Al Akhbar / 6 avril : Khoja : Que nous fournissons de l’argent et des armes au 14 mars
Câble numéro : 07BEIRUT133
Date : 25 janvier 2007, 15:19
Sujet : l'ambassadeur saoudien au Liban pessimiste sur les pourparlers saoudo-iraniens concernant le Liban
Envoyé par : l'ambassadeur Jeffrey Feltman
1-Signalant qu'il ne connaît pas encore les résultats des contacts saoudo-iraniens, l'ambassadeur saoudien au Liban, Abdel Aziz Khoja, a dit à l'ambassadeur Feltman, lors d'un entretien tenu le 25 janvier, qu'il est "très optimiste" sur les développements au Liban. Il a signalé qu'il partira après une heure à Riyah pour être informé directement par le prince Bandar Ben Soultan de ses entretiens qu'il a tenus le jour et la nuit précédents en Iran.
Khoja a ajouté que "les informations qui lui étaient rapportées jusqu'à maintenant ne sont pas encourageantes : Lors d'un coup de fil mené depuis Téhéran, Bandar était prudent en énonçant des informations sur ses entretiens parce qu'il était sûr de la présence des dispositifs d'écoute pour surveiller les lignes téléphoniques. Le ton de sa voix semblait "fatigué et déprimé", a dit Khoja ajoutant qu'un à deux jours après son retour à Beyrouth, il présentera à l'ambassadeur un résumé complet de ses visites.
2-Khoja a affirmé que la stratégie adoptée par l'Arabie Saoudite afin de parvenir à un compromis au Liban est vaine. L'Arabie Saoudite a parié de profiter d'un point de désaccord majeur entre la Syrie et l'Iran. Au temps où la Syrie préférait semer le chaos au Liban où le gouvernement Siniora approuvera le Tribunal Spécial pour le Liban, l'Iran est le partenaire le plus fort et il a une influence plus grande sur le Hezbollah. De plus, l'Iran n'a pas d'intérêt dans un conflit sunno-chiite. Pour cela, Khoja a dit que les Saoudiens espèrent l'exploitation de l'Iran comme un facteur de moyenne influence sur la Syrie. Cependant, selon l'ambassadeur syrien à Beyrouth, les Iraniens ont décidé de se conformer aux Syriens concernant la politique adoptée au Liban. (Les Syriens ont convaincu les Iraniens que le Liban est l'arrière-cour de la Syrie). Avec la rétraction des Iraniens, les Syriens jouissent pratiquement d'une liberté complète d'agir au Liban. Le Hezbollah, comme l'Iran, n'a pas d'intérêt dans un conflit sunno-chiite. Cependant, le Hezbollah obéit aux ordres syriens et aux désirs des politiciens libanais extrêmement pro-syriens, comme Sleimane Frangieh et Michel Aoun.
3- Khoja a mentionné que le président de la Chambre, Nabih Berry, lui a contacté (Berry a également appelé l'ambassadeur Feltman) lui demandant que la communauté internationale convainc les responsables du 14 mars de suspendre le TSL. En contrepartie, Berry utilisera son influence pour calmer la rue sinon la situation se détériorera davantage et rapidement. Berry a notifié Khoja qu'une fois le TSL est suspendu, les partis opposants insisteront sur la formule 19-11 au conseil des ministres qui leur donne le tiers de blocage ou la formule 19-10-1 comprenant un ministre moyen dépendant d'eux. Khoja s'est plaint que le courant opposant de Aoun n'offre aucune concession à la majorité à l'exception de faire sortir ses partisans de la rue. 4- Khoja a rompu toutes les voies du dialogue avec le Hezbollah avec le consentement de son gouvernement. "Nous traversons des moments pénibles" a-t-il conclu. La Syrie a décidé de détruire le Liban en semant la discorde entre plusieurs groupes jusqu'à ce que les Libanais réclament le retour des Syriens pour cesser l'effusion de sang. Siniora et le 14 mars ont remporté plusieurs batailles jusqu'à maintenant, a ajouté Khoja qui s'est interrogé sur la capacité du gouvernement libanais et des forces du 14 mars à poursuivre la lutte pour une longue durée. Khoja a chuchoté à l'ambassadeur : "Nous devons fournir de l'argent et des armes à Saad (Hariri), Walid (Joumblatt) et même Samir (Geagea)". (Remarque : les deux ambassadeurs se sont entretenus quelques heures avant le déclenchement des heurts entre des étudiants sunnites et chiites qui se sont étendus de l'entourage de l'université à la route de l'aéroport, ce qui a empêché la couverture médiatique de la conférence Paris 3. Fin de la remarque).
Feltman