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Discours de sayed Nasrallah à la veille du dixième jour d’Achoura

Discours de sayed Nasrallah à la veille du dixième jour d’Achoura
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Au nom de Dieu

Je voudrais d’abord vous remercier de votre présence si nombreuse en cette dernière nuit d’Achoura. Il est aussi de mon devoir de remercier tous ceux qui tout au long des précédentes soirées, dans toutes les régions du Liban, dans les salles, les localités et les villages ont commémoré les veillées de Achoura, tout en exprimant leur tristesse et en montrant qu’ils ont bien compris  les objectifs de cette grande révolution et la signification de cet immense martyre collectif.

Discours de sayed Nasrallah à la veille du dixième jour d’Achoura

Je voudrais aussi remercier toutes les institutions, les associations, les partis et les ulémas qui ont organisé et exécuté ces veillées. Je dois aussi remercier en particulier l’armée libanaise et les forces de sécurité qui ont déployé des efforts exceptionnels  pour permettre la tenue de ces veillées. Si Dieu le veut, demain au crépuscule, nous aurons fini de commémorer cette occasion importante et nous aurons tous accompli notre devoir.

Mes discours à cette occasion, seront consacrés aux développements au Liban et dans la région, aux leçons qu’il faut en tirer et aux positions qu’il faut adopter J’ai divisé mes propos en deux, une partie ce soir et l’autre demain. C’est pourquoi certains sujets qui ne seront pas évoqués ce soir, le seront demain.

J’évoquerai d’abord la situation interne, puis la situation dans la région et je terminerai par la conclusion et le renouvellement de la promesse.

Sur le plan libanais, nous appelons au maintien de la stabilité générale actuelle. Nous appelons à préserver le climat de stabilité politique, de calme et de dialogue entre les différentes forces politiques, car c’est dans l’intérêt du pays et dans l’intérêt de la gestion de ses affaires. En dépit des complications, des divergences et des complications, les dossiers ne peuvent pas être traités dans un esprit de défi ou d’arrogance. Au contraire tout peut être réglé dans un esprit d’ouverture et s’il y a une volonté réelle de trouver des solutions. Même si le chemin est ardu, ce climat reste le plus répandu au Liban actuellement.

Au cours des derniers jours, le Liban a dû faire face à une grave crise interne, suite à la décision du Conseil Constitutionnel et à cause de la peur des fonctionnaires et des enseignants d’être privés de la nouvelle grille des salaires, ainsi que tous ceux qui sont censés en bénéficier. De même, le pays tout entier s’est trouvé face à une grave échéance financière. Mais la volonté de trouver des solutions, l’absence d’arrogance et l’esprit positif ont permis de  surmonter cette crise, en dépit des surenchères, du brouhaha et des menaces qui ont été lancées à profusion. Le gouvernement a réussi à trouver une issue à cette crise et c’est au tour du Parlement de faire son devoir pour que la nouvelle grille des salaires puisse voir le jour.

J’ai voulu commencer par cela pour montrer qu’en dépit des divergences et des difficultés en dépit des conflits profond, il est toujours possible de trouver des solutions. C’est exactement ce qui s’était passé avec la nouvelle loi électorale, qui avait pris des mois de discussion, dans les cadres de réunions souvent éprouvantes pour ceux qui y ont participé. Finalement en dépit de  tous les débats, nous sommes parvenus à adopter une loi qui n’est taillée à la mesure d’aucune partie, mais qui sert incontestablement l’intérêt national.

J’ai voulu commencer par ce climat positif et montrer ses bienfaits pour le Liban parce qu’on entend depuis quelques jours des informations  (nous n’avons rien de précis sur le sujet, mais nous entendons ce qui circule dans les salons politiques et médiatiques) sur les préparatifs d’une  nouvelle confrontation politique au Liban, avec de nouveaux alignements politiques. Il faut préciser que si les alignements politiques sont liés aux prochaines élections législatives, ce n’est pas grave. Chaque partie a le droit de nouer les alliances qu’elle juge bonnes pour augmenter ses sièges au Parlement. Mais s’il s’agit de pousser les Libanais vers une nouvelle confrontation politique ou populaire, j’ai voulu tirer dès le début du discours la sonnette d’alarme sur les risques que cela comporte. L’intérêt du Liban, chers frères et sœurs, et je m’adresse aussi à tous ceux qui m’écoutent, est d’éviter toute nouvelle confrontation quel que soit son titre ou son prétexte. Regardez ce qui se passe dans la région (j’en parlerai plus longuement tout à l’heure) : l’effritement, les déchirements, les guerres, l’effondrement de certains axes et l’émergence d’autres, les animosités anciennes et les conflits nouveaux. Dans ce contexte perturbé, quel est l’intérêt du Liban d’entrer dans des confrontations nationales ? A mon avis, il n’y en a aucun.

L’intérêt national et celui des Libanais est de préserver la stabilité générale actuelle, ainsi que le climat de dialogue et d’ouverture. L’intérêt du Liban est de chercher des solutions même avec difficulté pour éviter d’entrer dans des conflits et des confrontations.

Je ne dis pas cela par peur ou par inquiétude et encore moins par position de faiblesse, et vous le savez. Tout le monde sait que  lorsque je parle au nom du Hezbollah (ce que je fais maintenant), ou de notre camp politique au Liban, ou encore de nos alliés et de l’axe auquel nous appartenons (je n’impose pas à nos alliés de faire partie de cet axe), je le fais en position de force. Tout le monde sait que depuis sa création en 1982, le Hezbollah est dans sa position la plus forte, sur le plan politique, populaire, militaire et même sur le plan des moyens sécuritaires au Liban et dans la région. C’est d’ailleurs ce que certains appellent au Liban, le problème du surplus de la force du Hezbollah, en se demandant comment il va utiliser ce surplus. Israël aussi reconnaît la force du Hezbollah lorsqu’il le qualifie de seconde armée de la région. Il ne fait donc aucun doute que nous n’avons pas peur et nous ne sommes ni faibles ni inquiets. Nous nous exprimons simplement par sens des responsabilités.

C’est pourquoi j’invite les forces politiques dont on dit qu’elles poussent dans ce sens d’être à la hauteur des responsabilités et d’être conscientes de ce qui pourrait se préparer. Nul ne doit pousser le Liban vers une confrontation ou un complot, dont les issues sont connues d’avance. Ces complots et ces confrontations sont voués à l’échec. Nul ne doit donc pousser le Liban vers une confrontation interne ou régionale. Surtout pas le pays dont «le nom commence par Arabie saoudite» ! En toute franchise, je précise que si quelqu’un cherche à pousser le Liban vers une confrontation interne, nous pensons que ce projet est voué à l’échec à l’instar des échecs de l’ensemble du plan établi pour la région.

Sur la base de cette introduction, je vais développer les points suivants :

  1. Nous sommes avec le maintien du gouvernement actuel jusqu’à la dernière minute de sa durée constitutionnelle, c’est-à-dire jusqu’aux élections législatives et à la formation d’un nouveau Parlement. Tout ce qui se dit dans le pays sur la volonté de telle ou telle partie  de faire chuter le gouvernement pour le remplacer par un autre est faux en ce qui concerne le Hezbollah et nos alliés. Aucun de nous ne pense à cela. Je ne sais pas si d’autres le font. Mais en ce qui nous concerne, nous sommes avec le maintien de ce gouvernement  jusqu’au dernier jour. Nous voulons que ce gouvernement continue à assumer ses responsabilités et à donner un exemple de la coopération positive dans le traitement des dossiers. Il ne s’agit donc pas de gagner du temps, mais d’agir dans l’intérêt de tous, avec les moyens disponibles. 
  2. Au sujet de la nouvelle grille des salaires et des émois suscités à ce sujet, je souhaite rassurer tout le monde. Le processus va se poursuivre et nous ne pensons pas que quelqu’un veuille le suspendre. Je le dis pour qu’il n’y ait pas de surenchère. La loi sur la grille des salaires sera appliquée, puisqu’elle a été adoptée par le Parlement. Le processus déclenché  est bon si l’on tient compte des moyens disponibles. Naturellement, cela devrait ouvrir la voie à un traitement financier global, sur le plan notamment de l’adoption de la loi sur le budget ainsi que sur le plan du bilan arrêté et de tout ce qui a trait aux Finances de l’Etat pendant les années écoulées. La lutte contre la corruption commence par là. Les Libanais doivent savoir ce qui se passe. Les réunions successives du gouvernement pour traiter le problème qui a surgi montrent qu’il existe une volonté réelle d’empêcher le pays d’aller vers une crise financière. C’est un indice prometteur dans les efforts pour éviter un effondrement financier ou économique que certains annoncent. Sur ce plan, les Libanais doivent être rassurés tout en réclamant toutefois que les responsables continuent à traiter sérieusement les dossiers encore en suspens.
  3. Au sujet de la situation libanaise interne et de ce qui a été dit ces dernières semaines sur un possible report des élections législatives, je voudrais joindre ma voix à celle du président de la Chambre pour affirmer qu’il n’y aura pas une nouvelle prorogation, ni un nouveau report des élections.  Les élections auront lieu inchallah à la date prévue, sans report ni retard et d’après notre connaissance de la volonté des forces politiques, nous pouvons dire qu’il n’y aura pas une nouvelle prorogation. S’il y a des problèmes techniques, il faut s’employer à les résoudre. Les élections législatives doivent se dérouler sur la base de la loi électorale récemment votée par le Parlement, sans ouvrir la voie à de nouveaux amendements, car tout débat sur un des points de cette loi pourrait nous ramener à la case départ et menacerait ainsi la tenue des élections, que nous voulons tous pourtant parce que nous sommes d’accord sur l’importance de leur déroulement à la date prévue. Il reste à débattre sur le mécanisme du déroulement des élections. Il faut voir comment le faciliter, sans chercher à trouver des prétextes pour un report même d’un seul jour. Les élections doivent donc avoir lieu à la date prévue selon la nouvelle loi.

Certes, des parties ont cherché à dire que cette loi est favorable au Hezbollah. Au début, nous n’avons pas répondu. Mais aujourd’hui, je dis que c’est faux. Ce que le Hezbollah, et avec lui le mouvement Amal et certains de nos alliés, voulaient c’est le mode de scrutin proportionnel avec une circonscription unique. Si la circonscription unique est impossible, nous voulions des circonscriptions élargies. Cela n’a pas été pris en compte. D’autres points figurant dans la loi ne conviennent pas aux partis et compliquant la situation, mais au final, chacun essayait de préserver autant que possible ses intérêts.

Cette loi est donc un compromis. On ne peut donc pas dire qu’elle est en faveur de tel ou tel autre parti. Elle a été adoptée dans le cadre d’un compromis national. Et pour cette raison, elle doit être appliquée.

  1. Dans le dossier sécuritaire, je dois saluer la libération de l’ensemble de la chaîne orientale, dans le cadre de ce qui a été appelé «la seconde libération». Je dois aussi rendre hommage aux sacrifices consentis par l’armée libanaise, par les forces de sécurité et par la résistance, ainsi que par notre population, surtout dans la région de la Békaa. C’est une grande réalisation. Comme nous l’avons déjà dit et nous le répétons, cette réalisation met un terme à la présence militaire des terroristes au Liban. Mais leur présence sécuritaire est encore une menace, même si elle est à un degré moindre. Car, auparavant, les terroristes disposaient de vallées, de grottes et de cimes où se réfugier. Ils avaient aussi des camps interdits aux forces armées libanaises, sauf pour des opérations limitées. Bref, ils avaient une base logistique importante et dangereuse, dans laquelle ils fabriquaient les voitures piégées, des charges explosives, tout en préparant les kamikazes et en planifiant des attaques suicides. Tout cela est fini. C’est pourquoi la menace est moindre aujourd’hui, mais elle reste présente. Certes, ceux qui voulaient envoyer des voitures piégées ne peuvent plus le faire, mais la menace persiste. L’armée libanaise a des responsabilités dans ce domaine et elle les assume. Elle nettoie ainsi la région du jurd, qui est truffée de mines et d’explosifs. Dans les grottes et les vallées, les ceintures explosives sont cachées et il faut les enlever.

Toutefois, la base logistique humaine pour la préparation et le lancement d’attaques terroristes contre les villes et les villages de la Békaa a été détruite. Par conséquent, la capacité des groupes terroristes à lancer des attaques a baissé. Mais comme je l’ai dit, la menace existe encore, d’autant que Daech  vit ainsi la dernière étape de son existence (j’en parlerai plus tard) et il est donc normal que ce groupe ait recours à ce genre d’attaques à l’intérieur du Liban. Cela signifie que les efforts déployés actuellement à l’intérieur du Liban, par l’armée et les forces de sécurité, que nous aidons tous, doivent se poursuivre avec encore plus de prudence, de coordination ainsi qu’une présence accrue, pour protéger notre pays de toute menace sécuritaire.

Il faut préciser à cet égard que le Liban est l’un des pays les plus sûrs du monde, non seulement dans la région, mais aussi dans le monde, en dépit des déclarations stupides de certaines ambassades. Permettez-moi de dire même qu’il est plus sûr que les Etats-Unis, que Washington, si l’on veut parler de la sécurité individuelle, en dépit de certains détails...

Je veux donc confirmer la vigilance sécuritaire, ainsi que l’état d’alerte. C’est pourquoi les rumeurs qui ont circulé au cours des dernières semaines, sur un allègement des mesures sécuritaires dans la banlieue sud et ailleurs sont fausses et l’état d’alerte ainsi que la vigilance doivent être maintenus. Ce n’est pas le bon moment pour alléger les mesures sécuritaires.

Toujours dans le cadre du dossier sécuritaire, certains peuvent croire que dans le camp de Aïn el Héloué, des personnes ou des groupes peuvent constituer une menace pour le pays ou des foyers de tension. Je voudrais préciser que nous sommes en contact permanent  avec les organisations palestiniennes. Nous essayons de traiter les différends avec sagesse de manière à éviter un affrontement, contrairement à ce qu’espèrent certains qui pensent pouvoir entraîner l’armée libanaise et le camp dans un affrontement.

Concernant le camp de Aîn el Héloué ainsi que les autres camps palestiniens, nous ne sommes pas avec la seule approche sécuritaire. Nous sommes favorables à une approche globale qui englobe les volets sociaux, politiques et de développement. Une commission mixte libano-palestinienne avait été formée sous la houlette de la présidence du Conseil et un document de coopération avait été adopté. Nous demandons que ce document  soit appliqué et que le dialogue libano-palestinien soit relancé pour renforcer la coopération entre les Libanais et les camps. Cela pourrait aider les Palestiniens, surtout que nous avons besoin de leur coopération sur le plan sécuritaire. C’est pourquoi l’approche sécuritaire seule ne suffit pas. Il faut une coopération dans plus d’un domaine.

Permettez-moi encore de soulever deux points toujours dans le volet sécuritaire.

Le premier porte sur les incidents sécuritaires qui se produisent au Liban. Savez-vous que si les incidents dus à des échanges de coups de feu sont répertoriés à Washington ou dans d’autres villes américaines, ils seraient plus nombreux que ceux qu’on voit au Liban sur une plus longue période ? Certes, il vaudrait mieux que ces incidents ne se produisent pas et surtout qu’ils ne soient pas amplifiés par les médias. Ceux-ci doivent placer les incidents dans leur véritable contexte, surtout s’il s’agit d’actes individuels et ne pas en profiter  pour s’en prendre aux déplacés syriens ou aux réfugiés palestiniens, ou encore aux habitants de telle ou telle autre région. Car cette façon de traiter ces incidents porte préjudice au pays et à son image, sur le plan de la sécurité. Ce qui a forcément des conséquences sur le plan économique et touristique, ainsi que sur l’état d’esprit des Libanais.

Enfin, dans le volet sécuritaire je voudrais encore évoquer la question des tirs en l’air, parce qu’elle a une dimension morale et un impact sur l’ensemble du pays. Nous avons déjà déployé des efforts pour limiter ces tirs et nous avons déjà obtenu des résultats positifs. J’ai moi-même demandé à des frères que l’un d’eux assiste à tous les enterrements pour qu’il me remette un rapport sur les tirs pendant cette occasion funèbre. Je voulais savoir qui a tiré, combien de personnes, sont-elles affiliées au parti ou non etc. Nous procédons donc à un suivi précis dans ce dossier. J’insiste sur ce point surtout après les tirs qui ont eu lieu pendant les obsèques des martyrs de l’armée et qui ont fait des victimes.

Je me dois de répéter que ce procédé est interdit du point de vue de la charia religieuse, aussi bien chez les sunnites que chez les chiites. Certains vont prétendre qu’il s’agit d’une coutume. Mais je leur demande d’enquêter sur la question, car au final, ces tirs causent des victimes, des dégâts matériels et provoquent un état de peur chez les citoyens, ceux qui sont dans leurs maisons, les vieux, les malades, les enfants, les femmes enceintes. Il faut donc les protéger.

Hélas, en dépit de tous nos précédents appels, certaines forces politiques continuent de faire la sourde oreille. Il s’agit pourtant d’une pratique condamnable et une loi a été adoptée par le Parlement pour le confirmer. Pourtant, toutes ces mesures demeurent insuffisantes. Nous avons réussi à faire baisser cette pratique de façon considérable. Mais ce n’est pas encore à cent pour cent. Je dirais que nous avons éradiqué ce phénomène à 80%. Mais il reste encore une marge que nous devons faire disparaître. Pour cela, nous devons coopérer tous ensemble,  responsables, ministres, députés, directeurs, armée, forces de sécurité, autorités religieuses, ulémas, autorités politiques et éducatives, partis bref, il faut que tout le monde s’y mette. Il faut un effort collectif, car certaines personnes continuent de croire que si elles ne tirent pas pendant les funérailles d’un martyr, elles ne lui rendent pas hommage. Au contraire, les tirs sont une insulte à sa mémoire.

Même chose lors de la naissance d’un enfant, ou lors de la réussite à un examen. Tirer en l’air pour célébrer de tels événements est une violation de la loi et une infraction morale. C’est contraire  aux valeurs morales et une atteinte aux sentiments des citoyens.

J’ai voulu insister sur ce point car il constitue un véritable problème dans le pays. Il n’y a pour s’en convaincre qu’à regarder les chiffres. Chaque tir fait des victimes inutiles, cause des dégâts et crée un sentiment de peur pour des raisons futiles.

Dans les questions internes, il reste le dossier des déplacés. Aujourd’hui, nous sommes tous d’accord pour estimer qu’il y a un problème à ce niveau.  Ce problème s’amplifié et prend de nouvelles formes. Il y a quelques jours, il y a eu un crime à Zghorta qui a provoqué une réaction chez les habitants. Les déplacés présents  dans cette région ont dû plier bagages, monter dans les bus et partir vers un autre lieu. Ce scénario peut se répéter ailleurs. Il y a donc une pression économique, psychologique et sécuritaire. Jusqu’à quand ce problème va-t-il rester sans être réglé ?

Nous avons déjà abordé la question du retour en considérant qu’il doit être volontaire et sûr. Mais même le retour volontaire n’est pas en train d’être évoqué. Nul n’est en train de travailler sur ce sujet, ni les ministères concernés ni les départements intéressés, ni l’administration et ni les forces politiques. Nul n’est en train de travailler sur un retour volontaire, le jour où on arrivera à un retour sûr.

Pourtant, nous sommes tous d’accord sur un plan minimal. En effet, si un nombre important de déplacés veut rentrer chez lui, y a-t-il des Libanais pour lui dire : non, il ne faut pas le faire ? Publiquement, nul ne peut le faire. Même si dans leur for intérieur, certaines parties souhaitent que ces déplacés restent au Liban pour des raisons politiques, sécuritaires, financières et économiques. Cela c’est une autre affaire. Mais en apparence, toutes les parties politiques se prononcent en faveur du retour volontaire des déplacés. Pourtant, qu’avons-nous pour faciliter ou encourager un tel retour ?  Personne ne fait rien dans ce sens. Nous autres, nous avons déployé des efforts pour faire avancer ce dossier dans le cadre de la bataille du jurd et de certains camps à Ersal. Il s’agit d’un effort limité qui touche à sa fin. Il reste encore une dernière étape que nous franchirons dans un certain temps.

Mais le Liban qu’a-t-il fait à ce sujet ? Ça c’est un côté et la responsabilité qui repose sur les épaules des Syriens en est un autre. Je voudrais ce soir m’adresser aux déplacés syriens eux-mêmes. Mes frères, mes amis, (Il faut préciser que les déplacés ne sont pas tous contre le régime. Certains d’entre eux ne sont pas dans l’opposition. Ils peuvent ne pas être avec le régime ni avec l’opposition). En tout cas, je m’adresse à tous : votre intérêt véritable est dans votre retour dans votre pays, votre vraie patrie, votre place réelle et votre avenir. Tirez la leçon des exemples donnés par d’autres réfugiés qui ont quitté leur pays et qui, aujourd’hui, ne rêvent que d’y retourner. Les Palestiniens sont attachés aujourd’hui encore à la perspective du retour chez eux ; Il ne faut pas qu’il y ait au Liban des déplacés  qui ne souhaitent pas rentrer dans leur pays. Vous devez y retourner, le protéger et participer à sa reconstruction.

Aujourd’hui, le monde entier, de grandes sociétés dans le monde- y compris des compagnies au Liban, certaines existantes d’autres en train d’être créées sous divers noms- ont les yeux tournés vers la reconstruction de la Syrie. (Entre parenthèses, certaines parties au Liban réclament que le Liban soit une base essentielle pour la reconstruction de la Syrie et en même temps, elles ne veulent pas parler au gouvernement syrien. Comment comptent-elles le faire ?  Par parachute ou par contrebande ? Comment le Liban peut-il être une base pour la reconstruction de la Syrie et il n’a pas le droit de parler aux Syriens ? Si le ministre libanais des Affaires étrangères rencontre son homologue syrien, une tempête se lève contre lui. Si les ministres de l’Agriculture, de  l’Industrie ou des TP se rendent en Syrie, cela devient un grand problème politique dans le pays. Tout cela me paraît peu cohérent).

Je m’adresse de nouveau aux déplacés syriens : votre dignité, votre droit et votre vie sont dans votre retour dans votre pays. Profitez des expériences d’autres peuples contraints à l’exode qui ont donc traversé la même expérience. Sur cette base, voyez que votre intérêt est de retourner en Syrie.

Les garanties réclamées- s’il s’agit vraiment d’un problème de garanties- peuvent être données, sur la base des expériences qui se déroulent en Syrie.

Ce dossier ne doit plus faire l’objet de surenchères électorales, car franchement, ç’en est un. Certaines personnes reconnaissent la nécessité du retour dans les salles closes, mais parce que le pays est entré dans une période électorale, ces mêmes personnes changent de position publiquement  et soulèvent des combats sans horizon et sans signification, juste pour les élections. Tout cela au détriment  des  déplacés eux-mêmes et des Libanais.

Je passe maintenant à l’avant dernier point dans le dossier libanais. Il s’agit de l’attitude  officielle libanaise à l’égard des violations israéliennes  de la souveraineté libanaise. Au cours de la dernière période, après la réunion du Haut Conseil de Défense et après les discours du président de la République à la tribune des Nations Unies et en France, nous nous trouvons face à une approche nouvelle  dont nous souhaitons la continuation. Nous souhaitons que cette nouvelle attitude soit prise au sérieux. Lorsque le président du Liban brandit la cause palestinienne, celle des réfugiés palestiniens, de Jérusalem et des symboles sacrés musulmans et chrétiens, c’est une position en l’honneur du Liban qui distingue ce pays des autres en cette période particulière où nombreux sont ceux qui, en Palestine et ailleurs complotent contre la Palestine, Jérusalem et les symboles religieux sacrés.

Dans ce contexte, je voudrais préciser qu’il ne faut pas que les violations israéliennes quotidiennes de la souveraineté libanaise deviennent un fait banal, alors que le fait de planter un arbre à la frontière du côté libanais entraîne une plainte devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Nous devons continuer à déposer des plaintes et à parler de ces violations dans les tribunes internationales. Nous devons aussi en parler dans nos médias comme des faits importants, non les mettre en fin de bulletins d’informations comme des incidents secondaires.

Les dispositifs de surveillance et d’espionnage qui sont en train d’être découverts sont dangereux. Le hasard a voulu que les résistants ou les soldats les découvrent, mais n’importe quel berger aurait pu s’approcher d’eux et il aurait été tué par l’explosion. Ce qui montre qu’il ne s’agit pas simplement de l’installation de caméras de surveillance, mais bien de charges explosives en territoire libanais. C’est une atteinte grave qu’il ne faut pas laisser passer. Imaginons par exemple que la résistance traverse la frontière et dépose une caméra piégée en territoire palestinien. Ce qui serait justifié et naturel puisque le Liban est sous la menace des Israéliens. Mais si cette caméra est découverte, quelle serait la réaction d’Israël, des Nations Unies, des Etats-Unis, de la France et dans le monde entier sans parler de celle du secrétaire général des Nations Unies ? Il y aurait un véritable tollé et le monde entier condamnera cet acte qui pourrait provoquer une guerre... C’est du moins ce qu’on dira. Pourquoi une caméra en territoire palestinien occupé provoquerait un tel tollé alors que celle déposée en territoire libanais est un fait banal ? Nous refusons cette équation et nous réclamons que ces actes soient traités selon leur importance réelle. Je vous le dis, si cette question n’est pas traitée politiquement comme il se doit, nous chercherons des moyens pour la traiter efficacement. Nous ne pouvons pas accepter que nos champs, nos vallées et nos collines soient à la merci des  charges explosives israéliennes. Nous n’accepterons pas que cette question reste en suspens. Il faut qu’elle soit traitée, que les parties concernées se réunissent à Naqoura ou au Conseil de sécurité et qu’elles en parlent. Tout le monde doit savoir qu’il s’agit d’une affaire grave, sur laquelle nous ne devons pas nous taire. Jusqu’à présent, tout s’est bien passé et les caméras piégées ont été découvertes avant qu’elles n’explosent par l’armée libanaise. Mais si par malheur, il arriverait que ces caméras explosent face à des civils libanais, tuent ou blessent des civils, devrions-nous nous taire ? N’est-ce pas une violation de la résolution 1701 ? Les responsables doivent se prononcer sur cette question.

Je me contente de tous ces points sur le volet interne. Je vais survoler rapidement  la situation régionale, sachant que demain j’en parlerai plus longuement.

Je vais conclure le volet interne comme je l’ai commencé : nous appelons au maintien de la stabilité, du climat positif et de la rencontre entre les différentes forces politiques ainsi qu’à la poursuite de l’action gouvernementale et parlementaire. Nous appelons aussi au traitement des dossiers en suspens, en évitant de perdre du temps jusqu’aux élections législatives, tout en maintenant l’état d’alerte sécuritaire. Nous appelons à une bonne préparation des élections qui doivent se tenir à la date prévue, sans report ni prorogation, sur la base de la loi adoptée par le Parlement, tout comme nous appelons à traiter le dossier des déplacés et celui des camps dans un esprit positif, en tenant compte de leur aspect humain et moral, de manière à aboutir à des résultats sécuritaires et politiques satisfaisants pour tous.

Sur le plan régional, nous sommes  à la fin d’une étape qui prendra un peu de temps. Daech est sur le point de disparaître mais l’affaire prendra un peu de temps. En Irak, cette organisation en est à sa fin militaire. Tout comme nous avons parlé de sa fin militaire au Liban, cette situation est pratiquement la même en Syrie. Ce qui s’est passé au cours des derniers jours est normal de la part de Daech qui se retrouve  en difficulté et coincé dans son dernier triangle, dans ce qui reste de la ville de Deir Ezzor et la province du même nom (Al Mayadeen et Bou Kamal ainsi que quelques villages à l’ouest de l’Euphrate vers la frontière avec l’Irak). Acculée, cette organisation a recours aux kamikazes et aux infiltrés  (Inghimassiyin), bref à tous ceux qui cherchent la mort gratuite, pour qu’ils accomplissent des missions ponctuelles, qui ne peuvent pas changer la réalité sur le terrain mais visent à retarder la fin de la bataille contre elle en Syrie. C’est déjà arrivé et cela se produira encore car c’est la méthode utilisée par Daech pour provoquer des pertes au sein de l’armée syrienne et chez ses alliés. Mais cela ne changera rien car la décision de vaincre Daech en Syrie a été prise et elle est sur le point de réussir. Il s’agit d’une question de temps. Les forces qui avancent ont besoin de temps pour consolider leurs nouvelles positions et préparer de nouvelles attaques et Daech profite de cela pour lancer des attentats, sans pouvoir renverser la situation sur le terrain. Certes, de nouveaux martyrs tomberont au sein de l’armée syrienne et de ses alliés, mais c’est normal dans une bataille qui se déroule dans un désert aussi vaste. La bataille se déroule actuellement sur une superficie de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Mais l’issue est inévitable. Il restera toutefois la menace sécuritaire de Daech en Irak, en Syrie et au Liban. Nous en parlons d’ailleurs constamment.  Daech reste toutefois en Libye, au Sinaï, au Nigéria et au Yémen. Sa présence relève de la responsabilité de ces Etats. Là où nous sommes présents, nous participons à assumer les responsabilités. C’est pourquoi je peux dire que Daech en est aux derniers jours de sa présence militaire. Cette organisation était un outil de destruction, d’hémorragie et de troubles. Mais le pire c’est qu’elle agissait en affirmant le faire au nom de l’islam.

Il reste encore un point concernant Daech que j’évoquerai demain. Nous sommes en train d’en finir avec le complot que représentait Daech qui a été fabriquée par les Etats-Unis et Israël et qui a été appuyée par des parties régionales et qui a envahi la région dans le cadre d’un projet global. Cela se confirme un peu plus chaque jour. Aujourd’hui quelque chose d’autre, de tout aussi dangereux se prépare contre la région. Et nous devons être prêts à assumer les responsabilités comme nous l’avons fait pour Daech. Ici, je voudrais rappeler à ceux qui m’écoutent de se demander un instant ce qui se serait passé si Daech avait remporté la victoire en Irak et en Syrie. Quel aurait été dans ce cas le sort du Liban, de la Jordanie, du Koweit, de l’Arabie saoudite qui a appuyé Daceh au moins à un certain moment ? Quel aurait été le sort des autres pays du Golfe, des pays nord africains ? Daech se serait-elle arrêtée dans sa guerre barbare, sanglante et terrible ? Bien entendu je ne demande pas quel aurait été le sort d’Israël car il est le seul à ne pas avoir été inquiet de la montée de Daech. Israël est aujourd’hui inquiet de la défaite imminente de Daech. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir les déclarations de ses responsables. Le seul qui n’était pas inquiet était donc Israël alors que l’ensemble de la région se sentait plus ou moins menacé par une victoire de Daech.  Tous les peuples de la région doivent savoir que la défaite de Daech est en train d’être réalisée grâce à tous ceux qui se sont battus, Irakiens, Syriens, Iraniens, Afghans, Pakistanais, Libanais contre cette organisation. Sans eux, les gouvernements de la région seraient tous tombés et ils auraient ainsi mangé le poison qu’ils avaient préparé. Ce n’est d’ailleurs pas cela qui nous aurait fait de la peine. Mais nous sommes tristes pour les peuples qui auraient été les victimes de la barbarie de Daech.

Aujourd’hui, la région est en train d’entrer dans une nouvelle phase très dangereuse, celle de la partition et du retour au plan du Nouveau Moyen orient que nous avions mis en échec en 2006 dans le cadre de la guerre de juillet ainsi que grâce à la résistance de Gaza, de la Syrie, de l’Iran, du Liban et des mouvements de résistance. Je vais rafraîchir les mémoires au sujet du plan de Georges Bush et Condoleezza Rice. Il s’agissait de partager la région en entités confessionnelles et ethniques pour la plonger dans des affrontements entre elles  et Israël sera ainsi l’Etat le plus fort, l’axe et même le refuge des  confessions et des ethnies, le refuge des chrétiens fuyant l’extrémisme musulman, celui des druzes, des chiites, des sunnites, des kurdes et des turkmènes. C’est ce qui se préparait et qui a échoué.

Aujourd’hui, après l’échec de la période de Daech qui était un projet au service des Etats-Unis et d’Israël pour mettre totalement la région sous leur contrôle, il y a un autre projet qui se préparait depuis longtemps et que le moment de lancer est venu. Il s’agit du projet de partition de la région dont l’application commence au Kurdistan irakien.

Nous devons dire cela, chers frères et sœurs, à tous nos frères dans la région et en particulier à nos frères kurdes. A eux que nous aimons, à leurs femmes, leurs enfants et leurs jeunes, nous disons que nul ne doit être dupe. Il ne s’agit pas d’une question de droit à décider son sort, ou droit de ce genre, il ne s’agit pas de l’histoire d’un groupe qui veut se séparer. Non l’affaire est totalement différente. Il s’agit de partager la région en entités confessionnelles et ethniques : un Etat Kurde, un autre turkmène, un autre balouche, azéri etc. Lorsque l’ethnie est grande, on cherchera à diviser sur la base confessionnelle : sunnite, chiite, chrétien, druze, alaouite, azédi, ismaélite etc. C’est donc très dangereux. J’ai dit une fois que certains événements politiques auront des répercussions pendant des années. Mais d’autres laisseront un impact pendant des dizaines d’années, voire des centaines. C’est le cas notamment de la création de l’Etat d’Israël en Palestine occupée. Cela fait soixante-dix ans…Ce qui se passe aujourd’hui ne peut donc pas être considéré comme un fait interne irakien, comme si les kurdes d’Irak étaient en conflit avec les autres Irakiens et nous autres, dans le monde arabo-musulman nous ne sommes pas concernés. Non, ce sujet constitue une menace pour l’ensemble de la région, pas seulement l’Irak, mais aussi l’Iran, la Turquie, la Syrie, toute la région.  Car il ne touche pas seulement ces quatre pays, il ouvre aussi la voie à une partition généralisée.  Voyez donc qui appuie ouvertement la séparation du Kurdistan irakien du reste du pays ? Israël, c’est le seul pays au monde à le faire. Cela devrait être un indice suffisant  qu’Israël et les groupes armés syriens soient les seuls au monde à appuyer publiquement la séparation du Kurdistan irakien. Ceux qui avaient des doutes sur la question devraient désormais ne plus en avoir. Lorsqu’Israël se déclare ouvertement avec la séparation du Kurdistan irakien, cela devrait dissiper tous les doutes sur le bien-fondé de cette démarche.  Il y a certes des parties qui sont avec cette séparation, mais elles ne le déclarent pas ouvertement.  Il ne faut pas avoir confiance dans la position  des Etats-Unis. Hier, le chef de la minorité démocrate au Congress a demandé à l’administration de son pays d’appuyer la séparation du Kurdistan irakien. Demain, on entendra des voix similaires en Grande Bretagne et en Europe. Les voix deviendront plus nombreuses. Mais aujourd’hui, la responsabilité de cette question  relève des Kurdes irakiens et du peuple irakien en général en premier lieu. Elle relève aussi de la responsabilité des pays concernés par les Kurdes, ainsi que des autres peuples et Etats de la région et arabo-musulmans. Ils doivent tous faire face au projet de partition de la région, dont les préparatifs vont bon train partout. Voyez au Yémen comment ils travaillent pour la partition.

Je voudrais dire aux pays qui appuient tacitement la partition que le danger les menace eux aussi. Je vais parler en toute franchise. Il avait été dit dans le passé, et il y avait quelques indices en ce sens, que l’Arabie appuyait l’indépendance du Kurdistan irakien. Aujourd’hui, la position officielle de ce pays est différente. Mais si on suppose qu’il y a un appui tacite à l’indépendance du  Kurdistan irakien, je voudrais dire aux dirigeants saoudiens que cette partition est le prélude à celle de la région qui atteindra  l’Arabie. Ce royaume sera partagé et il est en réalité l’Etat le plus propice à la partition.  C’est une très grande superficie et il y a des problèmes internes importants que les médias ont essayé d’occulter. Il y a aussi beaucoup de pétrole et de nombreuses richesses qui aiguisent les appétits. Si, à Dieu ne plaise, l’Irak et la Syrie sont divisés, l’Arabie sera ainsi en tête de liste sur les pays suivants. Nul ne doit croire que sous prétexte de mettre en difficulté l’Iran et la Turquie et pour affaiblir le gouvernement central irakien, il faut appuyer l’indépendance du Kurdistan irakien. Cette épée atteindra vos gorges et ce poison sera versé dans vos aliments. Cette question doit être traitée par tous avec sérieux et sens des responsabilités.

Pourquoi parlons-nous d’une voix si haute et avec des propos forts ? Parce ceux qui croient que la région est divisée en mini-Etats pourrait favoriser la paix et la sécurité puisque chaque groupe aura ainsi son Etat se trompent lourdement. Tout sera fait par les services de renseignements israéliens et américains ainsi que par les médias pour que ces mini-Etats soient en conflit pour des dizaines d’années. Il y a déjà eu des conflits et des guerres à cause des frontières qui datent de l’accord de Sykes-Picot. Mais si la partition est réalisée, les frontières des mini-Etats seront conçues pour provoquer des guerres et des  affrontements.

La partition signifie ainsi plonger la région dans des guerres internes dont seul Dieu connaît la durée et les conséquences. La partition est la pire menace qui guette notre région. Il faut l’affronter avec force. Quand je dis force, ce n’est pas la violence. Je n’appelle pas à la guerre contre les Kurdes. J’appelle à faire face à ce projet de façon responsable. Je voudrais aussi attirer l’attention de ceux  qui utilisent les réseaux sociaux, des politiciens et des médias qu’il ne s’agit pas de s’en prendre aux Kurdes ou d’aborder la question sur la base des ethnies ou des nationalités ou des confessions. Le problème n’est pas avec les Kurdes mais avec des hommes politiques kurdes, qui ont leur projet, leur rêve et leurs intérêts. Le peuple kurde qui se trouve en Irak, en Turquie, en Iran et en Syrie est une partie de nous-mêmes, une partie de cette oumma et des peuples de la région.  Ils sont nos frères et il ne faut pas que l’on parle avec eux d’un point de vue d’animosité, comme si les Kurdes étaient nos ennemis. C’est en tout cas ce que veut Israël. J’ai voulu attirer l’attention sur ce point. Quand je parle de faire face de façon responsable, je n’appelle pas d’affrontement armé. Il y a d’autres moyens. Si ces les commandements kurdes qui veulent l’indépendance voient que les pays arabes et musulmans sont fermes dans leur opposition à ce projet – en dépit de leurs divergences sur d’autres sujets- ils n’auront plus d’autre choix que d’annuler les résultats du référendum et de revenir au dialogue et à la négociation avec Bagdad pour trouver une formule de coexistence dans un cadre constitutionnel précis, comme la suggéré hier l’autorité religieuse à Najaf.

La partition est donc un sujet qu’il faut prendre au sérieux. Il s’agit d’une menace historique dangereuse pour tous les Etats et les peuples de la région. Et cette menace atteindra aussi le Liban.

Sur le plan régional, il y a encore un point que je voudrais évoquer. Il existe des indices sérieux, des données et des informations, sur la volonté de certaines forces arabes de pousser vers un compromis entre les Palestiniens et l’ennemi israélien.  Ces parties disent aux Américains : si vous voulez vraiment  entraîner la région dans une confrontation globale avec l’Iran, si vous voulez mobiliser toutes les forces de la région contre l’Iran et l’axe de la résistance, si vous voulez obtenir des résultats positifs, vous devez nous aider dans le dossier palestinien. Car il donne un  prétexte à l’Iran et à l’axe de la résistance qui l’utilisent pour affirmer qu’ils défendent la cause palestinienne.

C’est cela leur vraie motivation, non la conscience qu’il existe un peuple palestinien privé de son droit élémentaire, des réfugiés palestiniens éparpillés, des détenus palestiniens, des terres palestiniennes violées, des droits bafoués, Jérusalem menacée, des symboles sacrés en danger, un siège autour de Gaza…Car si c’était ce souci qui motivait la volonté de trouver un compromis, la solution serait simple : redonnez aux Palestiniens ce que vous pouvez de leurs droits spoliés et retirez ce prétexte à l’axe de la résistance.  Nous n’y voyons aucun problème. De toute façon, ce que je veux dire c’est que ceux qui poussent actuellement vers un compromis dans le dossier palestinien souhaitent en fait le clore pour ouvrir une nouvelle confrontation. Autrement dit, Israël deviendra un allié et un ami et il n’y aura plus de problème avec lui. C’est cela le but caché. De la sorte, la bataille sera uniquement contre l’Iran et avec l’axe de la résistance, indépendamment du fait que les Palestiniens n’accepteront pas ce qui pourrait nuire à leurs droits. Hélas, certains dirigeants et gouvernements de la région pensent de cette manière, alors qu’ils auraient dû tirer la leçon des expériences passées. Ce soir, nous appelons ces dirigeants et ces gouvernements, ainsi que ceux qui les appuient, à tirer les leçons des expériences vécues dans la région jusqu’à présent : je le dis en toute franchise, le fer de lance de ce projet dans la région, ce sont les dirigeants saoudiens. Vous avez vu ce qui s’est passé en Syrie au cours des six ou sept dernières années : des milliards ont été versés et un discours d’incitation confessionnelle a été utilisé à l’extrême, il y a eu des affrontements, des campagnes médiatiques et des combattants venus du monde entier avec d’immenses facilités. Quel a été le résultat ? la Syrie a été détruite, vous vous en êtes vengés, des gens ont été tués, c’est vrai. Mais votre projet politique a échoué.

Même chose en Irak, où les événements ont commencé en 2003 et non en 2011 comme en Syrie. Depuis 2003, vous avez envoyé des voitures piégées et des kamikazes en Irak pour attaquer des villes, des villages, des lieux de culte chrétiens chiites et sunnites, vous avez semé la haine et la discorde entre les sunnites, les chiites, les arabes, les kurdes et les turkmènes ; le résultat a été aussi l’échec. Même au Yémen, quel est le résultat de la guerre que vous y avez déclenchée ? Chaque jour, les Yéménites manifestent en grand nombre à Sanaa , à Saada ou ailleurs, en dépit des bombardements et de la violence qui ne s’arrête pas pour exprimer leur volonté de résister. Ces mêmes Yéménites se battent désormais aux portes de Najrane, devant les murs qui entourent la ville. Pourquoi donc cette guerre ? Quel est donc son objectif, à part la volonté d’humilier et l’entêtement ? Tous ces éléments ne constituent-ils pas des expériences concluantes ? Où voulez-vous entraîner la région ? Vers d’autres guerres encore ?  C’est malheureux à dire mais c’est comme cela. Dans l’intérêt de qui ces nouvelles guerres ? D’Israël qui deviendra ainsi un nouvel allié et un ami et dans celui des Etats-Unis, de leurs usines d’armement et de leurs vendeurs d’armes qui obtiendront ainsi des milliards de dollars payés par les peuples de la région, les Saoudiens, les Yéménites, les habitants du Golfe, les Iraniens, les Libanais, les Syriens, les Palestiniens, les Egyptiens etc.

Nous appelons à méditer  sur les expériences passées. La voie, et je m’adresse là aux dirigeants saoudiens est dans le dialogue, non dans la provocation de nouvelles guerres et de nouveaux massacres, non dans le fait de nouer des alliances artificielles avec les ennemis du Dieu, des prophètes et des peuples. Je parle des sionistes.

Tout le monde ouvre ses portes au dialogue, à travers lequel il est possible de parvenir à des compromis qui préservent les intérêts. Il est aussi possible d’obtenir des garanties qui préservent les intérêts et les dignités de tous. Par contre la continuation des guerres et le déclenchement de nouvelles, en inventant de nouvelles animosités, n’ont aucun horizon et n’aboutiront qu’à de nouvelles défaites.  Votre expérience avec l’accord nucléaire iranien en est une preuve. Vous affirmez vouloir lutter contre l’extension de l’influence iranienne dans la région. Mais avec les erreurs que vous avez commises et vos échecs, vous avez contribué à étendre l’influence iranienne dans la région. Lorsque l’Irak est attaqué par Daech, le peuple et le gouvernement irakiens sentent qu’ils ont besoin de s’allier avec l’Iran pour se protéger. Même chose en Syrie. Au Yémen, lorsque le peuple est attaqué, il est normal qu’il cherche des alliés. L’Iran n’était pas présent au Yémen. Mais votre agression contre le Yémen a ouvert les portes de ce pays devant l’Iran.

Ce n’est donc pas la guerre contre l’Iran qui va stopper son influence dans la région.  Je suis l’ami de l’Iran et je vous donne un conseil en toute sincérité : ce sont vos guerres perdues qui augmentent l’influence de l’Iran dans la région. Allez donc vers le dialogue avec ce pays et vers les règlements politiques. Allez vers les compromis et les réconciliations, en préservant les intérêts de tous. Nous sommes face à une nouvelle étape. Il y a des indices sérieux en ce sens, même s’il n’est pas dit qu’ils vont se concrétiser car aboutir à un compromis avec le gouvernement de Netanyahu n’est pas chose facile. Hier encore, l’ambassadeur américain auprès de l’entité israélienne a déclaré qu’ « Israël » n’occupe que 2% de la Cisjordanie. C’est cela les prémices du compromis en gestation…

Nous pensons que les Israéliens, avec leur arrogance, leur prétention et leur voracité n’accepteront pas un compromis qui sauvera la face à l’Autorité palestinienne ou à la délégation palestinienne qui mènera les négociations. Mais de toute façon, le fait de faire face à ce qui se prépare est une responsabilité collective. Nous sommes particulièrement concernés par les nouvelles sanctions américaines annoncées contre le Hezbollah. Nous avons aussi des informations sur de probables sanctions contre des Etats avec lesquels nous avons des relations ou au moins avec lesquels il existe un respect réciproque, pour les pousser à adopter des positions hostiles à notre égard.  Tout cela parce qu’ils veulent nous faire payer le prix d’avoir mis leurs plans en échec.  La résistance libanaise dans toutes ses factions a infligé un échec au projet du Grand Israël en 2000 et en 2006, elle  fait avorter le projet du nouveau Moyen orient. Tout comme, avec tous ceux qui ont combattu dans le même camp, elle a contribué à mettre en échec  le projet de Daech et la mainmise de la pensée takfiriste sur toute la région.  C’est normal qu’ils cherchent donc à nous faire payer le prix de tous ces échecs.

Il est normal que nous soyons menacés par les Israéliens des pires malheurs. J’en parlerai demain. Mais nous où sommes-nous ? En ce dixième soir de Achoura nous voilà en train de renouveler notre serment à l’imam Hussein. Nous ne quitterons pas les places et les champs de bataille et nous renouvelons notre engagement à poursuivre sur la voie qu’Il a tracée. Nous revivons le dévouement et la loyauté de ceux qui n’ont pas hésité à donner leurs vies pour défendre le Droit et la Vérité, nous redisons avec eux que nous sommes conscients des dangers et du risque d’être brûlés et tués, mais cela ne nous fait pas peur.

L’an dernier, au même moment, nous avions réitéré le même serment de défendre les valeurs pour lesquelles l’Imam Hussein s’est sacrifié. Nous continuerons à nous battre pour l’honneur et la dignité des peuples, pour leurs droits et pour l’avenir ? Ni Daech ni les autres groupes takfiristes ne nous feront peur et nous disons comme l’ont fait avant nous les compagnons de l’imam Hussein : même en  sachant que nous serons brûlés vifs et accrochés dans les airs, nous ne vous quitterons pas et nous sommes prêts à refaire la même chose.

Les champs de bataille ont prouvé notre détermination et notre loyauté. Les corps de nos martyrs les ont aussi prouvées. Nous savions, lorsque nous avons choisi la voie de la résistance contre Israël et celle de la bataille contre les groupes terroristes takfiristes, nous savions lorsque nous avons choisi de combattre les projets américano-sionistes dans la région que cela ne pouvait pas se faire par les seuls slogans, par les discours tonitruants et par la diplomatie. Nous savions qu’il fallait se rendre sur les champs de bataille. Nous sommes rendus là où nous devions être et nous continuerons de le faire, avec la même détermination et le même dévouement.  Nous avions dit il y a quelques années : «Nous entendons ton appel  Zeinab»  et nous nous sommes rendus sur place.  Zeinab est le symbole des valeurs morales de l’Islam. Elle est notre honneur et celui de la oumma et de son peuple. Elle est celui des femmes de la région, qu’elles soient musulmanes, chrétiennes ou azidites.

Comme l’avait fait Yazid dans le passé en cherchant à dénaturer l’islam, Daech a voulu et continue de le faire. Pour que la victoire soit au rendez-vous, pour le triomphe des valeurs, nous continuerons à nous battre sans fatigue ni ennui. Notre espoir dans la victoire augmente avec chaque martyr, chaque blessé sur le champ de bataille. Nous sommes fiers de défendre les valeurs de l’imam Hussein et celles des religions. Nous lui affirmons, comme nous l’avions fait les années précédentes et comme nous le ferons les années à venir, que plus les pressions seront fortes et les sacrifices importants et plus grande sera notre détermination. Chaque nouvelle épreuve nous rend encore plus forts. Nous ne cèderons pas à la peur et à l’humiliation.

Je vous retrouve inchallah demain. Soyez bénis.        

Traduit par french.alahednews

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