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La société de la Résistance : résistance d’une société

La société de la Résistance : résistance d’une société
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Par Sara Raad

«Si vous voulez le bonheur pour toute une vie, aidez quelqu’un», un proverbe chinois impressionnant qui s’est traduit au Liban, dans la société de la Résistance.

Cette communauté, qui a été depuis longtemps un modèle de la patience et du courage, est devenue lors de la récente crise que traverse le pays un modèle de la solidarité.

Ici, on ne voit pas de gens riches qui aident les pauvres. Ce sont les pauvres mêmes – ou ceux de la «classe moyenne» - qui s’entraident.

Peu importe son métier, chacun offre son aide avec ses ressources et ses capacités.

Hussein al-Amine, un vendeur de légumes dans la banlieue sud de Beyrouth, a décidé d’aider les gens en présentant des promotions sur fruits et légumes: par exemple, un kilo de pommes de terre est vendu à seulement 500 livres libanaises (L.L), sachant que son prix d'origine est de 1250 L.L. «Face à la hausse spectaculaire des prix, c’est une sorte de la résistance économique», assure-t-il.

La société de la Résistance : résistance d’une société

Le propriétaire de la station-service Ismail au Liban-Sud propose pour sa part à «celui qui n’a pas d’argent pour acheter du carburant» de prendre un gallon gratuit pour réchauffer ses petits, afin que «personne ne demeure froide».

N’oublions pas une liste infinie de médecins qui examinent les patients gratuitement dans toutes les régions libanaises.

Depuis le 17 octobre, le Liban est en proie à une contestation sans précédent contre l'ensemble des dirigeants politiques, jugés incompétents et corrompus.

La situation économique et financière du Liban, très précaire avant le début de la contestation, s'est profondément dégradée depuis.

Des initiatives créatives

Les initiatives individuelles étaient très nombreuses, significatives et parfois «créatives» comme celle de Hossam Ataya qui n’avait rien à présenter dans son métier alors il a «inventé» sa propre aide en donnant de l'argent de poche régulièrement à 4 enfants issus de deux familles pauvres. «Je peux couper 100000 L.L de mon salaire… ça me dérange un peu, mais ça sert un grand geste pour ces petits», a-t-il tweeté.

Dans le monde virtuel, les activistes ont été également mobilisés. Un groupe des jeunes ont appelé aux dons via Twitter. «Les tâches ont été reparties: certains collectent les dons de chez les donateurs, d’autres étudient les cas et distribuent les donations aux cas les plus critiques», indique Tawfik al-Masri, l’un des organisateurs, précisant que «jusqu’à présent, 250 familles ont bénéficié de cette initiative». «Les donations couvrent des prix de médicaments, des louages d’habitations, certains besoins de chauffage et de nourriture», a-t-il souligné.

La société de la Résistance : résistance d’une société

Dans un pays où les autorités ont ignoré leurs rôles de serviteur du peuple, et où les ONG pro-américaines ont changé la nature de leur travail qui consistait à aider les gens pour rejoindre la contestation et tenter de la politiser, chaque aide vaut mieux.

Au contraire de ces ONG, des associations pro-Hezbollah ont rejoint la mobilisation sociale.

Alors que la vague de froid s'intensifie cet hiver, l'organisation caritative al-Emdad a lancé la campagne «Le don, une chaleur» pour assurer du carburant aux familles démunies. «En fournissant 10000 L.L seulement, tu peux aider 5200 familles des pauvres et des orphelins à se réchauffer».

Modèle de l'entraide

Dans le même contexte, les Comités féminins au Hezbollah ont initié une campagne similaire mais plus générale.

Baptisée «Donnez de ce que vous chérissez», la campagne a deux volets: l'un lié à la saison hivernale et consiste à assurer carburants, vêtements et matelas aux pauvres. L'autre est lié directement à la situation économique difficile qui secoue le pays et consiste à assurer la nourriture aux familles les plus pauvres en appelant les gens qui font les courses à mettre un ou plusieurs produits alimentaires dans un panier spécifique au supermarché consacré à cette campagne. «Plusieurs supermarchés dans plusieurs régions de par le Liban ont participé à cette campagne», indique hajja om Mahmoud, une responsable de ces Comités, ajoutant que «plusieurs supermarchés ont même offert des produits et des marchandises pour soutenir notre campagne». «Notre communauté est comme d'habitude un modèle de la coopération et de l'entraide», conclut la quadragénaire.

La société de la Résistance : résistance d’une société

Et comme la crise s'annonce grave surtout après les dernières menaces du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo qui a conditionné les aides au Liban au positionnement du peuple et du nouveau gouvernement libanais contre le Hezbollah, la majorité des Libanais a accepté le défi et s'apprête à une crise à long terme qui nécessite par la suite des initiatives à long terme.

Pour ces genres d'initiatives, les municipalités se sont mobilisées pour le «plan B».

Plusieurs municipalités ont commencé à encourager l'agriculture pour fournir à la société les matières premières nécessaires à la survie de la population.

Les habitants de nombreux villages, notamment au Liban-Sud, - tels que Aynata, Al-Tiri, Markaba et d’autres - préparent leurs terres à la culture de blé et d'autres grains dans un premier pas vers l'autosuffisance du pays.

Le Liban traverse désormais une période délicate dans son histoire où toutes les forces d'hégémonie tentent d'évincer via les sanctions économiques et financières sa résistance, mais ces obstacles ont réveillé son peuple à la nécessité de changer son mode de vie d'un peuple exclusivement consommateur à un peuple producteur et même créatif. La société de la Résistance qui sait comment transformer le risque en opportunité est une société toujours victorieuse.

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