Sur le chemin de la justice, l’oppression devient une force d’inspiration
Par Nour Rida*
Très peu de choses ont été écrites sur la situation de cheikh Ibrahim Zakzaky dans les principaux médias, et pourtant, de nombreuses personnes s’informent de plus en plus sur son état et sa cause. Les Nigérians manifestent dans les rues de la capitale pour exiger la libération immédiate du cheikh malade.
Cheikh Zakzaky, âgé de plus de soixante ans, a perdu la vue lors d'un raid mené en 2015 par les forces de sécurité coûtant la vie à plus de 300 de ses partisans et à trois de ses fils. Sa femme a également été gravement blessée. La Commission islamique des droits de l’homme (CIRH), basée à Londres, a déclaré plus tôt cette semaine que l’état de santé du cheikh se détériorait davantage, depuis que ce dernier a été empoisonné en prison.
Souhaila Zakzaky, la fille de l’homme religieux, a signalé au site AlAhed, que «toutes les informations concernant la situation de mon père indiquent qu’il a toujours du mal à bouger. Il éprouve une grande douleur physique et, par conséquent, il a du mal à dormir. Sa tension artérielle fluctue sans cesse. En général, nous sommes très inquiets, les médecins n'ont pas été en mesure de mener un diagnostic approprié sur son état. Donc, il n'y a pas d’informations sures et détaillées sur son état de santé.»
Selon des rapports, les examens médicaux qu’a effectués le cheikh ont révélé que les niveaux de toxicité au plomb dans son corps étaient bien supérieurs aux niveaux précédemment relevés et 45 fois supérieurs à la limite normale. Ils ont également constaté des niveaux préoccupants d’empoisonnement au cadmium. Les médecins ont conclu que cheikh Zakzaky risquait de mourir s'il n'était pas soigné de toute urgence à cause du niveau élevé de toxicité.
La fille du cheikh a déclaré qu'elle n'avait aucune information sur la manière dont l’empoisonnement au plomb avait eu lieu. «Je ne sais pas exactement comment le plomb a atteint ce niveau dans le corps de mon père, une équipe médicale doit enquêter pour savoir s'il a été empoisonné ou expliquer comment cela est-il arrivé».
Souhaila a affirmé qu'elle est en contact direct avec son père: «Oui, nous avons un contact direct avec lui, car ils lui ont donné un téléphone. Depuis le procès, ils lui ont permis de le garder.»
Selon cette jeune militante, les Nigérians protestent contre l'injustice à laquelle est soumis cheikh Zakzaky. «Comme vous le savez, il y a eu des manifestations presque quotidiennes condamnant l’arrestation de cheikh Zakazaky, un nombre important de citoyens sont opposés aux mesures prises par le gouvernement», a-t-elle déclaré, ajoutant qu’«il y a aussi des gens qui croient les fausses informations diffusées et soutiennent le gouvernement. Le président-adjoint a tenu une conférence de presse affirmant que le gouvernement n’intervenait jamais dans le processus judiciaire. Cependant, le mouvement islamique du s'efforce de sensibiliser la population afin que les gens puissent comprendre ce qui se passe réellement. Les gens réalisent la vérité de manière impressionnante et même de nombreux membres du gouvernement condamnent aujourd'hui ce qui se passe.»
Souhaila explique comment cette expérience avait affecté sa vie, «je dirais que nous nous attendons toujours à de possibles adversités, et que le massacre et les événements qui ont suivi me semblent être le prix de ce chemin et le fardeau de cette voie (la voie de la justice, ndrl). La seule chose que je peux dire, c'est que cela a changé ma vision du mode. Vous savez que nous avons déjà présenté des sacrifices dans cette voie, cela est une source d’inspiration et de motivation qui, espérons-le, nous rendrait plus fidèles».
En outre, Souhaila a souligné qu'elle était fermement convaincue que la détention de son père renforçait le mouvement islamique du Nigeria (MIN). «Je pense que beaucoup de gens apprennent davantage sur le mouvement non seulement à cause de la détention de mon père, mais aussi à cause des massacres qui ont eu lieu. En ce qui concerne le Nigéria, par exemple, nous avons eu davantage de partisans et de fidèles suite à ces évènements. Ces personnes qui manifestent leur soutien au MIN ne s’étaient pas intéressés auparavant au mouvement, et ne savaient même pas de quoi il s’agissait. Mais maintenant, ils éprouvent un grand soutien au mouvement. Même au niveau international, je pense que les gens, surtout à l’étranger, ne connaissaient pas grand-chose au sujet du mouvement islamique et malgré le blackout médiatique, de nombreuses personnes se sont informées sur le mouvement islamique et ont exprimé leur grande sympathie à l’égard du mouvement, et donc oui… je pense que les évènements qui ont eu lieu renforcent le MIN.»
Souhaila a conclu qu'elle continuera, comme beaucoup d'autres jeunes militants, à participer aux manifestations pour faire entendre sa voix et son objection à la détention injuste du cheikh, qui est non seulement un père pour elle, mais aussi un chef et un dirigeant.
*Traduit de l'anglais (original)