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Dans l’attente d’Ali…

Dans l’attente d’Ali…
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Par Sara Raad

Le 21 décembre, Ali al-Nimr souffle ses 25 bougies dans le couloir de la mort en Arabie saoudite. Ce jeune chiite fêtera son 7e anniversaire dans la prison après avoir été arrêté en février 2012 pour avoir participé à un rassemblement pacifique pro-démocratie à Qatif, ville de l'est du royaume wahhabite.

Le 14 février 2012, une journée qui a changé la vie d’un mineur de 17 ans, si optimiste et très actif.

Ce jour-là, Ali était sur sa moto, seul, et une voiture de police l'a renversé. Ses dents étaient cassées et il avait des blessures un peu partout. Des hommes en uniforme l'ont emmené au poste de police dans une voiture banalisée, mais comme il saignait beaucoup de la bouche, ils l'ont transporté à l'hôpital. Pour stopper le sang, seulement. Ensuite, ils l'ont emmené au centre de détention pour mineurs. Il a par la suite été placé en détention à la prison d'al-Mabahith à Dammam.

Déclaré coupable de participation à des manifestations contre le gouvernement en 2012, il a été condamné à mort le 27 mai 2014 par la justice saoudienne. Sentence confirmée par le tribunal pénal spécial et par la Cour suprême en août 2015.

Selon Amnesty, Ali a été condamné «à l'issue d'un procès inique fondé sur des aveux forcés qui auraient été obtenus sous la torture».

Pas de doute, il paie le fait d'être chiite dans un pays à majorité wahhabite et d'être le neveu d'un des plus fervents opposants au régime Al Saoud: le cheikh Nimr al-Nimr, lui aussi était détenu dans la même prison d'al-Hair et a été exécuté le 2 janvier 2016.

Des sources proches de la famille d'Ali ont révélé des informations frappantes sur la situation de leur fils en prison. Pour beaucoup, les détails peuvent sembler insignifiants, mais pour la famille d'Ali, ils sont majeurs.

Ali est le huitième détenu d'une cellule de prison qui en héberge sept. Il ne peut participer à aucune activité et passe son temps à lire des livres qu'il achète ; il a même rejoint l'université pour acquérir un diplôme en Administration des affaires.

Alors que les conditions de vie dans les cellules de la prison sont difficiles, le service médical est encore pire.

Ali souffre d'une tumeur dans la partie supérieure du dos ; heureusement, la tumeur est bénigne, indiquent les mêmes sources. Cependant, il n'a pas encore subi la chirurgie car il devait être sous anesthésie générale au cours de la procédure.

Dans l’attente d’Ali…

Comme si la situation n'était pas assez mauvaise pour Ali, les geôliers lui servent, comme tous les détenus, des aliments non comestibles.

Le régime brutal d'Al Saoud s'assure également que sa famille souffre aussi, en imposant des mesures sévères sur la communication: les visites durent une heure toutes les cinq semaines et un appel téléphonique de 10 minutes chaque semaine.

Il est interdit par ailleurs à la famille d'Ali de lui apporter de la nourriture ou des vêtements. Ils peuvent lui déposer une somme d'argent avec laquelle il peut acheter des livres, quelques tartes et des nécessités simples, comme les médicaments.

Dans un pays où le pouvoir ne veut pas de liberté d'expression, pas de droits humains, pas de droits des enfants, pas de droits civiques, Ali est victime de la folie des politiques et du sectarisme.

Selon des groupes de défense des droits de l’homme, l'Arabie saoudite, qui prétend se réformer dans le cadre de son programme Vision 2030, a exécuté plus de 100 personnes au cours des quatre premiers mois de 2019 et est en passe d'en exécuter plus de 300 cette année.

Ali al-Nimr, qui avait encore toute sa jeunesse devant lui, est aujourd’hui incarcéré dans la prison de la haine et de la barbarie des Saoud. Dans ces moments difficiles, on ne trouve de réconfort que dans les paroles qu'il a prononcées lui-même d'un air nonchalant et sûr de lui: «qu'il en soit ainsi».

«Dans nos têtes, nous le voyons tous les jours: dans les escaliers, sautant deux ou trois marches à la fois, dans le sous-sol où il allait lorsqu'il s'ennuyait. Nous le voyons devant la porte d'entrée, dans la cuisine, dans le salon, dans le jardin ou dans la pièce bleue où il aimait passer du temps seul. Le jeune Ali est dans tous les recoins de la maison ainsi que dans le cœur de sa mère, son père, ses frères et ses sœurs».

Peu importe la durée, peu importe la difficulté, la justice triomphera à la fin… C’était toujours la promesse divine: «À côté de la difficulté est, certes, une facilité!».

Joyeux anniversaire cher Ali! Vous serez dans mes prières et mes pensées.

 

Ceci est dédié à Ali et à sa famille… que vos cœurs soient remplis de sérénité !

Pour Mme Nimr, je n’imagine jamais le sentiment d’être loin de son propre enfant. Je ne peux vous réconforter que par mes prières et mes meilleurs vœux… Restez forte et rappelez-vous qu'il y a toujours une lumière au bout du tunnel.

Dans l'attente d’Ali, que Dieu vous accorde paix et soulagement !

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