magistrats qui agissent selon leur conscience et n’adoptent pas des jugements de façon sélective.
Il faut donc un juge et une loi sur laquelle le juge doit se baser. Il faut aussi des informations qui sont présentées au juge sous forme de notifications. Il s’agit d’informations précises et non des rumeurs destinées à nuire à telle ou telle autre personne. Certains portent ainsi plaintes contre tel ministre sans apporter des preuves ou des indices concluants. Tout cela n’est pas sérieux. Il faut des informations et des preuves sur lesquelles le juge doit se baser pour émettre un jugement équitable et juste. Car on ne peut pas être injuste à l’égard de qui que ce soit. Il faut aussi qu’il y ait une prison pour accueillir les corrompus et un mécanisme pour reprendre les fonds pillés, vérifier s’ils sont au Liban ou à l’étranger.
Ces instruments et ces moyens ne peuvent pas appartenir à un parti ou à un mouvement, ni même à un courant ou à un front. Ils ne sont pas non plus ceux d’un mouvement populaire, ou d’un soulèvement. Dans les pays où il y a eu une révolution qui a gagné, on a eu aussi recours à la loi, à la justice, aux prisons et à l’adoption d’un mécanisme qui ont permis de demander des comptes aux corrompus, de les punir et de restituer les fonds pillés.
C’est logique. Sauf si ce qui est requis c’est de créer des tribunaux révolutionnaires, comme ce fut le cas avec les Brigades rouges, pour régler le sort de tous ceux qui sont accusés de corruption. Il ne s’agit plus alors de lutte contre la corruption, mais d’autre chose.
Lorsque nous avons commencé à parler de la lutte contre la corruption, dans l’étape précédente, nous avions dit que nous aurions recours à la justice. Nous avions dit ainsi que nous ne voulions pas nuire à qui que ce soit ni soumettre les dossiers en pâture aux médias. Nous avons des dossiers, mais nous ne voulons pas non plus inonder les juges avec eux pour obtenir un satisfecit des médias. Nous préférons agir dans le calme et ne pas noircir les réputations.
Une fois les dossiers remis aux juges, ce n’est pas à nous de les poursuivre. Nous ne discutons pas de la capacité et de l’intégrité des juges, même si nous avons des réserves et des remarques. Nous misons sur les juges courageux et intègres.
Les lois existent. Il en faut de nouvelles ou des lois amendées. C’est le travail du Parlement. La séance de demain a été reportée, soit, il reste la justice, et les lois existantes. Si quelqu’un a des éléments sérieux qui peuvent faire un dossier qu’il les transmette au juge.
Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est une position du Conseil Supérieur de la Magistrature et des juges eux-mêmes. Si on parle d’une révolution, d’une intifada, d’un mouvement historique ou encore d’un grand pas de sauvetage dans le pays, en réalité, tout cela est tributaire du dispositif judiciaire, du CSM, des juges et de leur sens des responsabilités et de leurs consciences.
Ils sont aujourd’hui devant une chance historique. S’ils ont un dossier, ils peuvent convoquer qui que ce soit. S’il bénéficie d’une immunité, ils peuvent demander qu’elle soit levée.
Aujourd’hui précisément, il y a eu un accord entre les blocs parlementaires de la Fidélité à la résistance et du Développement et de la Libération pour soumettre une proposition de loi qui lève l’immunité sur les ministres pas seulement actuels mais depuis 1992. Nous comptons contacter d’autres blocs pour qu’ils se joignent à nous.
Par conséquent, tous les ministres qui se sont succédés depuis 1992 pourront aller devant les tribunaux spécialisés, car le tribunal chargé de juger les présidents et les ministres n’est pas efficace et n’est peut-être même pas formé.
Aujourd’hui, la possibilité est ouverte. Il y a aussi une autre proposition de loi préparée par le bloc de la résistance au sujet de la levée de l’immunité des fonctionnaires. Il y a aussi une proposition présentée par le bloc du Liban fort sur la levée du secret sur les comptes bancaires. Il faut du travail sur ce sujet. Mais indépendamment de tout cela, mon message en cette Journée du Martyr, c’est que cette Journée est celle du courage et du sacrifice pour le Liban, pour le protéger et pour assurer sa stabilité, sa prospérité et sa bonne santé.
Je dis aux juges du Liban : Prenez exemple sur les martyrs qui ont sacrifié leurs vies pour le pays. Il ne vous est pas demandé de donner votre sang et vos vies. Mais il vous est demandé d’adopter une décision courageuse, d’utiliser vos prérogatives et les lois en vigueur pour entreprendre une opération de sauvetage. Vous devez avoir le courage de ne pas vous soumettre à n’importe quelle autorité politique ou religieuse dans le pays. Vous avez avec vous aujourd’hui tout le peuple libanais dans cette mission historique et noble. Tout le monde attend votre initiative. Ce n’est pas le rôle du gouvernement, ni celui du Parlement, ni même celui des présidents. C’est votre rôle et vous devez assumer entièrement vos responsabilités.
Je m’adresse au Conseil Supérieur de la Magistrature et aux juges concernés, en ma qualité de secrétaire général du Hezbollah, cette formation dont je suis l’autorité et qui a des ministres au gouvernement, des députés au Parlement et qui constitue une couverture pour des fonctionnaires de l’Etat, des chefs de municipalités et certains travailleurs dans le domaine public pour leur dire : si vous avez entre les mains un dossier qui concerne un responsable du Hezbollah, traitez-le. Commencez par nous et n’ayez pas peur. Je vous garantis que le Hezbollah respectera toutes vos décisions et vos démarches. Au contraire, il vous encourage dans ce sens. Je le dis parce que certains écrivent sur les réseaux sociaux, avec des noms fictifs ou non et lancent des accusations. Je le répète, si quelqu’un a des informations sur la corruption de quelqu’un du Hezbollah, si quelqu’un a des éléments sur le fait qu’un membre du Hezbollah a pillé des fonds publics, quelle que soit l’expression utilisée qu’il s’adresse à la justice compétente. Je lui garantis que le Hezbollah lèvera son immunité, en attendant l’adoption de la loi sur l’immunité. Que la justice compétente convoque ainsi le député ou le ministre supposés impliqués qui sont dans la mouvance du Hezbollah. Que les juges n’hésitent pas à agir et dans ce domaine précis, à ce moment précis, il est honteux d’appliquer la règle de l’équilibre confessionnel. Je répète aux juges : n’excluez personne et ne vous comportez pas sur une base confessionnelle ou politique. La lutte contre la corruption doit se situer au-delà des confessions. Le corrompu n’a pas de confession ni de religion. Nous avons aujourd’hui besoin d’une démarche concrète pour répondre aux souffrances des gens. Ce sujet dépend des juges. Tous les leaders confessionnels, politiques, officiels, populaires et religieux doivent donner leur aval à une telle démarche car elle est saine et dans l’intérêt de tous.
Le dernier point que je voudrais développer porte sur la situation économique et financière. Nous sommes obligés actuellement d’en parler. Je ne suis certes pas un expert économique et financier. Mais j’espère le devenir. L’homme apprend. C’est ainsi que nous sommes devenus des experts en questions militaires suite à notre longue expérience... En tout cas, certains points sont clairs et n’exigent pas une grande expérience en la matière. Mais j’ai besoin d’un temps supplémentaire pour en parler car la situation de notre pays est délicate. Je voudrais dire : nous avons des options, des solutions de rechange et des horizons. En même temps, je voudrais insister sur le rôle des Etats-Unis dans les difficultés économiques et financières que connaît actuellement le Liban. Je voudrais parler des obstacles que dressent devant nous les administrations américaines successives et surtout la dernière en date qui empêche le Liban de retrouver sa santé et de sortir de l’impasse financière et économique dans laquelle il se trouve. Au contraire, l’administration américaine œuvre pour accentuer cette impasse. Tout comme c’est le cas lorsqu’il y a des batailles militaires et de la résistance, nous devons savoir, en matière de bataille économique et financière qui sont les ennemis et qui sont les amis et les alliés. Il faut aussi savoir qui cherche à vous aider et qui vous poignarde dans le dos pour vous faire mieux tomber. Cela fait partie des conditions de la réussite dans la bataille économique et financière.
Je vais donc parler de la responsabilité américaine dans ce qui se passe. Je vais énumérer quelques grandes lignes, car ce sujet pourrait prendre des heures. Tout le monde sait que lorsque nous parlons de finances, l’Etat a des recettes qui vont dans les caisses du Trésor. Il y a donc d’un côté les recettes et de l’autre les dépenses. L’Etat a des dépenses, comme les salaires des fonctionnaires, la construction de l’infrastructure, l’exécution des projets de développement, l’adoption de prestations sociales, comme la pension de vieillesse, l’assurance maladie, le soin des enfants etc. En résumé, nous devons en principe dépenser ce que nous recevons. . Mais si l’argent des recettes ne suffit pas, il faut prendre des crédits. Lorsque les crédits s’accumulent et que les intérêts deviennent trop élevés, on se retrouve dans une situation de déficit. Le principe est simple et il s’applique aux individus.
Dans un pays comme le Liban, cette situation s’aggrave car les secteurs de production ne sont pas efficaces. Je ne cherche pas ici à condamner des politiques économiques et financières mais à faire un constat. En principe, dans un pays, lorsque le déficit s’aggrave on cherche à renforcer les secteurs de production. Au Liban, l’agriculture est négligée. Les agriculteurs s’endettent pour cultiver les terres et lorsqu’ils le font, ils ont du mal à écouler leurs produits faute de marchés. Chaque année, nous assistons à des grèves des agriculteurs qui jettent leurs produits faute de pouvoir les vendre.
Le secteur agricole au Liban est donc en difficulté, alors qu’il s’agit d’un secteur important de production. C’est aussi le cas du secteur industriel, alors que le commerce a beaucoup régressé. Le Liban a développé au cours des années le secteur des services, notamment en matière de tourisme. Mais ce secteur a aussi régressé. Je dirais plus tard ce qu’ont fait les Américains, non pas au Hezbollah, mais à tout le Liban.
Donc, il faut augmenter la production. Mais il n’y a plus vraiment de développement dans le secteur agricole, le secteur industriel et le secteur des services. Il n’y a donc plus d’offres d’emplois et le chômage augmente, en particulier chez jeunes. Les gens sont chez eux et la pauvreté augmente. Nous vivons grâce aux crédits mais à un certain moment, nous ne pourrons plus payer et la Banque mondiale et le Fonds monétaire international viendront et nous imposeront un plan de sortie de crise qui ressemble à ce qui s’est passé en Grèce. Certains viendront nous piller sous prétexte de nous garder en vie. Nous avions eu ce débat lors de la précédente loi sur le budget. Nous disions que c’est faux de chercher à régler le déficit en allant directement aux poches des citoyens, en augmentant les taxes et les impôts et en réduisant les salaires, ainsi que les prestations sociales, comme les retraites. N’y a-t-il pas d’autres possibilités et d’autres horizons ? je vais en évoquer certains que les Américains cherchent à nous fermer.
D’abord, les compagnies chinoises. La Chine a actuellement des fonds énormes. Les compagnies chinoises sont prêts à se rendre au Liban pour y investir avec des milliards de dollars. Elles pourraient prendre des projets importants au Liban, à des prix alléchants. Ce qui ferait bouger la vie économique et la production en assurant de nouveaux emplois. Certains vont dire : mais non, il n’est pas interdit aux compagnies chinoises de venir au Liban. Mais, d’après mes informations, c’est le cas. J’espère me tromper. Mais en tout cas, il faut une décision courageuse de la part du nouveau gouvernement pour qu’une délégation. Se rende en Chine et ouvre les portes du Liban aux compagnies chinoises. Nous ne voulons pas défier quelqu’un, mais agir utilement. Pourquoi est-ce interdit ? Parce que les Américains en ont décidé ainsi. Y a –t-il plus proche des Américains que les Israéliens dans la région ? Les Israéliens se sont rendus en Chine et ont invité des compagnies chinoises à investir chez eux dans de grands projets. Les Américains en ont été mécontents et ils ont tiré l’oreille de Netanyahu. Avant sa démission, John Bolton est venu dans l’entité sioniste au début de 2019 et il a eu des rencontres avec les responsables israéliens et il les a menacés en disant que ces relations économiques avec la Chine pourraient avoir des répercussions sur les aides militaires et sécuritaires accordées par les Etats-Unis aux Israéliens. Netanyahu a ensuite tenu plus d’une réunion du cabinet restreint, qui discute en général des questions militaires et de sécurité. Or, ces réunions étaient destinées à discuter des contrats avec les entreprises chinoises et sur la façon de les limiter et de les restreindre. Les Israéliens avaient besoin des entreprises chinoises mais les Américains les ont empêché de se tourner vers elles. Cela a été analysé et raconté dans les médias américains et occidentaux. De même, une des raisons de la colère des Américains à l’égard du Premier ministre irakien Adel Abdel Mehdi est qu’il s’est tourné vers la Chine et il a conclu avec ce pays des contrats allant jusqu’à 400 milliards de dollars selon certains médias. D’autres ont même parlé de 500 milliards de dollars. Pour les Américains, il s’agit d’une ligne rouge. Les Américains mènent une guerre économique avec la Chine. Mais, nous, au Liban, qu’avons-nous à voir dans tout cela ? Certains peuvent dire : le Hezbollah nous a entraînés dans la guerre entre les Etats-Unis et l’Iran, mais avec la Chine, qui a intérêt à nous entraîner dans un conflit ? Personne. Pourquoi devons-nous faire la volonté des Américains dans tous les domaines ? Les Chinois ont proposé des projets importants au niveau de l’électricité, des barrages et de l’infrastructure routière.
Aujourd’hui, ces compagnies chinoises se sont tournées vers la Syrie, car la Chine ne craint pas les Américains, ni Trump et veut investir dans la reconstruction de la Syrie. La Syrie, de son côté, a ouvert ses portes, car elle n’évolue pas dans l’orbite d’influence américaine. . Pourquoi le Liban doit-il l’être ? Pourquoi devons-nous faire le tour du monde pour supplier les chefs d’Etats de mettre un dépôt financier chez nous et prendre de nouveaux crédits que nous rembourserons en puisant dans les poches des gens ? Ouvrons la porte aux entreprises chinoises qui présenteront des offres dans le cadre d’adjudications à nos conditions. Pourquoi ne pouvons-nous pas le faire ? Parce que les Américains ne le veulent pas, eux qui se présentent comme les sauveurs du peuple libanais.
Deuxièmement, les compagnies iraniennes, publiques et privées. Pourquoi pas ? J’ai déjà parlé de ce sujet et je ne veux pas m’y étendre de nouveau. Ces compagnies sont prêtes à venir et à investir dans des projets au Liban. Ce qui créerait aussi des offres d’emploi. Mais c’est interdit. Même chose pour les Russes. Je n’ai pas d’informations précises sur le sujet, mais j’ai des doutes sérieux.
Troisièmement : la reconstruction de la Syrie. J’ai entendu plusieurs responsables libanais, dont le Premier ministre, parler dans de nombreux congrès, de l’importance du rôle du Liban dans la reconstruction de la Syrie. Si la porte de cette reconstruction s’ouvre, les sociétés libanaises iront y participer. Certaines sociétés se rendent en Syrie sous des noms fictifs, mais officiellement, tout le monde a peur. Pourquoi ? des sanctions américaines et des menaces américaines de mettre ceux qui se rendent en Syrie sur la liste des sanctions américaines. Voilà la réalité. Qu’a donc à voir le Hezbollah dans cette décision américaine ? Rien. Il n’a rien à voir dans la volonté américaine de punir la Syrie pour y changer le régime.
Je connais plusieurs Etats arabes qui ont envoyé des hommes d’affaires et des sociétés en Syrie pour participer à la reconstruction. Ils ont été très bien accueillis. Mais une fois de retour dans leurs pays (que je ne nommerai pas pour ne pas mettre en difficulté leurs gouvernements), l’ambassadeur des Etats-Unis les a contactés pour leur rappeler que toute société qui se rend en Syrie pour y investir est passible de sanctions. C’est aussi le cas des compagnies libanaises, alors que l’ouverture des portes de la Syrie aux entreprises libanaises donnerait un nouvel élan à l’économie libanaise pour des dizaines d’années.
Quatrièmement : les pressions permanentes sur le Liban sur le plan sécuritaire. Si quelqu’un souhaite investir au Liban, régulièrement, on dit que le Liban n’est pas un pays sûr. C’est un mensonge américain. Revoyez les médias et les sites américains d’informations. Pourtant, le Liban inchallah est plus sûr que les Etats américains. Il est même plus sûr que Washington. Des études ont été faites en pourcentage et il est apparu que le Liban est plus sûr que Washington sur le plan des tueries, des viols, des vols et autres agressions. Mais les Américains pratiquent la politique d’effrayer les autres pour que personne ne vienne investir au Liban. Voilà les Américains.
Concernant les sanctions, elles sont une arme à double tranchant. Aujourd’hui, même le gouverneur de la Banque centrale le dit : les sanctions ont eu un impact sur l’économie libanaise, sur la situation financière et sur les banques. Qui exerce des pressions sur les banques ? Le Hezbollah ?? Le maximum que nous ayons fait c’est de dire à certains directeurs de banques de ne pas être plus royalistes que le roi, dans le sens où certains noms n’ont pas fait l’objet de sanctions, pourquoi alors fermer leurs comptes bancaires ? C’est tout. Nous n’avons pas dit que nous comptons manifester devant les banques, ni occuper celles-ci. Ne sont-ce pas des responsables américains, qui, de temps en temps, font peur aux banques et cherchent à faire pression sur elles ? Qui est en train d’entraver le transfert de fonds du ou vers le Liban ? Ce sont les Américains. Qui exploite un tel climat ? Le prétexte est de faire pression sur le Hezbollah. Pourtant, j’avais dit dès le premier jour : mettez des sanctions autant que vous le voulez, nos fonds ne sont pas dans les banques. D’ailleurs ils savent très bien d’où viennent nos fonds. Il n’est pas nécessaire que nous en disions plus. Tout le monde sait d’où viennent nos fonds. Donc, les sanctions sur le secteur bancaire libanais sont des sanctions sur le Liban et sur le peuple libanais. Elles n’ont pas d’impact sur la résistance. Les sanctions sur le secteur bancaire visent donc à provoquer une discorde entre les Libanais, pour qu’il y ait un conflit interne, pour qu’ils se soulèvent les uns contre les autres et en particulier contre la résistance. Mais ce sont eux qui entravent l’économie libanaise.
De même, les pressions sur les émigrés libanais, les tentatives de leur faire peur et de les terroriser pour qu’ils cessent d’envoyer leur argent au Liban pour y investir, construire des immeubles ou des villas et créer des projets sont menées par les Américain. C(‘est la politique américaine qui aboutit à ce résultat et qui empêche le transfert de dollars vers le Liban, envoyés par les émigrés. Cela crée de grandes difficultés pour tout le pays alors que ces émigrés envoyaient des liquidités au Liban.
Mes frères, si nous continuons à aller d’un endettement à un autre, nous continuerons à aller d’un déficit à l’autre. L’Etat doit donc dynamiser le secteur agricole et le secteur industriel. Le peuple libanais est devant une chance historique, tous les agriculteurs et les industriels sont devant une opportunité rare. Quelle est-elle ? L’Irak ! L’Irak qui compte entre 35 et 39 millions, et qui constitue un grand marché que beaucoup cherchent à gagner. Or, la relation entre l’Irak et le Liban est excellente. Il n’y a donc aucun problème à ce niveau. Le seul problème est comment faire parvenir nos produits agricoles vers le marché irakien, sachant que ce marché est en mesure d’absorber toute la production agricole et industrielle libanaise et même dix fois et cent fois plus. Si nous saisissons cette chance, cela permettra de relancer la dynamique agricole dans toutes les régions, cela fera revivre les industries et en créera de nouvelles. Ce qui est excellent pour les emplois. Pour avoir tout cela, il faut un pas. Car on ne peut pas envoyer nos productions par mer ou par air. C’est illogique. Ce qu’il faut donc, c’est que le gouvernement libanais s’entende avec le gouvernement syrien pour ouvrir le point de passage Bou Kamal face aux marchandises libanaises, ce même point de passage que les Américains ont voulu maintenir fermé. C’est d’ailleurs l’une des raisons de la colère américaine contre le Premier ministre irakien Adel Abdel Mehdi. Il a insisté pour ouvrir ce point de passage.
Croyez-moi, je connais les détails. Les Américains ont utilisé tous les moyens possibles, même les menaces, pour empêcher l’ouverture du passage de Bou Kamal. Mais il y avait une décision irakienne pour l’ouvrir. Le prétexte américain était que c’est par ce point de passage que devraient passer les missiles destinés au Hezbollah. Moi, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises : nous n’avons pas besoin de ce passage pour nos missiles. Nous en avons suffisamment et même plus, au point de ne pas savoir où les mettre. C’est donc un mensonge que de donner ce prétexte. Les Américains savent que le passage de Bou Kamal relancerait l‘économie syrienne, sur le plan agricole et industriel en ouvrant le marché irakien face aux produits syriens... et Libanais.
Il n’est donc pas nécessaire de faire le tour du monde, ni de prendre de nouveaux crédits, ni de supplier qui que ce soit. Il faut simplement qu’une délégation officielle se rende à Bagdad sur la base d’une décision du gouvernement libanais. Je sais que ces propos vont augmenter les pressions américaines, mais l’opinion publique libanaise doit connaître les vérités. Il faut aller en Syrie et s’entendre avec son gouvernement pour faciliter le passage aux postes-frontières entre le Liban et la Syrie puis entre la Syrie et l’Irak. S’il y a des taxes, il faut faire en sorte pour qu’elles soient allégées, afin que l’agriculteur ou l’industriel libanais puissent faire des bénéfices acceptables. Ce sera alors une artère de vie, voire un fleuve de bienfaits qui s’ouvriront pour le Liban, entre le Liban et l’Irak. Notre pays pourra ainsi exporter ses productions agricoles et industrielles. Je le répète le peuple irakien aime les Libanais. Où est donc le problème ? La route est ouverte. Il faut simplement que nous nous entendions avec le gouvernement syrien. Certains peuvent dire : votre relation avec les Syriens est excellente. Arrangez donc cette affaire... Mais ce n’est pas ainsi que l’on peut sauver le pays. En toute franchise, cette tactique est mauvaise. Pourquoi ne pas aller en Syrie ? Que certains soient convaincus ou non, il faut parler avec logique et réalisme. Nous voulons sauver le pays. Cela ne se fait pas avec encore plus d’endettements et une augmentation des intérêts. Ce qu’il faut c’est relancer les secteurs de production et chercher des marchés. C’est cela qui peut sauver le pays et lui permettre de retrouver la santé économique. Mais je vous le dis, les Américains refusent que le gouvernement libanais parle avec la Syrie, ni celui-là, ni le précédent, ni aucun. Ils disent que c’est le gouvernement du Hezbollah. Mais si c’était le cas, il aurait sitôt après avoir obtenu la confiance du Parlement, pris le chemin de Damas. Les Américains ne veulent pas que nous trouvions un marché pour nos produits agricoles, ni pour nos produits industriels. Ils ne veulent pas que nos émigrés nous envoient de l’argent, ni quelqu’un fasse des investissements au Liban. Ils ne veulent pas que les Chinois investissent au Liban, ni l’Iran, ni la Russie. Il y a des Etats prêts à nous faire des dons. Mais jusqu’à présent, on fait un pas en avant et un pas en arrière. C’est pourquoi dans mon dernier discours, j’ai dit que nous voulons un gouvernement souverain. Qu’est- ce que cela signifie ? Qu’il prend en considération les intérêts nationaux du Liban et qu’il a le courage de dire aux Américains : cette position est contraire à l’intérêt national libanais. Laissez-moi agir et ne vous en mêlez pas.
Il y a aussi le sujet du gaz et du pétrole. Tous les Libanais ont mis leurs espoirs dans ce dossier. Qui met pourtant des bâtons dans les roues ? Qui pose des vétos ? Qui arrête le tracé des frontières pour que le Liban accepte les conditions israéliennes ? N’est-ce pas les Américains ? Il y a de spreuves. Là, je suis en train de faire d’une pierre deux coups. D’un côté, je dis qu’il y a des possibilités et des horizons, des idées et des perspectives pour sortir de la crise et de l’autre, je dis que ce sont les Américains qui sont responsables des entraves et de la paralysie qui devient dangereuse , dont nous souffrons depuis de longues années.
Les Libanais sont donc invités à être conscients et à prendre une grande décision.
Je profite ici pour commenter les propos de Pompéo. Je ne vais pas commenter ce qu’il a dit sur l’Irak, les Irakiens le feront eux-mêmes. Il a dit : nous devons tendre la main au peuple libanais pour qu’il se débarrasse de la corruption que l’Iran a introduite au Liban. Son arrogance est étonnante, ainsi que l’étendue de ses mensonges, de son injustice et de sa diffamation. Quelle corruption l’Iran a-t-il introduite au Liban ? Donnez-moi un seul exemple, M. Pompéo ou les amis de M.Pompéo ? S’il y a des corrompus au Liban – il y en a bien sûr- la plupart d’entre eux font parte de vos amis, de vos alliés ou de vos agents et instruments...
Ensuite, il dit : il faut tendre la main au peuple libanais pour qu’il se dégage de l’influence iranienne. Le jour du Quarantième de l’imam Hussein, j’avais dit que la plupart des manifestants sont sincères, je respecte leurs revendications. Mais ils doivent faire attention à ceux qui cherchent à exploiter leur colère et leur mouvement. Ceux qui le font, ce sont justement les Américains. Regardez comment M.Pompéo ne voit pas dans la colère des gens, leurs souffrances, leur volonté de combattre la corruption de retrouver leurs fonds pillés... Il ne voit dans tout cela que l’influence iranienne ! Mais si nous voulons traduire cela en arabe, où est l’influence iranienne sur les banques ? S’il y en a une qui fait des transactions avec l’Iran, les Américains décident de la fermer ! Il est interdit à l’Iran d’avoir la moindre influence sur l’armée, ni sur le secteur du pétrole et du gaz, ni sur les sociétés, ni sur els FSI... Où y a-t-il donc une influence iranienne au Liban ? Dans leur cerveau, l’influence iranienne, c’est la résistance. Tout ce qui compte pour les Américains, c’est donc que Liban se débarrasse de la résistance qui est une main protectrice, qui menace pour qu’il puisse retrouver son pétrole et son gaz et les exploiter équitablement, selon ses droits. Cette résistance qui l’aide à retrouver sa terre, à préserver son eau, à garder sa dignité, sa sécurité et sa souveraineté, cette résistance qui l’aide à être une partie de l’équation, ils veulent donc que le Liban s’en débarrasse pour qu’il perde un de ses éléments de force, cette force qui lui permet de préserver son unité et empêche qui que ce soit de l’entraîner vers le chaos, ou même la guerre civile. Cette force qui pousse le Liban à penser à ses intérêts propres avant tout pour sortir de la crise financière et économique et des problèmes quotidiens. Tout cela se fait par le dialogue, la rencontre, la coopération et le fait de lever toute couverture sur les corrompus, non en se débarrassant de la résistance.
J’appelle le public de la résistance à être très éveillé et prudent, dans cette période particulière, à bien lire les communiqués et à faire preuve de vision et de clairvoyance.
En cette journée du martyr du Hezbollah, je réitère notre engagement à préserver la dignité, l’honneur, la force, l’immunité et la protection que vous nous avez donnés par votre sang. Nous resterons fidèles à nos martyrs, à notre peuple, à notre oumma et à nos symboles sacrés, quelles que soient les difficultés et les souffrances. Nous sommes un peuple qui ne se rend pas et ne quitte pas les places. Au contraire nous voulons accorcher nos étendards sur les sommets les plus élevés. Allez en paix.