L’administration Trump veut contourner le Congrès pour vendre des armes à Ryad et Abou Dabi
Par AFP
L'administration Trump pousserait le gouvernement à invoquer une disposition d'urgence pour pouvoir vendre des armes à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis malgré un refus du Congrès, selon le «New York Times».
L'administration Trump se prépare à passer outre le Congrès pour vendre des armes d'une valeur de près de sept milliards de dollars (soit 6,2 milliards d'euros) à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, rapporte jeudi le New York Times.
D'après le quotidien, le secrétaire d'État Mike Pompeo et d'autres hauts responsables sont en train de pousser le gouvernement à invoquer une disposition d'urgence pour permettre au président Donald Trump d'empêcher le Congrès de bloquer ces ventes, actuellement en suspens. Cette mesure pourrait être prise dans les prochains jours, selon le journal qui cite des responsables et élus américains, actuels ou anciens.
«Il n'y a aucune urgence à vendre des bombes»
C'est le sénateur démocrate Chris Murphy qui a d'abord fait état de ce projet mercredi en public. «J'entends dire que Trump pourrait utiliser une faille dans la loi sur le contrôle des armes» pour permettre «une nouvelle vente d'envergure de bombes à l'Arabie saoudite», a-t-il tweeté.
«Trump prétendrait que la vente est une 'urgence', ce qui veut dire que le Congrès ne pourrait voter contre. Elle se produirait automatiquement», a-t-il ajouté. Or «il n'y a aucune urgence à vendre des bombes à l'Arabie pour qu'elle les lâche sur le Yémen. Les Saoudiens bombardent des civils donc s'il y a une urgence, c'est une urgence humanitaire provoquée par les bombes que nous vendons aux Saoudiens», a-t-il lancé. Sollicité mercredi, le département d'État s'était borné à dire qu'il ne commentait pas les potentielles ventes d'armes «jusqu'à ce que le Congrès en soit formellement notifié».
Entre guerre au Yémen et tensions avec l'Iran
Cette révélation intervient au moment où les tensions s'intensifient entre les États-Unis et l'Iran, grand rival de l'Arabie saoudite au Moyen-Orient. La question des relations avec Ryad, proche allié de Washington, est sensible chez les élus démocrates comme républicains en raison notamment de la guerre au Yémen. Le Congrès américain avait adopté en avril une résolution exigeant du président «le retrait des forces armées américaines des hostilités» au Yémen, à l'exception des opérations visant al-Qaïda. Donald Trump y a mis son veto.
La réaction jugée tiède du président républicain face à Ryad après le meurtre en octobre 2018 à Istanbul du journaliste Jamal Khashoggi, par un commando venu d'Arabie saoudite, avait aussi créé un grand malaise chez les élus américains.