Washington joue toutes ses cartes en Syrie
Saadollah Zareï, professeur en sciences politiques à l’Université Allameh Tabatabai, a écrit pour le journal iranien Keyhan un article intitulé «Nous et le nouveau complot des USA en Syrie» dont voici ici un aperçu.
Les États-Unis ont toujours les yeux rivés sur la Syrie et veulent créer une coalition formée de troupes arabes dans la région en vue de concrétiser leur plan de démembrement du pays.
Mission possible ou impossible ? Là, n’est plus la question. Ce qui compte assurément, c’est plutôt l’importance qu’a acquise la Syrie d’une part, et le front de la Résistance de l’autre, depuis ces dernières années.
Les récentes tensions survenues entre les pays occidentaux et l’Iran s’inscrivent aussi dans le brouhaha actuel ; car la sphère d’influence de l’Iran dans la région du Moyen-Orient s’agrandit, ce qui dérange les personnes les plus éprises de ce monde.
Mais quel est le plan des Américains ? Le plan que poursuit l’armée américaine est basé sur l’idée qu’il ne peut y avoir aucun impact sur le champ de bataille syrien sans une évolution sérieuse. Une évolution qui a besoin, selon eux, de l’engagement solide de six groupes, réunis dans une coalition: la coalition des forces américaines présentes dans les bases en Syrie ; les forces turques déployées en Syrie ; les résidus de «Daech» en Syrie réunis sous une nouvelle bannière ; les Kurdes syriens ; «Israël» ; les forces symboliques des pays arabes.
L’objectif principal de cette coalition «hexagonale» est de remodeler le système régnant en Syrie et de torpiller la sécurité du pays.
Washington envisage de remplacer son contingent militaire en Syrie par des troupes arabes qui constitueraient une «Force de sécurité aux frontières», sur les territoires contrôlés par les Kurdes dans le nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie et l’Irak. Les conséquences de cette action seront multiples:
1-Contrairement à ce qui a été dit, aucun plan ne prévoit un retrait de Syrie de l’armée américaine, qui compte actuellement environ 3 000 hommes répartis dans dix régions syriennes. Au contraire, il se pourrait même que ses effectifs augmentent.
2-Les Américains ont exercé ces deux derniers mois une pression énorme sur l’Arabie saoudite et l’Égypte pour qu’elles interviennent directement contre le gouvernement de Bachar al-Assad. L’issue de leur démarche n’est pourtant pas claire. Pour l’heure, l’Égypte regimbe. Pour persuader l’Arabie saoudite, ils ont eu recours à des «options alléchantes»: en acceptant d’intervenir en Syrie, le dossier sur le Yémen s’en trouverait réhabilité.
Cependant, la question est maintenant de savoir si l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et la Jordanie enverront leurs forces militaires, même de manière symbolique, en Syrie, comme le prévoit le plan américain. La réponse est claire: ces États ne sont pas en mesure de répondre à une demande des États-Unis par la négative.
Mais en même temps, nous avons été témoins de querelles au sein de l’administration américaine et des pays arabes à propos de ce nouveau plan.
La réticence de l’Égypte, entre autres, montre que la réussite du plan est douteuse et que le front de la Résistance pourrait l’emporter.
En effet, après la libération d’Alep et les victoires successives du front de la Résistance, la donne a changé en l’espace de deux ans, alors que durant cette période les troupes américaines étaient présentes près d’Alep et de Deir ez-Zor.
3-Les États-Unis estiment que la présence des forces arabes en Syrie est urgente et indispensable à l’envoi de nouvelles troupes. Cette présence éclipserait celle de l’armée US qui se ferait plus discrète et réduirait les dépenses militaires américaines.
4-La Turquie poursuit deux objectifs stratégiques à travers le plan américain: enraciner sa présence en Syrie et en chasser l’axe de la Résistance. Elle n’est pas contre le retrait des troupes américaines et arabes de la Syrie, mais ne semble pas non plus irritée par leur présence.
Ankara essaie donc de bénéficier du plan américain et de la présence militaire symbolique de plusieurs pays arabes pour stabiliser et renforcer sa position militaro-sécuritaire en Syrie. Et de la même manière, les Américains se serviront de l’occupation turque d’une partie du territoire syrien dans le nord du pays pour créer une coalition américaine, arabe, turque et même kurde.
Maintenant, les États-Unis et la Turquie vont tenter leur chance. Les pays arabes n’ayant pas la capacité d’envoyer de nombreux soldats, ils leur restent les derniers éléments de «Daech» et du «Front al-Nosra». Et le front de la Résistance ne devrait pas trop en souffrir.
Source: PressTV