Sommet Trump-Poutine sous les yeux attentifs de l’Europe
Après plusieurs mois à s’échanger des compliments à distance, le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine tiennent leur premier sommet, lundi dans la capitale finlandaise Helsinki, en forme de danger potentiel pour Trump et de victoire géopolitique pour Poutine.
Ni Washington, ni Moscou, n’attendent d’avancée majeure lors de ces discussions qui devraient avant tout permettre aux deux chefs d’Etat d’échanger des paroles chaleureuses et de s’accorder pour restaurer les relations américano-russes.
Peut-être Trump et Poutine, qui ont l’un et l’autre souligné réciproquement leurs qualités de dirigeants, accepteront-ils le retour des diplomates expulsés en lien avec la tentative d’assassinat contre l’ex-agent russe Sergueï Skripal en mars.
Washington avait ordonné l’expulsion de 60 diplomates russes et la fermeture du consulat russe à Seattle. Moscou avait répliqué avec l’expulsion d’un nombre identique de diplomates américains et la fermeture du consulat général américain à Saint-Pétersbourg.
En amont du rendez-vous, les deux camps ont nuancé l’importance de cette rencontre, Trump ayant prévenu se rendre à Helsinki «avec des attentes assez faibles».
Moscou considérera le sommet comme un succès si un accord est trouvé simplement pour rouvrir les lignes de communication coupées dans tous les domaines, a dit à la chaîne de télévision RT le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, précisant ne pas avoir d’attentes élevées pour ce sommet.
D’un point de vue russe, la tenue du sommet est en elle-même une victoire géopolitique pour Vladimir Poutine car elle montre que Washington reconnaît Moscou comme une grande puissance dont il faut prendre en compte les intérêts.
L’organisation de ce sommet prouve, aux yeux du Kremlin, que les efforts occidentaux pour isoler la Russie ont échoué.
«Plus à gagner» pour Poutine
Pour Donald Trump, cette rencontre présente des risques en matière de politique domestique, alors que le procureur spécial Robert Mueller enquête sur les soupçons d’ingérence de la Russie dans l’élection présidentielle américaine de 2016 et sur une possible collusion entre la campagne Trump et Moscou.
Le sommet intervient trois jours après qu’un grand jury américain a inculpé 12 membres des services de renseignement russes pour «avoir piraté les systèmes informatiques d’Hillary Clinton», candidate démocrate à la présidentielle de 2016.
Trump, qui quelques heures plus tôt avait qualifié l’enquête de Mueller de «chasse aux sorcières biaisée» et nuisibles pour les relations avec la Russie, a promis vendredi d’aborder «fermement» le sujet avec Poutine à Helsinki.
«Les risques politiques sont plus faibles pour Poutine que pour Trump», déclare Andreï Kortunov, directeur du Riac, groupe de réflexion moscovite proche du ministère des Affaires étrangères. «Poutine a moins à perdre et plus à gagner, parce qu’il n’a pas d’opposition domestique (...) et n’est pas l’objet d’une enquête comme l’est Trump».
Alliés de Washington et politiciens américains sont inquiets de ce que Donald Trump pourrait dire ou des concessions qu’il pourrait faire lors du sommet, après une semaine en Europe durant laquelle Trump a qualifié l’Union européenne d’«ennemie» des Etats-Unis, critiqué ses alliés de l’Otan et mis en doute l’importance des relations entre Washington et Londres.
Les Européens craignent que les Etats-Unis rompent avec la solidarité occidentale en se rapprochant de la Russie.
De nombreux politiciens occidentaux reprochent à la Russie l’annexion de la Crimée en 2014, son soutien aux séparatistes en Ukraine et son soutien au président syrien Bachar al Assad.
Source: Reuters