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Discours à l’occasion du second anniversaire de «La Seconde libération»

Discours à l’occasion du second anniversaire de «La Seconde libération»
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Au nom de Dieu

Je voudrais commencer par vous souhaiter la bienvenue et par vous remercier pour votre présence aussi nombreuse. Je considère qu’elle constitue une première riposte aux agressions israéliennes la nuit dernière. Je sais qu’il fait chaud et je vous demande de considérer cela comme un petit hommage aux milliers d’hommes, des vrais, qui se sont installés pendant des années dans ce jurd et dans ses montagnes. Je parle des soldats de l’armée libanaise, du côté libanais, et des soldats de l’armée arabe syrienne du côté syrien ainsi que des hommes de la résistance des deux côtés libanais et syrien. Ils ont vécu ici pendant des années, dans le froid terrible et la chaleur étouffante, dans cette nature peu accueillante. Je vous prie donc de considérer votre présence, ici, aujourd’hui, comme une partie de leur bataille, qui était aussi la vôtre, face à un projet mondial et universel dangereux qui vise tout le monde.

Je voudrais ensuite vous féliciter, vous, nos gens dans la Békaa, ainsi que l’ensemble du peuple libanais. Car les résultats de cette bataille ne se sont pas limités à la région de Baalbeck et Hermel ou même à la Békaa. Ils ont profité à tout le Liban. En même temps, je voudrais féliciter le peuple syrien car les résultats de cette bataille n’ont pas non plus été positifs pour la région limitrophe, à Zabadani, au Qalamoun , à Qousseyr et à la route de Homs. Cette bataille était une partie importante du grand conflit qui se déroule en Syrie depuis 2011.

Je dois féliciter en particulier les familles des martyrs qui ont reçu deux bénédictions, la première dont nous bénéficions tous est la victoire dans cette bataille et la seconde, c’est le martyre de ceux qu’ils chérissent. Ceux-là  sont  notre fierté et notre dignité dans ce monde. Ils intercèderont en notre faveur le Jour du Jugement dernier. Je voudrais aussi féliciter les blessés et tous les moujahidins, tous les habitants, hommes et femmes, qui ont entouré les combattants, les ont soutenus et les ont protégés tout comme eux le faisaient avec eux. Ces habitants ont vécu avec les moujahidins, les mêmes espoirs et les mêmes peines. Ils ont soulagé ensemble leurs blessures. Tous ceux-là, je les félicite en cette occasion importante.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais préciser deux points :

  1. Dans quelques jours, le 31 août, nous commémorerons le souvenir de l’enlèvement du chef imam sayed Moussa Sadr avec ses deux compagnons qui nous sont chers, cheikh Mohammed Yaacoub et sayed Abbas Badreddine. Comme chaque année, c’est le frère, le président Nabih Berry qui s’exprime à cette occasion, notamment sur les développements de cette affaire. Il y aura donc à cette occasion un meeting organisé par le Mouvement Amal à Nabatiyé. Mais je voudrais juste préciser une chose : ce que nous vivons depuis des décennies, en matière de sursaut et de réveil national, de confiance en nous, de dignité et de fierté, ainsi que les victoires que nous remportées au fil des ans, jusqu’à la dernière dont nous célébrons le second anniversaire aujourd’hui, est en grande partie dû à cet imam, au chef Moussa Sadr, à sa voix élevée, sa stature et sa conscience en matière de foi et de jihad, à son projet islamique national et à son esprit noble. Avec nos frères à Amal, dans la Bkéaa et au Liban, nous suivons cette affaire et nous demandons à Dieu Tout Puissant de nous ramener notre imam, ce chef historique, avec ses deux compagnons, pour qu’ils puissent être témoins des victoires dont il a lui-même jeté les fondements et tracé la voie.
  2. Vous l’avez sans doute remarqué, dans tous nos discours qui célèbrent une victoire, comme celui que j’ai prononcé dans le carré de la résistance à Bint Jbeil en célébration de la victoire de juillet, je tiens à préciser qu’il s’agit d’une victoire commune qui est dédiée à tous, les résistants dans toutes leurs factions et mouvements, l’armée libanaise, l’armée syrienne lorsqu’elle était au Liban, les factions palestiniennes... Nous n’excluons personne, ni en paroles, ni en pensée et dans notre subconscient. Pour nous, il s’agit d’une responsabilité morale. Je tiens personnellement à cette question. Certes, nous ne pouvons pas, dans chaque discours, énumérer une liste des factions, des partis et des organisations palestiniennes pour les citer tous. Nous parlons en général en particulier de la résistance islamique, de Amal, des factions de la résistance nationale libanaise, des factions de la résistance palestinienne et tous ceux qui les appuient.

Lors de la dernière célébration, il y a eu une erreur et un oubli dans le logo adopté. Il aurait dû englober tous les drapeaux, toutes les photos des personnalités et tous les noms.

En tout cas, les reproches que nous ont adressés certains camarades, frères et amis sont acceptés. Je sais qu’ils l’ont fait parce qu’ils se soucient de nous et nous nous en voulons de leur avoir causé de la peine. Nous ne voulons causer aucun dommage à n’importe quel résistant  et quelle personne noble dans ce pays. C’est pourquoi en toute amitié, je leur présente personnellement mes excuses s’ils se sont sentis lésés par ce logo. Je ne crois pas que l’affaire mérite plus que cela.

J’en arrive à l’occasion proprement dite. J’ai en tête trois titres.

Le premier porte sur la commémoration de la seconde libération et le dossier syrien. Le second porte sur des problèmes concernant la Békaa, si je puis dire. Je voulais aborder quelques questions internes dans la troisième partie. Mais après ce qui ‘est passé la nuit dernière et le nouvel élément israélien, je vais consacrer la troisième partie à cela et expliquer pourquoi ce qui s’est passé est très, très, très dangereux.

Je commence par la seconde libération.  Nous devons toujours avoir à l’esprit ce qui s’est passé alors, en évoquant cette étape, car la menace était très grande, voire existentielle et le projet, dans son ensemble était très grave. Ces villages et ces localités avec les gens qui y habitent étaient menacés de destruction, d’exode, d’humiliations, de destruction de leurs maisons et peut-être même d’être placés sous le contrôle total des groupes armés. Ce qui s’est passé dans cette région et auquel la guerre des jurds a mis fin n’était pas un détail anodin et ne peut pas le devenir dans nos mémoires, dans notre Histoire, notre subconscient, notre culture, nos rêves et nos espoirs pour l’avenir.

Nous devons toujours avoir à l’esprit ce projet et cette époque. Je vais me contenter de rappeler les titres, car j’ai déjà longuement développé le contenu au cours des années précédentes. Je n’ai donc pas besoin d’expliquer tout cela de nouveau. Je suis sûr que dès que je donnerai un titre, vous vous souviendrez du contenu.

Je voudrais rappeler le projet qui a été préparé pour la Syrie et qui a commencé à partir de là en 2011. Ce projet n’avait certainement pas pour objectif la démocratie ou le changement politique interne. Il visait en réalité un régime résistant et au-delà de cela, il y avait un plan pour contrôler la région, la détruire et la diviser sur des bases ethniques, confessionnelles et communautaires.

Lors du meeting de Bint Jbeil, j’ai dit que notre axe empêche l’éclatement d’une guerre. Et aujourd’hui, j’ajoute que c’est cet axe qui a empêché au cours des années précédentes la partition de tous les pays arabes et islamiques et c’est ce qui se prépare  piour le Yémen ces jours-ci.

Il s’agissait donc d’un grand projet très dangereux qui vise tout le monde. Nous devons nous remettre à l’esprit la possibilité pour les groupes takfiristes de contrôler  la chaîne de montagne orientale, du début des frontières après Masnaa. En face, nous avons Zabadani  en profondeur jusqu’au Qalamoun et à Qousseyr pour finir avec la colline Mando et la frontière libano-syrienne dans ce secteur.

En évoquant le paysage de l’époque, nous devons aussi revenir aux options politiques. Qui a avait appuyé ces groupes takfiristes ? Qui les avait soutenus ?  Qui a facilité leur action ? Qui a transporté pour eux des armes et des munitions par le biais de bateaux et de camions ? Qui leur a ouvert les frontières et qui a misé sur eux ? Qui les a défendus ? Qui a paralysé l’Etat  et empêché l’armée de les affronter pour permettre aux éléments du projet de se compléter ? Qui leur a fourni une couverture politique et médiatique ? Qui a parlé d’eux en les qualifiant de révolutionnaires, non de terroristes takfiristes, d’assassins, de coupeurs de têtes et de massacreurs, de mangeurs de foies et de violeurs ?  Et de l’autre côté, qui a pris la décision de la confrontation ? Vous, en premier lieu et ceux qui ont appuyé cette option. , que ce soit à l’intérieur libanais, en Syrie, dans la région et au sein de la République islamique d’Iran ? Qui a combattu ? Tout cela doit aussi revenir dans nos esprits. Car cela fait deux ans et nous assistons actuellement à une déformation de l’Histoire justement d’il y a deux ans. Je ne parle pas de revenir à l’Histoire d’il y a 40 ans. Qui a combattu dans la chaîne orientale et à Zabadani, des deux côtés de cette chaîne, au Qalamoun, dans le jurd de Ersal et dans le Qalamoun, à Qousseyr et dans ses villages, à Mando ? Qui a réalisé ce changement ? Nous devons nous rappeler que la bataille, à ses débuts, était menée par l’armée arabe syrienne et par les hommes de la résistance ; A cette époque, l’armée libanaise était interdite d’agir. Les combats ont duré des années. Nous ne célébrons pas aujourd’hui  la victoire des dernières semaines de la bataille des jurds. Nous célébrons la seconde libération, qui a permis de reprendre le contrôle de tout le territoire libanais, en chassant aussi les terroristes  de toute la terre syrienne qui fait face à la nôtre. Cela c’est grâce d’abord à l’armée arabe syrienne et aux hommes de la résistance, jusqu’aux dernières semaines de la bataille des jurds, le jurd de cette région dans laquelle vous habitez. Dans la première étape, c’est l’armée arabe syrienne et la résistance qui ont chassé le Front al Nosra. Ce fut ensuite le tour de Daech. C’est là qu’intervient la décision officielle libanaise courageuse de faire entrer l’armée dans la bataille en donnant à celle-ci le nom d’ »aube du jurd ». Du côté syrien, nous l’avons appelée : « Si vous revenez, nous reviendrons aussi ». Car nous savions qu’il s’agissait de la dernière étape. Il ne s’agissait donc pas d’un titre en l’air, qui sonne bien. Pour nous, il signifiait que c’était fini et que nous restions là, prêts à revenir si les terroristes reviennent.

Dans la dernière étape, en évoquant cette période, nous devons avoir à l’esprit l’armée libanaise, l’institution, le commandement, les officiers, les soldats, les martyrs, les combattants et les blessés, aux côtés de la résistance et de l’armée arabe syrienne.  Cela pour être juste. Aujourd’hui, certains omettent la résistance et l’armée arabe syrienne en parlant de cette victoire. C’est injuste et c’est ignorer le soleil qui brûle en plein jour. C’est un déni de la réalité. Cela ne réduit pas l’importance des sacrifices consentis par la résistance et par l’armée syrienne, pas du tout. Mais cela exprime le niveau de rabaissement moral et politique de ceux qui refusent de voir la réalité.

Vous qui êtes là, aujourd’hui, vous êtes les partisans de la vérité. Vous la connaissez et la reconnaissez, en la remettant à sa place. Vous en êtes dignes et c’est vous qui la façonnez. Nous organisons cette célébration pour rappeler au monde entier cette réalité et pour que ceux qui veulent la renier comprennent qu’ils ne changent rien aux équations de la région qui fabriquent les victoires et les réalisations.

Nous devons aussi avoir en mémoire, la position américaine qui a été transmise à l’Etat libanais et qui demandait de ne pas participer à la bataille de « L’aube du jurd » et d’empêcher le Hezbollah de la mener. Les Américains n’ont pas seulement demandé à l’Etat libanais de ne pas laisser l’armée participer à cette bataille, celle décisive contre Daech. Ils lui ont demandé d’empêcher le Hezbollah de se lancer dans une bataille décisive. Mais la décision officielle était de participer à la bataille. Je l’ai d’ailleurs qualifiée de courageuse. Cela signifie que les Américains ne se soucient pas de la région, de ses habitants et de sa sécurité. Ils ont créé Daech, de l’aveu même de Trump et c’est qui continuent à protéger cette organisation terroriste et à l’exploiter. C’est pourquoi je voudrais dire que dans une certaine mesure, la menace continue d’exister. Regardez comment les Américains cherchent à faire renaître Daech en Irak. Car après en avoir fini avec cette organisation, de grands blocs au parlement irakien ont préparé un projet de loi- il y a actuellement un débat sur cette question au Parlement irakien- dans lequel ils réclament le départ des troupes américaines d’Irak.  Daech était le prétexte pour le retour des troupes américaines en Irak. Maintenant, ils veulent la ressusciter pour pouvoir garder leurs troupes en Irak. Il y a quelques jours, nous avons entendu des responsables américains déclarer  que Daech a recommencé à retrouver des forces en Irak et en Syrie.  C’est un indice grave qui signifie que le projet n’est pas terminé.  Nous avons repoussé le danger de façon importante. Mais la menace américaine pour les peuples et les Etats de la région, à travers Daech et ses semblables existe toujours. CE sont les Etats-Unis qui ont transporté certains groupes de Daech d’Irak et de Syrie, surtout les non-Arabes parmi eux, vers l’Afghanistan. Les Irakiens et les Afghans ont des photos qui confirment cela. Ils ont donc installé des bases pour Daech en Afghanistan. DE plus, lorsque Daech était soumise à un blocus ou encerclé, les hélicoptères américains arrivaient pour sauver leurs chefs. Cela fait partie de la vision américaine de l‘avenir de l’Afghanistan, si proche. Mais je ne veux pas entrer dans les détails, car le temps ne le permet pas. Cette vision repose sur le projet du retour de la guerre civile en Afghanistan.

En tout état de cause, en ce jour de la seconde libération, nous devons être fiers de cette victoire, de cette grande réalisation. Nous nous sentons en sécurité, dignes, sans rien devoir à personne, ni aux Américains, ni à d’autres. Mais nous devons rester prudents, car la blessure est toujours ouverte.

Dans ce sillage, je voudrais faire quelques précisions. Après la fin de la bataille des Jurds et le départ des groupes armés, nous avons poursuivis la bataille, avec l’armée syrienne et les autres alliés. Aujourd’hui, je peux donc dire aux habitants de la Békaa et à tout le Liban, que Daech est plus loin que jamais de notre pays, sur le plan géographique, après avoir été chassée, d’une grande surface dans la profondeur syrienne. Elle a été chassée de Palmyre, des environs de Damas, du camp de Yarmouk jusqu’au désert syrien. Nous parlons ainsi d’une superficie de 50 kms, jusqu’au périmètre de Deir Ezzor et Bou Kamal, jusqu’à l’est de l’Euphrate. Le Front al Nosra qui était aussi présent dans les jurds, en est aujourd’hui très éloigné. Il est très loin de la frontière du Liban après les réalisations accomplies par l’armée syrienne et tous ceux qui l’aident dans la libération totale du rif nord de Hamate et de Khan Chaykhoun dans le rif sud d’Idlib. L’armée arabe syrienne avance dans ce secteur éloignant ainsi les dangers du Liban. Ce qui a aussi des résultats importants pour la Syrie, sur les plans politique, sécuritaire, psychologique et économique. Cela signifie aussi que la Syrie se dirige à pas sûrs, vers la victoire finale, inchallah.

En fin de compte, l’Etat syrien, l’armée syrienne et l’opinion publique en Syrie sont en meilleure position qu’auparavant. Il est clair qu’ils sont en train de retrouver leur santé, leur force et leur capacité à remporter des victoires.

Idlib et le mohafazat d’Idlib reviendront sous le contrôle de l’Etat syrien, ainsi que la région à l’est de l’Euphrate. Ceux qui se battent là-bas ont déjà vécu l’expérience d’être lâchés par les Américains. Hier encore, les Américains les ont lâchés, même pour dix kilomètres. Ils découvriront que leur seule voie de salut est de retourner dans le giron de l’Etat syrien.

Si nous regardons cela d’un point de vue libanais – je ne parle pas du point de vue de l’axe de la résistance-, cela signifie que les menaces terroristes et takfiristes, au moins sur le plan purement militaire, sont devenues éloignées de nos frontières, à une distance d’au moins 100 kilomètres. Nous devons toutefois nous rappeler que cela n’aurait pas été possible sans les sacrifices des martyrs, des blessés et sans le combat continu.

Concernant ce point en particulier, nous devons remercier le commandement syrien, l’armée arabe syrienne et les Syriens qui portent cette bannière et se battent aussi. Pour votre information, à Zabadani, au Qalamoun, à Qousseyr et dans la bataille des jurds, ceux qui se sont battus à nos côtés, ce ne sont pas seulement les soldats de l’armée syrienne, mais aussi des jeunes de ces régions, c’est-à-dire des forces populaires. Nous devons donc les remercier pour tous leurs sacrifices. Nous devons aussi remercier la République islamique d’Iran qui s’est tenue à nos côtés et aux côtés de la Syrie. Et la Syrie s’est tenue à nos côtés durant toute l’histoire de la résistance, et dans cette bataille, jusqu’à celle des jurds.

Le second point c’est donc que la menace s’est désormais éloignée, mais nous ne devons pas nous comporter comme si le danger n’existe plus, sur les plans moral, militaire, politique et sécuritaire.

Le troisième point est le suivant : après la fin de la bataille des jurds, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, nous avons évacué les frontières et nous avons déclaré qu’elles sont désormais la responsabilité de l’armée libanaise et de l’Etat libanais. Mais par précaution, nous sommes restés présents du côté syrien. Je dois le dire aux Libanais : l’armée syrienne a maintenu son large déploiement dans des centaines de positions le long de la frontière, à notre demande, de Zabadani au Qalamoun et à d’autres secteurs, pour empêcher le retour des takfrisites dans nos terres et à notre frontière. Nous étions présents  conjointement dans plus de centaines de positions. Nous y sommes restés aux côtés de l’armée syrienne  pendant plus d’un an et demi, défiant le froid terrible ( nous nous souvenons tous combien il a fait froid cet hiver) et la chaleur écrasante. Mais il y a quelques mois, nous avons procédé à une réévaluation de la situation et nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’était plus nécessaire de déployer autant d’hommes dans ces positions. Ce qui constitue une sorte d’hémorragie pour l’armée syrienne et pour nous-mêmes, sur le plan des effectifs, des moyens et des dépenses. Nous avons décidé de réduire cette présence, tout en préservant  la sécurité de la frontière du côté syrien et empêche toute infiltration  vers le Liban. C’est ce que nous avons appelé un redéploiement. Mais nous sommes toujours présents dans cette région, notre structure de commandement, une partie de nos forces et si le besoin s’en fait sentir, des milliers de jeunes peuvent revenir sur les lieux, bien que la région, du côté syrien et du côté libanais jouit d’un grand calme, de la stabilité et de la sécurité , avec des restaurants ouverts et une vie normale qui a repris son cours.

Le quatrième point que je dois évoquer porte sur les conséquences de la libération et de la période qui la suit.  Au cours des deux années qui ont précédé la libération, nous avions espéré que l’Etat se dirige vers cette région dans un esprit de responsabilité différent de celui qui prévalait dans le passé. Car cette région a quand même tenu bon face à Daech et à Nosra. Si ces groupes avaient réussi à prendre le contrôle de Baalbeck et de Hermel, toute la Békaa serait tombée et la voie aurait été ouverte vers les villes côtières. C’est sous cet angle que l’Etat, le peuple libanais, les institutions publiques, notamment les services ainsi que les institutions sécuritaires militaires et politiques devraient regarder la région et ses habitants. L’Etat devrait donc se soucier plus de ces habitants qui ont donné leur sang pour contribuer à la victoire remportée il y a deux ans dans le cadre de la seconde libération. Je parle ici un peu plus précisément des habitants de la Békaa. Mais je voudrais que l’Etat a des responsabilités à l’égard des milliers de Libanais qui habitent les villages de Qousseyr et qui ont longuement souffert et continuent de le faire, à cause de la négligence de l’Etat libanais. C’est grâce à ces milliers de Libanais, qui ont gardé un pied sur place, lorsque toute la région est tombée aux mains des terroristes, que l’armée syrienne et la résistance ont pu se lancer dans la bataille de la libération et ont pu réaliser ce changement impressionnant et jeter les bases de la victoire.

Je vais aborder maintenant trois soucis pour les habitants de la Békaa. En fait, ils sont nombreux, mais je vais m’en tenir à trois. Le premier est évidemment sécuritaire. Il faut toujours rappeler que la responsabilité, dans cette région, est celle de l’Etat, de l’armée, des services de sécurité et du gouvernement. J’ai toujours dit, à toutes les occasions, que nul ne doit pousser vers le fait de pousser le Hezbollah ou toute force politique à assumer des responsabilités sécuritaires. Ce n’est pas dans l’intérêt de la région, ni dans celui de la sécurité et encore moins dans celui de la résistance. Au contraire, pousser vers cela, c’est pousser vers une lutte intestine, familiale et tribale. C’est pourquoi, même si nous souffrons devant certains incidents, nous nous emportons et nous nous mettons en colère, nous cherchons malgré tout à rester éveillés, à faire travailler notre raison et à réfléchir, pour ne pas nous laisser emporter par les émotions. Nous sommes conscients du piège que cela serait pour nous, et nous pensons que les habitants de la région ne devraient pas pousser dans ce sens.

Le sens des responsabilités consiste à continuer de demander à l’Etat d’assumer les siennes. L’armée s’est déployée dans la région. Ce qui est bien. Il y a eu des incidents et des plaintes ont été formulées sur le sérieux de l’action. Nous en avons parlé avec le président de la République et avec le commandement de l’armée. Nous avons demandé que l’Etat assume totalement ses responsabilités  sécuritaires dans la région. Les habitants de la région ne peuvent pas accepter d’entendre dire que cela ne concerne pas l’Etat et ses institutions et qu’ils doivent se débrouiller entre eux. Ce n’est pas là une logique d’Etat  et des responsables étatiques. C’est inadmissible que des responsables puissent penser de cette manière, sinon ils mériteraient seulement d’être des responsables d’un petit coin et encore. La Békaa et en particulier Baalbeck et Hermel font partie de l’Etat. Cette région a même préservé l’Etat  au même titre que le Sud, à travers la résistance, pendant des décennies. L’Etat doit donc assumer totalement la responsabilité de la sécurité. Certains disent que cela va entraîner des sacrifices de la part de l’Etat. Soit, mais cela relève aussi de sa responsabilité. Cela fait partie des responsabilités de l’armée et des services de sécurité. Les sacrifices pour la sécurité sociale et nationale aussi. Le jurd a-t-il été libéré par les discours et les slogans ? Ou bien avec du sang et des sacrifices ? De même pour le Sud du Liban, n’y a-t-il pas eu des sacrifices et du sang versé pour qu’il soit libéré ou bien l’a-t-il été avec des slogans ? Ceux qui ne sont pas prêts à faire des sacrifices pour préserver la sécurité des gens dans toutes les régions du Liban doivent présenter leur démission et s’en aller pour que ceux qui ont prêts à assumer les responsabilités les remplacent.

Certes, les gens de la région ont aussi une part de responsabilité à assumer, en mettant des limites à l’action des membres de leurs familles ou de leurs tribus. Ils ne doivent pas se tenir à l’écart et dire que cela ne les concerne pas. Je reviendrai sur cela plus loin. Je vais être très franc et très courageux dans ce que je vais dire. Nous comprenons la fatigue et les souffrances de l’armée. Nous comprenons aussi que les militaires peuvent commettre des erreurs. Mais ils ont leurs lois et leurs règles. Nous ne pouvons pas crier que nous voulons l’armée, lui demander de se déployer dans telle localité et d’intervenir pour arrêter les combats entre telle et telle autre tribu, puis, lorsqu’elle le fait, si elle commet des erreurs ou ce que nous considérons comme telles, nous jetons les hauts cris. Nous devons en toute franchise être compréhensifs. Certes, nous devons dire au commandement que l’armée est une institution disciplinée. Si un soldat ou même un officier commettent une erreur, ils doivent être sanctionnés pour éviter que les erreurs se reproduisent. Mais l’erreur ne doit en aucun cas devenir une levée de la couverture populaire accordée à l’armée, car c’est ce que veulent les criminels qui sévissent dans la région  et tous ceux qui vivent sur les exactions dans la région. Il n’y a pas d’autre solution pour la stabilité dans la région que le déploiement de l’armée et des services de sécurité. Si nous demandons à l’armée et aux services de sécurité de faire des sacrifices dans la région, nous devons en contrepartie nous tenir à leurs côtés et les protéger. S’ils font des erreurs, nous devons les comprendre. Elles seront traitées dans le cadre légal, politique et national,  de façon responsable. Je lis beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux. Certes, il y a des lacunes au niveau des  services publics dans la région, mais tout ne peut pas être attribué à la misère et à l’absence de services. Certains crimes sont commis par des gens qui possèdent des millions de dollars. Ils ne sont ni pauvres, ni déshérités. Certains crimes commis sont dus à l’ignorance, à la bêtise, à l’impulsivité et au tempérament colérique. Ils sont aussi liés à la rancune et à des considérations qui n’ont rien à voir  avec la culture et les coutumes de la région, ni avec ses valeurs ni avec son code moral. Cela doit donc être traité sous cet angle. On ne peut pas tout mettre sur le dos de la négligence et de l’absence des services publics dans la région.     

Deuxièmement, le souci de développement. Nous avons pris, lors des élections législatives de suivre tous les projets qui peuvent favoriser le développement de la région. Nous maintenons cette promesse, même si le pays a été paralysé pendant un an sans Parlement et sans gouvernement. Les députés de la région, et avec eux le Hezbollah, suivent donc les différents dossiers. Nous avons même formé une cellule pour cela, au plus niveau de commandement du Hezbollah pour appuyer les demandes des députés de la région. Il ne fait aucun doute que certaines choses ont été réalisées et que d’autres sont en voie de l’être. Nous suivons ces projets, notamment ce qui va venir de CEDRE et d’autres, si toutefois, les Américains ne paralysent pas tout par la suite. En tout cas ce sujet sera suivi dans les détails par les députés de la région, ceux d’Amal et du Hezbollah et tous nos alliés et amis. Certes, ce sujet nécessité des efforts politiques considérables. Par exemple, nous pensons qu’il est indispensable de créer un Conseil de Développement pour Baalbeck et Hermel. Nous considérons que c’est la porte naturelle pour amener dans la région des projets et des aides en dehors du budget. Ce débat a commencé sérieusement dans le cadre des commissions parlementaires. Il y a différents points de vue. Nous avons alors précisé que nous ne réclamons pas seulement un Conseil pour Baalbeck-Hermel. Il faut aussi en créer un pour le Akkar. Ils ont parlé d’un Conseil pour la Békaa et nous avons suggéré qu’il s’appelle le Conseil pour le développement de Baalbeck-Hermel et Zahlé. Ce qui compte pour nous, c’est que le développement se fasse. Certains disent qu’il faut revoir toute la structure des services au Liban. Pour nous, il n’y a aucun problème à cela.  Nous n’avons pas de problème aussi à considérer que ce Conseil est provisoire en attendant la structure finale. Mais par contre, nous craignons  d’attendre cette structure finale pendant plusieurs années en vain. En tout cas, ce sujet exige un surplus de contacts politiques avec les différents blocs parlementaires et avec les forces politiques. En tout cas, je voudrais vous dire sur ce point précis, que notre devoir est de faire tout ce que nous pouvons. Mais vous devez savoir que nous faisons face à des obstacles véritables. Car nous sommes face à un Etat miné par la corruption, basé sur le partage des parts, confessionnelles, communautaires et même régionales, même au sein d’une seule confession ou communauté. C’est triste et honteux.  Parfois, nous faisons face à des idées totalement coupées de la réalité des gens et de leurs souffrances quotidiennes. Cela aussi exige un traitement. Nous poursuivrons donc nos efforts et nous obtiendrons des résultats. Je vous dis aujourd’hui en toute transparence : lorsque nous arriverons, dans un point précis, à une impasse à cause de la corruption ou de considérations relatives au partage des parts ou encore d’une incompréhension de certains besoins, nous reviendrons vers vous et nous solliciterons votre aide. Ce sera alors votre tour d’assumer les responsabilités. Nous n’en sommes pas là pour le moment. Mais nous pourrions y arriver. A ce moment-là, nous n’organiserons pas des sitins et nous ne couperons pas les routes à Baalbeck , au Hermel et à Zahlé, car cela nous ferait du tort à nous-mêmes. Nous ferons des manifestations et des si tins là où nous devrons le faire et notre voix sera forte. Je le répète, nous n’en sommes pas encore là, mais nous pourrons y arriver, surtout lorsqu’on voit l’irresponsabilité qui nous entoure ainsi que l’incompréhension des réalités  de cette région  à certains niveaux.

Le troisième et dernier point dans les soucis de la Békaa, c’est la déformation de l’image de cette région, notamment sur les réseaux sociaux. Je suis convaincu que c’est une démarche voulue et programmée, par ceux qu’on appelle « les armées électroniques ». Dès qu’il y a un crime ou un incident dans la région, les réseaux sociaux s’en emparent aussitôt pour déformer  son image. Pourtant, les crimes et les incidents se produisent partout, dans toutes les régions et dans toutes les familles. IL y a partout des gens mauvais et des criminels. Les pratiques individuelles inhumaines existent partout, dans toutes les régions et dans toutes les confessions.  Mais dès qu’une action de ce genre se produit à Baalbeck et Hermel, elle devient l’actualité la plus brûlante pendant plusieurs jours, dans une volonté de ternir l’image de cette région. Aujourd’hui, en cette célébration de la seconde libération, dans laquelle les habitants de la région ont eu un rôle déterminant sur le plan  des sacrifices et des martyrs,  nous disons que nous refusons toute tentative de déformer l’image de la région. Je ne le dis pas par courtoisie à votre égard. J’ai personnellement vécu parmi vous et je reste en contact permanent avec vous. En tout cas, nous, au Hezbollah, nous avons un grand nombre de frères de toutes les régions qui vivent côte à côte, se battent côte à côte, restent ensemble dans les bureaux, les permanences, les camps et les arènes des combats et du sacrifice. Nous savons donc avec pertinence que le vrai titre qui qualifie le mieux cette région, ses habitants et ses tribus, c’est la fierté, l’honneur, le courage, la noblesse de cœur et la disposition au sacrifice. Ils sont aussi soucieux de protéger leurs voisins et c’est pourquoi, depuis 1982, nous avons vu les jeunes de la région participer à tous les combats de la résistance. Les jeunes de Baalbeck-Hermel se sont rendus à Bint Jbeil, à Taybé, sur les lignes de démarcation au Sud et à toutes les batailles pour préserver les peuples de la région. Il y a eu des martyrs de Baalbeck-Hermel dans la bataille de Bou Kamal, celle de Deir Ezzor, d’Alep, de Damas, de Sitt Zeinab et dans toutes les régions. Je sais parfaitement que lorsque nous lançons un appel pour demander aux habitants de la Békaa et de Baalbeck-Hermel en particulier d’envoyer leurs hommes et leurs jeunes, ils n’hésitent pas une seconde à se présenter pour défendre la oumma, le pays et les symboles sacrés. Ils sont généreux en argent et surtout dans le fait de donner leur sang.

L’insistance de certains à déformer l’image de la région est liée à des considérations relatives à notre identité politique et à notre jihad. Nous devons faire face et l’Etat aussi doit le faire. Il ne s’agit plus ici d’une liberté d’expression, mais d’insultes systématiques adressées aux habitants d’une région dans son ensemble. Les plumes qui lancent ces insultes doivent être sanctionnées judiciairement. Sinon, il ne sera plus possible de contrôler les réactions, surtout lorsque la dignité est mise en cause.  Mais je dis aussi à nos gens à Baalbeck-Hermel qu’ils ont aussi une responsabilité dans ce sujet. Dans chaque famille, chaque tribu, il y a des notables, des cheikhs, des ulémas et des personnes influentes. Je leur propose de ne pas se taire face aux personnes de leurs familles qui nuisent  à leur réputation et à celle de la région. Il y a dans chaque tribu et dans chaque famille, de grands noms en matière de sciences, de savoir et de compétences, il y a des hommes de religion, des personnes nobles et de grandes compétences. Seulement, désormais, lorsqu’on prononce tel nom, c’est le côté négatif qui domine. Vous devez donc défendre vous-mêmes votre réputation et celle de vos familles et tribus. Au moins, vous devez vous asseoir ensemble pour voir comment régler le problème de ces phénomènes qui nuisent à vos familles, à vos tribus et à toute la région.

Je passe maintenant au sujet israélien.

Ce qui s’est passé hier soir est très dangereux. Je vais expliquer pourquoi car il faut que la position adoptée soit à la hauteur de l’événement et du danger qu’il représente. Bref, ce sujet ne doit pas être traité à la légère.

Ce qui s’est passé hier, c’est qu’un avion a violé hier soir le ciel de la banlieue sud. Cet avion est réglementaire et il est tombé entre nos mains. Nous le montrerons ultérieurement aux médias et nous nous entendrons avec les services officiels sur la façon de traiter ce sujet. Nous possédons aussi les débris du second avion, qui ne ressemble pas aux avions que nous louons dans les villes et les villages pour filmer des mariages ou des fêtes. Il s’agit au minimum d’un avion militaire réglementaire, de 2m de long et fabriqué de façon professionnelle à des fins militaires.

Le premier avion est entré de nuit dans la zone visée, dans une rue du quartier Moawad, dans la banlieue sud. Le premier avion était un avion chargé de la surveillance car il ne comportait pas d’explosifs. Il a survolé le quartier à basse altitude, au point de se faufiler entre les immeubles. Ce qui signifie qu’il devait donner une image très précise de la cible recherchée.

Comme l’ont dit les sources du Hezbollah, nous n’avons pas abattu cet avion. Ce sont les jeunes du quartier qui l’ont fait, en voyant cet avion de 2 m voler si bas. Je parle en toute transparence car ces réalités aident à comprendre ce qui se passe au lieu de laisser le champ libre aux illusions et aux inventions.

Les jeunes ont donc commencé à lancer des pierres sur l’avion, qui est tombé suite à un incident technique ou à cause des pierres qui lui ont été lancées. L’avion a en effet été atteint par une des pierres et c’est visible sur son flanc.

Après un court laps de temps, un peu plus de 2 minutes, le second avion est arrivé à un rythme offensif. Cet avion n’a pas commencé par survoler les lieux et il y a eu ensuite un incident quelconque qui a provoqué son explosion. Non, il s’agissait d’un avion d’attaque, chargé d’explosifs visant une cible précise dans la banlieue sud de Beyrouth au Liban. C’est une description précise, basée sur les faits. Quand je dis que ce qui s’est passé est dangereux, il ne faut pas chercher à le minimiser parce que grâce à Dieu, il n’y a pas eu de martyrs ou de blessés. Certes, des immeubles ont été endommagés, des vitres cassées et des balcons atteints, des meubles cassés, dans les bureaux et les maisons.

Par bonté divine, l’attaque a eu lieu la nuit de dimanche, en ces jours d’été. Car sinon, tout le monde sait que les enfants jouent au foot dans les rues principales de la banlieue sud les samedis et les dimanches. Or, ce dimanche soir-là, les gens étaient encore dans leurs villages au Sud ou dans la Békaa.  Si cela n’avait pas été le cas, il y aurait sûrement eu des martyrs et des blessés.

Il y a eu une explosion qui a été entendue par de nombreux habitants de la banlieue sud. Ce n’était pas une petite explosion. C’est une attaque-suicide par le biais d’un drone contre une cible dans la banlieue sud. C’est la première agression de ce genre depuis le 14 août 2006. Parce que si nous voulons la comparer à l’attaque de Janta il y a quelques années, nous constatons qu’à cette époque, ils ont frappé à la limite et il y a eu ensuite un cafouillage sur les terres libanaises et syriennes.

Mais là, il s’agit d’une agression claire et publique. Aujourd’hui, tous les médias israéliens parlent de deux drones- suicides, ou au moins un drone- suicide ayant visé la banlieue sud de Beyrouth.

Maintenant, certains à l’intérieur du pays ou certains médias satellitaires arabes diront : mais non, il s’agit d’une affaire locale, interne, car ces drones se trouvent sur le marché. C’est faux, j’espère que nous pourrons vous les montrer et vous verrez alors  que ce ne sont pas les drones que nous trouvons sur le marché. D’ailleurs, les Israéliens ont reconnu implicitement, à travers les médias, avoir lancé cette agression aérienne.

C’est donc une violation des règles de la confrontation qui ont été établies après la guerre de juillet. C’est une violation claire et importante, je ne parle pas ici des nombreuses violations aériennes ou terrestres. Tout cela, ça allait encore. Mais là il s’agit d’un niveau différent et c’est grâce à Dieu qu’il n’y a pas eu de martyrs ou de blessés.

En ce qui nous concerne, nous pensons que Netanyahu  lorsqu’il a pris la décision, pensait que l’affaire pouvait passer et que certains diraient : voilà il n’y a pas eu de martyrs et de blessés, tournons donc la page.

Que les Libanais, et tout le monde, m’écoutent bien. Si nous nous taisons sur cette agression, elle ouvrira la voie à un processus très dangereux  pour le Liban. Cela signifiera que tous les deux ou trois  jours, un drone piégé attaquera tel immeuble, tel lieu, tel champ, telle mosquée etc sous prétexte qu’il s’agit d’un drone et on ne sait pas d’où il vient.

Ce serait donc une réédition du scénario  qui se déroule actuellement en Irak. Que tout le monde m’écoute bien. Ce scénario  a commencé en Irak depuis quelques semaines. Il vise des dépôts du Hach el Chaabi, dans des mohafazats différents. Des drones sont envoyés puis il y a des explosions. Si le drone lance un missile ou un autre vient l’aider, tout cela sera apparaîtra dans le cadre de l’enquête.

Il y a donc une première explosion, suivie d’une autre, d’une troisième et d‘une quatrième, avec des allusions israéliennes, au moins des allusions sur une responsabilité israélienne, car Netanyahu a besoin de cela. J’en parlerai un peu.

C’est le processus qui se déroule en Irak. Il y a je crois déjà 5 attaques  et ils peuvent continuer comme cela. Les Irakiens ne savent pas comment réagir et traiter ce problème. C’est le problème du gouvernement irakien, de son armée, du hach el Chaabi et du peuple irakien. Je ne mêle pas de leurs décisions.  Mais concernant le Liban, nous n’accepterons pas un scénario identique. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour éviter un tel scénario. Je dis bien : tout ce que nous pouvons.

L’Etat fait ce qu’il peut. Il a considéré que ce qui s’est passé dans la banlieue sud est une agression. Il a déposé une plainte en ce sens au Conseil de sécurité. Ils parlent avec les Américains et les Européens. Tout cela est très bien. Mais cela n’arrête pas le processus dangereux qui pourrait  détruire de nouveau le Liban. Ou en tout cas le ramener à la période d’avant 2000. Nous, au sein de la résistance islamique, nous n’accepterons pas cela quel qu’en soit le prix. L’époque où les avions israéliens pouvaient bombarder là où ils veulent au Liban, alors que les régions de l’entité israélienne sont à l’abri, est révolue.

Aujourd’hui, j’ai lu que l’armée israélienne disait aux habitants du Nord : « Il n’y a rien, retournez à votre vie normale ». Aujourd’hui, à partir de cette localité dans la Békaa, à l’occasion de la seconde libération et après avoir vaincu Daech et Nosra, les gens des Etats-Unis et d’Israël au Liban, je dis aux habitants du nord de la Palestine occupée : « ne vivez pas, ne soyez pas rassurés, ni tranquilles. Ne misez pas un instant sur le fait que le Hezbollah pourrait laisser passer sans rien faire une agression de ce genre ».

Ecoutez-moi bien là aussi : le début de la riposte sera ce qui suit : pour nous, les drones israéliens qui survolent le Liban ne constituent plus une violation de la souveraineté. Il ne s’agit plus de drones pour collecter des informations. Il s’agit de drones piégés, suicides, qui viennent exécuter des assassinats et qui viennent tuer.

Cela exige une petite explication. Depuis 2000 et plus tard, depuis 2006, nous avons vécu avec le survol par les drones israéliens de notre espace aérien. Nous pouvions les abattre, mais nous ne le faisions pas pour ne pas permettre à des voix libanaises de nous accuser de vouloir créer un problème ou entraîner le pays dans une confrontation, porter un coup au tourisme et à l’économie. Nous avons donc ignoré le survol des drones bien qu’il n’ait pas pour seul objectif de violer la souveraineté aérienne libanaise, mais aussi d’exécuter des missions sécuritaires en survolant la banlieue sud de Beyrouth et Baabda, ainsi que toutes les régions libanaises. Les gens dans leurs villages entendent le bruit gênant  des drones depuis 2000 et nul n’a rien fait pour les arrêter.

Rappelez-vous que j’ai à plusieurs reprises ouvert ce sujet en demandant à l’Etat, au gouvernement et aux responsables de trouver une solution, surtout que la résolution internationale adoptée à la fin de la guerre de juillet interdit les violations israéliennes. Pourquoi, dans ce cas, celles-ci ne s’arrêtent-elles pas ?

Donc, désormais les drones sont chargés de missions sécuritaires. Dans ce cas, il est de notre droit de les abattre. Nous ne le ferons sans doute pas à chaque fois, ni chaque vendredi. Cela reste tributaire de la tactique adoptée. Mais la décision est prise : désormais nous affronterons les drones israéliens dans le ciel libanais. Je le dis même si je sais que cette décision dérangera quelques uns. Tant pis ! Les Israéliens doivent noter que c’est désormais notre décision. Nous n’attendrons plus personne et nous n’accepterons plus que nos villes, nos localités et notre souveraineté soient bafouées. Il n’est plus permis de mettre en cause  notre souveraineté et notre sécurité. C’est fini.

Si quelqu’un au Liban est soucieux d’éviter les développements de ce genre, qu’il parle aux Américains, qui, à leur tour, parleront aux Israéliens, pour qu’ils aillent se cacher. Qu’ils aillent se cacher !

Le second point sur lequel je voudrais m’arrêter est ce qui s’est passé en Syrie. Je développerai deux points précis avant de conclure par un mot aux Israéliens qui s’apprêtent à se rendre aux urnes.

En Syrie, il y a donc eu hier soir, un bombardement aérien qui a visé une maison, dans la localité de Akraba, dans la banlieue de Damas. Netanyahu est fier de ce qu’il a accompli. Il l’a annoncé et l’armée de l’ennemi a annoncé avoir visé une permanence de la Force Al Qods et donc que les cibles étaient iraniennes. Ils se sont ainsi présentés comme des héros nationaux, courageux et capables.

Netanyahu ment ainsi au peuple israélien, s’il y en a un. Il ment aux colons qui occupent la Palestine, il ment à ses gens, à son peuple et leur vend des mots creux, contraires aux réalités sur le terrain.

Hier, l’armée de l’air israélienne n’a pas bombardé la force Al Qods, mais il a bombardé une permanence du Hezbollah. Il ne s’agit même pas d’une position militaire, mais d’un appartement, dans lequel les jeunes viennent se reposer. Dans cette maison bombardée, il n’y avait que des jeunes libanais du Hezbollah. Dans ce lieu, il y a donc eu hier deux martyrs, Hassan Youssef Zbib et Yasser Ahmed Daher.

Netanyahu et l’armée israélienne savent que nous ne plaisantons pas. Vous l’avez vu après  avoir tué nos frères et ceux que nous chérissons à Quneïtra. Il y a quelques jours aussi, je ne plaisantais pas. , lorsque j’ai dit si les Israéliens tuent un de nos frères en Syrie, nous riposterons au Liban et non dans les fermes de Chebaa. Je précise bien des Libanais, pour que nul ne vienne me dire ensuite qu’est-ce que nous avons à voir s’ils tuent des frères syriens ou irakiens ou iraniens, pourquoi voulez-vous ouvrir un affrontement ?

Je dis donc ce soir à l’armée israélienne  postée à la frontière de se tenir près du mur sur un seul pied, prête à s’enfuit et de nous attendre. Ils peuvent attendre un jour, deux, trois ou quatre, mais ils doivent nous attendre. Je précise aussi qu’ils ne nous attendent pas seulement sur un seul pied à la frontière. En fait, il y a deux sujets, mais ils sont devenus interdépendants. Même si je veux ignorer ce qui s’est passé à Damas, l’attaque contre la banlieue sud est suffisante pour provoquer de notre part une riposte différente. Mais, en plus, ce qui s’est passé aussi dans la banlieue de Damas ne passe pas. Avec nous, cela ne passe pas.

Ce que je veux dire aux Israéliens, c’est que Netanyahu ne se soucie que des élections. Ils ont pris l’habitude, dans les partis israéliens de mener leurs élections avec le sang des Palestiniens, des Libanais, des Syriens et des Irakiens et avec le sang des peuples de la région. Mais cette fois, Netanyahu est en train de mener les élections avec le sang des Israéliens eux-mêmes. Il joue avec votre sang, vous les Israéliens. Il va vous amener le feu de toutes parts. Qu’a-t-il donc à faire en Irak ?  pourquoi vise-t-il les dépôts du Hachd al Chaabi ?  Il va vous amener le feu irakien, ainsi que le feu syrien, le feu libanais et le feu palestinien avec le blocus qu’il impose à Gaza et les agressions répétées contre la Cisjordanie, ainsi qu’avec son arrogance à l’égard des Palestiniens. Cet homme qui a peur des résultats des élections, qui a plusieurs dossiers de corruption sur le dos n’a donc aucun problème à utiliser le sang  des gens pour se faire élire. Son sort hésite entre la présidence du Conseil ou la prison.  Il n’a donc pas de problème à utiliser le sang des gens dans les élections. Je m’adresse aux Israéliens pour leur dire qu’il les mène vers le gouffre et il les y entraînera s’il continue à agir ainsi.

Chers frères et sœurs, c’est nous qui avons réalisé cette seconde libération, nous, les Libanais, peuple, armée et résistance, services de sécurité, Etat, forces politiques, civils, religieux, régions, familles et tribus. Nous avons façonné notre sécurité dans la Békaa, au Sud et dans tout le Liban, avec nos propres mains. Nous avons réalisé notre sécurité avec nos mains, notre sang, celui de nos soldats et de nos résistants. Nous avons assumé la responsabilité de faire de ce pays un havre de paix et de sécurité, dans une région que sont en train de détruire les Etats-Unis et leurs hommes. Nous ne permettrons pas aux aiguilles de la montre de revenir en arrière. Nous n’accepterons pas que le Liban soit ouvert aux agressions, aux bombardements, aux tueries et aux explosions. Nous n’accepterons pas que nos interdits soient transgressés. Pour nous, c’est une ligne rouge et chacun doit assumer ses responsabilités à cet égard.

Nous espérons qu’il y ait une position nationale unifiée, forte et courageuse. Le retour aux divisions et vexations anciennes ne changera rien, mais peut nuire au pays. Avec la bénédiction que constituent ces victoires, et à partir d’une position de force, d’une vision claire et d’un grand éveil, nous protègerons notre pays, à partir de toutes les frontières, celles du Sud, de l’Est et du nord, ou encore dans la mer. Et désormais, nous protègerons notre ciel autant que nous le pouvons et selon les considérations de sagesse, de responsabilité et d’intérêt du pays. C’est la nouvelle étape qu’a imposé l’ennemi et nous serons à la hauteur, vous aussi.  Si quelqu’un mise sur le fait que nous sommes en position de faiblesse ou de fragilité et s’il est content du blocus économique et financier qui nous est imposé, c’est qu’il ne nous connaît pas. Nous sommes prêts à supporter la faim pour rester dignes. Nous sommes prêts à vendre nos maisons pour nous battre et nous n’acceptons pas que l’on touche à notre dignité, à notre fierté et à notre existence au Liban et dans la région.  C’est ce que nous avons toujours fait dans le passé et c’est le message que nous ont donné nos martyrs , dans la Békaa, à leur tête notre chef sayed Abbas Moussawi, et tous les autres martyrs qui ont brandi  cette bannière sur toutes les scènes et les arènes. Mon message aujourd’hui  est clair, je le lance en votre nom à tous et il ne supporte aucune interprétation : nous sommes devant une nouvelle étape et que chacun assume ses responsabilités. Nous sommes d’ailleurs en tête.

Je vous souhaite d’être en paix et je vous donne rendez- vous pour de prochaines victoires.

 

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