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Discours à l’occasion de la cérémonie en mémoire de sayed Jaafar Mortada Al Amili, une semaine après sa mort

Discours à l’occasion de la cérémonie en mémoire de sayed Jaafar Mortada Al Amili, une semaine après sa mort
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Au nom de Dieu

La prière de l’ouverture à la mémoire de notre cher disparu.

Je vous souhaite à tous la bienvenue en cette occasion triste et douloureuse que nous accueillons par le respect de la volonté de Dieu Tout Puissant. La disparition de sayed Jaafar Mortada al Amili est une grande perte pour le monde islamique, pour la pensée islamique, pour le savoir. Il était aussi une des positions du Jihad, le Jihad spirituel et intellectuel qui est une partie importante du rand Jihad.

Nous demandons à Dieu de donner à sa famille et à tous ceux qui l’aiment la sérénité et l’acceptation de la réalité. C’est d’ailleurs ce que nous attendons d’eux.

Je vais diviser mon discours en deux parties, la première consacrée à cette occasion et à l’homme que nous venons de perdre et la seconde aux nouvelles données dans notre pays.

Le sayed que Dieu ait son âme a passé sa vie en quête du savoir. Il avait une soif du savoir et s’occupait énormément d’éducation, alors que d’autres  se consacraient à l’action politique ou jihadiste…Le sayed avait considéré que sa mission religieuse était de se consacrer à ce domaine pour y remplir une grande vacance. Mais en même temps, il était présent en force sur la scène politique, même s’il ne s’en occupait pas directement et dans les détails. Il appuyait ainsi la révolution islamique en Iran menée par l’ayatollah Khomeiny qui a changé la face de la région à partir de 1979. De même, il appuyait avec force l’émergence du système de la République islamique en Iran après la victoire de la révolution. Il avait d’ailleurs un large éventail de relations avec des chefs importants de cette révolution et avec les autorités religieuses et les ulémas des écoles religieuses. A partir de là, il avait de grandes contributions dans l’émergence de cet Etat encore jeune, notamment dans la rédaction de la première Constitution de la République islamique. Il a aussi contribué intellectuellement dans la guerre imposée à la jeune République par les forces arrogantes pendant 8 ans. Le sayed se rendait donc sur les fronts pour mobiliser les jeunes et il organisait des séances de formation spirituelle et intellectuelle de certains officiers, chefs et autres dans les forces armées. Il utilisait pour cela les dispositions religieuses et des textes existants, qu’il s’agisse du Livre de Dieu, le Coran ou d’autres écrits.

De même, le sayed est un fervent appui pour tous les mouvements de résistance dans la région, contre l’entité sioniste et le projet sioniste. En particulier, il appuyait le mouvement de la résistance islamique au Liban. Il a exprimé cet appui jusqu’au dernier jour de sa vie, à travers ses écrits et ses discours. Il racontait d’ailleurs ce mouvement de la résistance islamique aux jeunes et il était fier et heureux des victoires qu’elle remportait. Il était ainsi fier de la victoire remportée par la résistance lors de la guerre de juillet 2006. Il disait : quelle qu’ait été l’ampleur des souffrances, l’essentiel est que la résistance ait gagné. Pour lui et ceux qui comme lui menaient une résistance intellectuelle et sur le plan de l’éducation et de l’esprit, son plus grand trésor était les milliers de livres que contenait sa bibliothèque et ses propres écrits, rédigés de sa main, dont certains ont disparu brûlés par les bombardements. Il était donc un fervent et constant défenseur de l’option de la résistance, face à l’invasion takfiriste et terroriste dans la région. Vous savez qu’à cette époque, il y a eu un débat dans certains milieux à ce sujet et autour de l’option d’affronter cette invasion qui avait pour objectif d’arracher le passé  et le présent dans notre région pour entraîner les peuples dans un avenir sombre et inconnu.

Le sayed était donc un passionné de l’ayatollah Khomeiny. Il a écrit pour lui de longs poèmes et lorsque l’ayatollah Khamenei a été élu après la disparition de l’ayatollah Khomeiny, il a farouchement soutenu cette élection, quand il se trouvait en Iran ou par la suite quand il est venu au Liban. Il tenait à ce que cette position importante soit protégée et préservée et occupée par une personnalité à la hauteur des responsabilités, et il attachait beaucoup d’espoirs sur cela.   

Je reviens à la principale particularité de sa personnalité, l’aspect scientifique et intellectuel. Le sayed s’est en effet longuement penché sur la plupart des questions importantes qui touchent au savoir. Il s’est informé, a réfléchi  et il a écrit sur toutes ces questions : l’interprétation des textes, les mots, l’idéologie, l’histoire, la sagesse, l’administration, la gestion, la guerre, le jihad, la morale, l’éducation, la psychologie, l’économie islamique et les marchés. On peut dire que le sayed a écrit sur la plupart des sujets sur lesquels l’Islam a une position et un avis. UN rapide survol de ses écrits montre cela. Il n’a d’ailleurs jamais cessé d’écrire, jusqu’à ce que la maladie l’empêche de tenir la plume. Mais auparavant, même lorsque la maladie a commencé à le faire souffrir et à causer des dommages dans son corps, il a continué à écrire, à réfléchir et à produire, même dans les moments les plus éprouvants. Il a ainsi publié de nombreux essais pendant la période de sa longue maladie. Il a ainsi consacré plus de 30 ouvrages aux deux martyrs al Hassan et Al Hussein.

En dépit de la diversité de ses écrits, le sayed s’est penché sur les sujets les plus difficiles, notamment ceux qui portent sur l’Histoire de l’Islam qui sont des sujets délicats et sensibles.

Pourquoi je dis cela de l’Histoire de l’Islam ? Parce que l’Histoire ce n’est pas facile. Ce sont des faits, des événements, des développements petits ou grands.

Mais concernant l’Histoire de l’Islam, ce n’est pas facile. Par exemple, le temps n’est pas ici une donnée scientifique établie. Il y a du flou, notamment dans la partie à laquelle s’est consacré le sayed et qui porte sur les premiers siècles de l’Islam.

Dans cette portion de temps, il est difficile d’établir les faits. Il n’y a pas de quoi s’étonner. Au sujet de faits qui se sont produits il y a dix ans, les récits diffèrent, selon les opinions et les versions des différents protagonistes. Que serait-ce alors lorsqu’il s’agit d’évoquer des événements qui se sont produits depuis des siècles ? Chacun a sa lecture, son interprétation et ses données. C’est pourquoi ce qu’a fait le sayed était une recherche très difficile. De plus, il y avait peu de données historiques et de références en la matière. D’ailleurs l’un des problèmes auxquels se heurte l’Historien c’est l’impossibilité de vérifier certains faits, l’absence de preuves et de documents qui certifient tel événement ou tel autre.

Concernant les jugements de la charia et la pensée islamique, heureusement les écrits existent. Mais au sujet de bien d’autres faits, les écrits sont plus rares ainsi que les preuves. C’est très important car il faut aussi se demander quel est le sérieux de ceux qui racontent certains faits, sont-ils crédibles, sincères ou non ? Je dois dire que même aujourd’hui, ce sont des questions qui se posent. Par exemple, personnellement je prononce un discours qui est retransmis en direct par de nombreuses chaînes de télévision. Mais certaines commencent à le tronquer ou à la déformer. Je vous rappelle que lorsque j’ai dit aux manifestants que leurs revendications sont justes, mais on a le droit de se poser des questions sur le financement des manifestations et que je leur ai dit de faire attention sur ceux qui pourraient vouloir détourner les manifestations en leur faveur ou les diriger vers d’autres directions, les critiques se sont multipliées. Mais s’il y a des gens fortunés qui financent les manifestations n’est-il pas légitime de se demander si leurs fortunes ne sont pas le résultat de la corruption ? Si le financement provient d’ambassades n’est-il pas légitime de se demander si ces ambassades veulent l’intérêt du Liban ? Hélas, certains ont immédiatement déformé mes propos  en disant aux manifestants le sayed vous accuse d’être à la solde des ambassades etc. Pourtant, je n’avais rien dit de tel. Ce qui se passe devant nous nous pousse à mieux comprendre l’Histoire et à mieux interpréter les faits du passé. On comprend mieux à quel point il faut être circonspect dans le traitement des faits et dans leur interprétation. Par exemple, aujourd’hui, on voit comment l’information peut être manipulée par des autorités et en particulier des autorités et des Etats étrangers qui contrôlent la révolution des techniques de communication et qui, à travers ces moyens techniques contrôlent les cerveaux. Toutes ces manipulations existaient auparavant, mais sous d’autres formes…. Le sayed avait donc choisi d’examiner ces tranches d’Histoire difficiles. Il s’est fixé une méthode  et des règles pour analyser l’Histoire et l’interpréter et il a passé une grande partie de sa vie dans ce domaine, à réfléchir et à rédiger  et il a abouti à des conclusions qui font aujourd’hui l’objet de débats. Que l’on soit d’accord avec sa méthode ou non, avec ses conclusions ou non, ce qu’il a fait est immense et c’est une première dans la réflexion au sujet de l’Histoire de l’Islam, au moins au niveau des ulémas chiites. A mon avis, c’est l’une des particularités du sayed et les efforts qu’il a déployés pour écrire ses ouvrages est pratiquement unique et il s’agit d’une première. Notre souhait est que ce travail d’historien soit poursuivi au sujet de nos autres ulémas. Une fois de plus nous rendons hommage à notre cher disparu.

Concernant les derniers développements au Liban, je vais m’arrêter sur certains points :

  1. Deux semaines après le déclenchement des protestations et des manifestations, nous avons appelé ce phénomène un mouvement populaire. D’autres ont préféré l’appeler une révolution ou une intifada. Le nom finalement n’est pas important. Ce qui compte c’est que dans tous ces événements, il y a des aspects positifs, sur lesquels nous devons insister et nous baser pour la suite.

Je voudrais ici dire que les Libanais par leur éveil et leur sens des responsabilités ont réussi à éviter d’aller dans le sens des plans établis par certains qui voulaient entraîner le pays dans le chaos ou dans une grande confrontation dans la rue qui aurait pu aboutir à des combats internes. Chers frères, il n’y a pas de doute, selon les informations en ma possession, que certaines parties poussaient avec force vers la confrontation interne et le chaos à travers ce qui s’est passé au cours des deux dernières semaines. A titre d’exemple, je vais parler de la quantité d’insultes proférées qui n’ont pas leurs semblables dans l’Histoire du Liban. Il n’y a pas un précédent de ce genre dans notre Histoire, même pendant les périodes de conflits et de confrontations interlibanaises. Tout cela et sur la base d’informations, n’était pas comme on le dit spontané. Au contraire, c’était orienté. Les gens étaient poussés à insulter et les médias avaient sciemment ouvert leurs antennes à tous ceux qui étaient désireux de proférer des insultes. Certains médias poussaient même les citoyens à lancer des insultes et les incitaient dans ce sens. Si quelqu’un tenait un langage décent, il était coupé pour laisser l’antenne à celui qui voulait lancer des insultes.

Ce phénomène est nouveau au Liban. Surtout lorsqu’il s’agit la mère ou la sœur ou la femme d’untel, ou encore sa famille. Cette personne n’a-t-elle pas des gens qui l’aiment ou l’appuient ? Pourquoi les provoquer de cette manière ? Pourquoi pousser la rue des gens insultés à la colère en entendant tout ce qui est proféré contre leur leader, en direct tout le temps ?

J’affirme qu’une partie de ceux qui encourageaient les insultes voulaient pousser les autres rues à se manifester pour susciter des frictions et des affrontements sur le terrain. Or, nous savons tous qu’au Liban, tout le monde a des armes. Les armes ne sont pas seulement entre les mains de la résistance. Celle-ci a des armes de qualité, de guerre. Mais les armes individuelles sont entre les mains de tout le monde. Tout le monde a aussi des bâtons et des couteaux. Tout le monde a des sentiments et des « abadayes ». Ce qui était voulu c’est que tout cela apparaisse dans la rue.

Certes, tout ce que nous avons entendu sur les antennes au cours des dernières semaines  n’est pas digne de la révolution. Je suis sûr que les gens sincères et honnêtes qui sont descendus manifester parce qu’ils ont mal et n’en pouvaient plus de la situation n’ont rien à voir avec ces insultes.

2-Un autre élément qui est apparu au cours des deux dernières semaines, c’est la fermeture des routes et l’humiliation des citoyens aux barrages des manifestants. Il y a eu des exactions à l’encontre de correspondants des chaînes de télévision et cela a un impact important sur les gens qui restaient chez eux, cloués devant leur petit écran. On dit que ceux qui sont descendus dans la rue étaient un million ou plus. Je ne sais pas dans quelle mesure ses chiffres sont vérifiés, mais disons qu’il y avait plusieurs centaines de milliers, moins ou plus, mais il y en avait encore plus dans leurs maisons, qui voulaient aller à leur travail, à leurs universités et à leurs écoles. Mais ils n’ont pas pu le faire en raison des routes coupées. En particulier la route du Sud qui était un objectif voulu et principal sans aucun doute.

  1. Un autre indice ce sont aussi ceux qui ont pris le train en marche du mouvement. Ils ont relevé le plafond politique et il est devenu clair que l’objectif était d’exécuter un coup d’Etat politique et de réaliser des vengeances politiques, tout en détruisant les institutions et en poussant le pays vers le vide.

Toute cette situation a créé un état de tension psychologique et émotionnelle, une rue en ébullition et en colère, dans plusieurs endroits. Il faut ici signaler le fait que ce qui a empêché le pays de basculer dans le chaos c’est le sens des responsabilités et la conscience des réalités dont ont fait preuve de nombreux Libanais, dans toutes les régions du pays. Il faut voir ce paysage-là. Il y a ru certes des incidents, des réactions à des insultes, il y a eu des débordements et à certains moments, la situation est devenue incontrôlable. C’est la véritable description de la situation.

Car, en réalité, ces débordements et ces incidents sont restés limités. Il faut regarder la situation dans son ensemble et on en sort avec une impression très positive, en voyant le haut niveau de contrôle de soi, le refus de céder aux émotions. Je vous le dis, de nombreuses forces politiques ont pratiqué un haut niveau de contrôle de soi  pour contrôler la rue. Je sais que si l’on avait dit à de nombreuses personnes dans la rue : faites ce que vous jugez bon, on aurait vu un tout autre spectacle dans les rues et sur les  routes, ainsi qu’avec les gens.

Certains vont utiliser ces mots pour dire : voilà on revient à l’ancien refrain. Le sayed menace. Mais je leur dis : non, je ne menace pas. Je décris une situation. Je dis que ceux qui veulent poursuivre leur mouvement de protestation en ont parfaitement le droit. Nous respectons ce droit et nous respectons ce mouvement et ses objectifs nationaux, sauf ceux qui ont profitent de ce mouvement pour régler de vieux comptes ou exécuter d’autres agendas. Mais ceux qui font ne mouvement sincère et national doivent mettre leurs revendications et leurs tribunes à l’abri des exploitations. En particulier, les médias doivent refuser d’ouvrir leurs antennes aux insultes, car ce n’est pas cela la voix des gens. Ceux qui lancent des insultes sont envoyés exprès pour le faire pour pousser vers la discorde.

Donc, nous sommes face à un phénomène très positif, sur lequel nous devons nous baser pour l’étape à venir.

Concernant l’étape future, j’appelle toujours à la patience, au contrôle de soi et à l’éveil. Il faut supporter, être clairvoyant et éviter de se rendre là où  les haineux et les comploteurs veulent entraîner le pays.

Tous ceux qui veulent nous pousser vers la confrontation entre les différentes rues et les différentes forces politiques, ou en tout cas entre leurs bases respectives, ceux qui veulent nous pousser vers les confrontations internes doivent être mis en échec par la patience et la capacité à supporter et à ne pas réagir avec émotion aussi grandes que soient les pressions exercées pour en arriver à ce stade.

Je dois aussi signaler un grand point positif, c’est que nous avons entendu au cours des dernières semaines, des propos qui dépassent les régions et les confessions pour aller vers des revendications politiques et sociales. Même si cela a dérangé beaucoup de parties.

Aujourd’hui, nul ne doit pas pousser vers un mouvement ayant des titres confessionnels. Nous devons nous concentrer sur le côté positif du mouvement, sur les sentiments et les revendications nationaux qui dépassent les confessions pour bâtir dans l’étape à venir. Par contre, pousser de nouveau vers un mouvement et des identités confessionnelles, ce n’est pas dans l’intérêt du pays. Nous devons insister sur les aspects positifs et  nous baser sur eux dans l’intérêt du pays. C’est le premier point et je voudrais de nouveau insister sur le contrôle de soi, la clairvoyance et la patience dont nous devons faire preuve pour ne pas réagir émotionnellement.

Deuxièmement : notre principal souci, au cours des deux dernières semaines – et cela continue de l’être- était d’empêcher le pays de basculer vers le chaos et le vide, en dépit de tous mes respects pour les revendications populaires justifiées. En effet, ceux qui ont exploité ce mouvement avaient des revendications claires qui parlaient de faire chuter le régime, de faire chuter le Parlement et le gouvernement. Les médias étaient là et tout le monde a pu voir et entendre ces revendications, sans parler des tweets faits en ce sens. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire la chute des institutions de l’Etat et donc se diriger vers le chaos et le vide. Ils n’étaient pas en mesure de combler ce vide. Ils ne sont pas en mesure de former une délégation pour dialoguer, comment peuvent-ils former un gouvernement à la place de l’actuel ou s’entendre sur une nouvelle loi électorale pour procéder à des élections législatives anticipées ? C’était donc notre principal souci, empêcher le chaos et le vide.

Nous avons donc pris une série de positions et, en toute franchise, nous avancions sur la pointe de l’épée. D’un côté, il y avait des revendications justes et justifiées, la colère de nombreuses personnes sincères souffrant de la situation actuelle, victimes de la corruption immense dans le pays et au sein du pouvoir et, en même temps, il y avait une situation très dangereuse qui aurait pu pousser le pays vers le vide et le chaos, ainsi que vers l’effondrement financier et économique. De plus, il y avait une grande difficulté à assurer les formules de rechange, contrairement à ce que disaient certains. Nous devions nous comporter avec un grand sens des responsabilités. Ce que nous avons fait. Nous n’avons pas exploité la vague de protestation. Nous n’avons pas brandi des slogans trompeurs. Le Hezbollah a pris sur lui et il était l’un des principaux acteurs pour faire face, expliquer, préciser et empêcher le chaos et le vide. Certes, nous n’étions pas les seuls à faire cela. Beaucoup au sein de l’Etat ont aussi fait preuve de patience, de clairvoyance, de conscience et beaucoup aussi l’ont fait au sein du mouvement de protestation. Aujourd’hui, certains ont commencé à baisser le plafond de leurs revendications politiques et ceux qui réclamaient la chute du système et du mandat ainsi que des institutions ont commencé à dire que ce n’était pas leur objectif.

En tout état de cause, nous sommes désormais arrivés à la démission du gouvernement. Ici, je voudrais faire quelques précisions. Depuis quelques années, certains au Liban et à l’étranger, ont pris l’habitude de qualifier les gouvernements qui se sont succédé, de « cabinets du Hezbollah ». Ce qui n’était pas du tout le cas. Pour ne prendre que les derniers exemples, il y a eu ainsi le gouvernement de Mikati, puis celui de Tammam Salam et plus récemment les deux de Saad Hariri, le premier avant les élections et le second après. Tous ces gouvernements ont été qualifiés par certains de ceux du Hezbollah. Mais dans aucun de ces gouvernements, le Hezbollah n’a occupé des postes de responsabilité ni pris en charge des portefeuilles délicats ou importants sur le plan de la souveraineté, ni sur le plan social ou économique. Dans ce dernier gouvernement, on nous a fait l’aumône de nous donner le portefeuille de la santé… Je vous l dis en toute franchise, dans tous ces gouvernements, le Hezbollah n’a jamais été l’élément fort, même dans le dernier cabiner. Dans le sens où il n’a jamais été l’élément qui décide, qui impose son point de vue ou qui influe sur les tendances générales et sur les décisions. Certains nous reprochent de ne pas utiliser notre force et notre influence. Cela peut être discuté, dans le calme, plus tard. Mais je peux vous l’assurer, dans tous ces gouvernements, certaines décisions étaient prises et nous n’étions pas d’accord. Mais que pouvions-nous faire ? Quitter le gouvernement ? Nous battre ? Cela exige une discussion sérieuse, le moment venu.

Pour l’instant ; le point que je souhaite soulever est le fait qu’il n’y a rien qui s’appelle le gouvernement du Hezbollah, ni au cours des dernières années, ni dans toute l’histoire du Liban. L’insistance à donner cette qualification au gouvernement vise à solliciter une intervention d’une partie de l’ étranger contre ce gouvernement ou à faire assumer au Hezbollah la responsabilité d’un échec précis, d’une incapacité à traiter les problèmes ou de l’existence de la corruption. S’il y a des réalisations positives, elles sont attribuées aux autres. Mais lorsqu’il y a un échec, une négligence ou autre, c’est la faute du Hezbollah, ou alors on dit que le Hezbollah protège la corruption. C’est en tout cas ce qui était largement mis en évidence. Nous autres, lorsque nous avons dit être contre la démission du Hezbollah, ce n’était pas parce que ce gouvernement est le nôtre. Ce n’est pas du tout le cas, ni pour ce gouvernement, ni pour les autres. Ni même pour le gouvernement à venir. Je voudrais dire aussi, dans ce contexte que ni hier, ni au cours des dernières semaines, ni dans la prochaine étape, nous ne sommes pas inquiets à notre sujet, ni à celui de la résistance. Nous sommes suffisamment forts, nous sommes très forts. La résistance est aujourd’hui plus forte qu’elle ne l’a jamais été, sur le plan populaire et sur le plan politique. Elle n’a jamais été aussi forte sur le plan de son environnement populaire, ni sur celui de ses effectifs, de ses moyens, de sa position régionale, sur le plan de la force de l’axe auquel elle appartient. Que personne ne soit dupe et ne croit qu’elle a été ébranlée ou qu’elle a vacillé. Le Hezbollah n’a utilisé aucun de ses éléments de force. Nul ne doit se tromper ou se faire des illusions. Si le Hezbollah a émis des craintes , c’est pour le pays, pour le peuple et pour les gens.

Certains me reprochent ma franchise et ma transparence. Mais moi je crois à cela. Je l’ai dit dès les premiers jours du mouvement à certains qui me sollicitaient : il se peut qu’un jour, l’Etat libanais ne soit plus en mesure de payer ses salaires. L’armée et les forces de sécurité peuvent s’effondrer, ainsi que les administrations étatiques, mais je peux vous assurer que la résistance restera en mesure de payer les salaires. La résistance n’est pas du tout dans une situation de faiblesse et de difficulté. Par conséquent, lorsque nous évoquons des craintes pour l’avenir, il ne s’agit pas de la résistance ou du Hezbollah. Si quelqu’un a peur, il est libre, mais ce n’est pas notre cas. Que personne ne se trompe.

Revenons au sujet de la démission du gouvernement. Au cours des derniers jours, nous étions opposés à cette démission. Nous pensions qu’il fallait donner quelque chose de positif aux gens, ceux qui sont dans la rue et qui ont des revendications justes. Nous devons écouter les demandes du mouvement véritable, non celles de ceux qui veulent exploiter les protestations. Or, si on veut écouter les gens qui ont mal et leur donner un choc positif, comment faire ? Nous pensions que le choc positif était une réunion du gouvernement, même avec les pressions de la rue, où est le problème ? Il faut laisser les gens protester et exprimer leur colère et agir. Là aussi, on a mal interprété ce que j’ai dit. Lorsque j’ai demandé à nos gens de se retirer des rues, c’était pour éviter des affrontements qui seraient provoqués par les insulter et les invectives. En même temps, j’ai dit aux autres de rester dans les rues, d’être de plus en plus nombreux pour maintenir la pression tout en négociant. Je ne leur ai donc jamais demandé de quitter les places et de se retirer des rues. Je n’ai jamais comploté pour vider les places et les rues des manifestants. Mon point de vue était que le gouvernement devait tenir des réunions ininterrompues, jour et nuit, pour préparer des projets de loi sur la restitution des fonds volés et pour la lutte contre la corruption. Ces projets de loi seraient envoyés ensuite au Parlement qui devrait les adopter dans les plus brefs délais. Y compris la loi s’amnistie. Des dizaines de milliers de personnes vivaient dans l’espoir qu’avant la fin de l’année, la loi d’amnistie serait adoptée. Nous voulions que le gouvernement prenne ces décisions et adopte ces démarches. C’est cela pour nous le choc positif attendu par les gens ; nous en parlions avec nos partenaires au sein du gouvernement et avec le Premier ministre. Il y avait une autre opinion qui disait que le choc positif serait un amendement ministériel. Pour nous, cela n’aurait fait qu’augmenter la colère et la déception des gens dans les rues. Quant à ceux qui parlaient d’un changement de gouvernement, nous leur disions nos craintes que cette option ne nous mène vers la vacance et la paralysie des institutions pendant une longue période où il n’y aurait plus qu’un gouvernement chargé des affaires courantes. C’est notre position réelle et ce sont nos craintes. Nous ne cherchions donc pas à protéger qui que ce soit et surtout pas ce gouvernement parce qu’il serait le nôtre. Notre position était basée sur notre vision de l’intérêt du pays.

Le dernier jour, le mardi, le Premier ministre a choisi de démissionner. Dans ce cas, les autres composantes du gouvernement n’ont pas leur mot à dire. Le Premier ministre démissionne, cela veut dire que tout le gouvernement le fait. Et maintenant ?

D’abord, une des conséquences, c’est que le document de réformes a été gelé. Tous les projets de lois qui sont proposés par le gouvernement sont aussi gelés. Le projet de loi d’amnistie notamment. Ainsi que le projet de loi sur la restitution des fonds volés et ceux sur la lutte contre la corruption et la levée des immunités. Toutes ces mesures sont maintenant en attente. Vous vouliez des décisions en matière sociale et économique, tout cela est désormais en suspens. Que signifie ce délai d’attente ? j’en parlerai plus loin. Je ne sais même pas si le Parlement parviendra à décider le projet de loi sur le budget. Il existe plusieurs opinions sur ce sujet. En tout état de cause, nous n’étions pas avec la démission du gouvernement. Le Premier ministre a décidé de démissionner, il a sans doute ses raisons. Je ne veux pas en discuter. Nous le ferons à un autre moment. Pour l’instant, telle est la situation.

C’est donc fait. Maintenant, il faut éviter que le pays tombe dans la vacance. En principe, dans les jours qui suivent, il devrait y avoir une nouvelle désignation, indépendamment de la personne qui sera désignée. Après la désignation, les Libanais devraient coopérer pour la formation du gouvernement, dans le but de réduire au maximum la période de gestion des affaires courantes. Car si cette période se prolonge, c’est justement certains aspects de la vacance que nous craignons. Car pendant cette période, le pays n’aura pas un gouvernement en mesure de proposer des projets de loi ou de faire des réformes ou de traiter les problèmes économiques et financiers. Tout ce que les gens dans les rues ont réclamé et pour lequel ils ont manifesté ne se réalisera donc pas. Qui assume la responsabilité de cette situation ? C’est un autre problème. Nous en parlerons plus tard. Pas maintenant. Car maintenant, nous sommes encore dans une situation de colère, d’émotions et de réactions. Un jour viendra où tout cela se sera calmé et nous pourrons parler aux gens sincères qui ont des revendications justes, qui ont des rêves et des espoirs, pour demander qui les leur a volés ? Déjà, les gens ont commencé à lancer des accusations, mais nous en parlerons plus tard.

Aujourd’hui, la responsabilité de tous les Libanais, les forces politiques, les blocs parlementaires, les partis, le mouvement de protestation, les gens, le peuple dans toutes ses composantes, devraient pousser pour empêcher la vacance du pouvoir. Tout le monde devrait pousser vers la formation d’un nouveau gouvernement le plus rapidement possible. Ce gouvernement que nous réclamons et pour la formation duquel nous poussons devrait avoir à l’esprit les revendications des gens. Il devrait donc écouter les cris de ceux qui sont sortis dans la rue. Je l’ai déjà dit et je le répète : la première chose que devrait accomplir le nouveau gouvernement, c’est de visionner toutes les vidéos des protestations pour écouter ce que les gens réclament, les gens qui ont mal, qui sont sincères et qui crient leurs souffrances. A partir de là, le gouvernement devrait élaborer un programme de travail et surtout rétablir la confiance avec les gens. Je l’avais au dixième jour de Achoura, le problème aujourd’hui, c’est la crise de confiance entre le peuple libanais et le pouvoir. Cela avait eu lieu avant le déclenchement du mouvement de protestation. Si la confiance n’existe pas, le gouvernement ne pourra pas faire de grandes choses. Il restera suspect et soumis à des accusations. C’est pourquoi le prochain gouvernement devrait avoir les composantes nécessaires pour inspirer confiance et en tout cas s’employer à regagner la confiance du peuple dans ses institutions.

Le gouvernement devrait aussi être sérieux dans la volonté de travailler, autrement dit, il ne devra considérer qu’il a tout son temps. La situation économique et financière est pressante. La patience des gens est soumise à rude épreuve. C’est ce qu’a exprimé le mouvement sincère. Par conséquent, un gouvernement qui agit lentement, se réunit de temps en temps et prend son temps dans les décisions ne pourra pas sauver le pays. Donc le Premier ministre et le gouvernement devraient travailler jour et nuit. Cela devrait être leur priorité. L’action gouvernementale ne devrait pas se faire pendant leurs heures de liberté. Ils devraient donc travailler sans interruption et le plus important, ils devraient le faire  avec clarté et transparence. Cela n’était pas le cas dans les gouvernements du Liban. Je vais donner un exemple sur ce sujet, même si je n’aime pas critiquer les autres, surtout pour qu’il nous reste quelques amis, mais je vais quand même donner un exemple. Lorsque le mouvement s’est déclenché et que les gens ont commencé à crier leur colère et à lancer leurs revendications, au gouvernement, toutes les parties ont commencé à dire : ces revendications sont les nôtres. Forcément, il y en a qui ne disaient pas la vérité. Car si ces revendications étaient celles de tous, pourquoi n’ont-elles pas été réalisées ?  Pour être plus précis : lorsqu’au gouvernement, nous parlions d’imposer de nouvelles taxes, dans les médias, tout le monde était contre, mais pendant les réunions du gouvernement, il n’en était pas ainsi. Par exemple, au moment de discuter le budget 2019 et 2020, le ministère des Finances disait avoir présenté des projets sans nouvelles taxes. Mais au cours des réunions, de nouvelles taxes étaient suggérées. Une fois sortis devant les médias, tout le monde était contre. Cela fait perdre la crédibilité. Or, la première condition pour rétablir la crédibilité, c’est la sincérité, la clarté et la transparence. Celui qui veut diriger le pays, surtout dans une période de crise et de difficultés, doit avoir le courage d’être franc avec le peuple, de lui parler de ses convictions et de ses décisions. Il doit avoir le courage de dire au peuple : il n’y a pas d’autre solution que d’agir de cette manière, de prendre telle décision. Il doit être franc et courageux. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de corruption, alors qu’il y en a, ni nier l’existence de la victime. Il ne faut respecter les esprits des gens. Le prochain gouvernement s’il n’a pas de la transparence, de la clarté, de l’honnêteté et de la franchise, il ne pourra pas obtenir des résultats, ni sauver le pays, même si nous l’appelons un gouvernement de sauvetage. Ce qui compte, ce n’est pas le nom, mais le contenu et la réalité.

Troisièmement, nous appelons au dialogue entre toutes les composantes politiques, les blocs parlementaires et les représentants sincères du mouvement de protestation. Nous ne sommes pas avec les ruptures. Ce qui s’est passé au cours des deux dernières semaines a laissé des blessures profondes sur le plan moral. Mais l’intérêt national exige de dépasser ces blessures. Le pays a besoin de tout le monde et que tout le monde assume les responsabilités.

Quatrièmement, dans une période ultérieure, nous devrons parler du rôle des Américains au Liban. Nul ne croit que les Américains ont un rôle qui aide aux solutions. Au contraire, ils ont un rôle de sabotage qui cherche à augmenter les crises, au Liban. Plus tard, nous parlerons de cela en détails, avec des faits. Il ne s’agit pas d’accusations politiques ou médiatiques. Le rôle américain empêche le Liban de sortir de la crise. Plus même, il contribue à boucher les horizons devant les solutions et pour empêcher le Liban de sortir de la crise économique en lançant sa production agricole et industrielle. Les Américains exercent des pressions sur les Libanais dans une politique hostile destinée à leur imposer leurs conditions dans l’avenir. Nous disons avec certitude que les Libanais peuvent faire face s’ils exercent leur souveraineté. C’est pourquoi nous réclamons un gouvernement réellement souverain, un gouvernement dans lequel tous les membres et toutes les institutions étatiques ont une décision purement libanaise nationale, qui n’est pas liée à un contact avec l’ambassade des Etats-Unis ou avec toute autre ambassade pour sonder leurs intentions et leurs volontés. Certains vont dire : vous aussi vous êtes amis avec l’ambassade d’Iran et l’ambassadeur est là. A ceux-là je dis que tout le monde sait que notre décision est purement libanaise, interne, nationale, libre et indépendante. Il faut donc un gouvernement souverain. Si nous pratiquons la souveraineté véritable et nous agissons selon l’intérêt national, sans tenir compte de la volonté des ambassades ou des parties étrangères, américaines et autres, nous pourrons traiter la situation. Par contre, si nous écoutons ce que veulent les autres, par exemple recevoir telle ou telle autre compagnie est interdit, aller vers tel programme c’est interdit, et si nous cédons aux menaces, nous ne ferons pas l’intérêt du pays. Nous en parlerons en détails plus tard.

 Nous sommes sûrs qu’en tant que Libanais, nous avons les cerveaux, les experts, les expériences et les capacités humaines nécessaires pour avoir des idées et les exécuter. Mais il faut pour cela avoir une décision libre et souveraine et nous pourrons alors sortir de cette crise économique et financière et améliorer notre situation.

Le dernier point : ce qui s’est passé hier au Sud, lorsque les résistants et les moujahidins ont affronté un drone israélien est normal. Maintenant, les Israéliens, l’armée ennemie, les services de sécurité, les médias et les analystes, commentent le fait et cherchent à savoir s’il s’agit d’une action qui s’est produite par hasard. Nous leur disons, non, ce n’est pas le cas. Depuis l’agression contre la banlieue sud et ce qui s’est produit par la suite, nous sommes entrés dans un processus qui vise à détruire tous les drones lorsque nous le pouvons. Mais l’objectif supérieur, car le fait de détruire les drones n’est pas un but en soi, c’est de nettoyer l’espace aérien libanais des violations israéliennes. Si nous parvenons à détruire le drone, c’est bien. Sinon, nous voulons l’éloigner de notre espace aérien, pour préserver celui-ci, ainsi que notre souveraineté et notre sécurité et celles de notre pays. C’est cela l’objectif requis. Ce qui s’est passé s’inscrit donc dans ce processus. Nous disons à l’ennemi que ce processus se poursuivra. A l’intérieur, nous disons : que nul ne se perde dans les analyses politiques. La résistance est en dehors des développements internes. Nous n’avons jamais introduit la résistance dans les développements internes. Nous faisons la résistance sans être influencés par ce qui se passe à l’intérieur. Nous sommes calmes, confiants et nous n’avons aucune inquiétude. La résistance n’est pas impliquée dans ce qui se passe à l’intérieur. Elle a son commandement militaire spécialisé, ses cadres à plein temps, ses moujahidins, ses moyens, ses programmes qui sont totalement indépendants de ce qui se passe à l’intérieur. Cela a toujours été ainsi, avant 2005 et après, dans les moments difficiles et indépendamment des développements régionaux et internes. Le Hezbollah a été impliqué dans des développements internes ou régionaux, dans la guerre en Syrie, mais la résistance islamique s’est toujours concentrée sur l’ennemi israélien. Elle n’est pas touchée par les développements internes ou régionaux. Ce parcours se poursuivra donc inchallah. L’ennemi s’est arrêté sur ce point et c’est son droit. Il pensait que la résistance n’aurait pas le courage d’utiliser ce genre d’armes adéquates comme celles qui ont été utilisées hier. Mais la résistance a montré qu’elle avait le courage de le faire et qu’elle reste engagée dans la protection de son pays et de sa souveraineté. Elle tient ses promesses et respecte ses décisions.

Pour terminer je répète mes demandes que Dieu Tout Puissant accepte notre cher sayed dans Son Paradis et donne à sa famille Sa bénédiction. Que Dieu vous bénisse tous.   

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