Zainab Hassan Nasrallah, tel père… telle fille (1ère partie)
Par Nour Rida*
En marge d’une conférence sur la place des femmes dans l’islam, le site AlAhed a interviewé la fille du secrétaire général du Hezbollah, son éminence sayed Hassan Nasrallah. Zainab Nasrallah, mère de quatre enfants, âgée de 33 ans, qui est venue à Téhéran pour participer à la conférence concernant la place et le rôle de la femme dans la pensée islamique.
J'ai passé la journée avec cette dame calme et vive, pourvue d’une haute estime de soi, toujours souriante, modeste et aimable. Nous avions beaucoup parlé de ses souvenirs d'enfance, de son opinion sur le statut de la femme dans la pensée islamique, de sa manière de vivre, comment elle faisait elle-même ses courses et menait une vie tout à fait normale. Pas besoin de limousines et d’accompagnateurs, ni de servantes ou de chauffeurs. Ses yeux brillaient chaque fois qu'elle parlait de son père.
Zainab, mère de deux filles et de deux garçons, est titulaire d'un diplôme en sciences sociales et d'un autre en études islamiques. Elle s'est mariée très jeune et son mari l'a soutenue dans l’éducation de ses enfants et dans les tâches ménagères pour qu'elle puisse obtenir son diplôme et terminer ses études. Zainab, qui a épousé un homme attentif et compréhensif, a déclaré qu'elle avait toujours voulu épouser un homme des forces de la résistance et que son souhait s’était réalisé.
La famille et les souvenirs
Interrogée sur les souvenirs qu'elle a gardés de son enfance et des jours où elle vivait encore avec ses parents, Zainab a répondu que «tous les souvenirs que nous avions ensemble avant la guerre de juillet 2006 étaient beaux et inoubliables. Je pouvais facilement aller chez mes parents et dîner ou déjeuner avec eux. L'un des souvenirs les plus doux que je garde est celui des jours du deuil d'Ashoura. Nous rentrions ensemble à la maison après les cérémonies de deuil, nous nous asseyions à table et maman nous apportait du yaourt car il faisait chaud à cette époque de l'année. Nous buvions du yaourt et discutions ensemble autour de la table.»
Après la guerre de juillet 2006, les choses ont changé pour la famille Nasrallah. En raison de mesures de sécurité, la famille ne pouvait plus se réunir facilement comme avant, mais tous les membres de la famille sont compréhensifs et sont heureux de faire des sacrifices pour la résistance et ses partisans.
«Quand j'étais jeune, j'étais très attachée à mon père. Je pleurais parfois parce qu'il me manquait», raconte Zainab en souriant. «Je suis fière qu'il soit mon père, il me fait plaisir. Son poste de secrétaire général du Hezbollah m'a privée, ainsi que mes frères et sœurs, de nombreuses situations et de toutes les choses que j'aurais aimées vivre avec lui en tant que père. Chaque décision a des conséquences et je pense que, quelles que soient les conséquences d'être le dirigeant du Hezbollah pour mon père et pour notre vie de famille, nous avions toujours été compréhensifs. Ce qui était difficile pour nous, c'est qu'il nous manquait, mais nous lui sommes reconnaissants d'avoir pu s'acquitter de ses tâches.»
Le secrétaire général du Hezbollah est un grand-père aimant. «Quand nous le voyons, mes enfants, mes neveux et mes nièces courent tous s'asseoir à côté de lui. Vous retrouvez ses petits-enfants assis sur ses genoux, et ses épaules, etc. Ils font beaucoup de bruit et ils se mettent en compétition pour s'asseoir à côté de lui. Il nous demande toujours de les laisser faire ce qu'ils veulent, même s'ils deviennent trop bruyants, il ne nous permet pas de les faire taire. Il veille à ce qu'ils soient heureux et à l'aise lorsqu'ils sont autour de lui. Il suit les aînés de près, il discute avec eux et leur donne souvent conseil. Ils sont très attachés à lui».
Zainab m'a révélé que «les membres de sa famille lui manquaient vraiment, et qu’il aimerait les voir plus souvent et passer plus de temps avec eux. Cependant, il s’adapte à la situation actuelle et nous comprenons tous que nous devions de notre côté accepter cette situation. Beaucoup ne croient pas que nous le voyons seulement quelques fois par an, mais c'est vrai. Certains pensent que c'est trop dur à supporter. Je leur dis que ce n'est pas facile, surtout que je suis sa fille et que nous sommes très proches. Mais il faut garder à l'esprit qu'il fait tous ces sacrifices et qu'il ne nous appartient pas seulement, mais il est dédié à toute la nation islamique. Nous ne sommes pas contrariés et cela nous rend plus forts parce que nous sommes conscients à quel point notre cause est importante.»
Sayed Nasrallah à ses yeux
Quand j'ai demandé à Zainab comment elle voyait son père, elle a répondu : «Je le vois à la fois comme un père et un dirigeant. Je respecte ses paroles et ses conseils, que ce soit en tant que père ou lorsqu'il s'adresse au public en lui donnant des directifs. Je l'écoute et lui obéis toujours. J’essaye toujours de lui plaire et je comprends que je suis un modèle pour beaucoup, en particulier pour les jeunes. C'est pourquoi j'écoute ses conseils et je sais qu'il est toujours raisonnable.
Cependant, quand il s’agit de la révolution ou de la résistance, je le vois en tant que chef plutôt que père. Il a un fort impact sur l'opinion publique et je fais partie de cette opinion publique. J'écoute ses discours et ses conférences, ce qui me permet de comprendre la politique, je ne le vois pas seulement comme un père, mais aussi comme un chef».
Une leçon…
Je la noyais de questions et elle répondait sans hésitation. Elle était très sociable et à l'aise. Je lui ai demandé ce qu’elle avait appris de son père, qui inspire des centaines de milliers, voire des millions de personnes à travers le monde, «j’ai appris de nombreuses leçons de mon père, mais j’aimerais signaler que j'ai appris de lui la modestie accompagnée d’une forte personnalité. Il est très modeste et j'aime cette qualité. A mon avis, c’est aussi pour cela que les gens l’apprécient beaucoup. Il vit avec les gens et il se met à pas d’égalité avec eux. J'essaie toujours d'être modeste comme lui et de transmettre ce trait à mes enfants et à mes proches».
Mode de vie
Nombreux sont ceux qui disent que sayed Nasrallah et sa famille mènent une vie de luxe, insouciants de leur entourage. «Si je veux décrire ma vie, je dirais que c'est une vie de classe moyenne. Nous n'avons pas une vie luxueuse, mais nous ne sommes pas pauvres non plus. Bien sûr, ce que je veux dire par «nous», c’est mon mari, mes enfants et moi puisque nous sommes indépendants et menions une vie indépendante de celle de mes parents, et mon mari est celui qui soutient notre petite famille financièrement. Notre situation financière ne dépend pas de mon père ni de son poste».
«Je n'ai ni garde du corps ni chauffeur. Je vis une vie normale, je fais mes propres courses et je sors normalement. Bien sûr, je ne suis pas imprudente, mais je mène une vie normale et je marche parmi les gens» ajoute-t-elle.
«Nous menons une vie normale et même si nous avions la capacité de mener une vie luxueuse, nous ne le ferions pas parce que nous voulons vivre comme les gens et nous voyons cela comme une obligation, de maintenir un niveau de vie semblable à celui de notre société. Nous vivons avec les gens et nous nous préoccupons des sentiments des autres et cela est notre devoirs».
En expliquant maintenant comment vivait son père, elle a souligné que «sayed Nasrallah aime la simplicité. Il mène une vie décente, et ne vit pas comme dans une prison et il n’est privé de rien. Il y a des mesures de sécurité et nous ne lui rendons pas visite chez lui, nous le rencontrons ailleurs. Mais il n'est pas caché et ne vit pas enfermé, contrairement à ce que prétendent les médias.»
Le martyre de son frère Hadi
La fille du chef de la résistance a déclaré que le martyre de son frère Hadi, avait laissé un grand vide et qu'il était une personne unique.
«Il était très modeste et aimable et aidait toujours les autres. Il était très poli et attentionné envers mes parents et il ne ferait jamais rien qui puisse les déranger. J'avais 12 ans quand il est tombé martyre. Une fois, il revenait de voyage au milieu de la nuit, j'ai entendu sa voix, je me suis réveillée et je me suis précipitée dans sa chambre et je l'ai serré dans mes bras et je l'ai embrassé. Il m'avait acheté un cadeau. Une boîte à musique qui a un joli miroir. Je l’ai gardée jusqu'à aujourd'hui » a-t-elle déclaré.
«Notre culture et nos croyances nous rendent patients et nous apaisent lorsque nous parlions des martyrs. Cela ne change pas le fait que mon frère me manque, et j'ai hâte de le voir, nous sommes des êtres humains. Mais nos croyances nous aident à faire face à la situation. Lui et les martyrs sont dans un meilleur endroit. Je me souviens encore de ce jour où on m'a annoncé que mon frère Hadi était tombé martyre. Nous avions des invités ; un groupe d'amis qui étaient venus pour nous annoncer la nouvelle. Je me souviens bien que j’aidais ma mère avec le linge ce jour-là. Une des dames m'a prise à part et m'a dit que mon frère était tombé martyre lors des combats contre l'ennemi sioniste. J’ai eu les larmes aux yeux mais je n'ai pas pleuré. À ma grande surprise, quand ils l'ont annoncé à ma mère, elle s'est tenue debout et n'a fait aucune réaction. Il nous manque à tous, mais son martyre nous a rendus plus forts. Nous pleurons peut-être, chacun de son côté, mais jamais en public. Nous parlons de lui, nous nous souvenons de ses traits et des histoires que nous avions vécu ensemble», explique-t-elle.
Traduit de l'anglais (original)