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Une entreprise partiellement détenue par Kushner a reçu 90 M de $ d’investisseurs étrangers inconnus depuis 2017

Une entreprise partiellement détenue par Kushner a reçu 90 M de $ d’investisseurs étrangers inconnus depuis 2017
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Par The Guardian

Une société immobilière appartenant en partie à Jared Kushner a reçu 90 millions de dollars de financement étranger d'une société offshore opaque depuis son entrée à la Maison Blanche en tant que conseiller principal de son beau-père Donald Trump.

Les investissements ont afflué de l'étranger vers la société Cadre, alors que Kushner travaille en tant qu'envoyé international des USA, d'après des déclarations fiscales et des interviews. L'argent provenait d'une société-écran gérée par Goldman Sachs aux îles Caïmans, un paradis fiscal qui garantit le secret des affaires.

Kushner, qui est marié à Ivanka, la fille aînée de Trump, a conservé une participation dans Cadre après avoir rejoint l'administration, tout en vendant d'autres actifs. Sa participation est maintenant évaluée à 50 millions de dollars, d'après ses documents d'information financière.

Le financement étranger de Cadre pourrait créer des conflits d'intérêts cachés pour Kushner alors qu'il accomplit son travail pour le gouvernement US, selon certains experts en éthique, qui se sont inquiétés du manque de transparence concernant ces investissements.

«Cela amènera les gens à se demander s'il n'est pas soumis à des influences indûes», a déclaré Jessica Tillipman, chargée de cours à la faculté de droit de l'Université George Washington, qui enseigne l'éthique gouvernementale et les lois anticorruption.

Kushner a démissionné du conseil d'administration de Cadre et a réduit sa participation à moins de 25% après son entrée à la Maison Blanche, selon ses avocats. Il n'a pas inscrit Cadre sur la liste de sa première divulgation en matière d'éthique, ajoutant par la suite la compagnie et disant que l'omission était involontaire. Cadre affirme qu'il ne participe pas activement aux activités de l'entreprise.

Les noms des étrangers qui investissent dans Cadre via Goldman Sachs ne sont pas divulgués par les sociétés, qui ne sont pas tenues de rendre ces informations publiques. Deux sources familières avec la société ont déclaré qu'une grande partie de l'argent provenait d'un deuxième paradis fiscal offshore, tandis que d'autres venaient d'Arabie Saoudite.

Kushner s'est d'abord vu refuser une habilitation de sécurité par des fonctionnaires de carrière lorsqu'il a rejoint l'administration Trump. Un lanceur d’alerte avait déclaré au Congrès qu'il était bloqué en raison de préoccupations concernant les intérêts commerciaux extérieurs de Kushner et une "influence étrangère". Kushner a par la suite obtenu une habilitation de sécurité, semble-t-il après l'intervention d'une personne nommée par Trump.

La Maison-Blanche et Labbe Lowell, un avocat de Kushner, n'ont pas répondu aux questions concernant les investisseurs étrangers et la participation de Kushner dans Cadre.

Un porte-parole de Cadre a refusé de commenter le dossier. Un porte-parole de Goldman Sachs, Patrick Scanlan, a dit : «Cadre n'a accès à aucune information sur les clients de Goldman Sachs qui ont investi dans ces fonds».

Cadre a été fondée en 2014 par Kushner, son frère Joshua et leur ami Ryan Williams, qui travaillait auparavant pour Goldman Sachs. La société opère à partir d'un immeuble à Manhattan appartenant à la société immobilière de la famille Kushner.

L'entreprise se présente comme un marché en ligne où les investisseurs peuvent se réunir pour acheter une propriété. Mais elle a également créé un fonds d'investissement immobilier, d'une valeur de plus d'un demi-milliard de dollars, qui sert à acheter des propriétés partout aux USA. La valeur du fonds a été multipliée par cinq depuis 2017, année où Kushner a été nommé conseiller à la Maison-Blanche, après une croissance antérieure plus lente.

Le véhicule offshore Goldman Sachs a commencé à collecter des fonds pour Cadre en août 2017, selon un dépôt de titres. La banque a annoncé en janvier de l'année dernière qu'elle avait conclu une entente avec Cadre pour que ses clients investissent jusqu'à 250 millions de dollars au total.

Le véhicule est géré par des comptables aux îles Caïmans et appartient à une autre entité offshore de Goldman Sachs. L'arrangement est légal. Ces dernières années, les juridictions offshore ont fait l'objet d'un examen de plus en plus attentif de la part des autorités internationales qui s'inquiètent de leur caractère secret.

Les fonds provenant du véhicule des îles Caïmans sont affectés aux achats immobiliers de Cadre aux USA,  selon des sources familières avec le travail de l'entreprise. Cadre perçoit une redevance annuelle et prélève une partie des bénéfices réalisés sur les propriétés.

Ce financement est distinct des participations dans Cadre elle-même acquises par des sociétés de capital-risque de la Silicon Valley et des milliardaires étrangers, dont le magnat chinois de la technologie Jack Ma et l'investisseur russe Yuri Milner. L'an dernier, Cadre a eu des pourparlers avec un fonds soutenu par l'argent du gouvernement saoudien, mais aucun accord n'a été conclu.

Trump et plusieurs membres de son administration, dont Kushner, ont rompu avec les habitudes de leurs prédécesseurs en conservant leurs intérêts commerciaux après leur arrivée au pouvoir. George W Bush et Bill Clinton avaient transféré leurs avoirs dans des "blind trusts" (fiducies sans droit de regard), tandis que Barack Obama avait peu d'actifs en dehors de comptes d'épargne et d’investissements dans des fonds indiciels.

Richard Painter, ancien juriste spécialiste de l'éthique au sein de l'administration Bush, qui s'est présenté l'année dernière comme candidat démocrate au Sénat pour le Minnesota, s'est dit préoccupé par le manque de transparence concernant une partie du financement de Cadre.

«Le problème avec Kushner - et avec Trump - c'est que nous avons toutes ces sociétés, et souvent personne ne sait qui y a investi et où ces investisseurs ont emprunté leur argent. Nous n'en avons tout simplement aucune idée», a déclaré Painter.

La loi interdit aux fonctionnaires d'être impliqués «personnellement et substantiellement» dans des actions qui leur apportent un avantage financier et les oblige à s'assurer qu'ils ne créent pas une apparence de partialité.

Kushner dit qu'il s'est exclu de la politique du gouvernement en matière d'immobilier. Une note en bas de page de son formulaire de déclaration de situation financière indiquait qu'il avait été récusé pour la gestion «de questions particulières dans les secteurs du courtage, de l'immobilier et des services financiers en ligne dans la mesure où elles auraient un effet direct et prévisible sur Cadre».

La loi sur les conflits d'intérêts traite les intérêts financiers des conjoints comme des intérêts combinés. Ivanka Trump s’est vu attribuer par Trump le mérite d’avoir préconisé une politique de l’administration qui promettant d’être lucrative pour les promoteurs et les investisseurs immobiliers. Elle nie toute irrégularité.

La propre récusation de Kushner sur les questions immobilières devant le gouvernement ne l'empêcherait pas en soi de prendre des mesures dans d'autres domaines politiques qui pourraient attirer les investisseurs étrangers à Cadre.

Au total, la division d'investissement de Cadre gère plus de 522 millions de dollars d'actifs, selon son dernier dépôt auprès de la Commission des opérations de bourse, qui a été fait à la fin mars.

Kushner a eu des liens financiers avec plusieurs pays différents. L'achat le plus cher de sa famille, un gratte-ciel sur la Cinquième Avenue de Manhattan, a été refinancé l'an dernier par un fonds soutenu par le gouvernement qatari. Dans un article du Washington Post défendant les entreprises de la famille, le père de Kushner, Charles, a déclaré que les investissements étrangers constituaient «un flux de financement légal et approprié».

En tant que représentant spécial de Trump au Moyen-Orient, Kushner a développé des relations étroites avec les autorités saoudiennes, en particulier le prince Mohammed bin Salman. Cadre affirme ne pas avoir de fonds souverains parmi ses investisseurs.

 

Selon des sources familières avec la configuration de Cadre, une petite somme d'argent dans le véhicule Goldman-Cadre, estimée à environ 1 million de dollars, provenait d'Arabie Saoudite. D'autres fonds sont arrivés par l'intermédiaire de véhicules basés dans les îles Vierges britanniques, ajoutant une autre couche de secret offshore à ses origines.

Virginia Canter, conseillère éthique en chef du groupe de surveillance Citizens for Responsibility and Ethics à Washington, a déclaré que les investissements opaques dans Cadre continueraient à susciter des inquiétudes tant que Kushner continuerait de s'acquitter de ses fonctions gouvernementales.

«C'est l'un des seuls actifs que Kushner a conservés et il continue de recueillir des investissements étrangers sans transparence», a déclaré M. Canter, ancien avocat de la Maison-Blanche pour Obama et Clinton.

Kushner détient une participation d'une valeur comprise entre 25 et 50 millions de dollars dans «une holding» pour Cadre, selon son dernier formulaire de déclaration financière, qu'il a déposé en mai 2018. Kushner et son épouse estiment leur richesse totale entre 235 et 812 millions de dollars.

 

Cadre était l'une des douzaines de fonds ajoutés à une version révisée du formulaire de déclaration de situation financière de Kushner pour 2017 qui corrigeait sa déclaration initiale.

M. Williams, chef de la direction de Cadre, a déclaré que l'entreprise est en train de «démocratiser» l'investissement immobilier. Les petits caractères de son site ouèbe indiquent que ses offres s'adressent uniquement aux personnes qui gagnent au moins 200 000 $ par an ou qui ont un avoir net de 1 million de dollars sans compter la valeur de leur maison. L'entreprise exige un investissement minimum de 50 000 $.

Cadre a récemment annoncé son intention de lever des fonds de plusieurs millions de dollars pour investir dans des projets immobiliers dans des régions des USA couvertes par le programme «Opportunities Zones» de l'administration Trump, qui offre de précieux avantages fiscaux aux promoteurs et investisseurs.

Le programme a été défendu par Ivanka Trump, selon son père, qui a déclaré à la Maison Blanche qu’Ivanka avait «poussé très fort pour ça». Ces remarques ont suscité des allégations selon lesquelles la politique sur laquelle elle travaillait pourrait être financièrement avantageuse pour son mari. Elle a nié toute irrégularité.

 

 

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