Le « 14 mars » dans le Wikileaks « libanais » : Des informateurs du dixième rang
Ibrahim al-Amine, al-Akhbar
On reste perplexe sur la manière d’aborder les textes de la correspondance entre l’ambassade américaine à Beyrouth et le ministère des AE à Washington, à propos des détails politiques et sécuritaires relatifs au Liban.
Les textes parvenus à « al-Akhbar » sont par centaines, et les pages encore plus, et tous sont classés secrets, même si leur contenu n’est pas étrange aux oreilles et yeux des Libanais au cours des années passées. La polémique politique interne, les relations avec la Syrie, la confrontation du Hezbollah et l’enquête internationale ainsi que le tribunal, etc.. Dans toutes ces situations, les Etats-Unis paraissent le centre polarisateur.
Les textes ne contiennent pas des commentaires très importants ou des explications des positions de Washington, à partir des titres, et le scénario est limité aux dialogues entre d’une part, l’ambassadrice américaine ou son remplaçant, qui pose les questions, et d’autre part, les personnalités libanaises qui répondent, en long et en large. Il est cependant certain que les diplomates américains savent que le contenu de ces réunions s’envolera rapidement à Washington. Ils comptaient sur la confidentialité des procès-verbaux et qu’ils ne seraient pas publiés. Mais le problème, concernant les parties libanaises qui ne savaient pas que leurs paroles allaient être transmises, Dieu seul sait si la transmission a été fidèle et précise ou déviée, ou en fonction de ce que les Américains avaient compris.
Mais ces personnalités ne pensaient pas que ce qu’elles faisaient n’était qu’une des formes de collaboration pour le bénéfice de parties étrangères, et qu’elles sont en position d’informateurs qui transmettent les renseignements et incitent contre une partie libanaise, sans aucune retenue. Et si un jour, on découvre la liste des paiements de Jeffrey Feltman à Beyrouth, nous pouvons dès lors comprendre cet enthousiasme et cet excès à présenter des informations à l’ambassade américaine, de la part de ces parties ou personnalités libanaises.
Outre l’aspect amusant de l’affaire, mais à la manière « il vaut mieux en rire plutôt que pleurer », l’importance de ces documents gît, pour les Libanais aujourd’hui, dans la nécessité de revoir la période passée, et reprendre les positions, les déclarations et les décisions prises par le 14 mars, tout au long de ces années, quels furent ses propres calculs, ses analyses et ses données, et parce qu’ils indiquent l’ampleur des intérêts américains auprès de ceux-là, et combien ce groupe libanais a compté sur l’appui américain pour toute affaire. Cela reflète aussi l’ampleur de l’indifférence américaine au travers de l’ampleur des demandes insistantes.
Il est possible, en toute simplicité, de comprendre et de saisir l’ampleur de la politisation du dossier de l’enquête dans l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri, et il est possible de comprendre l’implication interne dans la guerre ouverte contre la résistance, comme il est possible de comprendre la guerre ouverte également contre le général Michel Aoun car il s’est entendu avec le Hezbollah, et il est possible de comprendre l’indifférence de l’occident, sous la direction des Etats-Unis d’Amérique, envers toute chose au Liban hormis ce qui se rapporte à la sécurité « d’Israël ».
Il est difficile que quelques pages contiennent tout ce qui existe, mais il y a plusieurs moyens de publication. Al-Akhbar publiera sur son site électronique les textes tels quels, dans leur langue d’origine, et la traduction en arabe de certains d’entre eux, et tous les documents relatifs au Liban et plusieurs pays arabes. Quiconque souhaite les consulter, doit être prêt à accepter, à l’avance, que la majeure partie de nos gouvernements et la majorité des forces du pouvoir dans notre monde arabe, sont des forces prêtes à vendre toute chose pour demeurer dans leur position…
Puis ils vous parlent de liberté, de souveraineté et d’indépendance…