Canada : le rival de Trudeau forcé de se justifier sur sa double nationalité
Par AlAhed avec la Presse canadienne
Au 24e jour de la campagne fédérale, vendredi, Andrew Scheer était obligé de justifier sa citoyenneté américaine alors que Justin Trudeau et Jagmeet Singh lui reprochaient, à divers degrés, sa cachotterie.
Et le chef conservateur a terminé la journée avec une candidate de moins dans son équipe. Le parti a annoncé le retrait de Heather Leung dans la circonscription de Burnaby North-Seymour, en Colombie-Britannique, pour des commentaires homophobes. Les conservateurs n’auront plus qu’une liste de 337 candidats. La date limite d’inscription des candidats était lundi dernier.
Jeudi, le Globe and Mail a révélé que le chef conservateur détenait une double citoyenneté et qu’il ne cherche à révoquer l’américaine que depuis le mois d’août, un peu avant le déclenchement de la campagne électorale.
« Tout le monde qui (me connaît) moi et ma famille sait que mon père est né aux États-Unis », a répété M. Scheer, laissant entendre que « tout le monde » devait donc savoir que lui aussi possédait une citoyenneté américaine.
Il a alors été bombardé de questions : A-t-il voyagé avec un passeport américain lorsqu’il est allé aux États-Unis ? A-t-il soumis une déclaration de revenus aux autorités américaines ? S’est-il inscrit pour la conscription comme l’exige la loi pour tout Américain qui atteint l’âge de 18 ans ? A-t-il révélé sa double citoyenneté lorsqu’il est devenu membre du Conseil privé au moment de prendre la responsabilité de chef de l’opposition ?
Peu de ses réponses ont été directes ou claires.
« J’ai toujours suivi les règles exigées d’un membre du Parlement », a-t-il offert, par exemple.
Réactions libérales et néo-démocrates
« Je pense qu’on devrait être franc avec les Canadiens quand on fait application pour un emploi pour servir 37 millions de Canadiens », a lancé le chef libéral au cours d’un point de presse à Québec. Il ne croit pas que de posséder une double citoyenneté « disqualifie » quiconque pour le poste de premier ministre. Il critique « l’honnêteté » de son rival conservateur.
« Scheer a été hypocrite. Il n’y a pas de surprise là », a lancé Jagmeet Singh, provoquant le rire de ses partisans réunis à Saskatoon. Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) estime toutefois que cette affaire n’est qu’une « distraction ». Il dit avoir bien d’autres raisons de critiquer le chef du Parti conservateur et son offre aux électeurs.
Une promesse conservatrice éclipsée
M. Scheer a donc pu très peu parler de son annonce du jour pour combattre le crime armé.
Les conservateurs veulent rétablir des peines minimales obligatoires pour certains crimes commis avec une arme à feu et comptent inscrire des « entités criminelles » reconnues dans le Code criminel, de la même façon que les organisations terroristes.
Andrew Scheer a dit vouloir punir les criminels et non interdire les armes à feu. Selon lui, les intentions libérales à ce sujet sont « inefficaces » parce qu’elles visent les propriétaires d’armes à feu « qui sont respectueux des lois ».
Les libéraux promettent pour leur part d’interdire toutes les armes d’assaut et de récupérer celles légalement en circulation grâce à un programme de rachat. Ils promettent également de négocier avec les provinces pour donner aux municipalités le droit d’interdire les armes de poing sur leurs territoires.