Pr. Habib à AlAhed: le limogeage de Bolton, un simple changement dans la tactique mais pas dans la stratégie US
Par Sara Raad
A «la surprise générale», le président des Etats-Unis Donald Trump a annoncé ce mardi sur Twitter le limogeage de John Bolton, son conseiller à la sécurité nationale. «Un limogeage qui traduit l’échec de la politique étrangère de l’administration Trump sur tous les fronts», a affirmé au site libanais AlAhed le Pr. Camille Habib, doyen de la Faculté de Droit et des Sciences Politiques et Administratives à l'Université libanaise.
«Malgré qu’il soit l’un des faucons néo-conservateurs le plus proche de Trump, le président américain a sacrifié Bolton à l’autel de son échec dans la politique étrangère», a indiqué l’expert des affaires américaines.
«J'ai informé John Bolton hier (mardi) soir que ses services ne sont plus nécessaires à la Maison Blanche. Je suis fermement en désaccord avec nombre de ses suggestions, à l'instar d'autres membres de l'administration, et donc... J'ai demandé à John sa démission, qui m'a été remise ce matin (mercredi), a écrit Donald Trump sur Twitter.
Pr. Habib a souligné que John Bolton, 70 ans, «un va-t-en-guerre, était la raison de l'annulation de négociations dans plusieurs dossiers».
Et de détailler: «Il a entravé les négociations directes avec Téhéran et a fait échouer les initiatives japonaises, omanaises et françaises concernant l’accord sur le nucléaire iranien. Il était notoirement hostile à la main tendue de Donald Trump au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Et dernièrement, il était derrière l'annulation d'une rencontre secrète prévue à Camp David entre le président américain et les talibans avec lesquels Washington négociait depuis plusieurs mois un accord de paix sur l'Afghanistan».
Rouvrir les négociations avec Téhéran
Sur le dossier iranien, Pr. Habib affirme que par ce limogeage, le président Trump pense considérablement à rouvrir les négociations avec Téhéran surtout en mettant a l’écart une personnalité qui complique sa communication avec son homologue iranien Hassan Rohani.
L’expert libanais a insisté sur le fait que cette annonce de Trump était un net recul de l’administration américaine face à l’axe de la résistance.
«Cette marche arrière vient en conséquences aux nombreuses victoires de l’axe de la résistance, notamment la dernière riposte du Hezbollah aux attaques israéliennes et l’annonce par son secrétaire général, sayed Hassan Nasrallah, de nouvelles équations d’engagement entre le Liban et l’entité sioniste», a-t-il noté.
Considérant que ce limogeage –étant une affaire de la politique extérieure- n’a aucune influence sur les présidentielles américaines, Pr. Habib a refusé de donner une importance au nom du successeur de Bolton.
«Peu n’importe le nom du nouveau conseiller à la sécurité nationale, la politique étrangère américaine ne changera pas, a-t-il martelé. «Bolton était un fonctionnaire, son limogeage pourrait introduire un simple changement dans la tactique mais pas dans la stratégie américaine.»
«L’axe de la résistance doit rester toujours vigilant à l’encontre de la politique étrangère américaine, fortement fidèle au projet sioniste dans le Moyen-Orient», a conclu Pr. Habib.