La presse française voit dans le remaniement une victoire de François Fillon (Le Monde.fr)
"Gouvernement de crise" pour les uns, "équipe de campagne" pour les autres, chacun y est allé de sa petite phrase dimanche soir pour qualifier le nouveau gouvernement. Lundi 15 novembre, les éditorialistes sont tous d'acord sur un point : le choix de Nicolas Sarkozy est celui de la continuité, assortie d'un retour en force de la droite traditionnelle.
En faisant le choix de reconduire son premier ministre après des semaines de spéculation sur l'identité de son successeur, Nicolas Sarkozy a conforté François Fillon, qui hérite du nouveau titre d'"hyper-premier ministre", terme employé notamment par Libération et La Tribune. Le quotidien économique estime que la résurrection du chef du gouvernement est due à son caractère fait de "rigueur, constance, sérieux à la limite de l'ennuyeux" : "Le premier ministre a su jouer de sa popularité au sein de l'électorat de droite et surtout de l'estime que lui portent les parlementaires de l'UMP."
"SARKOZY N'A PAS PU DIRE NON"
Une analyse partagée par Le Figaro, pour qui François Fillon s'est imposé grâce à sa popularité et à l'appui du camp majoritaire. Le chef de l'Etat a ainsi dit non au "virage social", une idée "surtout séduisante sur le papier", qu'aurait incarnée le centriste Jean-Louis Borloo, un temps donné favori pour succéder Fillon.
Pour Les Echos, "Sarkozy n'a pas pu dire non" à un premier ministre devenu son indispensable complément. Se détachant des analyses soulignant le caractère vain de ce remaniement, le quotidien économique y voit un vrai signe de changement. "Que l'un comme l'autre en aient conclu qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner en reprenant chacun leur liberté, un an et demi avant la fin du quinquennat, crée une situation beaucoup plus nouvelle que pourrait le laisser penser le flot de commentaires déversés depuis hier sur l'air du 'tout ça pour ça'" – expression utilisée notamment par France-Soir. Finalement, Les Echos, saluent la "constance" avec laquelle le président de la République a mené "une politique de réformes de grande ampleur".
Pour Le Figaro, il est clair que "la page de l'ouverture à gauche est tournée". Libération souligne également "la fin officielle de toute ouverture", mais surtout "le resserrement sur une équipe d'affidés destinée à faire campagne plutôt qu'à gouverner". Toute la presse a en tête l'échéance de 2012, et le choix de Nicolas Sarkozy semble avant tout lié à la volonté de rassembler son camp.
LE RETOUR EN FORCE DE L'UMP
"La mascarade", va jusqu'à titrer, dans son édition papier, L'Humanité, qui estime que ce remaniement "piteux" est fait pour "serrer les boulons dans la perspective des dix-huit mois de mandat présidentiel restant". "Nicolas Sarkozy a choisi d'accélérer la mise en œuvre d'une société ultralibérale, avec une liquidation des acquis sociaux et un pressurage des familles modestes et des classes moyennes", affirme le journal. Après des mois de feuilleton médiatique, l'issue est tout aussi décevante pour Libération : "La montagne de communication accouche d'une souris politique et la continuité prévaut largement sur le changement. (...) Ce devait être un électrochoc. C'est une panne de courant", affirme Laurent Joffrin sous le titre "Renoncement".
"Sarkozy ouvre à droite et fâche le centre", confirme enfin Le Parisien-Aujourd'hui en France (lien payant). Le centre, et en premier lieu Jean-Louis Borloo, qui "ne va pas être un allié simple pour l'UMP", met en garde Le Figaro.