noscript

Please Wait...

«Désarmer le Hezbollah à travers la révolution»

«Désarmer le Hezbollah à travers la révolution»
folder_openPresse occidentale access_time depuis 4 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par AlAhed

Frédéric C. Hof, ancien diplomate américain et promoteur de «la ligne  Hof» pour la démarcation de la frontière entre le Liban et la Palestine occupée, a qualifié mardi «les protestations pacifiques qui envahissent le Liban» de «révolutionnaires».

«Les Libanais ont des convictions politiques diverses, et toutes les communautés confondues veulent adresser un message fort à une classe politique inapte et corrompue: Laissez-nous en paix», a-t-il écrit dans un article de presse publié mardi au site «Atlantic Council».

 

Nous vous présentons la traduction intégrale de son article:

«A ce jour, le défenseur principal de cette classe politique horrible et de la situation actuelle misérable est l'homme de l'Iran au Liban, le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah. Au moment où des milliers de jeunes participent aux protestations, Nasrallah est certain d'une seule chose: sa capacité en tant que terroriste d'agir impunément, de blanchir de l'argent et de trafiquer de la drogue. Sans oublier qu'il est le représentant du meurtrier iranien qui garantit sa survie par la destruction de la situation politique au Liban. Il veut mettre fin aux protestations et il a envoyé des mercenaires sur place pour transmettre ce message», a-t-il prétendu.

Employé au centre d'études Rafic Hariri à Washington, C. Hof a cité des faits historiques qui ont donné naissance au Liban: «Le Liban est né à l'époque de l'empire ottoman, lorsque la France l'a créé il y a presque un siècle et a accordé des privilèges aux  maronites catholiques au détriment des musulmans sunnites, la communauté la plus parrainée. Et comme c'était le cas dans l'empire ottoman, la féodalité et le sectarisme ont régné. Le pouvoir effectif politique était aux mains des seigneurs, ainsi que certaines autorités traditionnelles, quelques autorités modernes, et les autorités religieuses. 

Lorsque le Liban a retrouvé son indépendance en 1943, le confessionnalisme politique a été consacré, au lieu d'un Etat moderne, et ce, dans un pacte national non écrit, conclu par l'élite politique maronite-sunnite. Ce qui a gardé le pays indépendant de l'Occident et de la Syrie, alors que les positions clés ont été réparties selon les communautés, dans un gouvernement central faible. Mais la véritable force est demeurée locale, aux mains des seigneurs qui gouvernaient les circonscriptions électorales d'une même communauté.

En effet, l'absence des autorités (suite au départ des Français) s'est  nettement distinguée du modèle ottoman. Les deux premiers présidents libanais, Béchara al-Khoury et Kamil Chamoun, ont tenté de profiter de ce rôle, mais ils ont été entravés par les seigneurs. Les abus de ce dernier ont provoqué la guerre civile en 1958.

La deuxième tentative entreprise par le nouveau président libanais, le général Fouad Chehab, était de construire un pays moderne à travers la seule institution multiconfessionnelle: l'armée. Mais les seigneurs ont suspendu pour une longue période les conflits internes dans le but d'entraver les efforts de Chehab et de conduire à la présidence l'un de leurs amis favoris en 1970.

Bien que les musulmans chiites soient inclus dans le pacte national du gouvernement, les régions où ils vivaient étaient largement privées des services du gouvernement. La misère a poussé les chiites du sud à applaudir les combattants palestiniens vers la fin des années 60. Ce qui a engendré une guerre civile féroce, une invasion israélienne et une exploitation iranienne de la colère des chiites libanais, à travers la formation du Hezbollah.

Ceci a conduit à la naissance d'un Etat sur les territoires libanais. Cet Etat se trouve dans les régions gouvernées par Nasrallah et son groupe. Oui, c'est un Etat qui tourne ouvertement dans l'orbite iranienne. Les responsables criminels dans cet Etat ont assassiné de hauts dirigeants libanais, dont l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Cet Etat a poussé, sans aucune raison, à une guerre destructrice avec Israël en 2006 et défie le gouvernement national en place à travers sa participation militaire au conflit interne syrien. Contrairement au faux Etat, le Hezbollah œuvre pour assurer le bien-être matériel de ses citoyens.

En effet, Nasrallah a informé les dirigeants féodaux libanais: "En échange de la négligence des résolutions de l'ONU liées au désarmement des milices illégales, je vous permettrai de piller le pays et de recevoir les fraudes.

Mais les aides iraniennes présentées au Hezbollah ont tari et cet arrangement corrompu s'est révélé à la majorité d'électeurs de Nasrallah, surtout les jeunes qui ont perdu l'opportunité d'une vie prospère au Liban, tout comme les dix-sept autres communautés reconnues depuis la période ottomane.  

En effet, tous les jeunes libanais sont victimes de la transaction corrompue entre Nasrallah et l'institution féodale. Cette dure corruption a sapé la croissance économique et a interdit à l'Etat de récolter les déchets et de s'en débarrasser convenablement.  La hausse des taxes est vue comme un bon marché pour voler le peuple. Parmi les résultats on cite le départ des jeunes les plus brillants à l'étranger.

Les Etats-Unis et autres pays comme la France, le Canada, le Royaume Uni, l'Australie, peuvent vider immédiatement le Liban de ses jeunes talentueux et assidus. Sachant que les Libanais Américains étaient les plus productifs et patriotiques depuis des générations.

Mais ces jours-ci, l'Occident qui manque de direction, propage la déception et les sentiments haineux anti-immigrants et se prive des bienfaits indéniables de l'importation du capital humain productif et ambitieux.

De toute façon, les jeunes Libanais ne sont plus satisfaits d'obtenir un billet d'avion aller simple. Ils veulent un Etat, un gouvernement qui œuvrent pour leur bien et leur permet de rester chez eux. Ils veulent un Etat gouverné par des gens qui puisent leur pouvoir politique de l'accord du peuple. Bien que le Liban ait maintes fois réclamé son adhésion aux pays démocratiques et ait autorisé des médias plus libres que dans tout autre pays arabe, les jeunes libanais doivent outrepasser la classe politique traditionnelle et celle de Nasrallah pour faire leurs revendications de changement et de réformes. Les dirigeants féodaux et Nasrallah n'ont aucun intérêt à écouter leurs demandes. La dernière chose que veut Hassan Nasrallah est un système libanais basé sur la volonté du peuple. Ceci pourra l'entrainer définitivement hors Liban, vers l'Iran peut-être.

Washington doit afficher son soutien à la révolte populaire libanaise dirigée par les jeunes. Il faut bénéficier de l'aide sécuritaire de la seule institution nationale du pays, l'armée, tout en rassurant le peuple que les forces armées n'auront pas recours à la violence contre les protestataires pacifiques. La suspension de l'aide militaire est une grande erreur qui laisse penser aux Libanais que les Etats-Unis sont un partenaire suspicieux. Les Etats-Unis et leurs alliés au Liban doivent soutenir les initiatives non confessionnelles qui mettent l'accent sur la société civile et la formation de partis politiques. Le mutisme de Washington et ses mauvaises actions n'ont pas empêché Nasrallah de l'accuser de se mettre derrière cette révolte populaire. Si l'administration Trump doit être traduite devant le tribunal "kangourou" du Hezbollah, elle pourrait tout aussi bien faire quelque chose pour gagner le procès.

La révolution populaire libanaise pourrait ne pas réussir en 2019 ou dans peu de temps. En effet, le "Printemps arabe" de 2011 a, à ce jour, produit un semblant de légitimité politique uniquement en Tunisie. Mais la plus grande ressource du monde arabe - son réservoir profond de jeunes talentueux, travailleurs et entreprenants - ne sera pas refusée en permanence. L’Iran et l’Arabie saoudite, rivaux géopolitiques, feront tout leur possible pour réprimer la voix du peuple au Moyen-Orient. Ils ne réussiront pas à la fin; ni Liban ni ailleurs».

Comments

//