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Ben Salmane planifie une poignée de main type « Camp David » avec Netanyahou

Ben Salmane planifie une poignée de main type « Camp David » avec Netanyahou
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Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) « envisagerait sérieusement » d’organiser un sommet « historique » à la manière de Camp David avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, où le président américain Donald Trump jouerait le rôle de l’hôte.

Le prince héritier, dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, a demandé au groupe de travail d’urgence qu’il a créé pour gérer les retombées du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi d’examiner cette idée, ont indiqué à Middle East Eye des sources saoudiennes parfaitement au fait des discussions.

Le plan consiste à dépeindre le prince héritier, qui est accusé par beaucoup d’être impliqué dans le meurtre de Khashoggi, comme un « artisan de la paix » ayant permis de faire avancer les choses, à l’image de l’ancien dirigeant égyptien Anouar el-Sadate.

Sadate a serré la main du Premier ministre israélien Menahem Begin en 1978 lors d’une rencontre organisée par le président américain Jimmy Carter à Camp David, la maison de campagne du président.

Cette rencontre a conduit l’Égypte à devenir le premier État arabe à reconnaître «Israël» et à un traité de paix entre les deux États. Sadate a été assassiné en 1981.

Mohammed ben Salmane estime que la séance photo à elle seule suffirait à influencer le Congrès américain, qui prendra ses fonctions en janvier et lui sera plus hostile.

Les démocrates ont pris le contrôle de la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat en novembre, tandis que plusieurs sénateurs républicains ont déclaré la semaine dernière qu’il apparaissait « plus clairement que jamais » que le prince héritier avait ordonné l’assassinat de Khashoggi, après avoir été briefés par la directrice de la CIA, Gina Haspel.

MBS « responsable du meurtre », selon le Sénat

Ce jeudi, le Sénat américain a adopté sans aucune opposition un texte « estim[ant] que le prince héritier Mohammed ben Salmane est responsable du meurtre » de Jamal Khashoggi. Les sénateurs américains ont demandé en outre l’arrêt du soutien des États-Unis à la coalition menée par Riyad au Yémen.

Cette mesure reste toutefois plus symbolique qu’autre chose et Trump continue à défendre l’alliance des États-Unis avec l’Arabie saoudite, indiquant dans une interview mardi qu’il avait l’intention de « soutenir » le prince héritier.

« MBS a demandé à son groupe de travail d’étudier cette proposition et il a laissé entendre qu’il aimait cette idée », a déclaré à MEE une source saoudienne, évoquant la rencontre suggérée entre le prince héritier et Netanyahou.

« Le groupe de travail a convenu que sans coup d’éclat majeur, le Congrès risquerait de prendre une série de décisions qui nuiraient fondamentalement à la relation américano-saoudienne, laquelle est essentielle pour le prince héritier. »

Les proches du prince héritier sont parfaitement conscients des dommages causés à son image à Washington par les articles négatifs apparaissant quasi-quotidiennement en première page des médias américains.

Tous les membres du groupe de travail s’accordent à reconnaître que le tollé autour du meurtre de Khashoggi n’est pas une bulle médiatique qui finira simplement par éclater. Ils craignent que le sentiment de colère et de trahison grandisse chez les républicains de la colline du Capitole, qui ont soutenu le prince héritier en tant que réformateur, a déclaré la source.

Nikki Haley, ambassadrice américaine sortante auprès des Nations unies, est la dernière personne en date à s’être dissociée de la Maison-Blanche. Elle a déclaré mercredi que ben Salmane était « responsable » du meurtre de Khashoggi.

Haley, qui devrait démissionner de son poste d’ici la fin de l’année, a ajouté que le gouvernement saoudien ne devrait pas obtenir de « laissez-passer ».

« C’était le gouvernement saoudien et MBS est à la tête du gouvernement saoudien », a déclaré Haley à NBC News.

« Ils sont donc tous responsables et n’obtiendront pas de laissez-passer, pas un individu, pas le gouvernement – ils n’en obtiendront pas. »

Poignée de main avec Netanyahou

La proposition de mettre en scène une poignée de main avec Netanyahou a divisé le groupe de travail, qui comprend des responsables saoudiens du renseignement, de l’armée, des médias, des Affaires étrangères et des conseillers politiques.

« Certains ont exprimé leur inquiétude quant à ses conséquences sur le monde arabe et musulman », a précisé la source.

La position officielle actuelle de la Ligue arabe se conforme à l’initiative de paix arabe annoncée par le roi Abdallah en 2002, qui offre à «Israël» une reconnaissance et une normalisation de la part des États arabes uniquement après la conclusion d’un accord de paix entre «Israël» et la Palestine.

D’autres membres du groupe de travail se sont montrés plus enthousiastes. « Ils estiment que le Printemps arabe est très divisé et que tout est sous contrôle », a expliqué la source, évoquant les forces politiques liées au mouvement du « Printemps arabe », qui s’opposeraient fermement à la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et «Israël».

Le groupe de travail a noté l’absence de toute réaction réelle de l’opinion publique arabe après les récentes visites de Netanyahou ainsi que de ministres et d’athlètes israéliens à Oman, aux Émirats arabes unis, à Bahreïn et au Qatar.

Le groupe pense également pouvoir contrôler la réaction au sein du royaume en « utilisant les autorités religieuses pour la justifier », a déclaré la source.

« MBS est enthousiasmé par cette idée. Il vient d’une nouvelle génération et ne sent pas le poids de l’histoire sur ses épaules. Il l’a démontré à plusieurs reprises. Il n’a aucune sympathie particulière pour la cause palestinienne », a-t-elle ajouté.

La recommandation finale du groupe de travail était de demander plus de temps pour préparer l’opinion publique, mais la source a déclaré que la majorité y était favorable.

Un analyste basé à Washington et expérimenté dans la politique du Moyen-Orient sous l’administration Obama a également confirmé avoir entendu parler d’une proposition de rencontre « historique » entre MBS et Netanyahou.

Il a expliqué que le prince héritier faisait face à des critiques sans précédent au Congrès de la part des deux partis, et a présenté plusieurs scénarios à sa disposition pour atténuer la crise.

Parmi ceux-ci figuraient l’abandon de la guerre au Yémen dans le but de dissiper quelque peu la colère du Congrès ainsi que l’organisation d’une réunion décisive avec Trump et Netanyahou. Il a affirmé comprendre que des discussions avaient déjà eu lieu à ce sujet.

L’idée d’une rencontre avec le dirigeant israélien est dans l’air depuis un certain temps. Les Israéliens et Jared Kushner, gendre et émissaire de Trump au Moyen-Orient, l’ont demandée avant l’explosion de la crise Khashoggi, a déclaré la source saoudienne.

« L’objectif de l’“accord du siècle” est de normaliser les relations entre l’Arabie saoudite et Israël. Mais il n’a pas été question d’un jour ou d’une date spécifique », a précisé la source, faisant référence au plan de paix pour la Palestine soutenu par Trump et Riyad.

Netanyahou a proposé à l’Arabie une aide à Washington

Lorsque l’assassinat de Khashoggi s’est mis à faire les gros titres du monde entier, l’Arabie saoudite a demandé à Netanyahou de lancer une opération contre le Hamas à Gaza dans le cadre d’un plan visant à recentrer l’attention de Washington sur le rôle que Riyad joue dans la défense des intérêts stratégiques d’«Israël», a précédemment rapporté MEE.

La présence militaire israélienne a été renforcée à la frontière de Gaza, mais les choses ont mal tourné lorsqu’une opération de surveillance secrète a été découverte. Sept Palestiniens et un haut responsable des forces spéciales israéliennes ont été tués dans l’échange de tirs qui a suivi.

« Israël avait ses propres calculs et ses propres intérêts nationaux. Même lorsqu’ils ont commencé à attaquer, le Hamas leur a fait payer un prix élevé », a déclaré la source.

À la place, Netanyahou a proposé à l’Arabie saoudite une aide à Washington.

« Ils ont envoyé différents messages aux Saoudiens pour leur dire qu’ils les aideraient à Washington, qu’ils parleraient à Trump. Ils leur ont affirmé que leurs lobbyistes à Washington les soutenaient fermement et ils ont émis l’idée qu’ils pourraient changer l’humeur de Washington », a déclaré la source.

Les propositions d’aide israéliennes à l’Arabie saoudite se sont intensifiées au cours des deux dernières semaines suite au briefing de la directrice de la CIA Gina Haspel devant des sénateurs clés. Après la réunion, la sénatrice républicaine Lindsey Graham a décrit le prince héritier comme un « boulet de démolition », le jugeant fou et dangereux.

C’est à ce moment-là que MBS a demandé au groupe de travail d’étudier l’idée d’une réunion décisive.

Améliorer les relations avec les Arabes

Les préparatifs en vue de la publication de l’« accord du siècle » de Trump prennent également de l’ampleur.

MEE croit comprendre que Jason Greenblatt, conseiller de Trump pour «Israël», rédige actuellement avec son équipe une version finale du document, qui établirait une feuille de route pour des négociations entre «Israël» et les Palestiniens et constituerait une normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et l’Entité sioniste, quel que soit le résultat.

Les dirigeants palestiniens ont vivement dénoncé les points divulgués du plan, à savoir la reconnaissance d’al-Qods comme capitale d’«Israël», la proposition d’Abu Dis comme capitale d’un futur État palestinien, le retrait du droit au retour des réfugiés de la table des négociations et une réduction drastique du nombre de réfugiés enregistrés.

Le négociateur palestinien Saeb Erekat a déclaré à MEE en juin que l’accord du siècle n’était pas un accord et était déjà mis en œuvre sur le terrain.

« S’il existe un plan, celui-ci est mis en œuvre sur le terrain avec le transfert de l’ambassade américaine à al-Qods occupée, le retrait du soutien à la solution à deux États, la réduction des fonds alloués à l’UNRWA [l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens] et, enfin, les tentatives de normalisation de l’apartheid israélien en Palestine », a indiqué Erekat.

Selon un haut responsable du Fatah, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat en raison des relations délicates entre l’Autorité palestinienne et l’Arabie saoudite, le roi Salmane a assuré à plusieurs reprises au président Mahmoud Abbas et à ses émissaires qu’il n’y aurait pas de normalisation avant la fin de l’occupation et que le royaume n’accepterait jamais quelque chose que les Palestiniens n’accepteraient pas eux-mêmes.

Cependant, l’état de santé du roi de 82 ans et l’étendue de son emprise sur le pouvoir sont empreints d’incertitude.

« Nous pensons qu’Israël essaie d’améliorer ses relations avec les Arabes, mais si cela se produit, ce sera au détriment de la cause palestinienne, puisque dans ce cas, Israël ne mettra jamais fin à son occupation. Nous appelons tous les Arabes à fermer les portes tant que l’occupation n’est pas terminée », a déclaré un responsable du Fatah.

Netanyahou en quête d’une normalisation des relations avec Riyad

En octobre, Netanyahou est devenu le premier dirigeant israélien depuis Shimon Peres en 1996 à se rendre à Oman, où il a rencontré le sultan Qabus ibn Saïd. Il est dit également qu’il désire ardemment rencontrer le prince héritier d’Arabie saoudite.

La chaîne d’information israélienne Hadashot a rapporté samedi dernier que Netanyahou cherchait à normaliser les relations avec l’Arabie saoudite avant les élections législatives de l’année prochaine. Selon le reportage, les États-Unis et le chef du Mossad, Yossi Cohen, sont impliqués dans cet effort diplomatique.

D’après un récent rapport sur la sécurité israélienne, une flambée des tensions avec le Hezbollah à la frontière libanaise est possible avec l’opération en cours contre les tunnels, tandis que des analystes en «Israël» signalent que Netanyahou aimerait être couvert par le Golfe si une guerre au Liban venait à éclater.

Le bureau du Premier ministre israélien n’a pas répondu aux questions de Middle East Eye. La Maison-Blanche a également refusé d’apporter des commentaires.

Source : middleeasteye

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