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Les enlèvements contre rançons : Commerces en Haute expansion à Madagascar

Les enlèvements contre rançons : Commerces en Haute expansion à Madagascar
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Par Mohamad Gharib

Douze jours après son enlèvement à Madagascar, la famille de l’opérateur économique franco-indien Sabir Molou n’a encore aucune nouvelle de ce dernier.

L’ambassade de France à Madagascar est absente comme dans tous les enlèvements précédents «silence Radio» même si ce dernier en plus d’être un citoyen français, Monsieur Molou habitait à quelques mètres de la résidence de France.

Les citoyens malgaches d’origine indienne haussent la voix suite aux opérations de kidnapping qui les visent: «nous vivons dans la peur, dans l’insécurité, nous n'osons plus laisser nos enfants sortir par peur d’être enlevé ou tué. La police n’arrive pas à nous protéger».

Depuis 2010, plus de 100 personnes de la communauté malgache d’origine indienne ont été la cible du groupe organisé : vol, kidnapping, destruction de magasins.

Récemment, Sabir Molou, directeur général de la pharmacie principale à Tananarive (la capitale de Madagascar) a été enlevé de son domicile près de la résidence de France.

Ce n’est pas la première ni la dernière victime, une longue liste de personnes ont vécu le même sort pour citer quelques-unes :

-Farhane Houssenaly a été tué le 9 août 2016 lors d’un kidnapping raté d’un de ses proches.

-Firoze Nourbahy, un jeune lycéen a été kidnappé le 20 avril 2017  alors qu’il attendait le bus scolaire au nez et à la barbe de sept policiers .

-Yanish Ismael, fils du directeur du groupe SMTP et manager d’opération du groupe, a été kidnappé le 14 mai 2017

-John raza, jeune cadre D’UCODIS, a été kidnappé le 20 septembre 2017

-Nahid Meralli Ballou, jeune entrepreneur et fils d'un directeur général chez AURLAC SA, a été kidnappé le 23 octobre 2017

-Rajni Kalidas, propriétaire d’une bijouterie dans le centre-ville avait été violemment extrait de sa voiture au milieu des embouteillages en janvier 2018

-Akyl Cassam Chenai, patron d’une importante société d’import-export, a été kidnappé le 2 février 2018

-Navage Veldjee, propriétaire du magasin d'optique Vel'optic, a été kidnappé le 24 mai 2018

-Nizar Pirbay, patron de Business center, a été kidnappé le 8 juin 2018

-Moustafa hiridjee, directeur général de Viseo, a été kidnappé le 11 juin 2018. La famille Hiridjee est l'une des plus riches et les plus puissantes de Madagascar.

-Riche Chandarana, directeur du Grand Mellis Hotel, a été kidnappé en juin 2018  

-Sabira Vasram, patronne de la société d’automobile sodiama, a été kidnappé en juillet 2018

Nous avons pu recueillir plusieurs témoignages sous couvert d’anonymat.

Hassani nous dit: «Nous étions confrontés à cette forme de délinquance depuis longtemps, mais ce qui est different cette fois-ci c’est le nombre et la manière : ils sont bien organisés et armés». «Je pense qu’ils ne sont pas des Malgaches mais des milices étrangères payées pour nous cibler. La communauté indienne tient quelques ficelles du commerce à Madagasca. Les nouveaux concurrents ultra puissants des pays riches et malhonnêtes essayent de nous faire tomber pour nous remplacer», ajoute-t-il.

Monsieur Hassani ne croit pas que c’est une révolte de Malgache contre leurs frères malgaches de la communauté d’origine indienne: «Nous sommes là depuis des siècles, mes ancêtres sont installés ici depuis 5 générations, nous aimons Madagascar et la majorité parmi nous n’ont plus de relations ni de familles en Inde, même l’État indien ne nous reconnaît pas comme étant de citoyenneté indienne. Ils essayent de donner l’impression que ce sont des Malgaches autochtones qui nous visent mais je ne crois pas du tout à ça. Nous avons toujours vécu avec eux, il y a beaucoup de mariage mixte et nous apportons de l’aide à l’économie malgache.»

Et de poursuivre: «J’accuse des pays étrangers notamment les EAU qui essayent de s’implanter à Madagascar comme ailleurs  en Afrique : Tanzanie, Somalie, Rwanda, RDC, Tchad, Mali, Soudan, pays du Sahel, Tunisie, Égypte, Libye, Maroc. Ce sont eux qui, à mon avis, sont derrière ces enlèvements car les Indiens au fil du temps ont construit des empires industriels puissants. Ils veulent nous faire tomber et la seule manière c’est de déchirer la société. Les EAU depuis quelques années investissent plus de 14 milliards de dollars à Madagascar. Ils achètent les terres en Afrique par la force d’argent sinon la guerre comme ils le font au Yémen afin de contrôler les ports et le commerce international. Ils pensent qu’on va fuir mais ils se trompent. Madagascar est notre Pays et nous sommes des Malgaches !»

Fariba, mère de 2 enfants et commerçante, nous a dit: « J’ai peur de sortir mais je n’ai nulle part où aller. Madagascar est mon pays. Je suis triste que le gouvernement malgache et le monde soient silencieux».

Hussein, un jeune étudiant en droit nous confie : «Il faut s’organiser et faire le travail de l’Etat qui visiblement ne veut pas s’en mêler ! Les kidnappeurs agissent en toute liberté comme s’ils ont une protection venant d’une hiérarchie supérieure, des personnes dans la police elle-même ou des hauts placés. Il faut que nous, citoyens, nous débarrassons de ces bandes de malfrats. Ce n’est pas difficile de recruter des agents spéciaux ou d’ouvrir des agences de sécurité pour pallier à ce problème. J’espère que l’État bouge pour mettre fin à ce banditisme et cette horreur car aujourd’hui ce sont des enlèvements qui parfois finissent mal, très mal avec des morts. Demain quand il n’ y aura plus d’argent à voler ils vont faire quoi ? nous brûler ? ils veulent nous faire fuir de notre pays ? Il faut créer une force spéciale anti-kidnapping au sein des forces de l’ordre et les services de renseignements.  Tous les pays devraient partager leur connaissances et expériences ici à Madagascar. Vous au Liban , vous avez un service de suûreté générale très puissant qui a réussi à déjouer plusieurs opérations de kidnapping. Votre aide nous serait utile surtout que le Liban est un pays frère d’autant plus qu’il y’ a beaucoup de malgaches d’origine libanaise».

Une autre femme franco-malgache, âgée de 50 ans ajoute : «Malgré que je suis française et payant mes impôts en France, ici à Madagascar, je suis considérée comme une française de « 5ème degré» comme si la France ne s’inquiète pas de notre sort. Nous sommes plus de 13000 français ici et avons tous quasi voté pour le Président Macron. C’est la boule au ventre que je sors de chez moi chaque jour, c’est compliqué de circuler, de voir ma fille, mes petits-enfants tellement l’insécurité est prenante sur le quotidien. On vit avec cette peur chronique. Lors des enlèvements, l’ambassade fait preuve de mutisme et n’a concrètement aucune solutions à proposer, on demande à ce que ça change».

Les opérateurs économiques à Madagascar ont exprimé leur colère et indignation. «Si les responsables n’arrivent pas à lutter efficacement contre le kidnapping, qui est un phénomène anti-économique, les investisseurs auront cette tendance à fuir Madagascar», rappelle un homme d’affaires.  

Source : French.alahednews

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