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Siniora: Paix et sécurité pour Israël, paix et désarmement pour le Liban

Siniora: Paix et sécurité pour Israël, paix et désarmement pour le Liban
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Câble numéro: 06BEIRUT2504
Date: 1 août 2006  7:01
Sujet: Siniora croit que son peuple lui fait confiance, et le conseil des ministres et la France soutiennent sa tactique
Envoyé par l'ambassadeur Jeffry D. Feltman

Résumé:
1. Dans un entretien, avec l'ambassadeur et un diplomate politique (de l'ambassade), tenu tard dans la journée de 31 juillet, le premier ministre Siniora a expliqué que son refus de mener des négociations sans un cessez-le-feu lui a donné la crédibilité et le soutien de toutes les parties politiques, dont il a besoin pour parvenir à un cessez-le-feu.
(Fin du résumé)        

2. Siniora a qualifié la situation chauffée entre le Hezbollah et les forces israéliennes de très difficile, surtout qu'aucune des deux parties ne peut se débarasser de l'autre. Il a dit que l'attaque israélienne sur Qana hier a attiré les attentions, elle pourrait même ouvrir la voie vers un cessez-le-feu permanent. Commentant ses propos devant les membres du corps diplomatique le 30 juillet où il a refusé toute négociation avant le cessez-le-feu, Siniora a expliqué que c'était une nécessité politique, ajoutant que s'il avait rencontré la ministre des AE comme a été prévu, il aurait perdu sa crédibilité auprès des libanais, et sa capacité de poursuivre les négociations. Il a conclu "nous avons fait la bonne chose".

3. Siniora a également dit qu'il comprend le refus du gouvernement israélien d'un cessez-le-feu sans qu'il y ait un déploiement d'une force crédible qui impose la stabilité, or il a souligné la nécessité d'une décision politique ferme de la part du conseil de sécurité de déployer cette force dès que l'accord de cessez-le-feu est appliqué. Il a ajouté "la situation actuelle ne supportera pas un retard dans l'application du cessez-le-feu. L'ambassadeur a ensuite expliqué que les Etats Unis envisagent l'application du cessez-le-feu au moment où le conseil de sécurité adoptera la résolution.         

4. Dans une allusion à ses longs entretiens avec le ministre français des AE, Siniora a dit que la France a commencé à écrire la première version de la résolution. Siniora a refusé la proposition de l'ambassadeur que les Etats Unis préludent toute décision par une lettre adressée au conseil de sécurité lui réclamant de commencer à rédiger la résolution, barrant ainsi la voie à la Russie et la Chine en cas d'objections.


5. Siniora semblait trop gêné par la pression exercée par l'ambassadeur américain à plusieurs reprises concernant cette lettre et la nécessité qu'il joue (Siniora) un rôle essentiel dans la détermination de la nature des forces de stabilisation. Siniora a expliqué que même Douste-Blazy ne pense pas que la lettre est nécessaire, en plus le ministre iranien des AE arrivera à Beyrouth plus tard dans la journée où il rencontrera les responsables français. Il est certain que Moutaki recrutera les ministres de Hezbollah et peut être ceux du mouvement Amal pour entraver les tentatives de déployer les forces de stabilisation et adopter des positions plus fermes. Pour cela, Siniora ne voit la moindre chance de l'adoption du conseil des ministres de cette lettre, (sachant que l'approbation du cabinet dans ce cas là est essentielle, vu les pouvoirs limités accordés par la constitution libanaise au premier ministre). Si Siniora propose la lettre auprès du conseil des ministres, elle sera non seulement refusée mais menacera le consensus du conseil sur les sept points.

6. Après son discours de dimanche qui a touché une corde sensible au niveau local, Siniora dit qu'il souhaite l'approbation immédiate des deux gouvernements libanais et israélien des sept points. Interrogé sur la possibilité d'accepter son plan sans aucun changement, il a dit que dans le cas de la mise en oeuvre des sept points et la présence de forces de maintien de la paix efficaces et capables de les appliquer, Israël réalisera ce qu'elle ne pouvait pas déjà réaliser: une frontière nord sûre et stable. "Ils (les israéliens) auront ce qu'ils voulaient toujours" Siniora a dit, soulignant que les tentatives des israéliens de réaliser un meilleur accord leur feront perdre la chance.

7. Siniora a dit que les gouvernements libanais et israélien se sont noyés dans les détails tout en oubliant l'essentiel objectif: la paix et la sécurité pour Israël, la paix et un Hezbollah désarmé pour le Liban. Il a ajouté que les régimes syrien et iranien sont les seuls à bénéficier du débat autour de l'accord de cessez-le-feu proposé et la résolution onusienne en rapport.

8. Lorsque nous l'avons interrogé sur la source de confiance, qui ne peut être expliquée, que le Hezbollah se retirera au nord de Litani tout en préservant ses armes lourdes ou renoncera à ses armes pour l'armée libanaise, Siniora s'en est montré sûr, mais sa communication permanente avec le Hezbollah via Nabih Berri et autres négociateurs chiites le laisse croire que le Hezbollah y pense et qu'il est sur le point d'accepter une des options mentionnées.

Il pense que la France est prête à diriger les forces de maintien de paix

9. Parmi les autres domaines dont Siniora a senti un développement rapide, la capacité de la France de jouer le rôle de leader des forces de maintien de paix multinationales, (que Siniora appelle souvent les forces de l'ONU). Il a fait état du succés de ses pourparlers avec le ministre français des AE, où tous les détails ont été évoqués.
(Remarque: Siniora et son conseiller principal l'ambassadeur Mohamad Chatah étaient en bonne humeur durant la réunion qui les a joints avec l'ambassadeur américain. C'était après leurs entretiens avec Douste-Blazy. Fin de la remarque)            


10. Siniora s'est montré confiant que le premier contingent à être déployé sera le français formé de mille soldats qui constitueront le nucléus des forces de maintien de paix qui seront rapidement déployées.

11. Lors de notre entretien, Siniora a reçu un coup de fil du premier ministre britannique Tony Blair avec qui il a eu une longue conversation. Quand il a fini, il a souligné que Blair coordonne avec les français concernant la formation de l'unité précitée.
Il a également mentionné indirectement l'engagement des britanniques pour assurer la surveillance afin d'aider dans la tâche de surveillance requise pour les forces.           
Créer les conditions nécessaires

12. Siniora a désigné le ministre de la culture Tarek Mitri pour présenter le gouvernement libanais dans les discussions du conseil de sécurité à New York, exprimant une confiance exceptionnelle que les choses vont dans le bon sens.        

13. Comme c'était le cas dans toutes les réunions précédentes, Siniora a insisté sur l'importance de la question des Hameaux de Chebaa, soulignant qu'elle est essentielle pour briser la sympathie de l'opinion publique avec le Hezbollah. Il a rapidement terminée la réunion exprimant ses observations que les opinions publiques libanaise et arabe ont mis depuis longtemps les Etats Unis au banc des accusés et qu'il est temps d’y mettre l'Iran. Cela peut être réalisé en adoptant cette position en ce qui concerne les Hameaux de Chebaa (c'est à dire mettre la région citée sous une tutelle temporaire de l'ONU).                      
      

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