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Robert Mueller: Malgré les soupçons, inculper Trump était impossible

Robert Mueller: Malgré les soupçons, inculper Trump était impossible
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Par AlAhed avec AFP

Pour la première fois depuis la publication il y a quelques semaines des premières conclusions de son enquête, qu'il a menée durant 22 mois à l'abri des regards, le procureur spécial Robert Mueller a pris la parole. Ce mercredi, il a en effet assuré que malgré de forts soupçons d'entrave à la justice visant Donald Trump, inculper le président américain n'aurait pas été légal.

«Si nous avions eu la conviction que le président n’avait clairement pas commis de délit, nous l’aurions dit», a assuré M. Mueller, qui a enquêté à l’abri des regards pendant 22 mois sur les ingérences russes dans la présidentielle américaine de 2016. Mais l’inculper «n’était pas une option», a-t-il poursuivi, en citant le cadre légal qui interdit de poursuivre un président en exercice devant la justice ordinaire.

«L’affaire est close ! Merci», a immédiatement réagi Trump, désireux de refermer ce dossier qui a empoisonné les deux premières années de son mandat. «Rien ne change concernant le rapport Mueller», a encore écrit sur Twitter Donald Trump en répétant être «innocent».

Dans sa rarissime allocution, Robert Mueller, un ancien chef du FBI respecté des deux bords politiques, a également indiqué qu’il ne jugeait pas «approprié» de témoigner au Congrès, malgré le souhait des démocrates de l’entendre.

«Je vais retourner à la vie privée»

À la surprise générale, cet homme austère et méthodique est sorti de sa réserve pour mettre un point final à ses investigations, sans faire d’ultime révélation.

«Je quitte le ministère de la Justice et vais retourner à la vie privée», a-t-il dit, visiblement ému, en renvoyant à son rapport d’enquête «qui parle de lui-même». Ce volumineux document, rendu public à la mi-avril sous une version expurgée de ses données confidentielles, «est mon témoignage», a déclaré le juriste de 74 ans.

Reprenant ses principales conclusions, il a redit que la Russie avait déployé des «efforts multiples et systématiques» pour influencer l’élection en 2016.

Mais l’enquête n’a pas permis de rassembler «de preuves suffisantes» d’une entente entre Moscou et l’équipe de campagne du milliardaire républicain, a poursuivi M. Mueller.

Sur le second volet de l’enquête, les soupçons d’entrave à la justice pesant sur Donald Trump, le procureur spécial a justifié sa décision de ne pas trancher. «Un président ne peut être poursuivi pour une infraction fédérale tant qu’il est en fonction. C’est anticonstitutionnel», a-t-il expliqué. «Ce serait injuste d’accuser quelqu’un d’un délit s’il ne peut pas se défendre en justice», a-t-il poursuivi.

La balle renvoyée au Congrès

Robert Mueller a renvoyé la balle au Congrès. «La Constitution prévoit une procédure en dehors du système judiciaire pour mettre en accusation un président en exercice», a-t-il rappelé en référence à la procédure d’« impeachment».

«Il revient au Congrès de répondre aux délits et mensonges et autre méfaits du président Trump et nous allons le faire», a d’ailleurs promis le parlementaire démocrate Jerry Nadler, qui préside la commission judiciaire de la Chambre des représentants. Certains démocrates souhaitent profiter de leur majorité à la chambre basse du Congrès pour engager une procédure de destitution contre Donald Trump.

Mais les leaders de l’opposition sont frileux face à cette option vouée à l’échec compte tenu de la majorité républicaine au Sénat et qui risque d’occulter les autres enjeux de la campagne pour 2020.

La cheffe du parti à la chambre, Nancy Pelosi, est restée prudente mercredi. «Le Congrès va continuer à enquêter», a-t-elle déclaré. «Les Américains méritent de connaître la vérité», a poursuivi l’élue, tout en se gardant d’évoquer la procédure de destitution.

 

 

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