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Jamal Khashoggi a-t-il été la première victime d’une cyberguerre saoudienne

 Jamal Khashoggi a-t-il été la première victime d’une cyberguerre saoudienne
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L’équipe du site

Jamal Khashoggi a financé le «mouvement des abeilles», un mouvement d'activistes saoudiens en ligne luttant contre un flot croissant de faux compte pro-régime sur les médias sociaux, puis il a disparu, ce n'est pas un hasard selon ses amis.

Le quotidien généraliste britannique «The Indenpendent» a publié un article dévoilant les raisons de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Selon l’article, Khashoggi faisait partie d'une «armée en ligne» de militants saoudiens combattant une cyberguerre de désinformation. Ce dernier avait récemment (quelques temps avant sa disparition le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul) versé la somme de 5 000 dollars à «l’armée des abeilles» (Geish al-Nahla), un mouvement d'opposition proposant une cyber protection aux militants saoudiens ayant besoin d’une plate-forme sûre pour s’exprimer dans le royaume oppressif. Ces révélations ont été faites par l’un des amis du journaliste, Omar Abdulaziz âgé de 27 ans et résident au canada. Ce militant de l’opposition saoudien avait également été menacé et mis sur écoute par les services de renseignements saoudiens. Les militants craignent maintenant que M. Khashoggi ne soit pris pour cible car il s'était enrôlé dans «l'armée des abeilles» pour tenter de consolider l'opposition.

Le 21 septembre, M. Khashoggi avait fait une déclaration publique, bien que cryptique, de soutien au mouvement. Utilisant le premier hashtag provisoire de l’«armée des abeilles», #Que savez-vous sur les abeilles ? Il avait tweeté «Ils aiment leur pays et le défendent en toute vérité et droit», ce tweet a été largement apprécié et retweeté près de 1000 fois. Le pouvoir saoudien avait lancé plusieurs campagnes de désinformation ciblant le journaliste Khashoggi, Abdulaziz ainsi que plusieurs autres. Selon ses amis, le journaliste qui avait critiqué le pouvoir saoudien dans ses articles à plusieurs reprises, n’a été ciblé qu’après avoir rejoint le mouvement des abeilles, selon eux. Ce que le pouvoir saoudien craint le plus, c’est le mouvement d’opposition global et organisé notamment sur les réseaux sociaux, comme celui des abeilles, non pas les articles publiés dans les journaux. En Arabie saoudite, les médias traditionnels sont fortement contrôlés par les autorités. Les médias sociaux sont l’une des rares plateformes où les militants peuvent s’exprimer et être entendu.

Abdulaziz M. Almoayyad, l’un des militant sur les réseaux sociaux et membre du mouvement des abeilles, a expliqué au journal «The Independent» que l'armée des abeilles était conçue pour aider les habitants d'Arabie saoudite et d'autres pays aux régimes oppressifs du Moyen-Orient, à avoir une plate-forme sûre pour s'exprimer.

L'armée des abeilles a offert aux gens une «alternative sûre» en leur expliquant comment utiliser les navigateurs cryptés et les réseaux privés virtuels (VPN).

«Nous leur donnons également des numéros de téléphone afin qu'ils puissent activer en toute sécurité un compte Twitter anonyme. En faisant cela, nous avons donné aux militants saoudiens un moyen sûr pour s’exprimer», a-t-il ajouté.

Alors que les activistes ont intensifié leurs activités en ligne, il en va de même du côté du régime, qui a acheté un logiciel pour créer des "armées" de trolls (des faux comptes créer par un logiciel spécialisé afin de former une armée de trolls visant à mener les propagandes ou les campagnes de désinformations sur les réseaux sociaux), selon Marc Owen Jones, conférencier sur l'histoire de la péninsule du Golfe à l'Université d'Exeter.

Dr Jones, qui surveille les bots saoudiens depuis deux ans, a déclaré qu'il avait assisté à une montée en flèche de l'activité de Twitter en faveur du régime et à la création de comptes troll, depuis la disparition de M. Khashoggi.

«Il y a eu une énorme hausse en octobre dans les comptes de bots et l'utilisation de hashtags faisant l'éloge du prince héritier, c'est absurde», a-t-il déclaré.

Il a ajouté que le hashtag annonçant «l'enlèvement» de M. Khashoggi avait disparu de la liste des principales tendances (trends) en Arabie saoudite après quelques heures à peine, laissant supposer qu'une armée de trolls avait travaillé pour l'enterrer délibérément.

En suivant les métadonnées des robots, Dr Jones a retracé bon nombre de ces comptes à un programmeur égyptien basé à Alexandrie, Ali Mohammed Saleh, qui avait annoncé publiquement avoir conçu un logiciel pour créer automatiquement des comptes Twitter, et d’automatiser des dizaines de  nouveaux sites» conçus pour ressembler à de nouvelles agences crédibles.

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