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Discours à l’occasion de la marche du Quarantième à Baalbeck

Discours à l’occasion de la marche du Quarantième à Baalbeck
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Au nom de Dieu

Bienvenue à tous et mes condoléances sincères en ce jour où nous renouvelons nos prières pour Abou Abdallah al Hussein

Je commence par vous remercier tous, vous qui êtes venus à Baalbeck près de ce mausolée béni, de la plupart des localités de la Békaa. Certains d’entre vous sont même venus à pied. Je voudrais aussi remercier ceux qui sont venus de toutes les autres régions du Liban, ainsi que tous ceux qui ont participé à ces convois émouvants et impressionnants.

Je voudrais encore remercier ceux qui ont installé des kiosques des deux côtés de la route pour aider ceux qui marchent vers le mausolée.

Je salue vos efforts pour commémorer cette occasion et vous êtes sous le soleil depuis des heures. C’est pourquoi je vais essayer d’être bref et de concentrer mon discours sur les nouveaux développements au Liban, qui concernent tous les Libanais, malgré l’importance de ce qui se passe dans la région.

Mon discours sera divisé en deux parties : la première sera consacrée à l’occasion pour laquelle nous nous retrouvons et la seconde aux développements qui se déroulent au Liban.

Je voudrais rappeler que le convoi husseinite et zeinabite est passé par Baalbeck et a donné à cette ville un lien historique avec cet événement grandiose qui s’est déroulé en l’an 61 de l’Hégire.

En venant à Baalbeck et en traversant ses rues, ses entrées principales jusqu’à Ras el Aïn et jusqu’à ce lieu béni, vous pourrez penser à ceux qui sont passés avant vous il y a tant d’années, dans le cadre de ce convoi. Ils ont avancé, se sont reposés, ont campé et ont ensuite poursuivi leur chemin jusqu’au bout. C’est dans un lieu de Baalbeck que la tête de Hussein s’est reposée. C’est aussi là que les larmes de ceux qui étaient dans le convoi ont coulé, ainsi que leur sang. Cela se passait  en l’an 61 de l’Hégire, à la fin du mois de Mouharram pendant la marche du convoi de Homs vers Damas. Lorsque le convoi est passé par Baalbeck, les habitants de cette ville qui avaient depuis cette époque une grande sagesse et beaucoup de perspicacité, ont compris que ce qu’on leur avait dit sur le convoi était faux et que les autorités omeyyades avaient cherché à les berner. Ils avaient donné l’ordre de décorer la ville et ils ont accueilli le convoi avec effusion et chaleur, selon les historiens, mais dès qu’ils ont découvert la réalité, ils ont volé au secours de Zeinab, contre des autorités tyranniques qui ne respectent rien. Mais Baalbeck, ce jour-là a ressemblé à Karbala et elle a fait preuve de courage et d’amour pour le Prophète et Ahel al Bayt en adoptant une position historique.

Les habitants de Baalbeck et tous ceux de la Békaa ont montré au cours des siècles et en particulier au cours des dernières décennies qu’ils n’abandonnaient pas Hussein. Ils écoutent toujours ses appels et ceux des opprimés qu’ils soient à Jérusalem ou ailleurs. Les cris de Hussein résonnent toujours ici. 

Les habitants de Baalbeck qui avaient volé au secours de Zeinab sont les mêmes qui se sont retrouvés sur la chaîne orientale, dans le jurd, à l’intérieur de Syrie, et partout où ils devaient être pour que Zeinab ne soit pas martyrisée une seconde fois. Ils ont tenu leur promesse et continuent de le faire.

Chers frères et sœurs, vous commémorez aujourd’hui ce souvenir et en ce lieu précis. Je vous propose de faire de cette commémoration un rendez- vous annuel pour tous les habitants de la Békaa et même ceux qui viennent du dehors pour confirmer les valeurs auxquelles croit Baalbeck et qu’elle a défendues tout au long des années, à travers l’Histoire.

De Baalbeck, les yeux se dirigent vers Karabala où se presse une foule immense, incroyable qui n’a pas de semblable dans le monde.

Au cours des derniers jours, nous avons vu et le monde aussi l’a fait, les millions de pèlerins venus de tous les coins de la planète, d’Ira, ; d’Afghanistan, du Pakistan, des Etats du Golfe, de Syrie, du Liban, de l’Europe et même de l’Amérique, l’Amérique latine en particulier, d’Indonésie et de Malaisie…Ces pèlerins font des centaines de kilomètres, de jour et de nuit, peu soucieux de la faim et de la soif, du froid, de la chaleur et du danger. Ils risquent leurs vies et avancent comme un flot immense vers Karbala, dans un ordre spontané qui n’a pas son pareil dans le monde et avec la bienveillance de l’Irak et de son peuple que nous aimons. Ce phénomène auquel nous assistons aujourd’hui mérite qu’on s’y arrête. Cette marche millionnienne réapprend au monde la vérité de l’imam Hussein. Tout le monde regarde sur les chaînes de télévision ou sur internet les images de ces pèlerins qui avancent comme une vague énorme. Les gens se demandent qui est donc ce Hussein qui pousse tant de personnes dans les rues de cette façon ? Ces pèlerins quittent leurs maisons et leurs familles pour faire ce trajet et dès qu’apparaît devant eux la coupole de Hussein et de Abbas, ils éclatent en sanglots. Quel est donc le secret de cette passion qui défie le temps et les circonstances ? Nous avons donc tous aujourd’hui les yeux tournés vers Karbala et vers le mystère qui se déroule là- bas chaque année à cette occasion et qui se résume en quelques mots : loyauté, amour, dévouement, sacrifice.

Que Dieu fasse de nous des dévots de Hussein et que nous soyons loyaux envers lui, cet imam sincère.

En ces jours dédiés à sa mémoire, nous devons assumer les responsabilités avec courage et sincérité comme Il nous l’a appris. Nous devons aussi dire les mots qu’il faut au moment propice.

C’est dans cet esprit que je vais aborder ce qui se passe au Liban depuis quelques jours.

Lorsque je dis qu’il faut aborder ce qui se passe avec un sens des responsabilités, je veux dire que tout le monde au Liban, le pouvoir et ceux qui sont en dehors de lui, doivent, à des degrés différents assumer les responsabilités face à cette situation importante et dangereuse qui règne actuellement dans le pays.

Il est très facile de dire aujourd’hui : nous n’avons pas à intervenir et ainsi d’éviter les responsabilités en affirmant que l’on ne se sent pas concerné et que ceux qui sont impliqués se débrouillent. C’est facile de se retirer du gouvernement et de refuser ainsi de faire face et d’assumer les responsabilités. Il est aussi facile de chercher à intégrer la vague de colère populaire et les manifestants. Certains le font et l’ont d’ailleurs fait dans le passé et d’autres encore se tiennent sur la colline, pour se mettre à l’écart. Ils veulent attendre pour voir ce qui se passe.

Certains commandements politiques et certaines forces politiques se comportent de cette façon. Quand elles le veulent, elles se retirent et refusent d’assumer les responsabilités du passé et du présent. Elles les jettent sur les autres. Ce comportement reflète une absence de sens national, de sens humain et moral dans la façon de traiter le sort des gens, celui du pays et les questions d’intérêt public. C’est la position la plus facile que celle de rejeter la responsabilité sur les autres.

Il y a quelques jours, lorsque des incendies ont éclaté  dans plus d’une région libanaise, il y a eu une scène bizarre dans le pays. Tous ont condamné la négligence de l’Etat, tous, les ministres, les députés, les responsables, les directeurs, les médias et les gens. La question qui vient à l’esprit est la suivante : qui condamne qui ? Qui est l’Etat ? Qui doit être blâmé ? Qui a fait preuve de négligence ? Si nous condamnons tous ce qui s’est passé et chacun rejette la responsabilité sur les autres, quel est le résultat ? Rien. Le dossier est clos. Aujourd’hui, il y a un nouvel événement. Malheureusement, au Liban, il y a toujours une nouvelle actualité qui fait passer les précédentes au second plan.  Tout ce qui avait été dit lors des incendies sur la nécessité de réparer les avions, de dynamiser la commission spéciale pour les catastrophes naturelles, d’ouvrir une enquête sur les négligences, tout cela a été oublié. Les condamnations durent 24 heures au Liban et puis on passe à autre chose, car chacun se comporte comme s’il n’était pas responsable et jette les accusations sur les autres.

Soyons donc francs et sincères. La situation financière et économique dont tout le monde parle aujourd’hui n’est pas née d’hier. Elle ne remonte pas à un an ou même trois. Elle n’est pas due au nouveau mandat, ni à l’actuel gouvernement. Elle est le résultat d’un cumul qui remonte à nombreuses années, 20 ou 30 ans d’une politique économique précise mais aussi de circonstances régionales et internationales… Je ne veux pas entrer maintenant dans l’explication de la situation actuelle, mais elle est le fruit d’un cumul qui remonte à de nombreuses années. Nous nous trouvons aujourd’hui devant cette situation. La première chose que nous devons dire à ce sujet c’est que tout le monde doit assumer les responsabilités. Y compris nous-mêmes. Tout le monde doit assumer les responsabilités à des degrés différents certes. Certains assument 20 pour cent, d’autres plus ou moins. Mais nous devons tous accepter ce fait. C’est honteux de chercher maintenant à rejeter la responsabilité sur les autres, surtout de la part de ceux qui ont participé aux gouvernements successifs depuis 30 ans, quels qu’ils soient. Ceux-là cherchent aujourd’hui à intégrer la vague populaire, comme s’il n’avait rien à voir avec ce qui se passe et voulait réellement combattre la corruption.

Donc, premier point : il faut que tout le monde assume les responsabilités et accepte d’avoir une part de responsabilité dans la situation actuelle.

Deuxième point : Tout le monde doit participer à essayer de trouver des solutions, personne ne doit s’enfuir. Je ne veux pas porter de jugement sur celui qui veut s’enfuir. C’est le peuple libanais qui jugera. On ne peut pas gouverner le pays pendant 30 ans, prendre ou participer aux décisions qui ont été prises, et à la dernière minute prétendre n’avoir rien à voir s’installer sur une colline et se comporter comme si on n’était pas concerné, en rejetant cette catastrophe sur les autres. Si on se comporte ainsi, qui paiera le prix ? Le peuple libanais, dans toutes les régions et toutes les confessions.

Tout le monde doit assumer des responsabilités dans la recherche de solutions et ne pas profiter de la situation pour régler des vieux comptes, sinon le pays ira vers l’inconnu, sur le plan financier et économique, qui pourrait aboutir à l’inconnu sur le plan sécuritaire et politique.

Troisième point : Soyons francs et je m’adresse à tous les Libanais. Des dangers réels menacent le pays. Je parle sur le plan financier, économique et social. Le premier danger est celui dont tout le monde parle, l’effondrement financier et économique. Si nous ne trouvons pas de solution rapide, nous nous dirigeons vers l’effondrement et l’Etat sera en faillite. Cela veut dire que notre monnaie n’aura plus de valeur et je ne sais pas à ce moment à qui le pays sera soumis. Il sera peut-être comme la Grèce ou d’autres modèles.

Le second danger est celui de l’explosion populaire, suite à des traitements non appropriés. Celui qui parle d’effondrement et ne propose pas de solution, il impose de nouvelles taxes sur les classes moyennes et pauvres. Je précise bien, les taxes sur ces classes-là. Car si on les pousse à bout on pousse aussi le pays vers l’explosion. Hélas, nous serons devant deux choix et c’est à vous de décider : soit l’effondrement financier et économique, soit l’explosion populaire. Dans les deux cas, le pays ira vers l’inconnu.

Cette approche, aussi catégorique est fausse. Si nous nous comportons avec responsabilité, nous les Libanais, pouvons empêcher l’effondrement financier et économique et éviter l’explosion populaire. Mais cela exige de l’écoute, de la volonté, de la détermination, des sacrifices, de la sincérité et de la loyauté. Ce qui s’est passé  ces deux jours montre que le traitement de la crise à travers l’imposition d’impôts et de taxes va aboutir à l’explosion sociale. Or qu’est-ce qui s’est passé ces deux jours ? Il faut avant tout préciser que le gouvernement n’a pas décidé d’imposer de nouvelles taxes et de nouveaux impôts. Il y avait juste une discussion sur le sujet mais aucune décision n’avait été prise et il fallait attendre les dernières séances pour voter sur ces sujets. Il a suffi que le ministre de l’Information parle d’une taxe sur le watts app, sachant que certains ministres ont précisé que la décision n’avait pas encore été prise, pour que les gens descendent dans les rues. Il a eu beau dire par la suite que ce n’était qu’une idée, mais les gens ont exprimé leur colère. C’est un indice très important. Entre ces deux  dangers, comment doivent se comporter les Libanais ? J’ai deux mots à ce sujet. Le premier est adressé au pouvoir. Les gens du pouvoir doivent comprendre que les gens ne peuvent pas supporter e nouvelles taxes et de nouveaux impôts. Je le dis parce que nous participons aux discussions et nous savons que certains ne sont pas encore convaincus de cela. Je précise qu’il s’agit des classes moyennes et défavorisées. Les autres, les riches cela leur importe peu. Mais si les parties politiques passent outre cette réalité et décident de mettre de nouvelles taxes et impôts, en pendant que leurs partis tiennent la rue, elles se retrouveront dans la situation de ne plus pouvoir contrôler la rue. Les responsables doivent bien comprendre cela en cherchant des solutions.

Certains continuent à insister sur la volonté d’augmenter la TVA. Or, cela signifie toucher aux droits et aux salaires des employés. Ce n’est cela la réforme. Ces mesures aboutissent à l’explosion et cela signifie que le pays se dirige vers une véritable impasse. Or, il y a d’autres options, des idées ont été soumises en conseil des ministres, des mesures avaient été adoptées lors de la réunion de Baabda. Il y a un horizon ouvert et des choix multiples. Le pays n’est pas en faillite. Il a besoin simplement de gérer efficacement sa crise financière et économique. Il pourra alors s’en sortir. Entrer dans les détails des possibilités de solution prendrait du temps. Or, vous êtes là sous le soleil, je ne peux donc pas m’étendre sur le sujet. Je laisserai les développements à un autre jour. Mais je vous affirme aujourd’hui qu’il y a d’autres options que l’effondrement ou les taxes et impôts. Il y a beaucoup d’idées. Mais il faut du courage, de l’audace et de la fermeté. Il y a des décisions financières, économiques, administratives, juridiques et même politiques. Oui, il y a des choix politiques. Si nous coopérons ensemble, si nous avons le courage et si nous savons placer les priorités, nous pourrons sauver le pays, notre peuple et notre économie et même placer le Liban sur la bonne voie. Nous devons toutefois nous écouter les uns les autres, je le dis parce que certains refusent de parler de ces questions et ne veulent rien entendre à part les taxes et les impôts. Ceux-là vont toujours vers les solutions les plus faciles, puiser dans les poches des gens.  Car les autres options sont plus difficiles et ne font pas plaisir à certaines parties. Moi, je dis tant pis, si ces parties sont mécontentes. Ce qui compte c’est que le peuple lui, soit satisfait.

En toute franchise, le problème n’est pas dans l’actuel gouvernement ni dans n’importe quel gouvernement. Il est dans la méthode adoptée. Je parle ici de l’idée générale et je laisserai les détails pour une autre fois. Quand je parle de méthode, je veux dire qu’il faut que tout le monde fasse des sacrifices, qu’il y ait des mesures concrètes et non simplement des slogans, des institutions doivent être regroupées, réduire sérieusement les dépenses etc. or jusqu’à présent, ce sont les mêmes qui paient, les pauvres. Il faut donc un plan qui exige des sacrifices de tout le monde, les riches, les pauvres, les banques, les leaders, les grandes compagnies. Que personne ne vienne dire : le sayed s’en prend aux banques. C’est faux, nous ne pensons même pas à cela, car cela aurait un impact économique négatif. Contrairement à ce qui a été hélas dit dans certains médias, le Hezbollah ne cherche pas à organiser des manifestations devant les banques. Des responsables du parti ont démenti cela, malgré tout certains médias ont continué à le dire. Certes, nous sommes mécontents du comportement de certaines banques, j’en parlerai une autre fois. Mais nous ne pensons pas comme cela. Nous ne réglons pas de comptes. Nous voulons que le pays s’en sorte. Nous voulons que le gouvernement et l’Etat prennent des mesures qui redonnent confiance aux Libanais et qu’ensuite, les responsables  expliquent aux Libanais ce qu’ils font, comment ils réduisent les dépenses inutiles et mettent un terme au gaspillage et que tous font des sacrifices. Si les responsables utilisent un langage clair, assorti de mesures concrètes qui font participer tout le monde aux sacrifices, je crois que le peuple pourrait comprendre et absorber le choc.

Mais, au contraire, lui imposer de nouvelles taxes, tout en disant que tout le monde doit souffrir, alors qu’il voit chaque jour des vols et des scandales, de la corruption pour des dizaines et des centaines de millions de dollars, c’est le pousser à rejeter tout en bloc. J’ai évoqué un point similaire le jour de Achoura, lorsque j’ai demandé pourquoi, en dépit des sanctions, les gens continuent-ils à donner des fonds à la résistance, ils sont prêts à lui donner leurs maisons et ils envoient leurs fils pour se battre dans ses rangs, parce qu’ils ont confiance dans le fait que l’argent qui lui est remis ne sera ni pillé ni gaspillé. Il sera dépensé  dans la bataille de la protection de la patrie, de l’honneur, de la terre et de la dignité. C’est de cette équation dont nous avons besoin dans le pays. Il existe une profonde crise de confiance. Elle est très profonde, entre le peuple et l’Etat dans toutes ses composantes. Au point que quoiqu’ils leur disent, ils ne les croient pas. Les gens ne se soucient plus de ce qu’ils entendent, mais de ce qu’ils voient. Essayons donc de leur montrer une réalité bâtie sur la volonté et la détermination. Si nous nous dirigeons vers des mesures sincères et réelles, nous autres, nous serons prêts à les défendre auprès des gens. Nous les protègerons, même si elles sont dures car le sort du pays en dépend. Nous avons donc besoin de sérieux et d’efforts. Je voudrais aussi dire en toute sincérité et avec tout le respect que je dois à certains de nos alliés qui ont pris position ces derniers jours, que nous n’appuyons pas la démission du gouvernement actuel. Savez-vous pourquoi ? Ce gouvernement qui a été formé après des élections législatives et alors que le pays était serin et la situation apaisée, a pris près d’un an pour naître. S’il démissionne aujourd’hui, nous ne sommes pas sûrs qu’un autre pourra être formé. La formation peut prendre un an ou deux, or, le temps presse, tout le monde est d’accord sur cela.

Deuxièmement, certains parlent de la formation d’un nouveau gouvernement. Mais ils se donnent de la peine pour rien. Car s’il s’agit d’un gouvernement politique, ce sont les mêmes parties qui y seront représentées. Le problème ne porte pas sur telle personne ou telle autre. Les ministres représentent des parties politiques. Si le nom de la personne change, le problème sera-t-il réglé ? La partie qui prend la décision restera la même, puisque les forces politiques sont les mêmes.

Troisièmement, certaines parties évoquent un gouvernement de technocrates. Dans la période dangereuse que nous traversons, un gouvernement de technocrates ne tiendrait pas deux semaines. Je le dis sincèrement. Les forces politiques qui réclament actuellement un gouvernement de technocrates seront les premières à travailler pour faire chuter un tel gouvernement. C’est donc de la poudre aux yeux. C’est pourquoi nous disons que ce gouvernement reste mais travaille dans un autre esprit et avec d’autres plans. Qu’il tire les leçons de ce qui s’est passé ces deux derniers jours sur le plan de l’explosion populaire. Certains, dont nos amis,  parlent d’élections législatives anticipées. Or, cela signifie que les élections doivent prendre quelques mois et ensuite, il faudra discuter de la loi électorale et entrer dans ses méandres. Est-ce utile ? Cela signifiera aussi encore plus de dépenses, pour avoir au final, un parlement qui ressemble à l’actuel, les blocs perdront un député ou au contraire en auront un de plus, mais les différences seront minimes. C’est le pouls de ce pays. Ne perdons donc pas notre temps avec des élections anticipées, un nouveau gouvernement politique ou un gouvernement de technocrates. Si ce gouvernement ne parvient pas à traiter la situation, un autre ne pourra pas non plus le faire, je vous le dis en toute franchise. Je crois que le mieux serait que ce gouvernement s’enferme quelques jours, étudie en toute conscience et avec sérieux les possibilités de sortie de crise et prenne les décisions courageuses qui s’imposent. A mon avis, c’est un processus possible.

Je voudrais dire un mot aux manifestants. Nous respectons tous votre choix de manifester. Nous comprenons et respectons votre colère, vos protestations et vos manifestations qui racontent vos souffrances.

Deuxièmement, il ne fait aucun doute que votre cri a été entendu. Votre message est parvenu à tous les responsables avec force. Preuve en est qu’il y a eu une rétractation au sujet du watts app, que ce soit une idée ou une décision. Votre cri est destiné à tous les responsables et il a été entendu par toutes les forces politiques, par tous les responsables de l’Etat. Votre message était adressé à tous et ils doivent se comporter en montrant qu’ils ont bien reçu ce message populaire fort.

Troisièmement, l’importance de votre mouvement au cours des deux derniers jours est qu’il est spontané et sincère. Je suis convaincu qu’aucune partie ni même une ambassade ( car il y a toujours la théorie du complot) se tiennent derrière ces manifestations. Les gens étaient en colère après avoir entendu la conférence de presse du ministre de l’Information, qui a présenté le sujet d’une façon provocante, il faut le reconnaître. En fait, l’affaire du watts app était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il ne s’agit pas d’une affaire de 6 dollars par an, mais de l’entêtement des responsables à poursuivre dans la même voie, celle de l’imposition de nouvelles taxes et de nouveaux impôts sur les classes défavorisées. Les gens sont donc descendus dans la rue et leur mouvement était sincère, spontané, il dépassait les frontières régionales et confessionnelles, ainsi que les clivages politiques. C’est une particularité importante et c’est pourquoi le message était fort. Moi j’ai vu, comme beaucoup d’autres, tout ce qui a été dit sur les chaînes de télévision. Certains m’ont sollicité nommément en me disant que je ne les entends pas. L’un d’eux a d’ailleurs répondu : Mais si le sayed vous entend. Et c’est vrai. J’ai entendu tout le monde. Nous avons entendu toutes les voix qui nous demandaient de descendre aussi dans la rue. Je ne veux pas entrer dans les détails de ce point précis. Mais je me contenterai de vous dire que si le Hezbollah était descendu dans la rue le premier jour, le deuxième ou maintenant, le mouvement aurait pris un aspect politique. Il se serait transformé en conflit des axes et on aurait dit que l’Iran envoie des messages aux Etats-Unis à partir de la place Riad al Solh.

Il est dans l’intérêt de votre mouvement, pour que votre message soit fort, qu’il se déroule sans le Hezbollah et sans d’autres forces politiques. La force de ce mouvement est qu’il se fait en dehors des partis politiques. Je voulais faire cette précision. Maintenant, je voudrais donner un conseil. Si certains partis politiques appuient votre mouvement, et certains d’entre eux sont au pouvoir depuis des dizaines d’années, cela signifie que ce mouvement se transforme de social en politique. Lorsque certains partis envoient leurs partisans dans la rue et qu’ils commencent à réclamer la chute du régime, il ne s’agit plus de revendications sociales. Cela devient une exploitation des revendications sociales dans un conflit politique, ou pour régler des comptes politiques. A mon avis, ce que vous avez déjà réalisé en quelques jours est immense, immense, sur le plan de la prise de conscience des responsables, mais si vous voulez continuer dans ce même sens, séparez votre mouvement  des partis politiques qui cherchent à exploiter votre mouvement et à prendre le train en marche. Je vous conseille aussi d’éviter d’endommager les biens publics et privés. Je vous conseille d’exprimer votre point de vue avec politesse et moralité. Vous pouvez m’insulter, je n’ai pas de problème. Mais vous ne devez pas insulter tout le monde. Le langage des insultes nuit à votre mouvement, nuit au peuple libanais et à son image qui a beaucoup de qualités morales. Vous pouvez exprimer votre point de vue avec force, mais sans insultes.

Avec les forces de sécurité et l’armée, tout comme nous leur demandons de faire attention à vous et d’être patients, nous vous demandons aussi de ne pas les attaquer. J’ai vu à la télévision, le premier soir, certains manifestants qui agressaient les forces de l’ordre. Cela ne devrait pas avoir lieu. Ce sont vos frères et vos proches. Vous ne devez pas vous comporter ainsi avec eux. Quand on défend une cause , on doit se comporter de façon à être à sa hauteur.

Il reste un point qui ne pas être reporté.

A ceux qui nous reprochent de ne pas descendre dans la rue alors que nous avions promis de le faire si de nouvelles taxes et de nouveaux impôts étaient imposés aux classes pauvres, je dis que nous tenons nos promesses mais nous n’avons pas encore jugé que c’était nécessaire de descendre dans la rue. Pourquoi ? Parce que, selon nous, les décisions n’avaient pas encore été prises. Pour votre information, nos ministres avaient été informés que si de nouvelles taxes ou impôts devaient être décidés sur les classes pauvres, ils ne pouvaient pas se contenter d’émettre des réserves. Ils devaient s’y opposer fermement.

Si la majorité du gouvernement devait voter en faveur de ces taxes et impôts, il resterait l’option du Parlement. Nous n’avions donc pas jugé nécessaire de descendre dès le deuxième jour. Car la descente du Hezbollah dans la rue ne ressemble pas aux autres descentes. Si le Hezbollah descend dans la rue, il ne peut pas en ressortir sans avoir réalisé ses revendications. Si nous descendons, nous pouvons rester un mois, un an ou deux. C’est comme cela que nous agissons.

Si le gouvernement envoie donc au Parlement un projet de loi sur le budget avec de nouvelles taxes et de nouveaux impôts sur les classes  défavorisées, nous sommes présents au Parlement. Nous discuterons. Si nous ne parvenons pas à traiter la question au Parlement ni d’aucune autre manière dans le cadre des institutions, à ce moment-là, vous pourrez nous demander ce que devient notre promesse.

Dans le budget 2019, des impôts avaient été décidés. Nous nous y étions opposés, mais le projet a été envoyé au Parlement. Là il y avait eu un débat et les choses s’étaient arrangées, en accord avec le président de la Chambre, le président du Conseil et les autres blocs parlementaires. S’il y avait des impôts durs, la question a donc été traitée sans que nous ayons eu besoin de descendre dans la rue.

Je voudrais que ceux qui nous aiment comprennent que nous sommes  un grand parti et notre descente dans la rue n’est pas facile. Ceux qui nous en veulent, je ne tiens pas à les convaincre car quoique je dise, ils ne changeront pas d’avis. Donc, parce que nous sommes un grand parti, la décision n’est pas facile, tout le pays serait entraîné dans un autre scénario. On ne peut donc pas dire à tout bout de champ pourquoi le Hezbollah ne descend pas dans la rue. Cela viendra au bon moment. Cela pourrait arriver. J’espère que cela n’arrivera pas. Mais s’il faut, nous descendrons dans toutes les rues, dans toutes les régions, avec force de façon à changer les équations.

Pour l’instant, nous appelons à la coopération entre les composantes du gouvernement. Nous appelons à la solidarité et à ne pas fuir les responsabilités. Je vous dis même plus que cela : celui qui fuit les responsabilités doit être jugé. Il ne doit pas croire qu’il peut s’en sortir. Surtout s’il fait partie de ceux qui ont entraîné le pays dans cette situation difficile. Il ne peut donc pas dire qu’il ne se sent as concerné et qu’il préfère se retirer.

Nous appelons à la solidarité, à la coopération et à ce que tous assument leurs responsabilités. Permettez-moi de dire un mot clair à certaines forces politiques connues, même si je ne souhaite pas citer leurs noms, qui veulent faire sauter le mandat en cette période délicate. Je leur dis donc : écoutez mon conseil, vous perdez votre temps. Vous vous fatiguez et vous épuisez le pays. Le timing est mauvais et le mandat, vous ne pouvez pas le faire chuter. C’est pourquoi je vous invite à reprendre vos esprits. Nous devons nous comporter avec responsabilité. Les gens doivent coopérer entre eux pour surmonter cette période difficile.

Ce qui s’est passé au cours des deux derniers jours doit placer le Liban devant une nouvelle étape, un nouveau plan, un nouvel esprit, si nous voulons surmonter ces difficultés.

Nous sommes déterminés à agir avec tous ceux qui sont prêts à assumer les responsabilités. Nous au Hezbollah, nous n’abandonnons pas notre peuple et notre pays. Nous n’accepterons pas que le pays s’enfonce ou brûle. Nous avons donné des milliers de martyrs  et des milliers de blessés pour défendre la dignité, l’honneur et l’existence de ce pays et nous ne permettrons à personne de le faire couler ou de le déchirer. Si les responsables ont le courage nécessaire, la détermination et la volonté, il y a de grandes perspectives et de grandes décisions, nous pourrons sortir le pays de cette crise. Nous ne devons pas désespérer. Le désespoir a été créé pour les faibles, pour ceux qui échouent. Il touche ceux qui manquent de volonté. Ce n’est pas notre cas. Vous et nous nous avons affronté ensemble des tempêtes. Nous avons tenu bon et nous avons remporté des victoires. Nous ne laisserons pas le désespoir se faufiler dans nos cœurs et nos esprits.

En ce jour du Quarantième de l’imam Hussein, nous réitérons notre engagement envers les causes justes dans la région et en particulier la cause palestinienne, le Yémen, Bahrein, la Syrie et l’Irak et toutes les autres causes justes. Nous ne laisserons pas tomber nos symboles sacrés, les opprimés et ceux qui souffrent. Nous ne lâcherons pas al Hussein et nous entendrons sa voix qui nous appelle dans chaque cri d’opprimé, de peuple occupé ou injustement traité. Nous serons toujours prêts à répondre à cet appel.

Je vous remercie à tous. Allez en paix.

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