Enquête russe: le procureur Mueller confirme qu’il n’a jamais disculpé Donald Trump
Par AlAhed avec AFP
Le procureur spécial Robert Mueller, chargé d’enquêter sur l’ingérence russe lors des dernières élections américaines, a réaffirmé mercredi, devant le Congrès, que son rapport, rendu partiellement public en avril dernier, ne disculpait pas totalement Donald Trump et que le politicien pourrait être inculpé une fois son mandat terminé à la Maison-Blanche.
Avec des réponses laconiques et beaucoup de questions laissées sans réponse pour ne pas nuire à des enquêtes en cours, a-t-il précisé, l’ex-directeur du FBI a témoigné toute la journée devant la commission judiciaire, puis celle du renseignement de la Chambre des représentants, à qui il a confirmé que l’ingérence russe dans la dernière campagne n’était «pas un canular», contrairement à ce qu’aime répéter Donald Trump.
«Notre enquête a conclu que le gouvernement russe s’est ingéré dans notre élection de manière généralisée et systématique, a-t-il indiqué. Tout au long de ma carrière, j’ai vu un nombre d’attaques contre notre démocratie. Les efforts du gouvernement russe pour s’ingérer dans notre élection font partie des plus graves.»
Questionné par le président de la commission judiciaire, Jerrold Nadler, Robert Mueller a largement contredit le président et ses affirmations — «pas de collusion», «pas d’obstruction» —, qui selon lui tirent des conclusions que son rapport ne contient pas. «Il est exact de dire que mon rapport ne disculpe pas le président Trump pour l’obstruction à la justice», a-t-il indiqué.
Par ailleurs, sur la question de la collusion entre l’entourage de Trump et les Russes, M. Mueller a rappelé que son équipe n’avait pas accumulé assez de preuves pour inculper certains membres de la campagne de Donald Trump, soupçonnés d’avoir conspiré avec un État étranger dans le but de faire tourner la course électorale à l’avantage du candidat républicain. Une question de preuves seulement qui, selon lui, ne doit pas être interprétée par le président comme une absence de collusion, a-t-il rappelé. L’utilisation d’un système de communications cryptées par l’entourage de Trump a d’ailleurs été un obstacle à son enquête, a-t-il admis.
Dans une réponse au démocrate Cedric Richmond, de la Louisiane, qui évoquait le fait que le président a «essayé de se protéger en demandant à son personnel de falsifier des documents pertinents pour l’enquête», M. Mueller a confirmé qu’une telle atteinte au processus d’enquête commandé par le chef de l’État a pu se produire. «Cela résume bien la situation», a-t-il dit.
Destitution
Embarqué malgré lui dans le projet politique des démocrates visant à engager une éventuelle procédure de destitution du président, le juriste de 74 ans a toutefois refusé d’indiquer si le deuxième volume de son rapport, sur l’obstruction à la justice, pouvait conduire à la chose, la destitution du président dépassant le mandat qu’il a reçu.
Plusieurs candidats à l’investiture démocrate en vue du scrutin présidentiel de 2020 n’ont toutefois pas eu la même timidité. Pour Kamala Harris, le rapport Mueller appelle à des procédures de destitution du président immédiatement, a-t-elle écrit sur Twitter : «Le Congrès doit exiger des comptes au président.»
«Le témoignage [de Robert Mueller] confirme à lui seul les faits : Trump a permis une attaque de notre démocratie, a fait obstruction à l’enquête sur cette attaque et a permis qu’une autre ait lieu en toute impunité, a-t-elle ajouté sur le même réseau social. Il n’est pas digne de sa fonction. Amorçons une procédure de destitution maintenant.»
Trump se défend
Même s’il avait indiqué mardi qu’il ne suivrait pas le témoignage de Robert Mueller devant la commission judiciaire, Donald Trump s’est toutefois fendu d’une longue série de tweets mercredi, depuis le début de la journée, pour discréditer le procureur et rappeler à nouveau que son rapport le disculpait de toute accusation de collusion et d’obstruction.
«Les trois dernières heures ont été une catastrophe gênante pour les démocrates», a indiqué la porte-parole de la présidence Stephanie Grisham, dans la foulée de la première partie du témoignage de l’enquêteur spécial.
«On a demandé à Mueller si l’enquête avait été entravée de quelque manière que ce soit, et il a répondu non. En d’autres mots, il n’y a pas eu d’obstruction», a écrit sur Twitter le président, en citant une commentatrice de Fox News, un réseau ouvertement pro-Trump.