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La fin annoncée de l’expérience Kouchner (Presse)

La fin annoncée de l’expérience Kouchner (Presse)
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Le remaniement ministériel marque la fin de la mission de Bernard Kouchner au ministère des affaires étrangères. Invité surprise du premier gouvrnement Fillon, nommé après l'élection présidentielle pendant laquelle il avait soutenu Ségolène Royal, l'ancien "French doctor" affichait de grandes ambitions à son arrivée au Quai d'Orsay.
Bernard Kouchner, connu pour fonctionner à l'affectif, n'a pas toujours su s'entendre avec les diplomates en trois ans et demi passés au Quai d'Orsay."Il est dans le réactionnel et l'émotionnel", résume Dominique Moïsi de l'Institut français des relations internationales (IFRI), interrogé par l'AFP. Un homme en recherche de solutions justes mais qui semble parfois avoir scrupule à trancher.
"Kouchner n'avait pas été choisi pour sa meilleure compréhension du monde, mais parce que l'Elysée voulait faire une opération de politique politicienne. Les amis du président ont pensé qu'il ne poserait pas de problèmes, n'étant pas un homme de dossiers", ajoute-t-il. De fait, le rôle du ministre des affaire étrangères a été réduit à la portion congrue, au profit des conseillers du président de la République, et du président lui-même. Au fil des ans, l'Elysée a empiété de plus en plus sur la gestion quotidienne du ministère des Affaires étrangères, donnant aux diplomates l'impression que leur ministre ne défendait pas assez leur domaine de compétences et leur budget.
Deux prédécesseurs éminents de gauche et de droite, Hubert Védrine et Alain Juppé, avaient déploré dans une lettre ouverte en juillet la perte d'influence de ce ministère dans le monde. Plusieurs ambassadeurs avaient également fait part de leurs désaccords avec le ministre. Tout comme les personnels du Quai d'Orsay, à l'image de Jean-Pierre Farjon, secrétaire général du syndicat CFDT au ministère qui estimait que "le ministre ne connaît pas le Quai".
Il a également painé à faire entendre sa différence, notamment cet été, sur la question des Roms. Après avoir fait savoir qu'il avait songé à démissionner, il s'est finalement rangé à la ligne du gouvernement et du président de la République. (Voir la vidéo: Les "états-d'âme" de Bernard Kouchner)


"LA FIN DU KOUCHNÉRISME"
Malgré une popularité au beau fixe, Bernard Kouchner a brouillé son image d'humanitaire courageux, sans pour autant gagner ses galons de chef respecté de la diplomatie.
Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a multiplié les missions sensibles de l'Afrique au Proche-Orient, court-circuitant parfois Bernard Kouchner. Il a été critiqué pour son manque d'investissement sur la scène européenne. M. Kouchner s'est beaucoup occupé de multilatéralisme et de certains régions qu'il connaît parfaitement - Balkans et Proche-Orient (notamment le Liban). Mais sans beaucoup d'effet sur ce dernier dossier dont il confie qu'il aimerait voir la résolution avant de mourir. Sur l'Iran, il a adopté le langage de la fermeté, pariant sur une évolution interne du régime qui ne s'est pas produite.
En Afrique, il a oeuvré à la protection au Tchad des réfugiés du Darfour, a été l'artisan de la réconciliation avec le Rwanda, poussé les militaires guinéens à la transition vers un régime civil après un massacre en septembre 2009.
Le Quai d'Orsay "qui aurait dû être le bâton de maréchal de Bernard Kouchner, a plutôt été la fin du kouchnérisme, tant ce qu'il incarnait - droit d'ingérence, droits de l'Homme - s'est brisé sur l'autel de la realpolitik", estime Pascal Boniface, de l'IRIS, cité par l'AFP. Le chercheur estime même que "le ministre aura passé son temps à contredire l'agitateur qu'il avait été".

Source: Le Monde.fr

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