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Les États-Unis stockent-ils 50 bombes nucléaires dans une base turque à la frontière syrienne ?

Les États-Unis stockent-ils 50 bombes nucléaires dans une base turque à la frontière syrienne ?
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Par AlAhed avec sites web

Les autorités américaines ont reconnu qu'elles stockaient à environ 100 kilomètres de la Syrie un arsenal nucléaire considérable. Problème : ces armes se trouvent dans une base turque, une situation difficile à gérer pour Washington.

Le retrait des troupes américaines de Syrie a entraîné une escalade des tensions dans la région, marquée par l'offensive turque contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Face à cette situation, le président américain a multiplié les déclarations et les menaces sur tous les tons, même les plus familiers. Dans une lettre adressée à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, Donald Trump lui a formulé quelques conseils. «Ne jouez pas au dur ! Ne faites pas l'idiot !», lui a-t-il ainsi lancé, expliquant qu'il ne souhaitait pas devenir «responsable de la destruction de l'économie turque», qu'il envisage en cas de nécessité.

Outre ces échanges musclés, d'autres éléments ont fuité. La présence d'armes nucléaires sur le sol turque a ainsi été évoquée, susceptible de compliquer le travail des diplomates et de bouleverser les rapports de force dans la région.

50 bombes nucléaires stockées sous terre

Les tensions américano-turques ont conduit à une série de révélations. Le 14 octobre, le New York Times a révélé la présence de 50 bombes nucléaires américaines dans une base aérienne turque, une information confiée par deux officiels américains dont l'identité n'a pas fuité. Deux jours plus tard, un journaliste a interrogé le président Trump, lui demandant s'il était «confiant quant à la sécurité de ces armes». «Nous avons là une super base aérienne, une très puissante base aérienne.» Éludant au passage l'hypothèse qu'un tel armement puisse être la source de dangers.

Dans les médias, cette déclaration a fait l'effet d'un choc. Spécialiste des questions internationales au sein du quotidien britannique The Guardian, Julian Borger a glissé sur Twitter que Donald Trump était «le premier responsable américain à confirmer la présence de 50 bombes nucléaires américaines en territoire turc». Jamais, jusqu'alors, «des officiels américains ou de l'OTAN n'avaient évoqué le déploiement d'armes nucléaire à l'étranger».

Quelles sont les armes en question ? Des bombes atomiques à hydrogène, de la famille B61, dont la puissance maximum peut atteindre 20 fois celle lâchée sur Hiroshima. D'un diamètre d'environ 30 centimètres et longues de plus de 3 mètres 50, elles sont conçues pour être larguées par avion.

Une base à 100 kilomètres de la Syrie

La présence de cet arsenal n'est pas la seule information à avoir été confirmée. Sa localisation est connue : Incirlik, dans le sud de la Turquie, à l'abri des regards dans les sous-sols d'une base aérienne de l'OTAN. Ces installations datent du milieu des années 1950 et furent à l'époque bâties avec le concours de l'armée américaine, suite à l'entrée dans l'OTAN de la Turquie (1952). Positionnée de manière stratégique durant la guerre froide, la base a depuis été utilisée à de multiples occasions lors d'opérations militaires impliquant les États-Unis. Guerre du Golfe, d'Irak, ou plus récemment en 2015 pour diligenter des actions contre le groupe terroriste «Daech».

Lorsque l'on se penche sur une carte de la Turquie, on observe qu'Incirlik se trouve à quelques encablures seulement de la Syrie. 100 kilomètres environ à vol d'oiseau, ce qui rend un tel site encore plus sensible. La carte ci-dessous permet de mieux se représenter sa position.

En croisant des données, il est même possible de localiser avec précision le lieu où sont stockées les armes américaines. Elles se concentrent au nord-est de la base, dans une zone qui semble peu aménagée en surface, mais où sont situées des installations souterraines. La zone en question est matérialisée par un cercle rouge sur la carte qui suit.

Ces armes sont désormais «les otages d'Erdogan»

Embarrassées, les équipes de Donald Trump se trouvent dans une situation délicate. Comme l'explique le New York Times, qui cite un officiel américain, les armes sont désormais «les otages d'Erdogan». Les déplacer de cette base reviendrait, «de facto, à entériner la fin d'une alliance entre les États-Unis et la Turquie», un scénario que ne souhaite pas envisager la Maison Blanche.

Jusqu'à présent, la présence de cet armement nucléaire n'avait pas suscité de telles tensions. Leur existence, évoquée ponctuellement dans les médias américains depuis 2016, faisait dès 2012 l'objet d'un article dans un média russe. Des sites spécialisés s'en faisaient également l'écho, sans que leurs informations ne fassent jamais l'objet d'une confirmation au sommet de l'État où de l'OTAN. Une enquête du New Yorker, remise en lumière ces derniers jours, revient sur l'histoire de ces bombes. Elles faisaient partie d'un vaste arsenal déployé durant la Guerre froide à travers les bases américaines en Europe.

Si la majeure partie de l'armement a fait les frais des programmes de dénucléarisation, 180 armes nucléaires seraient toujours entreposées sur le continent à travers 6 bases. Celle de Incirlik en Turquie, mais aussi à Kleine Brogel (Belgique), Buchel (Allemagne), en Italie à Aviano et Ghedi-Torre, et enfin à Volkel, au sud-est des Pays-Bas.

L'entretien des bombes nucléaires, coûteux, a été remis en question par le passé, tout comme le fait d'en laisser des quantités importantes à travers l'Europe. Mais les médias anglo-américains expliquent aujourd'hui qu'au sein de l'OTAN, la présence de ces armes a longtemps été perçue, en Turquie notamment, comme un symbole de l'engagement américain au sein de l'organisation transatlantique. Ce point de vue n'est pas partagé en Allemagne, où leur maintien est considéré comme «dénué de sens» pour reprendre les mots d'un ancien ministre des Affaires étrangères. Au-delà de la question kurde, l'administration Trump se retrouve donc aujourd'hui plongée dans une situation confuse, un jeu d'alliances subtile sur fond d'ogives nucléaires. Des dossiers plus que jamais explosifs.

 

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