Emié: Le 14 mars veut qu’Israël accomplit le sale boulot

Câble numéro: 06beirut2413
Date: 18 juillet 2006
Sujet: fâché de l'attaque israéliennes des forces armées libanaises, l'ambassadeur français craint que les ennemis de la souveraineté ne sèment la discorde entre la France et les Etats Unis
Envoyé par l'ambassadeur Jeffry D. Feltman

Résumé
1. Bien qu'il reconnait qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans les activités de la base militaire libanaise à Jamhour, l'ambassadeur français Bernard Emié a qualifié les dernières frappes israéliennes ciblant les installations de l'armée libanaise d'injustifiées. "Si la campagne israélienne se poursuivra au même rythme nous avons toutes les raisons d'évacuer nos  ressortissants du Liban" a-t-il dit. Tandis que la coalition de 14 mars semblait compter sur les israéliens pour couper les ailes du Hezbollah, Emié se doutait de la capacité de cette campagne de le faire. Il a jugé mauvais présage la place améliorée de Hezbollah qui poursuit ses attaques à la roquette contre Israël, alors que les ennemis de la souveraineté libanaise ont réussi à  causer un clivage entre la France et les Etats Unis au sein du conseil de sécurité. Il a averti que si le conseil de sécurité n'agit pas immédiatement pour contenir la crise aggravée, la France prendra sa propre initiative au sein du conseil ce qui serait considéré comme une victoire du Hezbollah et de la Syrie selon Emié lui-même.
(Fin du résumé)              

2. Détruire l'armée... détruire l'Etat
Lors d'une brève visite qu'a rendue l'ambassadeur à son homologue français Bernard Emié dans l'après-midi de 18 juillet, Emié a jugé "injustifiée" l'attaque israélienne qui a visé dans la matinée l'unité de génie dans l'armée libanaise à Jmahour (à proximité du siège du ministère de la défense). Israël aurait dû être clairement informé qu'en détruisant l'armée il détruit l'Etat. Il s'est interrogé "veulent-ils donner le pays à l'Iran, la Syrie et au Hezbollah?". Emié s'est dit profondèment soucieux de voir l'armée qui en tout cas n'a pas riposté aux frappes israéliennes, se tenir à côté du Hezbollah.     

3. Emié a dit qu'il a parlé le même jour au commandant en chef de l'armée Michel Sleiman qui s'est montré "choqué". Cependant Sleiman, "confondu mais en même temps très logique", a informé Emié que l'armée ne tirera pas par colère que si elle est attaquée de nouveau.      
L'ambassadeur a dit à Emié qu'il y ait eu des informations que l'unité précitée ou ses employés avaient des activités douteuses qui pourraient avoir facilité les attaques de Hezbollah. Malgré qu'il était convenu qu'il y avait quelque chose de suspect autour de Jamhour, Emié a considéré que les dangers qui menacent le Liban sont plus grands que le risque de nouvelles attaques contre les forces armées.
 
4. Des craintes concernant l'évacuation    
Emié a poursuivi que "si la campagne aérienne continuera au même rythme nous avons toutes les raisons d'évacuer nos ressortissants du Liban et immédiatement". Il était "très inquiet" quant à l'environnement sécuritaire pour une évacuation à grande échelle si le bombardement israélien des civils, de l'infrastructure et des forces armées se répète. "Ils vont tirer sur nous" a-t-il dit.
5. Emié était d'accord qu'un cessez-le-feu immédiat fera du Hezbollah un victorieux. "Ce sera un désastre" a-t-il dit, mais il donnera aux libanais une chance de respirer. Tandis que la coalition de 14 mars dirigée par Saad Hariri veut qu'Israël accomplit le "sale boulot" concernant le désarmement du Hezbollah, la campagne israélienne ne réussira pas à le faire si elle continuera de la même manière.
En même temps la capacité du Hezbollah de bombarder Israël par ses propres missiles n'a fait qu'augmenter sa stature de plus en plus. L'avenir fait peur, a exprimé Emié.  

6. Le danger de la fissure entre les Etats Unis et la France au conseil de sécurité
Emié s'attendait à ce que la France prendra dans les jours à venir une initiative au conseil de sécurité pour prendre une décision concernant la situation actuelle. Il était très préoccupé par la possibilité d'un accord entre les Etats Unis et la France sur une telle décision. "Ce sera une grande victoire pour les ennemis de la souveraineté au Liban s'ils parviennent à créér une fissure entre les Etats Unis et la France concernant le Liban" a-t-il dit.  

Feltman