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L’agonie de l’Union européenne

L’agonie de l’Union européenne
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Le sommet de l’Union européenne de jeudi 28 juin a confirmé ce que l’on pressentait. Les pays de l’UE se sont efforcés de sauver les apparences. Mais, les difficultés extrêmes rencontrées pour aboutir au communiqué final et la vacuité de ce communiqué sont les preuves de la profonde crise que traverse l’Union européenne.

L’agonie de l’Union européenne

Un pays sort, à l'évidence, victorieux de ce sommet, et c'est l'Italie au gouvernement issu de l'alliance entre le M5S et la Lega.

Le Premier ministre Italien, Giuseppe Conte avait annoncé ne pas vouloir signer un texte qui ne la soulagerait pas, vite et concrètement, l'Italie de sa mission de première ligne en Méditerranée, face à la Libye. Le texte qui est finalement issu de ce sommet laisse planer un flou sur l'organisation adoptée par les pays de l'UE, mais garantit en fait à l'Italie qu'elle pourra continuer sa politique actuelle. Derrière le paravent des mesures «volontaires», cet accord signe en réalité la fin de l'accord de Dublin et donne raison aux pays d'Europe centrale qui étaient arrivés à ce sommet vent debout contre l'idée de «quota» imposés par Bruxelles. Cet accord entérine aussi les décisions de groupes de pays au détriment de décisions prises par les 27. Il signe donc, en réalité, le début du démantèlement de la mécanique européenne. C'est en cela que ce sommet mérite d'être retenu.

La crise politique de l'UE au travers du prisme des migrants

La crise que connaît l'UE vient de loin. Mais, elle a connu un incontestable coup d'accélérateur avec la question des migrants clandestins.

Le nouveau gouvernement italien et son ministre de l'intérieur s'appuient sur des faits incontestables. Les pays de l'UE, par l'accord de Dublin, avaient décidé que les «pays d'accueil» enregistraient les clandestins, en faisaient le tri, et que les migrants éligibles seraient répartis sur l'ensemble du territoire de l'Union. Dans la réalité, et compte tenu du refus des pays (y compris la France) de remplir leurs obligations, on avait abouti à une accumulation de ces clandestins sur le territoire de l'Italie, accumulation qui a créé une situation aujourd'hui intenable. En acceptant désormais que l'ensemble de ce processus se fasse sur la base du «volontariat» des pays concernés, en se refusant même à nommer les dits «pays concernés», l'accord de la nuit du 28 au 29 juin enregistre la décomposition du cadre européen, qui est désormais réduit à un accord volontaire entres pays membres. Les conséquences de cela ne semblent pas avoir été mesurées par les divers dirigeants.

Un gouvernement italien conforté

Le gouvernement italien a été conforté dans son refus opposé aux ONG qui affrétaient les navires comme l'Aquarius ou le Lifeline de pouvoir débarquer les migrants. Arguant, et ceci a été confirmé, que ces navires se faisaient les complices objectifs des passeurs mafieux qui exploitent ces gens, un point que le président français, Emmanuel Macron, a bien été forcé de reconnaître, il a vu sa position reconnue par les autres pays. Le gouvernement italien et son ministre de l'intérieur ont donc fait éclater l'hypocrisie massive du discours des «bien-pensants». Ils ont aussi provoqué une crise, tant dans l'UE qu'en Allemagne, où la position d’Angela Merkel apparaît durablement fragilisée. L'ambiguïté de ses rapports avec son propre ministre de l'intérieur, membre de la CSU le montre.

Aujourd'hui, avec le communiqué final du sommet des 28-29 juin, les pays cherchent désormais des solutions soit dans des accords négociés avec d'autres pays, soit de manière individuelle.

Un président français décomposé

Quoi qu'en dise Emmanuel Macron, ceci ne pourra-t-être que renforcé par le caractère «volontaire» des mesures annoncées par le communiqué. Emmanuel Macron s'est présenté comme le chantre d'une UE intégrée et fédérale. Il doit aujourd'hui accepter le principe d'accords bilatéraux entre pays et accepter de se faire sèchement reprendre par le Premier ministre italien. Même si ceci n'est pas (encore) relevé dans la presse, c'est une défaite massive, une défaite publique pour lui et pour tous ceux qui sont sur sa position. Cette situation montre parfaitement l'état de désagrégation de l'UE aujourd'hui.

De plus, la déclaration de Merseberg, qui était la concrétisation des espoirs d'Emmanuel Macron est restée un projet mort-né. Douze pays de l'UE se sont déclarés opposés tant à cette déclaration qu'aux ambitions du président français qui entendait faire évoluer vers un statut plus «fédéral» tant l'UE que la zone Euro. Après l'envoi d'une lettre très ferme du ministre des Finances néerlandais Wopke Hoekstra au président de l'Eurozone Mario Centeno pour afficher publiquement sa désapprobation, ce sont onze autres pays qui ont décidé de signer cette lettre. De fait, l'idée d'un «budget fédéral» est morte. Or, toute la construction française, à laquelle l'Allemagne avait été associée non sans réticences ni arrières pensées pour cette dernière, reposait sur cette idée. Par ailleurs, Angela Merkel n'est clairement plus en état de défendre en Allemagne même un tel projet, si tant est qu'elle l'ait réellement voulu…

Les tensions vont donc rapidement réapparaître au sein de la Zone Euro. Car, il y a une réalité qui s'imposera, encore et toujours, par-delà les discours. La mise en place de l'Euro a entrainé une accentuation des divergences au sein des pays membres de l'UEM. Ces divergences se sont aggravées considérablement depuis une dizaine d'années. Les travaux du FMI, mais aussi une récente étude de l'OFCE, en témoignent. Cette divergence, sauf mécanismes budgétaires de redistribution du surplus commercial de l'Allemagne, conduira l'Euro à exploser. Tel est d'ailleurs la conclusion des auteurs de l'étude de l'OFCE, une conclusion récemment partagée par Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie.

Source: Sputnik

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