Colis suspects aux Etats-Unis: des démocrates visés dans un climat électrique
Aux Etats-Unis, des colis piégés ont été adressés à des personnalités démocrates, dont de grandes figures du parti comme Hillary Clinton et Barack Obama. Ces tentatives d’attentats interviennent en pleine campagne pour les élections de mi-mandat, alors que le climat politique est particulièrement électrique.
Selon les enquêteurs, certains de ces colis, au moins ceux envoyés chez les Clinton et chez les Obama, pourraient avoir la même origine. Il a aussi été indiqué que de la poudre blanche, en train d'être analysée, avait été découverte dans certains paquets. Il n’y a pour le moment pas encore eu d'arrestation ni de revendication. Plusieurs responsables ont évoqué le spectre d'un terrorisme politique intra-américain.
Cibles démocrates
Car cette vague de colis piégés a une cible claire : des figures démocrates essentiellement, souvent critiques à l’égard du président américain et auxquelles le chef de l’Etat s’attaque régulièrement.
Parmi les personnalités visées – outre Hillary Clinton, que Donald Trump voulait « faire enfermer » et Barack Obama, « l’épouvantail suprême des républicains » – Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l'université Paris II, souligne qu’il y a aussi John Brennan, ancien directeur de la CIA, « un grand opposant » à Donald Trump, tout comme Eric Holder, qui fait par ailleurs figure de probable prétendant pour 2020.
A cela vient s’ajouter CNN, « la chaîne phare anti-Trump ». « Dans cette liste, il ne manque que le New York Times pour faire l’ensemble des cibles de Donald Trump, résume le spécialiste des Etats-Unis. C’est pour cela qu’on pense à quelqu’un d’un peu dérangé qui a été influencé par la rhétorique du président. »
Trump appelle les médias à « cesser les hostilités »
Une rhétorique qui contribue à alimenter l'atmosphère tendue qui prévaut actuellement dans le pays, que ce soit entre les adversaires politiques ou encore contre les médias, que le président Donald Trump qualifie d'« ennemis de l'Amérique ». Et tout cela à quelques jours des élections de mi-mandat.
Le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, s'est exprimé devant la presse en compagnie du chef de la police new-yorkaise et du gouverneur démocrate de l'Etat de New York. Il a demandé à tous de ne pas encourager la violence et la haine. Un message qui s'adresse aussi au plus haut sommet de l'Etat.
« A un moment de très forte division et de haine, il ne fait aucun sens de les exacerber. Je le dis à tous les fonctionnaires de l'Etat quelle que soit leur sensibilité ou leur orientation politique : n'encouragez pas la violence. N'encouragez pas non plus la haine ou les attaques contre les médias, a-t-il insisté. Vous pouvez être en désaccord, mais vous êtes en devoir de respecter les gens et d'exprimer votre désaccord de manière pacifique. Malheureusement, cette atmosphère de haine pousse certaines personnes à choisir la violence. Il n'y a aucun doute là-dessus. Et la manière de mettre un terme à cette situation, c'est de faire baisser la tension, de cesser de propager la violence comme seul remède aux idées qu'on désapprouve. Et cela doit commercer par le haut. »
Mercredi soir, lors d'un meeting de campagne dans le Wisconsin, le président Trump a de son côté de nouveau condamné l'envoi de ces colis. « La sécurité des citoyens américains est ma priorité absolue », a martelé le président américain qui venait de se réunir avec le FBI, le département de la Justice, le département de la Sécurité intérieure et les services secrets des Etats Unis. Mais il a également appelé les médias à utiliser « un ton courtois » et à « cesser les hostilités sans fin et les histoires et attaques négatives constantes et souvent fausses ».
Contexte électoral
« On a immédiatement vu qu’on était très près du scrutin, note le chercheur Jean-Eric Branaa. Puisqu’après être passé au rapport policier, les élus – qui d’habitude se contentent de cela – sont passés dans la dimension politique en attaquant implicitement Donald Trump, en faisant comprendre que c’est peut-être lui qui, par une rhétorique très guerrière et le climat de haine installé aux Etats-Unis, a suscité cela. »
« Le climat est très électrique actuellement aux Etats-Unis, d’autant plus que ces élections s’annoncent très serrées et qu’on nous annonce une participation record. Ces tentatives d’attentat ont été certainement faites pour rajouter de la confusion à un climat qui n’en avait absolument pas besoin », conclut Jean-Eric Branaa.
Source : agences