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Allocution sur la situation libanaise après la formation du gouvernement

Allocution sur la situation libanaise après la formation du gouvernement
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Au nom de Dieu

J’ai voulu aujourd’hui m’exprimer sur la situation libanaise après la formation du gouvernement. Je maintiens la cérémonie que nous organisons  mercredi, car dans le cadre cette cérémonie, nous n’aurons peut-être pas le temps d’évoquer certains détails. J’ai donc voulu en parler aujourd’hui. J’espère que je ne serais pas long.

Premièrement, je vais bien sûr parler principalement du gouvernement. D’abord ce qu’il faut faire à notre avis, comment nous allons nous comporter avec ce gouvernement et nous appelons les autres parties politiques et participant au gouvernement à le faire aussi.

Après neuf mois de débats, de polémiques et de discussions, le gouvernement a été formé.

D’abord, pour commencer, nous avons besoin de calme. Nous appelons les nôtres mais aussi toutes les autres forces politiques au calme. Je le dis parce que, à peine le gouvernement formé,  nous nous sommes immédiatement transposés dans les conflits politiques, les confrontations médiatiques et la tension dans le climat politique.

Comment allons-nous entrer au gouvernement et qu’y ferons-nous tous ?

D’abord, nous devons nous éloigner des polémiques et des confrontations médiatiques. Nous devons ainsi œuvrer à calmer le climat pour favoriser le climat de rencontre et de dialogue interne.

Il est indéniable que ce gouvernement doit faire face à de grandes responsabilités. C’est pourquoi j’appelle au calme et à s’éloigner des polémiques. Les parties politiques, en particulier certaines qui ont de l’influence au sein de l’actuel gouvernement, doivent reconnaître l’existence d’appréhensions  chez beaucoup de parties sur le plan interne et cela ne se limite pas à un camp politique, un parti ou des personnalités déterminées.

Car la nature des dossiers que devra traiter ce gouvernement ( je reviendrai sur le sujet plus loin) est très importante et sensible, notamment dans le domaine économique et financier. Ces dossiers pourraient laisser des traces pour des dizaines d’années. C’est pourquoi les gens, même sans doute ceux qui ne s’expriment pas, vivent dans un mélange d’espoir et d’inquiétude. Il y a donc de l’espoir dans le traitement de ces dossiers, mais aussi de l’inquiétude, à cause de la crainte que le traitement ne soit pas sain et adéquat. Certains vont même plus loin dans l’expression des craintes au sujet des traitements escomptés.

En tout état de cause, les forces politiques, notamment celles qui participent au gouvernement, doivent faire preuve de compréhension. S’il y a des craintes, elles sont normales, et s’il n’y en avait pas, il faudrait les créer, et elles doivent être abordées avec positivisme, non dans une approche négative.

Il ne faut pas attaquer les craintes, mais chercher à les dissiper.

Deuxièmement, le gouvernement et les forces qui y participent doivent mettre des priorités dans leur action dans la prochaine étape.

Je crois qu’en tête des priorités, et si on s’en tient aux discours des derniers mois, la priorité doit être donnée aux dossiers financiers et économiques.

Indépendamment des termes utilisés pour exprimer ces craintes, il y a aujourd’hui une unanimité sur l’existence d’un danger économique et financier. Cela doit donc être une priorité absolue si l’on se base sur ce qui a été dit avant les élections législatives.

Par conséquent, le gouvernement doit dire aux Libanais, au Parlement et à lui-même en premier lieu, comment il compte empêcher l’effondrement et renforcer la situation financière et économique du pays.

Naturellement, il doit y avoir des plans, des projets et des idées pour cela. Il y aura probablement des discussions à ce sujet. A mon avis, pour renforcer l’économie et les finances du pays, la lutte contre la corruption doit venir en premier ainsi que l’arrêt de la dilapidation des fonds. Il faut préciser que le ministère d’Etat pour la lutte contre la corruption a été annulé. Vous savez que nous ne sommes pas intervenus dans ces débats. Nous avons appris qu’il y a eu ministère d’Etat chargé de ceci. Mais de toute façon, la lutte contre la corruption doit être une responsabilité collective du gouvernement. Nous devons avoir un gouvernement de lutte contre la corruption et pas seulement un ministère d’Etat, que son annulation soit une bonne décision ou non.

Lutter contre la corruption, stopper la dilapidation des fonds sont un premier pas nécessaire et une obligation incontournable pour éviter l’effondrement  financier et économique. C’est pourquoi un des indices du sérieux de ce gouvernement est la façon dont elle traitera ces dossiers.

Les intentions du gouvernement et des forces politiques qui en font partie apparaîtront dès le début.  Nous disons tous vouloir combattre la corruption et arrêter les dilapidations. Ce qui compte, c’est l’action, la pratique et les décisions qui seront prises à ce sujet.

Notre appel, ce soir, en plus de ce grand titre, est là.

Le second titre porte sur les dossiers de la vie quotidienne. Depuis 2005, nous nous sommes lancés dans de grandes polémiques politiques, nous avons tous nos tribunes pour cela. Mais cela a-t-il permis d’améliorer la situation des gens ? Les polémiques peuvent encore durer des années, mais dans la période actuelle, cela ne changera rien.

Je ne dis à personne de ne pas lancer une polémique politique. Chacun est libre de dire ce qu’il veut. Mais les forces politiques qui participent au gouvernement doivent traiter les dossiers sociaux qui concernent la vie quotidienne des citoyens, avec les sujets que l’on connaît ( le social, l’économique, l’environnemental etc) avec un grand sérieux, pour trouver des solutions sérieuses.

Dans ce contexte et en me basant sur les expériences précédentes, j’appelle toutes les parties partenaires au sein du gouvernement au calme. Le gouvernement n’a pas obtenu la confiance du Parlement et il en est encore à élaborer la déclaration ministérielle. C’est pourquoi il faut discuter. Nul ne doit se mettre en tête qu’il a mis au point un plan d’action et que les autres doivent le suivre. Je ne vise personne, sincèrement, je n’ai personne en tête. Mais je le dis parce qu’il est possible que certains pensent ainsi. Chacun de nous peut avoir élaboré un plan, en se disant je me dirige demain au conseil des ministres, suivez-moi. Si vous ne le faites pas, nous nous lancerons alors des accusations d’entraver l’action du gouvernement et d’avoir des considérations régionales et internationales. Nous nous lancerons alors dans des analyses qui iront jusqu’au Vénézuela et même jusqu’au traité des missiles de moyenne portée entre la Russie et les Etats-Unis…

Nous disons non, depuis le début du chemin. Il y a de grands problèmes dans ce pays, qui ont besoin de solutions. Si nous nous basons sur les intérêts personnels ou ceux des zaïms, nous ne parviendrons pas à des solutions. Si nous songeons aux intérêts partisans, à ceux des confessions ou des régions, nous ne trouverons pas de solutions. Nous devons prendre en considération l’intérêt de tous les gens, globalement.  Ar nos intérêts sont liés entre eux et il est difficile de les défaire, surtout lorsque l’on parle de l’environnement, de l’électricité, de l’eau, des emplois, des secteurs de production, de l’agriculture, de l’industrie et de l’exportation.

Nous devons être sincères et dévoués et avoir une approche rationnelle des problèmes et des moyens disponibles. Nous devons discuter ensemble et prendre notre temps pour aboutir à des solutions, surtout qu’elles peuvent avoir un impact sur les gens pour des dizaines d’années, car elles pourraient entraîner des poids économiques, financiers, sociaux et quotidiens sur les gens. Cela mérite donc que nous prenions le temps de discuter.

Il arrivait certaines choses dans le passé au gouvernement : un ministre qui voyage, un article portant sur l’acceptation d’un don distribué 48 heures avant la réunion, un plan important  qui peut coûter des millions de dollars distribué 48 heures avant la réunion etc. Il faut adopter désormais un mécanisme différent. Il ne faut pas venir au gouvernement et demander aux ministres de voter par oui et par non. A notre avis, il faut que le gouvernement devienne réellement un conseil des ministres, un conseil réel de décision, dans lequel les ministres discutent pendant deux heures et trois, les sujets sont distribués une semaine ou plus avant et les ministres auront ainsi le temps d’étudier les projets avec leurs partis, leurs chefs et les parties spécialisées, ainsi qu’avec les instituts de recherche. Car il faut trouver des solutions radicales qui peuvent être de courte, de moyenne ou de longue portée.

Il faut donc étudier les dossiers. Nous devons être patients les uns avec les autres. Pour être franc, il ne faut pas nous faire peur. Nous ne voulons pas faire peur aux autres et  nous ne voulons pas que les autres nous fassent peur. Il y a des problèmes, des dossiers. Il faut discuter. Si, par moments, les discussions arrivent à un point qui rend les solutions difficiles, les parties politiques et partisanes pourraient participer de façon parallèle pour aboutir à des résultats rassurants et requis.

Tout ce qui peut être traité sur la base d’une entente, d’un accord basé sur des convictions communes doit l’être car c’est préférable au fait de recourir à une décision de la majorité, à un discours de vainqueur etc. Mais en disant cela, j’insiste aussi sur le fait qu’il faut prendre son temps et être patients les uns avec les autres, dans nos déclarations, dans nos médias et dans nos partisans sur les réseaux sociaux. Car on ne peut pas traiter  des dossiers vitaux et importants pour les citoyens sous la pression des réseaux sociaux, des insultes, de l’incitation confessionnelle et des accusations de trahison. Je ne vais pas donner de faux espoirs aux gens. Mais si les forces politiques se comportent sur la base d’une participation réelle et dans un esprit d’ouverture, si elles sont patientes les unes avec les autres et si elles dialoguent sérieusement entre elles, nous pouvons obtenir des résultats, en étant partenaires dans la prise des décisions importantes. Tout le monde doit assumer les responsabilités, surtout au sujet des décisions difficiles. Si nous trouvons des solutions, elles sont à l’actif de tous et si nous n’en trouvons pas, c’est aussi une responsabilité collective. Car, en définitive, tous les gens payent le prix, tout le pays paye le prix. C’est donc une condition essentielle à partir de maintenant.

Mais si dès le début, au sein du gouvernement, les parties choisissent d’ouvrir des fronts et de se lancer des accusations, cela signifie à mon avis que la situation n’est pas prometteuse. Ce serait un mauvais départ et nous n’arriverons à rien. C’est pourquoi je souhaite que l’on tienne compte de cela. Selon mes informations, je crois que jusqu’à présent, au sujet des dossiers internes, aucune partie n’a entamé un dialogue avec l’autre, indépendamment des alliances au sein du gouvernement et des études effectuées par les parties. A mon avis, les questions au sein du gouvernement ne sont pas soumises à la majorité ou à un tiers de blocage ou autre. Selon mes informations, lorsqu’un dossier sera soulevé, les ministres devront en discuter. Les points de vue peuvent être similaires ou contradictoires au sein d’un même camp politique. Ils peuvent être similaires entre des camps qui ne sont pas alliés politiquement. Il faut donc aborder ce fait dans un esprit positif. Maintenant, s’il est possible de gagner du temps au sein du gouvernement en commençant à discuter certains dossiers de façon bilatérale ou à trois pour préparer le terrain aux débats en conseil des ministres et accélérer la prise de décision, il ne faut pas hésiter à le faire. Mais il ne faut pas non plus que certaines parties fassent des accords sur certains dossiers et cherchent ensuite à imposer leur décision aux autres au sein du gouvernement. Je ne sais pas si cela est en train de se faire, mais ce que je peux dire c’est que nous ne faisons pas partie de tels projets. Nous sommes ouverts à toutes les discussions. Pour nous, tous les dossiers peuvent être discutés.

Ce qui compte c’est que nous nous comportions avec réalisme et sincérité, en ayant toujours en tête l’intérêt du pays.

Au sujet de la distribution des portefeuilles, il y a eu beaucoup de débats et de discussions, en ce qui nous concerne, au sujet du portefeuille de la Santé. Les Américains avaient des positions différentes, en tout cas c’est ce qui nous est parvenu. En douce, ils disaient que nous n’avons pas de problème à ce que le Hezbollah obtienne ce portefeuille à condition qu’il ne l’utilise pas pour régler ses problèmes financiers, selon leurs termes. Mais publiquement, ils lançaient des menaces et assuraient qu’ils allaient prendre des mesures.. A ce sujet, je voudrais préciser ce qui suit :

D’abord, le ministre, une fois qu’il est nommé et quelle que soit la partie qui l’a choisi, devient le ministre de tous les Libanais et son ministère est à tous les Libanais. Il en sera certainement ainsi pour le ministère de la Santé.

Deuxièmement, nous avons tenu compte de cette situation délicate. Au départ, nous voulions avoir dans ce gouvernement trois ministres partisans. M  ais par la suite, en entendant ces discussions, nous avons voulu être positifs et réalistes, tout en restant fidèles à nos constantes. Nous avons abouti à la conclusion que le ministre de la Santé peut ne pas être un membre du parti. Nous avons dissimulé cela, sauf dans nos cercles privés. De fait, le frère Jamil n’est pas membre du parti. C’est un ami, un proche et nous avons confiance en lui. Il est croyant, pratiquant et compétent et nous attachons de grands espoirs sur sa nomination à ce portefeuille.  

Si je devais utiliser un terme précis, je dirais qu’il s’agit d’une personnalité indépendante mais proche de nous. Nous avons préféré que le ministre de la Santé ne soit pas un membre du parti, pour qu’il dispose d’une marge pour ses contacts, ses déplacements et ses contacts. Cela pour qu’on lui donne aussi une marge. Nous avons ainsi donné la priorité à l’intérêt du pays sur toute autre considération, sachant que nous avons d’importants médecins au Sud, dans la Békaa et dans d’autres régions, tout à fait capables d’assumer cette responsabilité. Mais nous avons discuté et mis des caractéristiques en plus de la confiance.

Nous avons décidé de ne pas nommer un membre du parti. Nous nous sommes dirigés vers une personnalité indépendante, dans laquelle nous avons confiance. Nous avons voulu que la présence d’un membre du parti à la tête de ce ministère ne constitue pas un prétexte pour entraîner des conséquences négatives pour les citoyens. Nous verrons par la suite comment se déroulera cette expérience.

Toujours au sujet du ministère de la Santé, beaucoup de choses ont donc été dites et les Américains sont ceux qui ont le plus parlé. Concernant le fait d’utiliser les moyens du ministère et ses fonds, je profite de cette occasion pour rappeler un principe que j’ai déjà évoqué : le Hezbollah est un parti religieux, un mouvement islamique. Nous sommes des croyants. Pour nous, les fonds de ce ministère sont ceux des Libanais, de l’Etat libanais. Il y a donc une responsabilité juridique et morale pour nous dans l’utilisation de façon incorrecte des fonds du ministère. Il faut ajouter à ces responsabilités, une responsabilité religieuse non seulement au sujet des fonds de ce ministère, mais aussi de tous les fonds publics. La charia interdit d’utiliser les fonds du peuple à d’autres fins que l’intérêt général et dans un autre cadre que celui de la loi. Nous ne le ferons pas ni au ministère des Finances, ni dans toute autre institution publique.  A ceux qui sont inquiets ou prétendent l’être, nous fournissons donc des garanties supplémentaires. Sur le plan pratique, je tiens à vous assurer que les fonds de ce ministère sont ouverts à tous les organismes de surveillance et aux médias. Chaque sou sera dépensé dans le plus grand souci de transparence. Je dirais même plus, nous essaierons de faire profiter au ministère tous les fonds que nous recevrons en guise d’aide, dans le but de lancer des projets réussis dans le cadre de ce ministère, car nous sommes convaincus que si ce ministère réussit, le pays réussira avec lui et nous aussi. Pour ces raisons, cela ne doit donc pas être un sujet d’inquiétude et l’expérience le montrera. Certes, notre frère et ami, le ministre sera au premier plan, mais nous serons tous avec lui pour l’aider à réussir dans cette mission.

Nous sommes soucieux de ce ministère pour servir les Libanais. Nous n’avons pas de commerce et de projets particuliers. Nous ne voulons rien pour nous. Si nous projetons d’ouvrir un hôpital alors que ce ministre est en place, nous reporterons ce projet pour que personne ne nous accuse de profiter du ministère. Notre souci est populaire et national : nous avons à cœur le problème de l’hospitalisation et nous ferons en sorte qu’il n’y ait plus de malades qui resteront aux portes des hôpitaux, qu’ils soient publics ou privés. Je ne peux pas prendre d’engagement ferme à ce sujet mais je peux dire que c’est une priorité pour nous et le ministre travaillera à la traiter et tout le monde, dont le gouvernement l’aidera, car il s’agit d’une question humanitaire. Pour moi c’est la pire des choses qu’un malade meurt aux portes de l’hôpital. Cela doit être évidemment la priorité du ministre. C’est un dossier dans lequel nous essaierons de contribuer et j’espère qu’il n’y aura pas de problème à ce sujet. De toute façon, nous sommes prêts à affronter tous les obstacles avec sincérité et transparence. Nous voulons réduire le prix des médicaments pour l’Etat et pour les citoyens. Nous voulons que les médicaments soient plus accessibles aux gens, surtout les médicaments des maladies graves, difficiles et longues.

Au sujet du ministère proprement dit, les plans et les projets sont clairs. Ils n’exigent pas de discussions. Mais il faut simplement les suivre avec sérieux, loyauté et présence.

Je voudrais ajouter un point car j’en ai parlé avec le frère et ami, le ministre de la Santé. Cela concerne les habitants de la Békaa en général et ceux de Baalbeck et Hermel en particulier. Nous avons décidé de dispenser le ministre de toutes les obligations sociales  et les cérémonies dans la région. Car il est de tradition que les députés et les ministres d’une région participent à toutes les manifestations sociales et autres et leur absence est remarquée négativement par les habitants. Comme nous l’avons nommé, nous avons décidé de le dispenser pour qu’il se consacre à sa mission. De plus, les députés de la région feront le nécessaire. Ils l’ont fait pendant toute la période précédente au point que leur présence était devenue un sujet de plaisanterie générale ; Laissons donc ce ministre en dehors des obligations sociales. Il devra se consacrer à servir tous les Libanais et il devrait se rendre une fois par semaine dans sa région pour y recevoir les citoyens et écouter leurs doléances. Mais il ne faudra pas le surcharger  de problèmes qui ne concernent pas son ministère. Il devra s’occuper de toutes les régions, même s’il est certain que les défavorisées seront prioritaires, notamment la Békaa, Baalbeck et Hermel et le Akkar. Ces régions défavorisées devraient d’ailleurs être la priorité de tous les ministères.

Je le dirais donc une fois pour toutes. Je me sens d’ailleurs obligé de le faire car les yeux seront fixés sur le ministre de la Santé, parce qu’ils le sont sur nous. Il devra donc donner la priorité au ministère, avec une présence sur le terrain dans toutes les régions, auprès des gens, car le moindre incident dans une pharmacie, à la porte d’un hôpital ou au sujet d’un médicament sera forcément largement commenté.

A ce sujet, il ne devrait donc y avoir aucune inquiétude interne. Il ne s’agit pas d’un ministère au Hezbollah ou à une communauté déterminée. C’est un ministère pour tout le peuple libanais et l’expérience prouvera je l’espère qu’il sera au service de tous les Libanais, indépendamment de leurs divergences, de leurs alliances ou de leurs appartenances. C’est la responsabilité et le devoir du ministre.

Troisièmement, je voudrais attirer l’attention des Libanais  sur le fait que Netanyahu n’a pas d’autre sujet depuis trois jours que de dire qu’il s’agit du gouvernement du Hezbollah. Il incite les Européens, les Américains et les pays du Golfe contre le gouvernement libanais. Je ne dis pas que ceux qui qualifient le gouvernement d’être celui du Hezbollah, à l’intérieur libanais  sont comme Netanyahu. Je souhaite simplement attirer leur attention. Personnellement cela ne me dérange pas. Comme dit le proverbe libanais : il vaut mieux avoir une réputation de riche que celle du pauvre. Mais cela reste faux. C’est une qualification fausse. Lorsqu’on sait que c’est faux et qu’on le dit quand même, sur le plan moral, cela s’apparente à un mensonge. C’est un mensonge envers les gens car c’est contraire à la réalité. Ce gouvernement n’est pas celui du Hezbollah. Certaines forces politiques ont une forte présence au sein du gouvernement, en nombre et en qualité. D’autres sont aussi présentes. La véritable qualification est de dire que ce gouvernement est formé d’un groupe de forces politiques, l’une d’elles est le Hezbollah. Je reconnais aussi que notre présence au gouvernement est cette fois influente et essentielle, plus qu’elle ne l’a jamais été. J’espère que cette présence sera effectivement influente dans le sens de la responsabilité, mais cela ne signifie nullement que ce gouvernement est celui du Hezbollah.

Je vais vous dire pourquoi vous n’avez pas intérêt à déclarer que ce gouvernement est celui du Hezbollah. Pour vous et pas pour nous. Nous avons des animosités et des ennemis, nous ne le cachons pas. Nos positions sur la Syrie, sur l’Irak, sur la République islamique d’Iran, sur les Etats-Unis, sur l’agression saoudienne contre le Yémen sur Bahrein, sont claires. Les animosités dont nous faisons l’objet sont dues à nos positions. Mais lorsque vous venez dire de façon erronée que ce gouvernement est celui du Hezbollah juste pour faire des vexations internes ou pour inciter contre le Hezbollah et toucher éventuellement de l’argent des pays du Golfe, vous croyez nuire au Hezbollah, mais en fait vous nuisez à tout le pays. Nous ne sommes pas dérangés par cette qualification. Et demain au Conseil des ministres nous offrirons le drapeau jaune au chef de l’Etat et au Premier ministre. Nous n’avons pas de problème à ce sujet. Mais ce n’est pas dans l’intérêt du pays, ni dans celui du gouvernement. Il n’est pas nécessaire de pousser des parties externes à augmenter leurs pressions sur le Liban juste pour des questions stupides politiques internes.

Ce gouvernement est celui de toutes les parties qui y participent. Nous en faisons partie, mais chaque partie qui est dans ce gouvernement doit aussi assumer ses responsabilités. Nous autres, nous le ferons sur la base du partenariat et parce que nous avons à cœur la mission qui nous a été confiée et parce que nous sommes prêts à assumer les conséquences à l’intérieur et en dehors du gouvernement.

Nous verrons demain dans la déclaration ministérielle et lors des séances parlementaires pour le vote de confiance comment ils appelleront ce gouvernement. Qu’ils l’appellent d’ailleurs comme ils veulent, mais ce n’est certainement pas le gouvernement du Hezbollah. Le Liban n’a aucun intérêt à le dire et ceux qui le font ne cherchent que les polémiques et certains intérêts particuliers. Mais quel intérêt de reprendre le nom donné consciemment et sciemment par Netanyahu ?

Il me reste encore un point et une conclusion sur le plan interne. Au cours des deux prochains jours, nous avons aussi des commémorations qui nous tiennent à cœur. Le 6 février il y a des commémorations importantes mais pour nous au Hezbollah, la plus chère reste la signature du document d’entente avec le CPL à l’église de Mar Mikhaël. Ce jour-là, le président était encore le général Michel Aoun. Il représentait le CPL et je représentais le Hezbollah. Nous avons signé une entente en cette église à l’entrée de la banlieue sud, le 6 février 2006. Cette entente était un pas très important que nous pouvons qualifier sur le plan interne d’historique car elle a jeté les fondements d’une nouvelle étape. L’une de ses premières concrétisations a été la position historique nationale de solidarité pendant la guerre de 2006 face à l’agression israélienne qui avait des objectifs dangereux au Liban.

Naturellement, l’entente est devenue une coopération qui elle aussi est devenue une alliance. Dans plusieurs domaines nous nous comprenons désormais mieux, nous lisons de la même manière certains développements mais la voie du dialogue est toujours restée ouverte. Je l’ai déjà dit et je le répète depuis 2006, l’entente et la compréhension réciproque ne font pas de nous un parti unique. Nous restons deux partis distincts qui ont des points de vue différents, des points de départ différents. Les objectifs peuvent être les mêmes ou différer quelque peu, mais ce qui compte c’est l’esprit de confiance, la proximité, l’amitié, la compréhension et la disposition à coopérer. Nous nous supportons, car le problème des Libanais  est qu’ils s’énervent vite et avec les réseaux sociaux, cela devient encore plus rapide et violent. Nous autres, nous nous supportons et s’il arrive que quelqu’un est énervé, il patiente et cherche à comprendre. Toutes les forces politiques libanaises auraient besoin de vivre une telle expérience.

Nous croyons aujourd’hui encore à cette entente, à cette coopération et à celle alliance et nous espérons qu’elle sera une partie d’un éventail plus large d’alliances. Nous espérons qu’elle ira en se renforçant et en se consolidant et nous avons toujours voulu que nos alliances soient réelles et profondes, autrement dit qu’elles ne s’inscrivent pas dans le cadre de l’allié de l’allié de l’allié etc. mais de toute façon ce sont là les difficultés et la complexité du Liban.  

Comme nous sommes à la veille du 6 février, nous bénissons de nouveau aux deux commandements, aux deux bases et à leurs deux publics cette occasion et nous répétons notre attachement à cette entente et notre détermination à le développer, en quantité et en qualité tout en cherchant à l’étendre au plus grand nombre possible de couches politiques et populaires au Liban. Nous attachons beaucoup d’espoirs sur cette entente que ce soit sur le plan de la sécurité et de la stabilité ou sur le plan plus profond de la paix interne permanente. Je sais que des parties internes ont toujours cherché à détruire cette entente et dès la moindre divergence ou même conflit, ces parties cherchaient aussitôt à jeter de l’huile sur le feu et affirmaient que c’en était fini de l’entente. Exactement comme cela se passe lorsque nous avons des divergences avec nos frères à Amal. Immédiatement des parties que je ne nommerai pas s’empressent d’amplifier les conflits alors que la nature de la relation entre Amal et le Hezbollah est bien plus profonde et solide que les quelques divergences ou conflits qui peuvent apparaître.

De même dans la relation avec le CPL. Je crois que des parties régionales et internationales souhaitent défaire cette alliance. Lorsque nous voyons nos ennemis ou certains d’entre eux si soucieux de briser cette alliance, nous devons au contraire y être plus attachés et plus soucieux de la préserver.

Inchallah mercredi, dans deux jours, nous insisterons plus sur ce point, dans le cadre d’un discours pour célébrer le quarantième anniversaire de la Révolution islamique en Iran. Cette révolution a changé le profil de la région et même elle a eu un impact sur le monde entier. Pour nous, c’est un événement historique qui nous est très cher. Mercredi nous parlerons plus de l’avenir de la région à la lumière de cet événement, de l’avenir de la Palestine et de celui de la résistance et de la nature du conflit dans la région. Cela touche l’avenir de notre oumma, de notre civilisation, de notre Histoire, de notre culture et de notre identité. 

Depuis longtemps, nous n’avions plus l’habitude de célébrer la victoire de la Révolution islamique en Iran. Nous nous contentions de la cérémonie organisée par l’ambassade d’Iran à Beyrouth à laquelle sont invités des diplomates, des officiels, des parties, des personnalités, des ulémas…Mais nous considérons que 40 ans c’est une date butoir, surtout si cette révolution est considérée comme un défi par le Grand Satan que sont les Etats-Unis et qui continuent de l’être pour nous. Les Etats-Unis avaient d’ailleurs déclaré  lorsque le shah s’était enfui et que l’imam avait remporté la victoire que cette révolution ne durerait pas plus de trois mois. Au bout de six mois, les Etats-Unis sont revenus à la charge donnant un an à la Révolution pour s’(éteindre. Ils ont poussé ensuite vers une guerre contre elle dans l’idée de la faire ainsi chuter. La dernière prédiction dans ce sens est venue de Bolton qui a déclaré récemment qu’il comptait célébrer Noël et le Nouvel An à Téhéran, mais cela n’a pas eu lieu.

40 ans se sont donc passés et cette révolution a fait de grandes réalisations. Elle a incité à des changements fondamentaux dans la région et nous nous considérons comme principalement concernés par cette victoire et par cet événement. C’est pourquoi nous voulons le célébrer.

Je voudrais aussi inviter tous nos amis, nos partisans et ceux qui nous aiment à venir à cette célébration. Je ne dirais pas aux habitants du Sud ou de la Békaa mais à ceux de la banlieue sud. Nous attendons d’eux inchallah une présence nombreuse digne de l’importance de la célébration et de l’événement que nous célébrons.

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