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Discours du secrétaire général du Hezbollah le 5 novembre 2017

Discours du secrétaire général du Hezbollah le 5 novembre 2017
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   Au nom de Dieu

Ce qui me pousse à m’exprimer ce soir, c’est le nouveau développement politique, important  qui consiste dans l’annonce du Premier ministre Saad Hariri de la démission de son gouvernement. Je vais donc ce soir parler de cet événement et de la façon de traiter avec lui. Je ne compte pas aborder les développements dans la région, en dépit de leur importance, je laisserai ce sujet au discours prévu vendredi, avec la commémoration du quarantième du décès de l’imam Hussein et de la Journée du martyr du Hezbollah, que nous célébrons chaque année à cette date.

Discours du secrétaire général du Hezbollah le 5 novembre 2017

Le sujet de ce soir sera donc essentiellement la démission. Pour ne pas entrer dans les débuts par les analyses et les supputations, je vais commencer par les données.  Ces données, tous les ministres du gouvernement les connaissent. Ils ont entendu de la bouche du Premier ministre, tous les ministres et en particulier ceux qui sont membres de la commission gouvernementale pour l’application de la loi électorale. Ce que je vais dire a d’ailleurs été rapporté dans les médias. Mais personnellement je voudrais préciser que nos ministres ont entendu ce que je vais développer directement. C’est pourquoi il s’agit de données, non d’analyses et de suppositions. Vous savez donc qu’il y a quelques jours, un responsable saoudien a fait des déclarations contre le Liban et le Hezbollah. Il a parlé de la nécessité de chasser le Hezbollah du gouvernement, sans parler de la possibilité de faire sauter ce dernier. Il a lancé des menaces et annoncé les pires choses. Il a été alors dit qu’à la suite de ces déclarations, le Premier ministre a été convoqué à la hâte en Arabie. C’est une information confirmée, puisqu’il a annulé tous les rendez-vous prévus pour se rendre à Riyad. Tout le pays, présidents, ministres et forces politiques, attendait les résultats de cette visite. Je parle de la première visite, non de la seconde au cours de laquelle le Premier ministre a présenté sa démission. Tout le monde attendait donc les résultats de cette première visite. En fait, tout le monde pensait qu’au cours de cette visite, des pressions seraient exercées sur le Premier ministre pour qu’il présente la démission de son gouvernement. Mais à son retour, que ce soit dans le cadre du conseil des ministres ou des réunions des commissions ministérielles ou encore lors de ses différents rendez-vous, le Premier ministre a rapporté à ses interlocuteurs, dans des termes variés, que l’Arabie est attachée à la stabilité du Liban, sa sécurité et le maintien de son gouvernement et appuie le dialogue entre les parties libanaises. Le Premier ministre a même dit plus que cela. Il a annoncé que les dirigeants saoudiens lui ont promis de donner des aides à profusion au Liban et qu’ils comptent aider les Libanais dans la préparation de la Conférence Paris IV et même donner de nouvelles aides à l’armée  libanaise. Tout cela a été transmis et le Premier ministre était détendu et plein d’espoir. Une réunion de la commission ministérielle pour l’application de la loi électorale était prévue lundi ou mardi. Entre-temps, il s’est rendu pour la seconde fois à Riyad et c’est là qu’il a présenté sa démission. Ce sont les données vérifiées.

Vous avez ensuite tous regardé la déclaration de la démission qui a été retransmise par la chaîne Al Arabiya, non par la Future TV, ou par la télévision officielle libanaise Télé-Liban. Il faut aussi préciser qu’il s’agit d’une déclaration filmée, non retransmise en direct. Elle a été enregistrée par la chaîne Al Arabiya et les autres chaînes l’ont reprise de la chaîne saoudienne. La forme, le fond, le ton et les détails de cette déclaration, vous les avez tous vus. J’y reviendrai. Pour l’instant, je fais une introduction et j’expose les données. Nul ne sait ce qui s’est exactement passé lors de l’arrivée de Saad Hariri en Arabie.

Que s’est-il passé au cours des 24 heures à partir du départ de Saad Hariri pour Riyad ? Nul ne le sait exactement. Il faut retenir cet élément, car si on reprend les déclarations optimistes de Saad Hariri après sa première visite et l’annonce de la démission, on ne peut qu’en déduire avec certitude que  la démission est une décision saoudienne qui a été imposée à Saad Hariri. Celle-ci n’était donc ni sa décision, ni son intention, ni sa volonté. Point au début de la ligne.

Je crois que tous les Libanais, politiciens, journalistes ou simples citoyens qui suivent l’actualité sont d’accord sur cette déduction. Même sur le plan de la forme. L’annonce a été faite à partir du royaume saoudien. Pourquoi Hariri n’a-t-il pas été autorisé à rentrer au Liban pour y annoncer sa démission ? Les questions sont légitimes à ce sujet. Même le contenu de l’annonce soulève des interrogations. Nous les Libanais, nous connaissons les expressions qui nous sont familières et que nous utilisons entre nous. Or le texte lu par Hariri n’était pas libanais. Il est clair qu’il a été écrit par un Saoudien, car les termes utilisés sont propres à l’Arabie. Le Premier ministre s’est donc contenté de lire. C’était visible. Les Libanais ont donc été surpris. Certains peuvent dire qu’ils n’ont pas été surpris par la démission. Peut-être sur le plan politique. Mais la forme et le timing ont surpris tout le monde, ainsi que la rapidité avec laquelle tout s’est déroulé. Le président de la république, le président de la Chambre (et ils sont les plus concernés par ce développement), les forces politiques, les partis, les députés, les ministres, le Courant du Futur, tout le monde a été surpris. La démission a créé incontestablement un climat d’inquiétude, surtout aussi avec les menaces qui l’ont accompagnée, ainsi que les rumeurs et les analyses. Au point que chaque partie politique doit aujourd’hui, définir sa position à l’égard de ce développement politique important.

C’est pourquoi nous, au Hezbollah, nous disons ceci :

1-Nous ne souhaitions pas cette démission. Je le dis en toute sincérité. Nous trouvions que la situation évoluait de façon acceptable ? Certes, cela ne signifie pas que toutes les parties étaient satisfaites, mais de façon générale, la situation évoluait de façon acceptable. Toutes les parties se retrouvaient au sein du gouvernement et dans les commissions, tous les sujets étaient discutés dans les réunions. Parfois le débat devenait difficile, il fallait trouver des solutions, arrondir les angles…Il y a eu de grandes réalisations depuis la formation de ce gouvernement, à l’ombre du mandat présidentiel. Nous pensons que ce gouvernement pouvait poursuivre son travail et continuer à faire de grandes réalisations jusqu’à l’organisation des élections législatives. Le climat général était acceptable.   

2-Nous nous arrêtons sur la forme de l’annonce de la démission  et les indications qu’elle donne. Cela a été dit au Liban, certains l’ont exprimé de façon violente d’autres plus discrètement. Je me contenterai de deux phrases : nous nous arrêtons sur la forme, le lieu, la façon et ce que cela indique concernant la souveraineté libanaise, sa dignité et celle du Premier ministre lui-même. Car même s’il a été obligé de démissionner, il aurait été préférable de le laisser rentrer au Liban pour l’annoncer, en se rendant chez le président de la République pour la lui transmettre directement, à partir du palais de Baabda. Après tout ce n’est pas la première fois qu’un Premier ministre démissionne de ses fonctions.

En tout état de cause, cette forme montre la façon et les méthodes utilisées par les Saoudiens pour intervenir dans les affaires internes libanaises, alors qu’ils critiquent les autres en les accusant d’intervenir dans les affaires internes libanaises ou arabes. Cette forme indique donc l’ampleur de l’intervention saoudienne dans les affaires internes libanaises de façon indécente.

3-Concernant le contenu politique de la démission, nous ne le discuterons pas bien qu’il soit dur à notre égard et comporte des accusations graves et très dangereuses. Ni moi, ni le Hezbollah n’entrerons dans un débat  sur le contenu de la démission, car nous croyons qu’il s’agit d’un texte saoudien. Par conséquent, si nous devons entrer dans un débat sur ce contenu, nous devons le mener avec les Saoudiens, et non avec le Premier ministre  Saad Hariri ou avec le Courant du Futur. D’ailleurs ce contenu est différent de la réalité depuis que le Premier ministre a été choisi pour former le gouvernement. Ce contenu n’est pas conforme à ses attitudes, ses déclarations, sa ligne d’action…Il y a une grande différence entre ce contenu et toute la réalité gouvernementale.

4-Nous, ainsi que tout le monde, devons rester prudents. Il ne faut pas s’empresser de faire des analyses ou de sauter aux conclusions. Et encore moins de prendre des positions ou des mesures. Seule compte la préservation de la stabilité dans le pays car nous devons avant tout chercher à comprendre les causes de ce développement.

Jusqu’à présent, et bien que nous soyons en contact avec toutes les parties et que nous passions notre temps à recueillir des informations, nous avons abouti à la déduction suivante : personne ne connaît encore la raison véritable de la démission. Tout le monde au Liban – en tout cas ceux qui ont été surpris par la démission- n’en comprennent pas la véritable raison.

Comprendre le motif véritable qui a poussé à la démission est la clé de l’attitude à adopter à ce sujet et dans la période à venir. Il s’agit par exemple de savoir si le fait que le Premier ministre ait été obligé à démissionner est-il dicté par une raison interne ? Certainement non. Je crois que les Libanais sont tous d’accord sur ce point. L’homme ne voulait pas démissionner, «machi al Hal», il parlait avec toutes les parties, les rencontrait, il était dynamique, efficace, le gouvernement se réunissait, les commissions travaillaient…Il n’y avait donc aucune raison interne qui le poussait à démissionner.

Certes, certains Libanais, pour des raisons de règlements de comptes internes, disent que le Premier ministre était dérangé par les agissements de telle partie, de tel ministre ou encore de tel directeur. Tout cela ne justifie pas la décision de démissionner. Il s’agit là de petites manœuvres sans portée. La vérité est qu’il n’y avait pas une raison interne suffisante pour le pousser à démissionner.

La démission est-elle liée à des questions financières entre les membres de la famille ? Est-elle liée à la lutte entre les émirs au sein de la famille royale saoudienne et le Premier ministre aurait été perçu comme proche de tel camp aux dépens de l’autre dans ce désordre actuel ? C’est une question légitime.  Ou alors, la raison réside dans le fait que l’Arabie ne serait pas satisfaite de l’attitude du Premier ministre qualifiée de trop conciliante et souhaiterait le remplacer par « un faucon », qui appliquerait sa politique à la lettre et entraînerait le Liban vers la place qu’elle souhaite ? C’est aussi une question légitime. Il y a encore une autre possibilité, c’est qu’il existerait un plan saoudien pour attaquer le Liban, dans le cadre de l’offensive contre l’influence iranienne dans la région ? Dans ce contexte, la démission serait un pas dans une grande confrontation …Toutes ces possibilités sont à envisager et il faut attendre un peu que les choses se décantent. Il y a aussi des questions qui se posent et que posent de nombreux Libanais sur le sort du premier ministre. Est-il en détention ? En résidence surveillée ? Peut-il rentrer au Liban ? Sera-t-il autorisé à rentrer au Liban ? Toutes ces questions sont aussi légitimes. Il ne s’agit pas de polémiquer ou de marquer des points les uns contre les autres, non, ce sont des questions logiques. Lorsqu’on entend que de grandes figures de la famille royale saoudienne, des chefs d’armées importantes, des personnalités influentes, l’émir Metaab ben Abdallah, (Fils du précédent roi), son frère l’émir Turki ben Abdallah, l’émir Walid ben Talal, les fils et petits -fils de rois sont emprisonnés, il est normal d’avoir des inquiétudes sur le sort de notre Premier ministre et de chercher à savoir où il se trouve. Dans ce contexte, il est clair qu’il faut rechercher la vraie raison de la démission, car il est clair qu’il s’agit d’une initiative saoudienne. Dans quel contexte faut-il la placer ? S’agit-il d’une volonté de changer la personne du Premier ministre ? D’empêcher la formation d’un gouvernement en faisant chuter l’actuel ? S’agit-il de frapper la stabilité du Liban, dans le cadre d’une guerre désordonnée dans le genre de celle menée par les Saoudiens au Yémen ou de celle à laquelle ils participent en Irak et en Syrie ? Dans quel contexte faut-il la placer ? Dans le cadre de conflits internes dans lequel le Liban n’a rien à voir, ni lui, ni le comportement de Saad Hariri, ni l’action gouvernementale ? Autant de questions auxquelles les Libanais devraient trouver des réponses au cours des prochains jours. A ce moment-là, il sera plus facile de définir l’attitude pour la prochaine étape.

En se basant sur tous les points développés, au Hezbollah, nous appelons aux points suivants :

1-Il faut rester calme et faire preuve de prudence, en attendant que le paysage devienne plus clair et que les véritables raisons derrière la démission soient connues.  Par conséquent, il faut éviter d’écouter les analyses, les menaces et les rumeurs. Je voudrais d’ailleurs commenter deux d’entre elles uniquement.    

2-Au Hezbollah, nous réitérons notre attachement à la sécurité du Liban, à sa stabilité et à la paix civile. J’appelle donc les Libanais à ne pas s’inquiéter et à ne pas avoir peur. En ce qui nous concerne, à tout le moins, il n’y a pas de raison d’avoir peur. Si quelqu’un croit que ce que dit ou fait l’Arabie saoudite peuvent provoquer une tension au Liban et nous poussera à adopter des positions extrêmes et tendues, se trompent.

Nous nous comportons avec un sens total des responsabilités, avec un calme total et nous appelons tout le monde à en faire de même. Ce que nous avons de plus cher aujourd’hui, c’est la sécurité, la stabilité et la paix civile qui règnent actuellement au Liban, surtout quand on pense aux bouleversements  et aux troubles qui enflamment la région. J’appelle donc tous les Libanais au calme pour que ce problème soit traité avec sagesse, rationalité et responsabilité. Dans ce pays nous avons des institutions, une Constitution, un mécanisme constitutionnel. Nous avons des responsables, des sages et par conséquent, nous parviendrons certainement à surmonter cette crise.

A ce stade, je voudrais préciser un point, pour couper court à toute interprétation erronée. Certains pourraient commenter la rencontre qui a eu lieu entre moi et les frères des Unités Libanaises de résistance à l’occupation israélienne. Mais je voudrais préciser que ce rendez-vous avait été fixé il y a des mois, à  l’occasion de la célébration annuelle de la création de ces unités, qui ont été formées en 1997. Cela fait donc vingt ans qu’elles ont été fondées. Le rendez-vous avait donc été fixé, sachant qu’à ce moment-là, il n’y avait pas de tension particulière dans le pays et tout le monde rencontrait tout le monde. Je les ai donc reçues pour célébrer avec elles le vingtième anniversaire de leur création. Mais nous ne savions pas que le Premier ministre allait démissionner. Il l’a fait deux heures avant le rendez-vous prévu avec les Unités Libanaises de résistance contre l’occupation israélienne.  Pendant cette rencontre, tout ce qui a été dit va dans le sens de la nécessité d’être prêt à protéger le Liban face aux attaques israéliennes actuelles et à venir.

Ce rendez-vous n’avait donc absolument rien à voir avec les développements politiques ni avec toute question interne. D’ailleurs, il y avait près de mille personnes qui ont assisté à cette rencontre. Si j’avais lancé des menaces ou quoique ce soit d’autre, cela se serait su ! En général, lorsqu’il y a moins de personnes, cent ou cent cinquante, le lendemain n’importe quoi est publié…Je le répète cette rencontre n’avait rien à voir avec les développements internes.

3-Nous appelons aussi au calme et à la prudence sur le plan politique et médiatique. Nous ne voulons aucune escalade politique, d’autant que certaines personnalités libanaises ont intérêt à une telle escalade, pour régler de petits comptes personnels.

Certaines personnes peuvent ainsi considérer que cette situation est une chance pour elles de provoquer  une escalade contre le Hezbollah, ou contre le président de la République et peut-être encore contre le Premier ministre et le Courant du Futur, alors qu’elles appartiennent au même camp politique.

J’appelle donc à ne pas se laisser entraîner dans une escalade politique, car cela ne sert pas les intérêts du pays. Sans parler du fait que l’escalade contre nous ne change rien à la situation. Les communiqués, les accusations et même les insultes ne changeront rien.  Certes, cela pourrait avoir un impact sur le moral, sur le climat général, sur la situation économique, sur le mouvement des investissements, mais cela n’a aucun impact sur nous et ne peut en aucun cas nous pousser à revoir nos positions et à modifier notre parcours. Ne soyez donc pas suspects en cherchant à déstabiliser notre pays, dans l’intérêt de qui ? De toute façon, toutes ces initiatives n’aboutiront à rien, je vous le dis dès maintenant au cas où c’est là votre objectif véritable. Il faut donc s’éloigner de toute escalade politique et médiatique.

4-Nous appelons à ne pas revenir au climat qui régnait précédemment, concernant notamment l’incitation confessionnelle, les si tins et les manifestations, le blocage des routes et les réactions qu’ils provoquent de la part du camp adverse. . Nous devons tous rester loin de la rue, car la descente de n’importe quelle partie dans la rue ne donnera aucun résultat si ce n’est contribuer à faire monter la tension dans le pays.

5-Nous appelons à maintenir les canaux de contact avec et entre toutes les parties ouverts pour discuter de la prochaine étape.

Pour rassurer les Libanais, il faut rappeler que le président de la République, a depuis le début établi des contacts avec toutes les parties. Ce n’est pas une information personnelle. Cela a été dit dans les médias.  Il multiplie les contacts avec les blocs parlementaires, les parties politiques et tous les groupes, ainsi qu’avec tous les responsables en tête le président de la Chambre Nabih Berry qui joue lui aussi un rôle national de la plus haute importance. Le président de la République et le président de la Chambre sont en concertations permanentes et contactent toutes les autres parties pour préserver le calme. Ils se comportent avec prudence en attendant le retour du Premier ministre prévu jeudi, s’il lui est permis et si ses conditions lui permettent de revenir. De toute façon, les positions seront prises en temps voulu, car au Liban, il y a une Constitution, des mécanismes constitutionnels, des institutions, des responsables, le président de la République, le président de la Chambre, des blocs parlementaires. Il y a donc des concertations pour voir comment surmonter cette étape en servant l’intérêt national.

Laissons donc les mécanismes constitutionnels et privilégions l’apaisement. Restons proches les uns des autres, car je crois qu’il n’est dans l’intérêt d’aucune partie ou courant, ou communauté ou confession, ou même encore région, de ramener le Liban en arrière, vers une situation qu’il a surmontée.

Nous avons réussi, au cours des dernières années, à mettre notre pays à l’abri des conflits qui déchirent la région.  Nous continuons à vouloir le faire. Mais avant l’élection du président de la République et la formation de l’actuel gouvernement sous la présidence de Saad Hariri, il y avait une grande tension politique dans le pays. L’élection présidentielle et la formation du gouvernement actuel et ce qu’on appelle « le compromis présidentiel » a fait entrer le Liban dans une période de stabilité, d’équilibre, de calme et de réalisations qu’il s’agisse de la loi sur le budget, de la loi électorale, des nominations etc. Le pays était sur les rails…

Est-ce dans l’intérêt de quelqu’un de remettre en cause ces acquis ? A mon avis, nul n’a intérêt à ramener les tensions au Liban et celui qui travaille dans ce sens n’a pas à cœur l’intérêt du pays. Il travaille dans l’intérêt de parties étrangères, dans l’intérêt de « maîtres » qui veulent la destruction du Liban, y ébranler la stabilité et l’unité, alors que la  situation y est plutôt acceptable.

6-Je voudrais commenter j’ai dit deux, en fait il s’agit de trois rumeurs qui ont circulé ces derniers temps.

La première rumeur porte sur les menaces sécuritaires contre le Premier ministre. Il faut reconnaître qu’il a lui-même contribué à alimenter cette rumeur en affirmant dans sa déclaration que ce qui l’empêche de revenir au Liban, ce sont des craintes sur sa sécurité.  La chaîne « Al Arabiya » est d’ailleurs la seule à avoir publié des informations sur la découverte par le département des informations des FSI d’un projet d’attentat contre Saad Hariri. Après la publication de cette information, il y a eu un démenti des FSI. Même chose de la part de l’armée et de la Sûreté générale. Qui ont dit ne pas être informées  de l’existence de tels plans ni contre le Premier ministre ni contre d’autres personnalités politiques.  Aucune partie ne détient donc des éléments sur les projets d’attentats. Pourquoi la chaîne « Al Arabiya » tient-elle à en parler ? Sans doute pour pouvoir dire si on leur réclame le retour de Saad Hariri à Beyrouth, qu’il y a des menaces sur sa vie.  Déjà, certaines personnalités commencent à parler de l’existence d’un nouveau plan d’attentats politiques contre des personnalités du 14 Mars. Les services concernés et la justice devraient convoquer ceux qui disent cela et leur demander des détails sur les informations qu’ils possèdent à ce sujet.  Ces déclarations ont un impact sur le climat interne, sur les investissements etc. Il faut donc demander des comptes à ceux qui les formulent.  Je n’ai pas à confirmer ou infirmer ces rumeurs. Cela reste de la responsabilité de l’Etat et de ses services de sécurité. En ce qui nous concerne, nous n’avons aucune information sur de tels plans.

La seconde rumeur porte sur le fait que la démission du Premier ministre pourrait être le prélude à une attaque israélienne. Je voudrais dire aux Libanais, j’ai déjà évoqué cette question à plusieurs reprises, qu’Israël ne travaille pas chez les Saoudiens. Israël travaille pour les Américains, certainement, et surtout pour ses propres  intérêts. Dans ce cadre, on ne peut jamais démentir complètement la possibilité d’une agression israélienne, mais ce qui est sûr, c’est que celle-ci est tributaire de calculs internes. Depuis la guerre de 2006, les Israéliens sont unanimes pour considérer qu’ils ne mèneront pas une nouvelle guerre contre le Liban que s’ils sont sûrs qu’elle sera rapide, limitée dans le temps et décisive. Car le coût moral et matériel de cette guerre sur les Israéliens eux-mêmes sera très élevé, sans parler des conséquences stratégiques sur l’existence-même de l’entité israélienne. C’est pourquoi les Israéliens multiplient  les menaces, mais depuis 2006, toutes leurs déclarations commencent par Si le Hezbollah fait ceci ou cela, nous riposterons…Autrement dit, ils utilisent un langage conditionnel. Je ne veux donc pas confirmer ou infirmer, mais juste préciser que les déclarations israéliennes ne comportent pas un élément nouveau. La question reste la suivante : Y a-t-il ou nouveau un gouvernement au Liban ? Et un Premier ministre ? A quel camp appartient-il ? Cela n’a rien à voir avec les projets israéliens. Lorsque les Israéliens décideront d’attaquer le Liban, ils ne tiendront pas compte de qui est Premier ministre au Liban. C’est pourquoi, il ne faut pas établir un lien entre la démission d’un Premier ministre et la possibilité d’une attaque israélienne.

Aujourd’hui, plus que jamais, les calculs israéliens pour lancer une attaque contre le Liban sont liés aux développements régionaux qui sont totalement différent de la situation qui prévalait en 2006. C’est pourquoi il n’y a pas de raison pour que les Libanais s’inquiètent d’une nouvelle agression israélienne. S’il y a des motifs d’inquiétude, ils sont à chercher ailleurs que dans les calculs actuels israéliens.

La troisième rumeur, je l’ai laissée pour la fin parce qu’elle est étonnante. Il a été dit que le prince héritier du trône  saoudien a décidé de convoquer les chefs des états-majors des armées  de la coalition qui regroupe 30, 40, 50 ou 60 pays, pour préparer « une tempête de la détermination » contre le Liban. Je ne veux pas donner à ce fait une grande importance, d’autant que nul n’a évoqué cette question officiellement. Il s’agit simplement de quelques analyses et de rumeurs, peut-être même des souhaits de la part de certains Libanais. Mais il n’y a aucun élément concret sur ce sujet. De plus, je comprends que l’Arabie lance « une tempête de la détermination » contre le Yémen, qui est un pays frontalier. Mais contre le Liban ? Par où vont venir ces armées ? De la Syrie, où leur projet a échoué ? Sauf si les armées veulent venir à partir de la Palestine occupée ou par voie de mer ? Même les gens simples peuvent comprendre que c’est un projet difficile à réaliser.

En tout état de cause, je ne crois pas que ce soit possible. Sans parler du fait que toutes ces armées et leurs chefs d’états-majors n’ont pas été très utiles au prince héritier dans sa guerre au Yémen. Il s’est enlisé dans les sables mouvants de ce pays grâce au courage et à la détermination du peuple du Yémen, grâce à ses sacrifices et à sa résistance. En dépit des massacres horribles, de la famine, du blocus, le Yémen tient bon et malgré cela, vous voulez qu’il lance une campagne similaire contre le Liban ? Avant de parler de cette possibilité, il faudrait peut-être se demander vers où se dirige l’Arabie elle-même ? Voyons cette vague d’arrestations, ces rafles, la confiscation des biens. Je n’ai pas d’informations précises sur le sujet. Mais il faut attendre de voir jusqu’où cela va aller et où cela mènera l’Arabie. En attendant que le tableau se précise, nous appelons les Libanais à se sentir rassurés ; à préserver le clame et la stabilité. Ils doivent continuer à se parler et éviter toute escalade, pour éviter toute brèche dans l’entente nationale. Il faut aussi attendre les initiatives du président de la République Michel Aoun en concertation avec le président de la Chambre Nabih Berry et avec toutes les forces politiques. Inchallah qu’avec notre coopération à tous, avec un sens élevé des responsabilités, nous parviendrons à surmonter cette crise.

Traduit par french.alahednews

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