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Discours à l’occasion de la Journée du Martyr

Discours à l’occasion de la Journée du Martyr
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Au nom de Dieu

Je voudrais vous remercier pour votre présence si nombreuse, surtout celle des familles des martyrs, dans cette cérémonie consacrée à rendre hommage aux martyrs du Hezbollah, les leurs en réalité. Je voudrais d’abord parler de la circonstance, ensuite un peu de la situation régionale,  notamment ce qui a trait aux développements avec les Israéliens et enfin de la situation interne et de la formation du gouvernement en particulier.

Le 11/11/1982, l’émir des martyrs qui a inauguré les opérations de résistance d’envergure contre les Israéliens, le martyr Ahmed Kassir a lancé sa voiture contre le siège du gouverneur militaire israélien à Tyr. Ce siège était le centre de commandement des forces d’occupation dans la région. Le martyr Ahmed Kassir a ainsi causé la mort de 120 officiers et soldats, dont certains des généraux dans l’armée et les services de sécurité. Si je me souviens bien, Israël avait alors décrété un deuil de 3 jours suite à cette attaque. Le bâtiment qui abritait le QG avait été entièrement détruit. Cette opération kamikaze avait ébranlé l’entité israélienne et jeté les fondements de la résistance. Au début, la résistance était le fait de notre peuple au Sud, avec un groupe de partis, de forces et de factions résistantes. Elle a rapidement enregistré une grande victoire et une grande libération de Beyrouth jusqu’aux banlieues, jusqu’au Mont-Liban et une partie  de la Békaa ouest et de Rachaya. En 1985, il y a eu ensuite  la libération de Saïda, Tyr et Nabatiyé et ce qui restait de la Békaa ouest et de Rachaya jusqu’à la bande frontalière occupée. Le parcours de la résistance était déterminant et fort, poussé par un grand élan et il a remporté une grande victoire au bout de 3 ans. C’est le sang des martyrs qui a réalisé cela. Le 11/11 a donc marqué une étape déterminante et la pierre de voûte d’un processus qui a été ensuite de victoire en victoire. Nous avons donc choisi ce jour pour être celui du Martyr du Hezbollah. A cette occasion, nous rendons hommage à tous nos martyrs, les hommes, les femmes, les enfants, les cadres, les chefs, les kamikazes, les moujahidins, tous ceux qui sont morts sur tous les champs des batailles auxquelles nous avons participées. Les caravanes de martyrs continuent d’avancer et de nous permettre de remporter des victoires.

Un mot sur les martyrs. Ces martyrs nous ont donné une vie digne, mais en contrepartie, ils ont reçu bien plus. Le Jour du Jugement Dernier, Dieu leur a préparé les meilleures places. Vous n’êtes pas sans savoir qu’après la mort, il se passera un laps de temps avant le Jour du Jugement Dernier, dans lequel tous les morts revivront et c’est là que Dieu donnera Son jugement. Je ne sais pas combien peut durer le laps de temps entre la mort et le Jour du Jugement Dernier. Où vont les morts pendant cette période dont la durée est inconnue ? La Mort n’est pas une destruction. C’est le détachement entre l’âme et le corps. Le corps va vers la terre. Mais l’âme, où va-t-elle ? Les religions du Livre ont répondu à cette question, mais il y a plusieurs réponses au sein d’une même religion ou même au sein d’une même confession. Mais en ce qui concerne les martyrs, et cela c’est une réalité qui apparaît lorsqu’on lit le Coran, l’âme des martyrs se rend vers un lieu intermédiaire. Elle ne meurt pas. Je ne parle pas ici du Jour du Jugement Dernier qui verra la résurrection de tous les morts. Ce Jour ne concerne pas les martyrs, parce que, eux, ne sont pas morts. Ils sont encore vivants. Il y a des indices clairs sur ce sujet dans certains versets du Coran. Dans notre culture, les familles des martyrs sont donc rassurées au sujet du sort de leurs fils ou proches martyrs. D’autant que ceux-ci sont avec Dieu. Ils sont partis de ce monde et nous ont laissés les victoires, la libération, la force, les honneurs et un testament. Aujourd’hui, tout ce dont jouit notre pays en matière de victoire, de dignité, d’honneur et de libération, c’est à ces martyrs qu’il le doit, ceux du Hezbollah, d’Amal, des factions de la résistance libanaise et palestinienne, de l’armée libanaise, des forces de sécurité, des civils, femmes et enfants, tués dans les massacres perpétrés par l’ennemi. Ce sang pur nous a donné les bienfaits dont nous bénéficions aujourd’hui. Ils ont laissé en nous les graines de la dignité et de l’honneur, ainsi que la volonté  de donner encore plus de martyrs. La plupart des familles des martyrs sont prêtes à donner d’autres enfants sur le chemin du sacrifice, et un grand nombre de martyrs sont des frères ou appartiennent à la même famille. Il y a plus de 135 familles qui ont donné plus d’un martyr, certains ont même donné trois fils. A ce sujet, je ne peux qu’évoquer pour lui rendre hommage hajj Abdel Hussein Hodroj qui a donné 3 martyrs et c’est la première famille à l’avoir fait, dans les années 80 et elle a été un modèle de patience, de dévouement et de dignité. Je voudrais, en ce jour, saluer les membres de cette famille un à un et leur dire : Votre père a rejoint ses fils qui l’attendaient. Tout comme nous sommes rassurés au sujet des martyrs, nous considérons qu’ils sont aussi notre garantie dans ce monde et dans l’Autre. C’est parce que nous avons respecté leur testament  et que nous avons poursuivi le chemin que nous en sommes là aujourd’hui.

Le Premier point. C’est avec la bénédiction que représente ce sang pur que nous protégeons notre pays et nos ressources, grâce à l’équation en or : armée-peuple-résistance. Mais il faut aussi être clairs : c’est aussi grâce aux missiles que possède la résistance aujourd’hui  que nous pouvons réaliser un équilibre de dissuasion et de peur avec l’ennemi, car il est interdit à l’armée, par les Etats-Unis et l’Occident, de posséder des armes de ce niveau.

Le point central fort dans la situation libanaise, c’est cette puissance de missiles que possède la résistance. Grâce à elle, l’ennemi n’ose pas attaquer le Liban, depuis 2006 à nos jours, alors qu’auparavant, il lançait fréquemment des raids et des attaques. Depuis 2006, il a tenté une fois une attaque à la frontière, près de Janta et il y a eu une riposte qui lui a montré qu’il y aura une réponse à toute attaque de sa part.

Aujourd’hui, les villages et localités qui étaient la cible d’attaques depuis 1948, bénéficient d’une grande sécurité et d’un grand calme, grâce à cette équation. L’ennemi cherche de temps à autre à mettre la pression politique et diplomatique et à faire peur en envoyant des messages directs ou par le biais des Américains, de certains Etats Européens et d’autres pour dire que si la question des missiles de la résistance n’est pas réglée, il pourrait s’en charger lui-même.

Dans un de ses derniers discours, je suis malheureusement obligé de recourir à ses propos, Netanyahu a déclaré devant des membres Likoud de la Knesset : La force est la meilleure arme en matière de politique étrangère. De grands pays ont été occupés et leur population changée et nul n’en a parlé. La force est la clé de tout et elle nous permet de nous imposer à d’autres pays. C’est cette force qui lui a permis de s’imposer face aux gouvernements arabes fragiles et faibles. Par contre, il ne peut pas accepter la force chez les autres. Son problème avec le Liban et sa résistance, c’est qu’ils sont forts et ils mettent des freins à ses ambitions, ses projets et ses menaces. C’est pourquoi, il veut arracher cette force pour renforcer la sienne.

L’ennemi israélien et Netanyahu qui possèdent l’armée nucléaire, la plus puissante force aérienne dans la région et une immense armée ne peuvent pas supporter les missiles présents au Liban. Pourquoi ? Parce qu’ils empêchent l’ennemi israélien de faire ce qu’il veut.

Aujourd’hui, en cette Journée du Martyr, je voudrais réitérer notre attachement à la force du Liban et à l’équation en or : armée-peuple-résistance. Nous sommes attachés aux armes de la résistance et à tous ses missiles. Qu’ils ne misent donc pas beaucoup  sur les menaces et les sanctions. S’il le faut, nous sommes prêts à vendre nos maisons pour préserver la force de la résistance et les missiles. Les menaces et les sanctions n’y changeront rien.

Je dis aussi au Liban qu’il doit supporter ces pressions, car renoncer à la résistance  équivaudrait à mettre le Liban à la merci d’une agressions israélienne possible à tout moment. Il n’est pas nécessaire que ce soit une guerre, mais une agression suivie d’autres, comme cela se passait auparavant, entre les guerres de 1948 et jusqu’à 2006. En ce qui nous concerne, je redis aux Israéliens qui affirment vouloir changer les règles de la confrontation ou l’équation au Liban : toute agression contre le Liban, tout raid aérien et tout bombardement  feront l’objet d’une riposte de notre part. Il ne sera pas permis à l’ennemi d’attaquer le Liban comme il le faisait par le passé. C’est le premier point.

Le second point : Dans le cadre du conflit avec l’ennemi, nous avons assisté ces dernières semaines, à un flot de normalisations publiques et de visites publiques de responsables sionistes à des pays du Golfe. Nous condamnons toute forme de normalisation des relations  avec l’ennemi israélien, quelle que soit la partie qui les accomplit, qu’il s’agisse d’un gouvernement, d’un Etat, d’un leader, d’une partie ou d’une catégorie populaire. Nous condamnons cela et nous appelons toutes les personnes dignes dans le monde à le faire, car les dangers de la normalisation avec l’ennemi sont clairs. Sur un plan minimal, la normalisation des relations avec l’ennemi signifie le reconnaître et reconnaître la légalité de son occupation de la Palestine et des Lieux Saints musulmans et chrétiens à Jérusalem. Cela signifie aussi se taire, justifier et dépasser  les injustices et les massacres qu’il a perpétrés contre le peuple palestinien et les peuples de la région. Cela signifie encore la confirmation de l’entité sioniste et le maintien de son occupation. Tout le monde est donc appelé à condamner toute normalisation  et cela se situe au-dessus des intérêts et des calculs nationaux. Si l’on se tait pour faire plaisir à tel Etat pour des calculs locaux et si untel se tait et ainsi de suite, la normalisation dans le monde arabo-musulman deviendra une affaire normale et banale. C’est que nous devons refuser.

Le devoir humain, religieux, moral, national et légal, selon tous les critères, nous imposer de hausser le ton  contre toute démarche en vue de la normalisation dans le monde arabo-musulman. Cette bataille doit être relancée et elle n’a pas besoin de missiles, d’armes ou d’argent. Les élites, les ulémas, les jeunes sur les réseaux sociaux, les médias, chacun à son niveau, doivent y participer avec responsabilité. Dieu nous demandera des comptes sur ce sujet au jour du Jugement Dernier. Je voudrais, dans ce contexte, m’adresser au peuple palestinien et lui dire de ne pas trop s’attrister face à ces démarches. Elles peuvent avoir du bon. Regardons le bon côté des choses. Ce qui se passait dans le secret est désormais public. Cela met donc un terme au mensonge officiel arabe et fait tomber les masques de ceux  qui ont trompé pendant des décennies le peuple palestinien et la oumma arabe et musulmane, en prétendant avoir une position différente. Avec la chute des masques, les visages véritables vont apparaître et on saura désormais où se positionne chacun. C’est d’ailleurs l’une des conditions de la victoire.

La présence des menteurs et de ceux qui vendent des illusions en cherchant à gagner du temps est une entrave à la victoire et empêche une décision déterminante. C’est sur l’éveil et la conscience que se bâtissent les mouvements de résistance dans tous les peuples. Notre espoir et le vôtre est dans nos peuples et dans quelques Etats qui tiennent bon dans leurs positions.

Notre espoir réside dans les images des habitants de Gaza qui chaque vendredi participent aux « marches du retour » et qui donnent chaque jour des martyrs ou ont des blessés. L’espoir c’est lorsque nous voyons les habitants de Gaza refuser par millions de céder, de se rendre ou de se taire. L’espoir c’est de voir les jeunes de Cisjordanie lancer de temps à autre une grenade ou de mener une agression au couteau. Il y a quelques jours, le chef du Chabak a parlé de mise en échec de certaines opérations ; il a précisé que cette année seulement, les services israéliens ont fait échouer 480 attaques en Cisjordanie, cela signifie qu’il y a une volonté de résistance qui se maintient. Il y a un esprit de résistance et c’est sur ce peuple que nous misons.

Face à la vague de normalisations, nous ne pouvons que rendre hommage à nos frères au Golan arabe syrien occupé. Les gens qui y habitent vivent sous l’occupation depuis 1967 et ils continuent de refuser toute normalisation et de céder aux pressions israéliennes qui veulent transformer le Golan en terre israélienne. Lorsque l’ennemi a préparé et organisé dans leurs moindres détails les élections locales au Golan, c’est la population qui les a fait échouer. Cela n’aurait pas pu avoir lieu si les habitants du Golan n’avaient pas cette appartenance arabe et cet engagement national. Ils auraient pu se dire  que puisque les Arabes reçoivent Netanyahu et la ministre  de la Culture israélienne se rend à la mosquée cheikh Zayed aux Emirats, pourquoi risquer les coups et la prison dans une confrontation avec l’ennemi israélien ? Mais nos peuples, en Palestine et au Golan ne sont pas comme cela, ni d’ailleurs dans l’ensemble du monde arabo-musulman.

Dans la lutte contre la normalisation, nous avons de nombreux exemples lumineux, à Tunis et dans de nombreux pays arabes, comme au Liban par exemple. Hier, les médias ont publié  les images d’un enfant libanais de 8 ou 9 ans qui refusait de participer à un tournoi d’échecs international en Espagne parce qu’il ne voulait pas jouer contre un Israélien. Pourtant, pour que cet enfant Marc Abou Dib en arrive là, combien il a fallu d’efforts de la part de ses parents ! Ils sont tous remerciés ainsi que la délégation officielle libanaise à ce tournoi. Je vais parler à la manière libanaise pour que les musulmans du monde arabe entendent. Cet enfant libanais chrétien a refusé de jouer contre un Israélien et il s’est retiré du tournoi alors qu’il avait atteint la dernière étape. C’est sur ces gens que nous misons, non sur les dirigeants aplatis depuis longtemps devant les Israéliens. La feuille de vigne est tombée et avec elle les masques du mensonge devant les peuples arabes.

 La même chose se produit avec les Iraniens, lorsqu’ils participent à des tournois ou à des compétitions internationales. Ils se retirent lorsque l’adversaire est Israélien, même s’ils sont à la demi-finale ou à la finale. Aujourd’hui, pour la Journée du Martyr, nous demandons à tous ceux qui nous aiment dans la oumma arabo-musulmane, de mener cette bataille et de ne pas la considérer comme secondaire. Pour les Israéliens, elle est importante et même essentielle. Il faut aussi mentionner les manifestations à Bahrein contre la normalisation. En dépit de l’oppression, certaines ont été organisées de jour et d’autres de nuit dans la plupart des localités du royaume, contre la visite de tout responsable israélien à Bahrein. Hélas, elles n’ont pas bénéficié d’une couverture médiatique. Mais ce sont là nos gens, les peuples de la oumma sur lesquels nous misons.

Toujours au sujet de l’Iran, les responsables américains le disent clairement : un des objectifs des sanctions sur ce pays est de le pousser à modifier sa position à l’égard de la cause palestinienne et son appui aux mouvements de résistance dans la région. Ce point est l’un des douze sur la liste des demandes américaines adressées à l’Iran. Pourtant, l’Iran n’a pas agi comme certains Etats arabes en prétextant les pressions américaines et la situation économique pour renoncer à ses principes, à son engagement, à son idéologie et à sa foi.

Même chose en Syrie qui continue à résister en dépit de la guerre universelle menée contre elle. Les choses deviennent de plus en plus claires. Lorsque je vois Netanyahu ou un autre responsable israélien dans une capitale arabe, je ne peux que penser  à la Syrie et à Damas.  Si le commandement, l’armée et le peuple de ce pays n’avaient pas tenu bon, si le régime syrien avait chuté, il est clair qu’en quelques semaines, ou au plus tard en quelques mois, Netanyahu se serait rendu à Damas. Car la plupart de l’opposition syrienne  a établi des liens avec Israël et est loyale envers elle. Nous aurions ainsi vu la ministre de la Culture israélienne à la mosquée des Omeyades à Damas... Mais la Syrie est restée sur ses positions en dépit de toute l’injustice arabe dont elle a été victime au cours des 7 dernières années.

 Le troisième point porte sur un développement régional important. Il a un mois et demi à peu près, le monde s’est occupé d’un crime odieux qui s’est déroulé au Consulat saoudien à Istamboul contre le journaliste saoudien Jamal Kashoogi. Le monde est resté stupéfait en apprenant les détails de ce crime, l’enlèvement, l’assassinat, le dépeçage à l’aide d’une scie, l’utilisation de l’acide pour dissoudre le corps et ensuite tirer les chasses d’eau... Le monde a eu raison d’être horrifié et de condamner avec les termes les plus vifs. Certains essaient de voir comment parvenir à dépasser cet acte odieux. Mais dans le monde arabe, nul n’a été horrifié et nul n’a condamné. Au contraire, ils se sont déclarés solidaires...En tout cas, le monde a le droit d’être horrifié, c’est certain. Mais comment ne l’est-il pas aussi devant les terribles massacres perpétrés au Yémen contre des enfants ? L’Onu dclare qu’il y en a des centaines menacés de mort chaque heure...

C’est l’Onu qui le dit. 14 millions de personnes sont menacées de famine, des centaines de milliers sont menacées d’avoir le choléra et le monde se tait. Aujourd’hui, il commence à parler. Les Américains commencent à le faire, les Européens aussi. Bien entendu, il y a un silence dans le monde arabo-musulman, sauf quelques Etats... Il se peut que l’affaire Kashoogi ait causé un début de changement. En tout cas il est bon d’entendre des déclarations à ce sujet de la part des Américains et des Européens et des appels de la part de l’Onu à cesser les combats. Cela mérite qu’on s’y arrête un peu. Cela peut être sérieux ou un simple gain de temps, nous verrons.

Mais cela peut être aussi sérieux. Ce n’est pas à cause de Kashoogi, ni d’un soudain réveil de la conscience du monde après avoir vu pendant 4 ans les enfants du Yémen mourir... En toute simplicité, c’est à cause de la résistance  du peuple du Yémen. C’est une leçon historique qu’ont donnée les Yéménites au monde. La coalition saoudo-émirati-américaine a échoué dans cette guerre. Si les appels à cesser la guerre sont sérieux, ils seront dictés par la volonté de sauver les Saoudiens et les Emiratis bien plus que par le souci des Yéménites. Car la coalition  a échoué à envahir le Nord et à gérer le Sud. Elle a échoué au Nord à cause de la résistance  et au Sud à cause des mouvements populaires et de sa mauvaise gestion politique et administrative. Les Américains veulent donc sauver leurs alliés dans la région. Trump et ses hommes ne s’intéressent pas au sort des enfants du Yémen.

Pour nous, ce qui compte, c’est que la guerre s’arrête. Mais ce qui est surprenant c’est qu’ils parlent de quelques mois. Pourquoi ce délai ? Pourquoi pas immédiatement ?  Parce que les Américains veulent donner la possibilité à leurs alliés de remporter une victoire qui pourrait leur sauver la face. C’est pourquoi au moment où les appels à arrêter la guerre se multiplient, le Yémen connaît une grande vague d’escalade militaire, une escalade qui n’avait plus eu lieu depuis plusieurs mois. L’escalade actuelle à Houdeyda est significative. Les frères au Yémen doivent être conscients de la possibilité d’une duperie visant à les laisser se détendre en prévision d’une fin proche de la guerre. C’est possible.

En cette Journée du Martyr, je dis à nos frères au Yémen dont nous sommes si fiers : patientez, résistez, tenez bon. Vous êtes aujourd’hui plus proches que jamais de la victoire. La victoire des Yéménites est dans le fait de rester sur leur terre et d’empêcher l’agression barbare d’atteindre ses objectifs. Les Yéménites résistent et accomplissent des miracles dans les batailles qui se déroulent chaque jour dans le littoral ouest et sur tous les fronts du Yémen.

Je termine le volet régional par une dernière position. Nous avons condamné le jugement à l’encontre de cheikh Ali Selmane et de certains de ses frères. Ce qui est surprenant c’est que le tribunal a estimé que le cheikh était innocent de l’accusation de coopérer avec le Qatar, car il n’y a rien de tout cela dans les enregistrements. A ce moment, le Qatar essayait de faire une médiation au Yémen, au début de la guerre, en coordination avec les Saoudiens. A cette époque, le Qatar était actif partout. Le tribunal avait donc décidé l’innocence du cheikh dans cette accusation. Le parquet a interjeté appel et le jugement a été la perpétuité. Comment peut-on passer de l’innocence à la perpétuité ?  On peut passer de l’acquittement à une peine de 4 ans de prison ou même un peu plus. Mais la perpétuité ! Cela confirme le fait que la justice à Bahrein et dans les Etats qui lui ressemblent est un pouvoir oppresseur. Cheikh Selmane aurait être libéré prochainement et revenir à sa vie, à ses proches et à son peuple. Mais ce pouvoir insiste pour le maintenir en détention, lui et les autres ulémas, les personnalités et des milliers de jeunes, pour pousser ce peuple à plier l’échine. Mais le peuple ne cèdera pas, ni au sujet de ses positions nationales, ni , ni au sujet de ses demandes de réformes. Il restera attaché à ses droits, quels que soient les sacrifices qu’il devra consentir. Il a déjà prouvé cela avec force.

J’en arrive au volet libanais. Je voudrais d’abord m’excuser auprès des téléspectateurs non- Libanais, parce que je vais utiliser des termes confessionnels. Mais la formule libanaise, le système libanais sont confessionnels et nous contraignent à utiliser des termes de ce genre. C’est notre réalité.

Je voudrais parler de trois points, au sujet du gouvernement. Le premier porte sur les données. Le second sur certaines remarques relatives à ces données et le troisième sur notre position dans cette étape.

Au sujet des réalités : depuis 5 mois, nous n’avons pas évoqué le sujet du gouvernement. Nous agissions loin des médias, nous insistions sur la nécessité de former le gouvernement le plus rapidement possible , tout en insistant sur un gouvernement d’union nationale et sur le fait de tenir compte des résultats des élections. Evidemment, le climat général dans le pays  accusait le Hezbollah d’entraver et de retarder la formation du gouvernement. Voilà les faits.

Après la désignation du Premier ministre pour former le gouvernement, il y a eu des discussions, dont nous avons fait partie. Une partie des discussions avaient lieu avec Amal, d’autres avec nous et d’autres encore avec nous deux. Il a été question du nombre de ministres. Certains avaient réclamé un gouvernement de 32  pour permettre à deux composantes du tissu libanais injustement privées du droit de participer, les alaouites et les minorités chrétiennes, d’être représentées. L’idée était qu’un gouvernement de 32 membres permettrait de réparer cette injustice sans provoquer un grand chambardement.  D’autant qu’en réalité le Liban n’a pas besoin de 30 ministres. 8, 12, 24 pourraient suffire mais on parle de 30 pour permettre une meilleure représentation. Selon la même logique, on pourrait donc passer à 32 ministres.

Le président de la République était d’accord. Le président de la chambre aussi, ainsi que la plupart des forces politiques. Mais le Premier ministre n’était pas d’accord. Il a dit que cela le coinçait et qu’il ne pourrait pas le supporter. Ces arguments nous les entendons régulièrement. Après de longues discussions, il a été convenu de laisser la levée de cette injustice au prochain gouvernement. Pour l’instant, c’est difficile, mais il faut continuer à se battre pour cet objectif puisque le système libanais est confessionnel. Lorsque ce système changera, il sera possible  d’entrer au gouvernement grâce aux compétences non à l’appartenance confessionnelle.

Nous avons donc dépassé cette question. Si nous voulions entraver la formation du gouvernement, nous aurions pu refuser de dépasser cette question ; nul n’aurait pu nous en empêcher. Mais nous ne l’avons pas fait et nous avons facilité les choses.

Nous sommes passés à la question du partage des parts gouvernementales, car il y en a. Je voudrais citer des noms. Les Forces libanaises ont 15 députés et dès le premier jour elles ont réclamé 5 ministres. Le PSP a 9 députés et il a réclamé 3 ministres, ainsi que toute la représentation druze. Le Courant du Futur a 20 députés et il veut toute la représentation sunnite. Il n’a pas de problème à échanger un sunnite avec un chrétien de la part du président. Les deux blocs d’Amal et du Hezbollah qui ont à eux deux 30 députés ont réclamé 6 ministres. Dans ce contexte, qui a facilité et qui a entravé ? Si je dis quelque chose de faux que quelqu’un me le dise. Je voudrais présenter mes excuses au président de la Chambre Nabih Berry, nous apprenons toujours de lui. Il semble que la modestie, dans ce pays, ne marche pas. Nous aurions dû réclamer 10 ministres, et des ministres chrétiens et sunnites car nous avons des députés chrétiens et sunnites en plus des chiites, si nous avions voulu retenir les critères des FL ou du PSP. Nous aurions pu réclamer 10 ministres pour accepter 8. Mais non, nous avons dès le début réclamé 6 ministres. Nous pensions que la situation du pays, la crise économique et financière, les difficultés, tout cela exigeait de nous de chercher des solutions. Nous avons accepté 6, sachant que ce n’est pas notre poids réel, ni sur le plan parlementaire ni sur le plan politique, ni encore celui des voix préférentielles. Je ne vais pas refaire les comptes maintenant, mais cela pourrait arriver.

Vous le savez, nous sommes engagés à l’égard de nos alliés. Dans les gouvernements précédents, nous insistions pour que le PSNS soit représenté alors que les autres parties refusaient cela. Nous lui donnions à chaque fois de notre part. Un jour, le président de la Chambre a même accepté de réduire  sa part chiite pour ajouter un ministre sunnite et permettre à Fayçal Karamé d’être nommé. Pourquoi veut-on empêcher nos alliés d’être représentés ? C’est leur droit et c’est connu, nous ne les abandonnons pas. Lorsqu’un critère est adopté, il doit être le même pour tous.

Toujours au sujet de nos alliés. L’émir Talal Arslane est notre ami et notre allié. Il est membre du bloc du Liban fort. Ce bloc s’est engagé à régler lui-même cette question. Nous l’avons appuyé. Concernant le PSNS, il  a 3 députés. On nous a dit : il en faut 4 pour avoir droit à un ministre.  Soit. Mais si ce critère ne s’applique pas à tous, nous reviendrons sur ce sujet. Nous avons des alliés et des amis chrétiens élus à Jbeil et à Zahlé et des députés sunnites. Si les critères sont appliqués : le gouvernement d’union nationale et les résultats des élections, il faudra en tenir compte.

Nous en arrivons à la représentation des députés sunnites du 8 Mars, ou comme le Courant du Futur les appelle » les sunnites du Hezbollah ». Moi et chaque membre du Hezbollah nous sommes fiers que ceux-là soient avec nous et nous sommes avec eux.  Leur position ferme en 2005 a permis d’empêcher le conflit au Liban de devenir confessionnel, en le gardant dans le domaine de la politique. Ils ont ainsi joué un rôle national de premier plan. Surtout au moment où de nombreuses parties à l’intérieur et à l’extérieur du pays voulaient  susciter une guerre confessionnelle au Liban. Ces sunnites ont adopté une position politique, médiatique et sur le terrain  qui a empêché la naissance d’un conflit confessionnel, comme le voulaient les Etats-Unis, Israël, l’Arabie et derrière eux, certaines parties internes. Même le 14 Mars avait de grands espoirs dans l’émergence d’un conflit confessionnel. Mais les sunnites d8 Mars se sont toujours tenus aux côtés de la résistance et de la cause palestinienne, aux côtes des symboles sacrés de la oumma. Ëtre sunnite du 8 Mars n’est pas une accusation, au contraire, c’est une fierté.

Ces députés se sont réunis, ont fait des contacts et ont formé La Rencontre Consultative. Ils veulent être représentés au sein du gouvernement, car ils représentent une partie non négligeable des sunnites. Ce qui est vrai. Si vous voulez que nous parlions en chiffres, nous sommes prêts à le faire. Ils voulaient deux ministres, nous leur avons dit que c’est difficile et ils ont accepté un. Nous leur avons promis de les appuyer. Dès le premier jour, nous avons parlé avec les présidents, les ministres, les responsables religieux, avec le Premier ministre désigné au sujet de ces sunnites du 8 Mars, pour qu’ils soient représentés par un ministre. Vous entendez ? Dès le premier jour. Chaque fois que nous parlions ou envoyions des émissaires, nous insistions sur ce point. Nous avons été clairs en disant aux parties concernées : nous ne demandons pas cela pour nous dédouaner. Il s’agit d’une revendication sérieuse et juste. Si nous voulons vraiment un gouvernement d’union nationale, ceux-là représentent une partie non négligeable des sunnites.  Ils ont le droit d’avoir un ministre. Certains ont pu croire qu‘il s’agissait d’une manoeuvre de la part du Hezbollah. Ils pensaient qu’ils prendraient les noms que nous avions choisis et qu’ils publieraient ensuite le décret ? Nous nous serions opposés un jour ou deux et l’affaire serait terminée. A mon avis, les choses étaient traitées de cette façon insultante, avec un manque de respect des gens et de ce qu’ils représentent.  Cinq mois après des négociations avec les Forces Libanaises et le PSP, les problèmes chrétien et druze ont été réglés. Très bien, indépendamment des solutions adoptées. Le Premier ministre nous a alors contactés pour nous demander les noms de nos ministres ( 3). Entre parenthèses, j’ignorais même quels portefeuilles nous seraient donnés. Nous savions que nous aurions le ministère de la Santé à cause du débat sur cette question. Mais les deux autres ? Les philosophes qui disent que nous gouvernons le pays devraient savoir que nous ne connaissions même pas quels portefeuilles nous seraient accordés. C’est moi qui assume la responsabilité, car j’ai toujours voulu  être plus honnête et compréhensif qu’il ne le faut.

Nous avons répondu que nous ne donnerons pas les noms de nos ministres avant de régler la question du ministre sunnite. Faites ce que vous voulez, mais notre position est ferme. Nous étions clairs depuis le début.  Disons que le premier mois, il y avait du flou. Mais un mois avant l’annonce de la solution des nœuds chrétien et druze, nous avions  réaffirmé notre position au sujet du ministre sunnite.

En pratique, le processus de formation du gouvernement s’est arrêté. Le Premier ministre désigné s’est rendu à Paris et il y a eu des polémiques au Liban, à caractère confessionnel, comme en 2005. Les anciens slogans sont revenus. Ce sont là les faits.

Par conséquent, tout ce qui a été dit sur un nœud créé ou fabriqué ou encore nouvellement apparu,  est faux. Cela fait 5 mois que les députés sunnites du 8 Mars parlent de leur représentation. Nous l’avons aussi fait. Dans certains médias, on parlait des nœuds chrétien et sunnite. Mais le Premier ministre refusait de reconnaître l’existence d’un noeud sunnite car il ne reconnaît même pas l’existence de ces sunnites. Nous avions donc évoqué cette question depuis le début. Certains ont dit que nous avons commis une faute tactique en ne médiatisant pas ce sujet depuis le début. Mais je ne partage pas cette opinion. Si nous n’avons pas eu recours aux médias, c’est par égard pour le Premier ministre et pour ne pas avoir l’air de lui forcer la main. Nous lui disions discrètement de prendre l’initiative, de se montrer magnanime et de montrer sa capacité à absorber tout le monde. Nous ne voulions pas que cette affaire prenne la tournure d’une bataille de volontés. Il ne s’agit donc pas d’une erreur tactique, mais d’une volonté de ne pas entraver le processus et de ne pas augmenter les antagonismes. Nous n’avions pas eu recours aux médias, pas parce que nous avions peur. Nous n’avons pas peur des Etats-Unis ni d’Israël, ni de l’Arabie, ni des dollars, ni des épées arabes et autres... Mais nous voulions régler la question avec sagesse et bonne volonté. Nous ne voulions pas coincer le Premier ministre ni sa communauté. Nous voulions lui permettre de traiter cette question  comme un leader national qui absorbe tout le monde.

Certains ont ensuite dit que la position du Hezbollah est due à son refus  de laisser le président de la République et le CPL obtenir 11 ministres. C’est faux. Je vous le dis dès maintenant, que le Président et le CPL prennent 11, 12, ou 15 ministres, nous n’avons aucune objection. Ce sont nos alliés stratégiques  et nous n’avons aucun problème à ce qu’ils aient le nombre de ministres qu’ils souhaitent. D’ailleurs, en revendiquant un ministre pour les 6 députés, nous n’avons pas suggéré qu’il soit pris de la part du président. Nous demandions au Premier ministre de céder un ministre de sa part. Je vais vous en dire plus. Depuis le premier jour et de nouveau depuis un mois, le chef du CPL connaît notre position. Nous lui avons clairement dit que nous ne voulons rien de lui ou du président. Nous voulons un ministre de la part du Premier ministre. Comment dans ce cas, certains peuvent-ils dire que nous ne voulons pas que le Président et le CPL aient 11 ministres ? La relation avec le chef de l’Etat est excellente, elle n’est entachée par aucune ombre. Nous avons des divergences sur des questions de détails dans la politique libanaise, comme nous l’avons toujours eu. Mais notre alliance et notre relation est bien plus importante et profonde que ces détails. Je le dis pour ceux qui voudraient exploiter ce problème pour créer un conflit entre le chef de l’Etat et le Hezbollah et entre le CPL et le Hezbollah.

 Dès le premier jour, il a été clair que nous ne donnerons pas le nom de nos ministres et par conséquent, le processus de formation s’est arrêté. On a aussitôt dit, c’est l’Iran, dans le cadre de son conflit avec les Etats-Unis. Mais comment peut-il en être ainsi ? Ceux qui disent cela sont les mêmes qui disaient que ce gouvernement est celui du Hezbollah. Comment l’Iran pourrait-elle entraver le gouvernement du Hezbollah ?

Il y a un niveau impressionnant de stupidité dans ce pays. Au début, c’était le Hezbollah veut former le gouvernement rapidement avant les sanctions américaines contre l’Iran. Maintenant, c’est le Hezbollah qui veut entraver le gouvernement à cause des sanctions...

Même chose au sujet de la Syrie. Il apparaît maintenant que Bachar Assad intervient dans la formation du gouvernement. Il a laissé de côté l’est de l’Euphrate, Idlib, la reconstruction de la Syrie, la solution politique pour intervenir dans la formation du gouvernement libanais. Je peux vous assurer que ni l’Iran, ni la Syrie ne sont impliqués dans cette question. Elle est limitée aux 6 députés sunnites qui représentent une partie des sunnites et qui ont le droit d’être représentés au gouvernement.

Ne cherchez donc ni du côté de l’Iran ni de celui de la Syrie. Cela n’a pas de sens. Je voudrais maintenant  m’adresser à M.Walid Joumblatt et aux frères du PSP.

L’Iran veut vous punir en retardant la formation du gouvernement. D’où avez-vous cherché cette information ? Où sont les preuves et les données ?  Au cours des 5 derniers mois, vous et les Forces libanaises vous discutiez et discutiez. Comment dans ce cas l’Iran voudrait-elle vous punir en retardant la formation du gouvernement ? Les Syriens interviennent. Comment ? Ils n’ont jamais ouvert cette question avec nous, pourtant nous dialoguons tous les jours. Ils ne nous ont rien demandé. Mais la lecture que vous faites dit cela et c’est ce que captent vos antennes. Vous devez arranger vos antennes Walid bey ! Bien sûr je reste respectueux. Regardez à côté de vous. Vous avez retardé la formation du gouvernement pendant 3 ou 4 mois pour savoir si vous aurez deux ou trois ministres, jusqu’à ce que la solution soit trouvée.

En tant qu’ami que vous commenciez à parler du retard après les 4 premiers mois. Vous pouvez donc commencer à partir d’aujourd’hui ou du jour où nous avons refusé de communiquer les noms de nos ministres. Mais pour l’instant, vous devriez vous calmer et essayer de voir jusqu’où cette question va nous emmener.

Même chose pour les Forces libanaises. J’ai entendu certains responsables FL dire : vous voyez où est le nœud et qui entrave ? Toute la bataille est menée au Liban à travers les médias, en politique et dans les réseaux sociaux. Mais tout cela n’a rien à voir avec la réalité. Il vous a fallu 5 mois pour discuter et réclamer vos droits. Avons-nous dit que les FL entravent la formation du gouvernement ? Avons-nous accusé le PSP d’entraver la formation du gouvernement ?  Ou le Courant du Futur ?  Nous n’avons rien dit de tout cela. Mais juste parce que nous avons été solidaires de nos frères  qui ont un droit spolié, nous sommes devenus ceux qui retardent la formation du gouvernement, avec l’Iran et la Syrie ?  Est-ce juste ? Comment qualifier cette attitude ? Vous avez retardé pendant 5 mois avec le PSP et nous n’avons rien dit. Vous n’avez pas le droit de nous accuser du retard des 5 premiers mois. C’est une attaque contre une large partie de la population libanaise !  On a aussi dit que le Hezbollah veut empêcher le Premier ministre de travailler. C’est faux. Je vous l’ai dit : nous avons coopéré dès le premier jour. J’ai parlé des 32 ministres et de nos alliés chrétiens et du PSNS... Nous avons été ouverts à toutes les propositions. Nous voulons qu’il forme un gouvernement qu’il préside. Mais il faut donner à chacun son droit.

Au sujet de notre position :

Du moment où il est question d’un gouvernement d’union nationale, basé sur les résultats des élections législatives, nous sommes d’accord sur cela. Mais que l’on nous dise quel est le critère retenu : 4 députés, 5 ? Les FL réclamaient 5, elles ont eu 4 pour 15 députés. Nous autres nous avons 30 députés et nous avons obtenu 6 ministres. Comment cela ? Le Courant du Futur a 20 députés et il a tous les sunnites. Comment cela ? Où est le critère unifié ? Discutons-en ! Que les 6 députés appartiennent à d’autres blocs ou non, ils se sont regroupés dans un bloc et ils représentent une large proportion des électeurs sunnites. Je dirais même plus. Ils ne représentent pas seulement leurs électeurs, mais une large présence sunnite sur l’ensemble du territoire, du Nord au Sud, qui ont appuyé des listes. Certains ont réussi d’autres pas, mais cette popularité existe et ces gens n’ont pas changé leur position, quelles que soient les circonstances. Ces six députés ne représentent plus seulement leurs électeurs, mais un large courant politique. Nous n’accepterons plus qu’on les appelle les sunnites du 8 Mars. C’est une façon de les isoler et de les écarter. Nous refusons l’isolement et la mise à l’écart, qu’il s’agisse d’eux ou de qui que ce soit d’autre. Nous étions sincères en parlant d’un gouvernement d’union nationale.

Il n’y a aucune logique, ni nationale, ni morale, ni légale, ni politique ni d’intérêt national qui empêche leur représentation au gouvernement. Sur quelle base veut-on les priver de ce droit ? Revenons dans ce cas au point de départ. Il n’y a plus de gouvernement d’union nationale ni de résultats des élections.  Il s’agira alors d’une question discrétionnaire, chacun utilisera sa force politique et celle de sa représentativité  et nous reviendrons aux conditions et contre-conditions.

Ces frères ont un droit et nous appuyons ce droit. Nous le leur devons, avec tout ce qu’ils représentent. Que les Libanais le sachent : nous resterons à leurs côtés dans cette revendication, un an, deux ou même mille ans s’il le faut.

Nous ne faisons pas partie de ceux qui abandonnent leurs alliés, surtout lorsqu’il y a un droit. Si un de nos alliés réclame une chose à laquelle il n’a pas droit, nous en discutons avec lui. Mais lorsqu’il en a le droit, nous nous tenons à ses côtés jusqu’au bout. Vous devez nous connaître maintenant. Je voudrais ajouter que nous ne sommes pas une partie dans les négociations. La solution de ce problème est entre les mains du Premier ministre désigné.

Hier, j’ai rencontré le chef du CPL, qui était envoyé par le président de la République. Je lui ai dit : Nous ne demandons rien au chef de l’Etat, ni de vous. Vous essayez de trouver une solution parce que le Président est «  le Père de tous ». C’est très bien. Mais nous ne sommes pas une partie dans les négociations. Nul ne doit discuter avec nous. Il faut parler avec les 6 députés. Parlez avec eux, discutez avec eux. Ce qu’ils acceptent est bon pour nous. Ce n’est pas nous qui acceptons ou refusons. Ils sont nos alliés et nous nous tenons à leurs côtés. C’est tout.

Pour nous, il s’agit d’abord d’une question morale. Quant à ceux qui disent que nous avons mis les sunnites en première ligne et nous nous battons à travers eux, c’est totalement faux. Si nous voulons entraver la formation du gouvernement, Walid bey ou n’importe qui d’autre, nous n‘avons pas besoin de nous cacher derrière les sunnites. Nous avons suffisamment  de courage, de capacité, de présence, de clarté et de transparence pour nous battre nous-mêmes et afficher notre position à travers les médias. Nous ne nous cachons derrière personne. Nous voulons un gouvernement et c’est parce que nous voulons un gouvernement que nous avons réduit nos revendications. C’est parce que nous continuons à vouloir un gouvernement  que nous continuons à être modestes et conciliants. Nous ne voulons pas pousser la situation vers le défi et nous continuons à parler dans les chambres closes pour faciliter le processus.

Nous ne voulons défier personne, ni faire monter la tension dans le pays. Nous ne voulons pas non plus polémiquer avec qui que ce soit. Nous ne voulons pas réunir les cheikhs pour qu’ils publient un communiqué. Nous en voulons pas utiliser les discours. Nous sommes comme cela depuis 2005. Je voudrais dire au Premier ministre désigné : Si vous voulez réellement former un gouvernement, aider ce pays et assumer vos responsabilités, l’incitation confessionnelle ne donnera aucun résultat.  Vous ne nous connaissez pas encore ? Depuis 2005, ce procédé ne donne pas de résultat. Il augmente la tension  dans la rue, mais il ne change pas notre position. Il ne change pas nos convictions, ni notre détermination. Ils invoqueront ensuite la situation économique et la crise sociale. D’accord, mais cette crise n’existait-elle pas il y a 5 mois ? Pourquoi avez-vous négocié avec les autres pendant 5 mois ?  La situation économique et financière, nous en parlons tous. Mais pourquoi ne l’invoquez-vous  que lorsque nous arrivons à ce problème ? Vous prétendez être soucieux du Liban et des Libanais, être des défenseurs sincères de ce pays, alors réglez ce problème !  Donnez à ces sunnites un ministre. Trouvez un accord avec eux de façon respectueuse et formez ensuite un gouvernement pour sauver la situation économique.

DE toute façon après la formation du gouvernement, nous parlerons de la situation économique et nous verrons  si nous allons vers un gouvernement de sauvetage économique ou vers une nouvelle opération de pillage.

En résumé, je ne vais pas répéter ce que j’ai dit. Mais en ce qui nous concerne, ces gens ont un droit. Nous les appuyons, mais nous ne les utilisons pas pour nous battre à travers eux. Certains me demandent : le sort du pays dépend de la décision de ceux-là ? Je réponds : oui car ils ont un droit. Lorsque les députés sunnites nous diront : vous pouvez donner les noms de vos ministres, nous le ferons. La décision n’est donc pas chez le Hezbollah.

Je le répète, nous ne voulons pas de conflit ou d’escalade, ni revenir au point de départ. Il ne s’agit pas d’une affaire régionale ou internationale. J’ai expliqué le vrai problème que nul ne se cache derrière son doigt. Il y a un droit. Il faut le respecter et dialoguer avec la partie concernée avec respect. Nous nous conformerons à leur décision.

C’est cela notre engagement, notre ligne de conduite, notre histoire et notre pensée. Nous sommes loyaux et fidèles et nous continuerons ainsi  sur le chemin tracé par nos martyrs, quels que soient les sacrifices que cela exigera de nous.

 

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