Amazonie: Bolsonaro s’en prend à l’Europe, les feux progressent
Par AlAhed avec AFP
«L'Europe n'a pas de leçon à donner» au Brésil, a lancé vendredi le président Jair Bolsonaro à propos de l'Amazonie où le nombre d'incendies a fortement progressé la veille en dépit de l'entrée en vigueur de l'interdiction des brûlis.
Au même moment, le chef de la diplomatie Ernesto Araujo et Eduardo Bolsonaro, fils du président et député, étaient attendus à la Maison blanche pour un entretien avec «de hauts responsables de l'administration», a déclaré un officiel à Washington, sans confirmer la rencontre avec le président Donald Trump annoncée la veille par Jair Bolsonaro.
Sur le terrain, les feux de forêt ont connu une importante progression en 24 heures jeudi, jour où est entrée en vigueur une interdiction temporaire des brûlis décrétée par Jair Bolsonaro. L'armée a déployé depuis le week-end dernier 18 avions et 3.900 hommes pour lutter contre les flammes en Amazonie.
Quelque 2.300 nouveaux départs de feu ont ainsi été enregistrés au Brésil par l'Institut national de recherche spatiale (INPE), dont près de 1.500 dans les neuf Etats d'Amazonie.
Le total des incendies enregistrés dans le pays depuis janvier est de plus de 87.000, au plus haut depuis l'année 2010, où plus de 132.000 avaient été relevés sur la même période.
Le Para était l'Etat le plus affecté avec 587 nouveaux feux en 24 heures (+67%). Dans le Rondônia, où l'armée a concentré ses efforts, 67 nouveaux foyers ont été relevés, trois fois plus que la veille.
Il «n'est pas vrai» que la forêt amazonienne soit «en feu», avait affirmé jeudi soir M. Bolsonaro en direct sur Facebook, tout en assurant que «les incendies cette année sont inférieurs à la moyenne de ces dernières années».
Il a accusé la presse brésilienne de «nourrir» l'inquiétude internationale à ce sujet.
«Retour à la normalité»
Vendredi, il s'en est pris à l'Europe.
Il a estimé que l'Europe «n'avait pas de leçon à donner» au Brésil sur l'environnement, alors qu'il est sous une forte pression depuis plus d'une semaine.
M. Bolsonaro a annoncé à des journalistes à Brasilia qu'il devait s'entretenir au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel. Il a ajouté avoir perçu chez elle un désir «de retour à la normalité», après des échanges tendus lorsque l'Allemagne a suspendu début août une partie de ses subventions à la préservation de l'Amazonie.
Jair Bolsonaro avait notamment conseillé à la chancelière de «reboiser l'Allemagne».
Il a répondu au journaliste qui l'interrogeait sur ses derniers propos: «elle (Mme Merkel) ne veut pas avoir une relation amoureuse avec moi, et toi tu veux compliquer les choses. Ce n'est pas seulement l'Allemagne, mais toute l'Europe qui n'a pas de leçon à nous donner sur l'environnement».
Le président brésilien a ajouté être «prêt à parler avec un pays ou un autre, sauf (avec) notre cher Macron, tant qu'il ne se rétractera pas sur la souveraineté (du Brésil) sur l'Amazonie».
Jair Bolsonaro demande depuis trois jours que le président français, qui avait estimé que la question de la souveraineté sur l'Amazonie était ouverte, retire ses «insultes». Le Brésil abrite 60% de la forêt amazonienne.
Il n'a pas accepté une aide de 20 millions de dollars du G7 pour l'Amazonie exigeant, comme préalable à toute discussion, une rétractation de M. Macron. Il avait également accusé l'Allemagne et la France d'«être en train d'acheter la souveraineté du Brésil» avec cette aide.