Tortures en Arabie: nouveaux appels à une enquête indépendante
Deux ONG internationales, Amnesty international et Human Rights Watch (HRW) ont appelé vendredi l’Arabie saoudite à autoriser une enquête indépendante sur des accusations récentes de torture et de mauvais traitements de militants pour les droits humains.
Des appels similaires avaient été lancés en novembre et en décembre par ces ONG, qui affirmaient que les enquêtes menées par l’Arabie saoudite n’avaient pas donné satisfaction.
Dans un communiqué, Amnesty International, basée à Londres, a dit avoir obtenu de nouveaux rapports concernant dix militants pour les droits humains qui ont été «torturés, victimes de harcèlement sexuel et soumis à d’autres formes de maltraitance» au cours de leur détention.
«La personne chargée d’interroger une militante lui a fait croire que des membres de sa famille étaient morts pendant un mois entier», a précisé l’organisation.
«Nous sommes extrêmement soucieux de l’état de ces militants, arbitrairement détenus depuis environ neuf mois, simplement pour avoir défendu les droits humains», a déclaré Lynn Maalouf, directrice de recherches d’Amnesty pour le Moyen-Orient.
«De manière répétée, les autorités saoudiennes se sont montrées réticentes à protéger de manière efficace les détenus de la torture, ou à mener des enquêtes impartiales sur des allégations de torture en détention», a-t-elle ajouté.
Amnesty a appelé l’Arabie saoudite à «permettre à des enquêteurs indépendants un accès immédiat et sans entrave aux militants détenus».
HRW a, dans un appel similaire, estimé que «les autorités saoudiennes devraient immédiatement autoriser des enquêteurs indépendants internationaux à entrer en Arabie pour rencontrer les détenus, notamment ceux qui disent avoir été torturés».
«Les enquêtes internes en Arabie saoudite ont peu de chance de recueillir la vérité sur le traitement des détenus», a déclaré dans un communiqué Michael Page, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient.
En novembre, les autorités du royaume avaient qualifié de «sans fondement» les rapports des ONG selon lesquels trois militantes ont été torturées et harcelées sexuellement lors de leur détention.
Ces accusations interviennent alors que l’image de l’Arabie saoudite a été considérablement ternie par l’affaire Jamal Khashoggi, du nom de ce journaliste saoudien, critique du pouvoir, tué le 2 octobre au sein du consulat de son pays à Istanbul.
Plus de dix militants ont été arrêtés en mai, peu avant la levée historique de l’interdiction faite aux femmes de conduire. La plupart d’entre eux ont été accusés de «menacer la sécurité» et de «venir en aide aux ennemis» du pays. Quelques-uns ont été libérés depuis.
Source: agences et rédaction