Paris a bloqué du matériel sécuritaire destiné à la Tunisie (Le Figaro)
Commandé à une entreprise française, le matériel de maintien de l'ordre n'a pu quitter l'aéroport de Roissy vendredi, peu avant la chute de Ben Ali. Il est toujours sous contrôle douanier.
Grenades lacrymogènes, casques et boucliers de maintien de l'ordre. Dans la foulée du porte-parole du gouvernement français, François Baroin, l'entreprise française Sofexi (filiale du groupe Marck) a confirmé mercredi le blocage d'une cargaison de matériel de maintien de l'ordre, intervenu vendredi, à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Elle confirme donc une information publiée sur le blog Secret défense du journaliste Jean-Dominique Merchet.
Le chargement devait s'envoler vers la Tunisie, quelques heures avant la chute du président Zine El Abidine Ben Ali. Ce matériel, commandé par le ministère tunisien de l'Intérieur a été stocké, a ajouté François Baroin évoquant «une commande directe de Ben Ali à des entreprises chargées de cela».
Des zones d'ombre entourent cependant ce blocage. Le porte-parole n'a ainsi pas voulu dire quelle autorité a ordonné l'interception du matériel (douanes, ministères de l'Intérieur ou des Affaires étrangères). «Les douanes seront habilitées à communiquer le moment venu», a-t-il simplement déclaré. Sollicitée par lefigaro.fr, l'entreprise Sofexi a précisé ne pas connaître la raison du blocage. Un blocage qui leur a été signalé samedi matin par le transitaire (l'entreprise Haisnaut, chargée de gérer le passage en douane). Une source aéroportuaire citée par l'Agence France-Presse indique que la décision émanerait du ministère des Affaires étrangères.
«Blocage technique et pas politique»
Contrairement à ce qu'affirme le blog Secret défense, Sofexi précise que son patron ne se serait pas rendu sur place, à Roissy. Il n'aurait pas non plus reçu un appel d'une «haute autorité» de l'Elysée lui signifiant que cette livraison était «hors de question». Sofexi ne communique par ailleurs ni sur le montant, ni sur la date de la commande et précise ne pas avoir eu de contacts avec les autorités françaises à ce stade.
Selon le site internet Rue89.com, le blocage serait «technique et pas politique». La faute à une visite d'inspection de routine, avance le site. Sofexi précise d'ailleurs que les inspections douanières restent «quelque chose de régulier».
Pour avoir proposé au régime tunisien le savoir-faire français en matière de maintien de l'ordre, Michèle Alliot-Marie a suscité la polémique en France. Elle a été auditionnée mardi par la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.