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Discours à l’occasion du jubilée d’argent de l’institution islamique pour l’éducation

Discours à l’occasion du jubilée d’argent de l’institution islamique pour l’éducation
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Au nom de Dieu

Cette institution a 25 ans et elle n’a cessé au cours de ces années de donner et d’obtenir de bons résultats que nous voyons chaque jour. C’est donc un honneur pour moi de participer à cette célébration. Mon discours sera divisé en deux parties. La première est relative à l’occasion que nous célébrons et la seconde sera consacrée à la situation générale, car je dois évoquer les questions politiques.

Dans la première partie, je me dois d’abord de reconnaître les efforts et les sacrifices qui ont commencé lors de la création de cette institution en 1993 et qui ont abouti aux résultats que nous voyons aujourd’hui. Ces résultats sont le fruit d’un effort collectif de plusieurs milliers de personnes, des frères et des sœurs.

Le résultat est donc le fruit de vos efforts, réunis pour faire réussir cette institution.

Au début, je dois commencer par rendre hommage à la mémoire de cheikh Moustafa Qassir, que Dieu ait son âme, qui a été le véritable fondateur, le père et le frère de cette institution. Cheikh Qassir a passé la plus grande partie de sa vie dans cette institution, alors qu’il aurait pu prendre des responsabilités plus importantes au sein du Hezbollah. Mais il croyait dans le grand projet dont cette institution est un élément important et il y a consacré sa vie jusqu’à son dernier souffle.

Nous avons vu ensemble un film sur cette institution et la veille j’ai reçu un film plus long qui explique le travail réalisé. Je peux dire que nous nous trouvons face à une institution qui a évolué de façon spectaculaire, en qualité et en quantité, au cours de ses 25 ans d’existence. L’évolution a eu lieu dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la vision éducative et de celle de la pensée. Il y a une grande clarté dans le projet et dans ses objectifs. Nous savons où nous voulons arriver et quel chemin nous voulons emprunter pour cela. Tout est donc programmé.

Sur le plan de la vision, sur celui des cadres humains qu’il s’agisse de l’équipe éducative ou administrative, la priorité a été donnée à la qualité et à l’efficacité. Les programmes ont évolué, en dépit des circonstances difficiles par lesquelles nous sommes passés au cours de ces 25 ans, qu’il s’agisse des circonstances politiques ou sécuritaires, ou même des questions financières et de différentes échéances. Au final, les résultats sont très importants que ce soit au niveau du nombre des élèves issus de cette institution ou de la qualité de l’enseignement.

Nous avons commencé à étudier ce projet en 1991-1992. En 1993, l’idée s’est concrétisée et nous avons décidé de lancer le projet de créer une institution chargée de l’éducation. Je vous le dis franchement, j’étais convaincu de réaliser ce projet. J’y crois encore et je mise sur ce projet, en particulier sur son rôle dans notre parcours. Je continue à croire en cette institution et je reste convaincu qu’elle continuera à réussir et à réaliser de grandes choses, inchallah.

Il est clair que les efforts déployés pour réaliser ce projet et le développer sont énormes car nous sommes passés par des circonstances difficiles. Vous savez qu’en 1993, il y avait par exemple des circonstances sécuritaires particulières, des défis permanents, des risques, des échéances politiques et autres. Ce qui signifie que les efforts ont dû souvent être doublés ou triplés pour assurer la pérennité du projet.

Les résultats que nous célébrons aujourd’hui sont le produit de votre bénédiction et de votre fidélité. Ils sont aussi le fruit de votre dévouement, de votre travail incessant, de vos cerveaux ouverts et de votre coopération sincère. C’est grâce à vous que nous en sommes arrivés là et nous regardons l’avenir avec confiance. Nous sommes convaincus que cette institution a devant elle des jours pleins de promesses et de développement en qualité et en quantité.

Nous sommes un parcours qui va constamment de l’avant et en dépit des difficultés, nous continuerons à améliorer nos performances. Les paris des ennemis et les sanctions n’y changeront rien. Les circonstances difficiles qui nous attendent ne sont pas une nouveauté pour nous. Car lorsque nous avons commencé, les circonstances étaient encore plus difficiles. Aujourd’hui, je peux vous dire que sur les plans politique, sécuritaire, psychologique, spirituel, moral, financier, populaire et social, ainsi que les conditions régionales et internationales sont meilleurs qu’en 1993. En comparaison avec la situation pendant les années précédentes, nous sommes aujourd’hui bien mieux qu’avant, malgré les sanctions.

C’est pourquoi, nous comptons aller de l’avant et nous ne ferons pas du surplace. Cette attitude se concrétisera dans toutes nos institutions, dont celle-ci.

Nous n’avons pas beaucoup de conseils à donner aux frères et sœurs qui font de cette institution ce qu’elle est. Mais je souhaite rappeler et confirmer quelques points.

D’abord, le travail se fait dans l’esprit du document éducatif qui a été établi récemment sur le plan interne. C’est important parce que cela donne une vision unifiée qui nous permet de travailler ensemble comme un corps homogène en vue d’un objectif précis et unifié.

Ensuite, je voudrais souligner l’importance de ce que vous avez commencé au cours des dernières années et qui consiste dans la coopération entre les différentes institutions. Le plus important, c’est d’éviter l’isolement. C’est vrai que l’institution a un grand travail interne à accomplir avec 17 écoles, leurs corps enseignants et leurs élèves, ainsi que les problèmes logistiques que cela suppose, mais il faut éviter l’isolement. Or, vous avez réussi à établir une ouverture et une communication avec les autres institutions éducatives du Liban, dans les milieux musulmans et chrétiens, sans barrage confessionnel et indépendamment des considérations politiques. C’est important car la communication au sein du secteur éducatif peut constituer un élément de l’immunité nationale et sociale, en dépit des conflits et des rivalités politiques dans le pays.

Quelle que soit l’importance des antagonismes politiques dans le pays, ils ne doivent pas se répercuter sur le plan social. C’est pourquoi les institutions éducatives en particulier, doivent continuer à être en contact les unes avec les autres. Surtout qu’elles ont des intérêts et des revendications communs notamment sur le plan social, en dépit de leurs appartenances politiques contradictoires.

Je sais que nos institutions le font, mais j’ai voulu confirmer l’importance de ce point.

Je voudrais encore évoquer l’importance de l’éducation et celle de l’enseignement. A nos yeux, l’éducation passe avant l’enseignement. C’est l’avis de notre autorité spirituelle et la logique le veut aussi. Les écoles sont donc des lieux d’éducation et d’enseignement. Parce que les valeurs humaines morales, religieuses et nationales passent avant tout le reste. Elles sont requises pour le bon fonctionnement de la patrie, du peuple et de l’environnement social, ainsi que dans l’intérêt de la oumma.   

Je souhaite confirmer ce point dans le cadre des institutions éducatives. Car le savoir est une arme à double tranchant, tout comme l’argent ou les armes. Lorsqu’ils ne s’accompagnent pas de l’éducation, des valeurs spirituelles et humanistes, ils peuvent être utilisés dans le mauvais endroit ou dans le mauvais objectif, contre les gens, contre les symboles sacrés des autres au lieu de servir des causes justes, comme celles des peuples opprimés ou ceux dont la terre est occupée.

Les armes peuvent donc avoir un objectif noble et un autre  pour le Mal. Tout dépend des intentions qui dictent son utilisation. Même chose pour l’argent qui peut servir à construire les écoles, les hôpitaux, les dispensaires, les routes et les habitations, ou encore pour créer une structure économique réelle qui permet aux gens de vivre décemment, même avec le minimum. Il peut aussi servir à inciter à la division et à alimenter les discordes. Il peut être utilisé pour financer les guerres civiles, les guerres destructrices, le fait de solliciter l’aide des ennemis pour conserver un siège ou un trône. C’est d’ailleurs ce qui se passe. C’est encore le cas du savoir, qui peut servir une cause humanitaire ou au contraire, être utilisé pour détruire l’humanité. Il peut servir à l’instauration de la justice ou à l’oppression.

Aujourd’hui, les Etats-Unis et Israël utilisent le savoir et la technologie pour exercer leur hégémonie sur le monde. Ils les utilisent pour dominer et piller les ressources des peuples, pour humilier ceux-ci, leurs gouvernements et leurs dirigeants. C’est pourquoi nous insistons toujours sur l’éducation en même temps que sur le savoir.

Nous voyons les établissements éducatifs se faire la concurrence sur le plan du savoir et des résultats. Bon nombre d’entre eux se lancent, à la fin des examens officiels des classes complémentaires et secondaires, dans un concours sur qui a obtenu les meilleurs résultats : 100% de réussites ou 99% ou encore 98%. Certains établissements prennent même des mesures qui peuvent être dures pour leurs élèves afin d’obtenir les meilleurs résultats. Ces mesures peuvent même avoir des conséquences psychologiques négatives sur les élèves, et il ne faut pas les maintenir juste pour obtenir les meilleurs résultats aux examens. J’invite donc les établissements éducatifs à se faire la concurrence non pas seulement sur le plan du savoir et des résultats aux examens officiels, mais aussi sur la formation et l’éducation. J’ignore comment cette question pourrait être traitée. Peut-être qu’il faudrait poser des critères et des freins... car ces établissements qui se font la concurrence sur les résultats aux examens officiels, quel jeune homme sont-ils en train de produire ? Un homme serviable, avec des qualités humaines, prêt au sacrifice, modeste ? Un croyant ? Un homme qui veut le bien pour les autres ? Ou au contraire, un homme arrogant, égoïste, qui ne cherche que son propre intérêt, sans tenir compte des autres et de leurs sentiments ?

Nous ne devons pas occulter cet aspect et l’homme que nous saluons pour son savoir et ses performances scientifiques ne doit pas être dépourvu de qualités humaines. Vous pouvez faire les deux, car le rôle des écoles, c’est aussi de former l’être humain.

Nous étions aux écoles et nous étions des enseignants. Nous avons aussi complété la formation dans les écoles religieuses qui sont aussi des écoles. Nous savons donc à quel point les élèves sont influencés par leurs enseignants. Je peux même dire que souvent, les professeurs influencent plus leurs étudiants que les parents de ces derniers. Il arrive même que les élèves voient leurs professeurs plus qu’ils ne communiquent avec leurs parents, surtout depuis l’apparition du téléphone portable, car à cause de lui, les gens ne se voient plus. Au moins, à l’école, l’élève est obligé de le fermer. L’élève est aussi obligé d’écouter son professeur, de lui parler et de lui poser des questions. Ce qu’il ne fait pas forcément avec ses parents. C’est justement dans les années d’école que la personnalité se forge, non dans les universités ou c’est déjà fait. C’est pourquoi la mission la plus noble, la plus importante et la plus déterminante est la vôtre, celle de former l’homme de demain.

Je souhaite que l’on tienne compte de ce point. Certains établissements scolaires forment à l’esprit de concurrence. IL faut toutefois que l’on soit en concurrence pour le positif. C’est donc bien de chercher à acquérir le plus grand savoir, mais c’est aussi important de rester respectueux, honnêtes, modestes et serviables. Car dans la conception religieuse de l’islam, c’est par là que commence la société.

Avant de me battre contre le tyran, je dois essayer de faire en sorte qu’il n’y en ait pas. Avant de me battre contre la corruption, je dois essayer de faire en sorte qu’il n’y en ait pas. Même chose pour els voleurs. C’est là que tout commence si l’on veut agir sainement.

Un dernier point encore relatif aux établissements scolaires et à l’éducation.

Il arrive parfois que certains enseignants soient soucieux de faire passer tel élève  et d’en faire un surdoué, indépendamment de son réel niveau scolaire.

Il y a une grande différence entre la compréhension et le fait de retenir par cœur. Je le sais parce que j’ai été à l’école et ensuite à l’école religieuse. Dans ces dernières écoles, il y a un concept important, selon lequel il n’est pas nécessaire de retenir, ce qui compte c’est de comprendre. Ce qui compte le plus, c’est que ce qu’on vous enseigne soit absorbé, et devienne une partie de votre identité et de votre personnalité. Je vois souvent des élèves qui retiennent un grand nombre de données par cœur. Prenons l’exemple de l’histoire. Des élèves peuvent retenir les faits, les réciter et obtenir des notes supérieures aux examens dans ce domaine. Mais au bout de deux ans ou trois, ils oublient toutes ces données. Par contre ce qui est absorbé et intégré reste et devient une partie intégrante de la personnalité.

Notre obsession ne doit pas être d’être brillant et d’obtenir les diplômes. Notre obsession doit être le contenu, le savoir ; Il est important que la nouvelle génération soit consciente du savoir, ait un esprit ouvert. Nous devons d’ailleurs encourager les jeunes à discuter, pour qu’ils ne soient pas passifs, car s’ils se contentent de recevoir, ils ne seront pas forcément en mesure d’absorber les éléments qui leur sont donnés.

Il est donc important de les pousser à discuter car c’est à cet âge que se forgent les convictions, les éléments de la pensée et les caractéristiques de la personnalité. Il est donc important que nous ayons de véritables ulémas et non seulement des gens qui récitent. C’est important à tous les niveaux du savoir et dans tous les domaines. Notre société dans son ensemble ne doit pas être un récepteur passif. Nous sommes  capables de produire. Nous devons l’être. Nous devons avoir des ulémas véritables dans tous les domaines et dans toutes les spécialités. Or, cela ne se construit pas à l’université, mais depuis le début de l’enseignement.

Votre responsabilité est donc grande dans la formation de l’être humain. Vous êtes j’en suis sûr à la hauteur de cette mission. Nous avons d’ailleurs vu les résultats de votre action, non seulement sur le plan des diplômes et du niveau du savoir, mais aussi dans les générations que vous avez formées et qui ont assumé leurs responsabilités à l’égard de la société, sur le plan jihadiste, sociale ou au service de la chose publique. Nous comptons donc sur vous pour cette grande mission délicate et difficile.

Je conclus cette partie du discours en attirant l’attention sur un point : l’existence d’une tendance au sein de notre société qui pousse vers l’athéisme. Quand on demande aux jeunes : pourquoi vous vous dirigez vers l’athéisme, ils répondent : « Nous en avons assez de l’islam ! ».  Ou nous sommes déçus par lui.

Pour justifier cette position, ceux qui disent cela précisent qu’ils regardent le monde arabe et musulman.

Au cours des six ou sept dernières années, il y a eu des affirmations de ce genre. Pourquoi ? Parce que ceux qui les disent, quand ils regardent le monde arabe et musulman, ne voient  que l’illettrisme et l’absence de développement. Quel est le lien entre cela et le refus de l’islam ? Ceux-là peuvent dire que l’islam favorise donc l’injustice. Pourtant, c’est aussi le cas des autres religions du Livre. En ce qui me concerne, j’affirme qu’il n’y a pas, tout au long de l’Histoire, un message céleste et une civilisation qui a autant prêché le savoir que l’islam. C’est même une réalité dans le Coran, lorsqu’on le lit en entier, et dans les propos du Prophète. Le savoir est un élément important et il y a une véritable insistance sur ce sujet dans l’islam. Il y est même dit qu’il faut commencer à inculquer le savoir au nouveau-né et celui-ci ne doit jamais cesser d’apprendre lorsqu’il grandit et jusqu’à son lit de mort.

Il y a même un précédent, qui n’a pas d’équivalent dans l’Histoire. Lors de la bataille de Badr, dans laquelle il y a eu une prise d’otages, notamment des gens de Qureish qui adoraient les statues, au moment de l’échange des otages, le Prophète et ceux qui l’accompagnaient n’ont pas exigé de rançon pour les libérer, pourtant ils avaient un besoin urgent d’argent car les gens de Qureish avaient mis la main sur leurs biens et leurs avoirs à la Mecque, simplement parce qu’il y avait parmi les otages des érudits, dans une société illettrée. Chacun d’eux a ainsi appris à lire et à écrire à dis musulmans, moyennant sa liberté. C’est une leçon historique. Y a-t-il un autre leader qui a agi comme le Prophète ? C’est dire combien l’instruction, l’éducation et le savoir sont importants dans l’islam, au moment d’ailleurs où l’Occident était plongé dans l’ignorance et l’obscurantisme et où il jugeait et pendait les savants. Pendant cette période sombre en Occident, il y avait une période d’or dans la région. On ne peut donc pas faire assumer à l’islam la responsabilité de l’ignorance et de l’illettrisme dans le monde arabo-musulman d’aujourd’hui. Nous savons tous qui assume la responsabilité de la situation actuelle.

De même, certains disent qu’ils ne peuvent que renier l’islam lorsqu’ils voient que dans le monde arabo-musulman, les populations sont pauvres et affamées, malades et souffrent du chômage et du besoin. Une fois de plus, je pose la question : quel est le lien entre cette réalité et l’islam ?  L’islam est une religion égalitaire, qui prône la solidarité. Dans le Coran, tous ces détails existent et il est question de la « zoukat » et de la nécessité de donner aux pauvres, aux miséreux et aux orphelins. De même, dans les législations islamiques, ces points sont évoqués en long et en large. Si elles étaient appliquées, il n’y aurait pas eu de pauvre, ni de miséreux, ni encore d’endetté. Le problème n’est donc pas  l’islam. Il est en nous. Il est aussi dans l’image donnée au cours des dernières années, de barbarie, de mains et de têtes coupées, de corps déchiquetés, d’organes extraits, de corps brûlés. Mais qu’a donc à voir l’Islam dans tout cela ? Le Prophète déclare : Ne coupez pas un corps vivant ou mort et ne le brûlez, pas même s’il s’agit d’un chien errant qui attaque les passants. Si aujourd’hui, certains égorgent avec des épées, dépècent et scient les corps, en quoi l’islam est-il responsable ?  Même si ceux qui le font prétendent prier du matin au soir ! Dans l’islam, il y a un grand respect pour les morts. Ils ont une sorte d’immunité. La responsabilité n’est donc pas dans l’Islam, mais dans ceux qui prétendent le suivre sans le connaître vraiment.

Aujourd’hui, au lieu de dépenser des sommes énormes pour l’enseignement, les hôpitaux, les écoles, la création d’emplois, l’aide aux miséreux, elles sont consacrées, dans les pays arabo-musulmans, aux guerres et à la destruction des sociétés pour servir les intérêts d’Israël. Des milliards de dollars sont aussi versés pour satisfaire le « maître américain », ou occidental, dans le but de préserver le trône d’untel ou de faire arriver tel autre au trône. C’est ceux-là que les gens devraient renier au lieu de renier l’islam et même les autres religions du Livre. C’est une responsabilité collective de défendre les religions et les Prophètes et en particulier l’islam et le Prophète, car les images détestables sont exploitées pour ternir l’islam et détourner les croyants. La bataille est une bataille d’opinion publique, une guerre psychologique pour ébranler les convictions et semer le doute, le dégoût. Nous devons nous battre pour défendre nos croyances et donner un modèle différent du musulman croyant, celui de l’homme instruit, ayant des valeurs morales, poli pour combattre la fausse image qui est en train d’être mise en avant. C’est la meilleure réponse à ce qui se passe depuis quelques années dans la région.

Je passe maintenant au volet politique.

Trois titres rapides.

La région tout entière est en situation d’attente. Même maintenant, au moment où je m’adresse à vous, j’ignore les derniers développements, à Gaza en particulier. Car il y a actuellement un climat de défi à hauts risques, une mobilisation des deux côtés et une escalade verbale de la part des Israéliens, des mesures concrètes sur le terrain pour peser sur les Palestiniens et leur faire peur. Du côté adverse, il y a une grande détermination chez les Palestiniens à poursuivre les « marches du retour » jusqu’à ce qu’elles atteignent leur objectif, malgré les martyrs, les blessés, les grandes souffrances que causent ces marches tous les vendredis, à cette même heure. Les différentes factions palestiniennes, et la chambre d’opérations commune à Gaza ont annoncé une position ferme, se déclarant prêtes à relever le défi et à toute confrontation si les Israéliens veulent en arriver là. Comment va évoluer la situation ? Nous devons suivre cela au cours des prochaines heures et des prochains jours. Naturellement à Gaza, il n’y a pas  d’autre choix que la résistance face à l’Israélien qui les place devant un choix : soit la lutte, soit la mort de faim, à cause du blocus. Les Palestiniens de Gaza ont fait leur choix. Ils refusent de mourir de faim. Ils se dressent donc et même si certains d’entre eux vont mourir, mais s’ils tiennent bon, ils peuvent peut-être imposer leur choix et briser le blocus, tout en posant leurs conditions au monde. Ce qui se passera au cours des heures et des jours prochains est très important pour Gaza et même pour la région, car des développements de ce genre à Gaza pourraient avoir des conséquences grandes et dangereuses sur toute la région.

Le second titre porte sur ce qui s’est passé récemment au consulat d’Arabie à Istamboul avec la disparition, forcée ou non, du journaliste saoudien Jamal Kashoogi. Il est pratiquement sûr désormais que l’homme a été arrêté au consulat, torturé et tué. En tout cas nul n’évoque sérieusement une autre possibilité. Il y a aussi la possibilité que son corps ait été dépecé à l’aide d’une scie. Cette affaire a été amplifiée par les médias et dans l’opinion publique. Concernant les Etats-Unis, elle a coïncidé avec les élections de mi-mandat et elle a alimenté la polémique entre le parti démocrate et le parti républicain. Elle est devenue aussi un sujet de conflit entre Donald Trump et les médias. L’Occident en général, qui s’est tu au cours de la première semaine, commence à en parler, la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, les Pays bas etc. C’est un gros sujet. Je ne vais pas évoquer ses conséquences et ce qu’il a dicté. Mais je l’ai évoqué pour lancer un appel : en dépit de nos conflits avec le projet adverse dans la région conduit par les Etats-Unis  avec l’Arabie , en dépit des malheurs causés par ce projet au Yémen, au Liban, en Syrie, en Irak, je ne veux pas utiliser cette affaire pour lancer une attaque verbale contre  l’Arabie ou ouvrir un débat humain et moral pour mobiliser populairement, politiquement et intellectuellement, notre public et les populations.

Il est clair, en tout cas, que cette affaire s’amplifie et l’administration de Trump est coincée. Elle est dans une situation difficile. De même, les dirigeants saoudiens sont dans une situation peu enviable. Ils font face à une véritable crise internationale. Il y a même une tendance vers un boycott diplomatique et politique. Cela pourrait prendre aussi la forme d’un boycott  économique et de sanctions. Il faut suivre cette question. Un jour viendra où nous parlerons de qu’elle montre et de sa signification. Mais pour l’instant, il faut voir comment elle va finir et à quels résultats il va aboutir. Je suis certain qu’actuellement, les réunions se suivent en Arabie pour étudier les possibilités d’y faire face. La version des éléments indisciplinés qui auraient agi de leur propre chef ne passe pas. Bien entendu, au cours des deux dernières semaines dans le flot des commentaires et des analyses de cette affaire, certains Saoudiens sont passés sur les chaînes satellitaires et ont accusé le Hezbollah. Je le dis pas parce que cela mérite que j’y réponde, mais pour faire rire. D’ailleurs, l’intervieweur qui, je crois, ne fait pas partie de nos amis, a rétorqué : Dites-nous quelque chose de sensé que l’on puisse croire§ comment le Hezbollah aurait-il pu s’infiltrer au Consulat, passant ainsi entre les filets de la police, des éléments de sécurité, de l’armée, défiant les caméras et préparant un médecin légiste avec tous ses outils... Il y a mieux encore. L’un d’eux a déclaré que l’Iran, le Hezbollah et le président syrien Bachar Assad ont réalisé cet assassinat. Selon lui, la preuve est évidente. Il y a un colonel syrien qui a déserté l’armée et qui se trouve en Turquie. Ce colonel a été enlevé et ramené en Syrie. Selon le Saoudien, celui qui a enlevé le colonel syrien dissident peut s’introduire dans le Consulat saoudien à Istamboul pour susciter une discorde entre l’Arabie et la Turquie, entre l’Arabie et les Etats-Unis et entre l’Arabie et les autres pays du monde.

J’ai voulu rapporter ces propos pour alléger l’atmosphère. L’affaire est chez vous, les Saoudiens, voyez comment vous allez vous en sortir et qui va être le bouc émissaire. C’est ce qui est actuellement discuté, j’en suis convaincu.

Je voudrais profiter de cette occasion pour m’adresser aux dirigeants saoudiens : C’est le moment de prendre une décision courageuse pour arrêter la guerre au Yémen. C’est vrai qu’un grand journaliste proche de la cour du roi a dit récemment  qu’ils sont en train de reprendre l’initiative avec l’Iran, le Hezbollah et le Hamas qui sont redevenus amis. Mais tout le monde sait, y compris les Américains, savent que ce sont des paroles en l’air. Aujourd’hui, les dirigeants saoudiens sont trop occupés à se ressaisir et à limiter les pertes. La plus grande décision qu’ils pourraient prendre c’est d’arrêter la guerre au Yémen, d’annoncer un cessez-le feu sur tous les fronts et de permettre aux Yéménites de chercher une solution politique et de procéder à une réconciliation nationale. Pourquoi ? Parce que la couverture internationale de cette guerre commence à s’effondrer. Après l’affaire Kashoogi, il pourrait s’effondrer encore plus vite. Aujourd’hui, l’image de l’Arabie dans le monde n’a jamais été aussi mauvaise en cent ans. Dans ce contexte, ils ne peuvent pas poursuivre cette guerre. Quand le monde était avec eux, ils n’ont pas pu remporter des victoires. Au contraire, leurs pertes étaient énormes, sur tous les plans, y compris moral, humain et économique. C’est donc le bon moment pour que les dirigeants saoudiens adoptent une position historique, pour arrêter cette guerre, qui, d’ailleurs a été déclarée d’un seul côté, le camp adverse étant, depuis le début, en position de défense. Il est donc temps de laisser les Yéménites mener un dialogue entre eux ou par le biais des Nations Unies et de laisser le Yémen aller vers la paix. Vous ne pouvez pas continuer à vous entêter et à traiter les problèmes de cette manière. Le monde ne peut plus supporter ce comportement. J’ai voulu insister sur ce point, à cette occasion, mais je ne veux pas développer plus ce sujet.

Un dernier titre sur le gouvernement au Liban. Il y a deux volets, le premier concernant la forme et le second portant sur le fond.

Dans la forme : Il y a actuellement une orientation dans la presse arabe et celle du Golfe en particulier, ainsi qu’au Liban, comme s’il s’agissait d’un seul mot d’ordre, pour établir une comparaison entre le gouvernement en Irak et celui au Liban et considérer que les deux processus vont de pair. J’ai voulu en parler parce qu’il y a des erreurs dans cette approche. Selon cette thèse, les choses se sont débloquées en Irak, elles doivent donc l’être aussi au Liban. Mais il y a une différence énorme entre les deux pays. En Irak, il y a un délai d’un mois pour former le gouvernement. Au Liban, il n’y en a pas. Mais ceux qui développent cette théorie ne veulent rien entendre. Ils lient le déblocage en Irak au processus de formation du gouvernement pour laisser entendre qu’il y a une entente irano-américaine dans la région. Moi je voudrais rappeler que ce qui s’est passé en Irak est le fruit de la volonté des Irakiens nationalistes et de l’échec politique des Etats-Unis. En réalité, les Américains ne voulaient ni de ce président de la Chambre ni de ce Premier ministre. Ils ne voulaient pas non plus de l’actuel président de la République.

Ce qui s’est donc passé en Irak est une défaite politique pour les Américains. Dans les milieux arabes, on parle aussi d’une défaite pour les Saoudiens. Je ne veux pas trop parler des Saoudiens aujourd’hui. Ce que j’ai déjà dit suffit. Dans l’espoir qu’ils entendent l’appel pour le Yémen. Donc, le déblocage en Irak n’est pas le fruit d’une entente entre les Etats-Unis et l’Iran.

Concernant le Liban, l’Iran, je l’ai déjà dit 20 fois depuis la désignation du Premier ministre, n’intervient pas dans le dossier gouvernemental, ni de près ni de loin, ni de jour ni de nuit, ni encore par des chuchotements. Il n’y a donc pas de rapprochement américano-iranien. D’ailleurs, où le voient-ils, ceux qui disent cela ? Dans quel monde vivent-ils ? Que comprennent-ils à la politique ? Aujourd’hui, les développements se dirigent vers une grande confrontation, au moins sur le plan économique, politique et médiatique. Dans quelques jours il y aura des sanctions renforcées et une tentative de mettre les exportations pétrolières iraniennes à zéro. Où est donc le rapprochement ? Je ne veux pas être impoli, mais ceux qui disent ou écrivent cela sont des imbéciles ou alors, ils connaissent la situation réelle mais mentent sciemment.

Il a été dit au cours des derniers jours que la tutelle iranienne sur le Liban a finalement donné le feu vert à la formation du gouvernement. Selon ceux qui disent cela, la preuve est que j’ai reçu le ministre Gebrane Bassil et je lui ai dit : cela suffit. Il faut former le gouvernement et vous, ainsi que toutes les parties, doivent faire des concessions. Vous avez d’aujourd’hui jusqu’aux nouvelles sanctions américaines sur l’Iran. Bon, cette rencontre n’a pas eu lieu. Et de toute façon, nous ne disons pas au CPL ce qu’il doit faire. Nous ne disons pas non plus au Premier ministre ni aux autres forces politiques ce qu’elles doivent faire. La formation du gouvernement est une affaire interne libanaise. Elle n’a donc rien à voir avec les sanctions américaines sur l’Iran. Mais malgré cela, il y a toujours une tentative  de faire assumer à l’Iran la responsabilité des retards au Liban. C’est pourtant vous qui êtes responsables du retard et c’est vous qui donnez le feu vert. On pourrait dire que nous intervenons pour tenter d’accélérer le processus, mais non, on veut toujours nous accuser : nous avons entravé et aujourd’hui, nous débloquons.

De même, on veut toujours faire croire que c’est le Hezbollah qui distribue les parts de chaque groupes et els portefeuilles ministériels. A chaque fois qu’il y a un problème, on dit : allez chez le Hezbollah et parlez-en avec lui. Ces propos ne reposent sur aucun élément. Ils sont faux. Nous n’intervenons pas dans ces sujets. Les discussions sur les parts et les portefeuilles se font entre les responsables, le président du conseil et le président de la République et avec les parties concernées. Bien sûr nous suivons ce qui se passe et dans certains cas, nous avons une opinion que nous exprimons. Mais ce n’est pas nous qui tenons le dossier et qui décidons. Cela dans la forme.

Concernant le fond : En supposant qu’il n’y a pas d’intervention étrangère – je dois dire qu’à ce sujet, je n’ai pas une vision très claire, car les informations sont contradictoires-, il pourrait y avoir quelqu’un à l’étranger qui conseille de prendre du temps dans la formation du gouvernement. Comme je suis sûr que ce n’est pas une partie de notre camp, ni la Syrie ni l’Iran, ce serait alors qui ? Les Américains ? Les Français ont l’air pressés. Alors qui reste-t-il ? Les Américains et les Saoudiens ? pourquoi le feraient-ils ? Quels sont leurs calculs ?  Ce n’est pas clair. Les informations à ce sujet sont contradictoires. C’est pourquoi je ne peux pas dire aux Libanais que ce qui bloque la formation du gouvernement vient de l’étranger ou non. Je possède des informations contradictoires sur ce sujet. Ce qui est clair c’est que les entraves sont en partie internes et portent sur les volumes, les poids et els droits. Il y a donc certainement un problème interne à ce sujet. Beaucoup de choses ont d’ailleurs été dites à ce sujet au cours des précédents mois. Mais nous avons tenu à rester en dehors des polémiques. A supposer qu’il n’y a pas d’interférence étrangère, je peux aujourd’hui donner un peu d’espoir. Avant je disais qu’il n’y a rien de nouveau. Mais aujourd’hui il y a un climat positif et un développement important qui a eu lieu. Mais nous ne conseillons à personne de fixer des dates.  Par exemple, on ne peut pas dire dans 48 heures ou dans 3 jours, une semaine, dix jours, un mois. Car parfois, certaines choses peuvent se produire de façon imprévue, ou parce qu’elles n’avaient pas été prises au sérieux au début. Il ne faut pas croire que certaines revendications sont avancées pour la forme et qu’au dernier quart d’heure, on y renonce. Ce serait une erreur d’évaluation de la part de ceux qui travaillent réellement pour la formation du gouvernement.

Je pense qu’aujourd’hui, il y a une avancée sérieuse. Mais il y a encore beaucoup de questions à régler au sujet de la distribution des portefeuilles et surtout de la désignation d’un ministre de telle partie. Cela reste en suspens et nous attendons tous des réponses. Je ne veux pas entrer dans les détails. Mais nous sommes concernés par cette dernière partie. Nous avons des réserves sur l’approche de cette revendication depuis le début. Quand je dis nous, c’est le Hezbollah et Amal, principalement. La façon dont la question a été soulevée dans la presse et la façon de relever les enjeux dans les médias ont créé un climat de défi et mis en question la dignité des parties concernées. Ce qui a compliqué la situation. Nous autres, depuis le début, nous avions prôné la discrétion et le silence, mais d’autres n’ont pas voulu faire comme nous. Mais quand les questions sont médiatisées, elles se transforment en défi et on devient otage de ses déclarations. Tout le pays devient ainsi en crise. Aujourd’hui, je ne dirai pas que nous avons des conditions ou des revendications. Je ne veux pas me laisser entraîner dans des polémiques, car il y a des gens qui disent et écrivent : le Hezbollah va-t-il lâcher ses alliés ? Je ne veux pas entrer dans des polémiques car je ne veux coincer personne. . Nous voulons «  manger du raison, non tuer le gardien ». Il faut former le gouvernement. La bataille pour la formation ne doit pas avoir pour objectif « de casser des têtes ». Le pays a besoin d’un gouvernement, sur le plan économique, financier, quotidien, social, sécuritaire etc. C’est dans cet esprit qu’il faut former le gouvernement et non dans l’idée de régler des comptes et parfois, d’imposer des volumes et des poids, aux dépens du pays et de la patrie.

Aujourd’hui, les choses ont pris un tour sérieux. Nous suivons. Les prochains jours pourraient être déterminants sauf si un nouveau problème apparaît ou un noud insoluble. A ce moment-là, nous reviendrons en arrière. Je suis avec le fait de donner aux citoyens une image réaliste, car leur donner trop d’espoir, s’il ne se traduit pas concrètement, pourrait créer un désenchantement  et une grosse déception, qui auraient des conséquences  sur la situation financière et économique. Il faut donc être réaliste. Il existe encore des nœuds essentiels qui doivent être traités avec le plus grand sérieux. Pour nous, il y a un problème essentiel qui consiste dans le fait que depuis le début, il n’y a pas eu un accord pour l’adoption d’un critère unifié. Il n’y a pas eu d’accord ni sur le principe ni sur le critère lui-même. Nous autres, nous avions une opinion précise qui repose sur les résultats des élections au niveau du nombre des députés non des blocs et des forces politiques. C’est un problème fondamental qui a créé des obstacles à la formation du gouvernement.

Nous espérons que les responsables parviendront à surmonter tous les obstacles. Tous doivent coopérer et avoir des revendications plus modestes. Avec Amal, depuis le début, nous avons été modestes. Nous avons accepté les critères adoptés mais ils doivent aussi s’appliquer à nos alliés. Pour nous, ce qui compte c’est qu’il y ait des critères unifiés. Je ne vais pas en dire plus pour l’instant. Car ce qui compte c’est de travailler dans un climat calme pour aboutir à des résultats.

De nouveau je réitère mes félicitations aux écoles du Mehdi, l’administration, les cadres et les élèves. Et j’espère qu’elles fêteront les 50, les 70, puis les 100  ans etc, jusqu’à l’arrive de l’imam al Mehdi. inchallah.

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