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Berry en visite officielle à Paris: un dialogue qui va au-delà de la crise actuelle

Berry en visite officielle à Paris: un dialogue qui va au-delà de la crise actuelle
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Scarlett Haddad/ L'Orient le Jour 

C'est un président de la Chambre portant sur ses épaules la crise que traverse actuellement le pays qui prend ce matin l'avion pour Paris. Nabih Berry répond ainsi à une invitation officielle qui lui a été adressée par les autorités françaises et dont le timing a été choisi par elles en raison de la gravité du moment et de l'importance du rôle interne joué par le chef de l'Assemblée. À Paris, Nabih Berry doit s'entretenir avec les principaux responsables du pays, à la fois dans l'exécutif et dans le législatif. Il entame ainsi ses rencontres mardi avec le ministre des AE étrangères Bernard Kouchner, qui sera suivie d'un entretien avec le Premier ministre François Fillon. Mercredi, Berry doit rencontrer le président du Sénat Gérard Larcher et celui de l'Assemblée générale, Bernard Accoyer. Il doit enfin couronner ses contacts par un entretien avec le président Sarkozy jeudi, sans oublier aussi ses rencontres avec les membres de la communauté libanaise en France.
Selon des sources proches du président de la Chambre, cette visite s'inscrit dans le cadre de la volonté des autorités françaises d'écouter toutes les parties libanaises et elle exprime l'intérêt qu'elles portent à la situation au Liban, à la lumière des remous que suscitent les rumeurs au sujet du contenu de l'acte d'accusation du TSL. Cette visite revêt d'ailleurs une grande importance puisque la France a joué un rôle primordial dans la décision de former le TSL. Les sources proches de Berry précisent toutefois que le dossier qu'emporte ce dernier avec lui va au-delà de la crise provoquée par le TSL et porte sur la crise structurelle et institutionnelle que traverse actuellement le pays. Berry compte en effet évoquer avec ses interlocuteurs français l'ensemble du problème libanais en mettant l'accent sur certains aspects de la crise. Il compte notamment rappeler que la guerre civile au Liban a abouti à l'adoption de l'accord de Taëf qui est devenu la nouvelle Constitution du pays et qui ressemble à un nouveau contrat social entre les Libanais. Au lieu donc de chercher à en conclure un nouveau, Berry souhaite qu'on pense plutôt à appliquer les points figurant dans cet accord. Selon lui, c'est la non-application de tous les points de Taëf (la formation de la commission pour l'abolition du confessionnalisme et la décentralisation notamment, ainsi que l'élaboration d'une nouvelle loi électorale) qui a provoqué de nouvelles crises, dont celle du 7 mai 2008 qui a abouti à la conclusion de l'accord de Doha. Berry devrait aussi rappeler à ses interlocuteurs que la communauté chiite n'a pas un projet particulier pour le Liban et qu'elle n'a nullement l'intention de modifier la structure du pouvoir libanais, comme il l'avait clairement exprimé dans son discours du 31 août. Par conséquent, il a l'intention de tenir des propos rassurants sur les intentions de la communauté, répondant ainsi à des interrogations discrètement formulées dans les milieux diplomatiques occidentaux. Tout comme il assurera aux autorités françaises que la Finul n'a rien à craindre de la population sudiste chiite, qui la considère désormais comme faisant partie de son tissu social. Par contre, concernant le TSL et l'acte d'accusation attendu, Berry se contentera d'exposer les appréhensions internes, conscient que ce dossier est actuellement prioritaire, tout en n'excluant pas les autres.

Les sources proches du président de la Chambre précisent que c'est ce dernier qui avait sollicité un rendez-vous urgent avec le président syrien Bachar el-Assad. Ayant suivi les détails du dernier sommet syro-saoudien à Riyad - qui s'est tenu à l'aéroport militaire de la ville et qui a duré moins de deux heures -, Berry s'était en effet inquiété, craignant que les divergences sur le dossier irakien n'aient commencé à perturber le fameux rapprochement syro-saoudien, remettant ainsi en cause « le filet de sécurité » créé par ce rapprochement au Liban. Il a donc été aux nouvelles et après sa rencontre avec le président Bachar el-Assad, il est revenu rassuré, au moins sur le fait que l'entente entre ces deux pays influents au Liban continue à produire ses effets sur la situation interne en fixant un plafond à d'éventuels dérapages. Mais c'est aux Libanais de trouver la solution à la crise actuelle en unifiant leurs positions et en expliquant à la communauté internationale leurs appréhensions. C'est un peu donc ce que compte faire Berry au cours de son voyage à Paris, s'exprimant au nom de l'Assemblée, respectueux de la diversité et surtout soucieux, à son habitude, d'arrondir les angles. Les sources proches de Berry estiment aussi que si les autorités françaises ont choisi ce timing pour la visite, c'est qu'elles souhaitent l'entendre à ce moment précis, alors que la région tout entière est en plein bouleversement, sur fond de tensions communautaires, de blocage dans le processus de négociations israélo-palestinien et de divergences interarabes apparues au grand jour au sommet extraordinaire de Syrte, à travers l'accrochage entre le président syrien et le président de l'Autorité palestinienne.
C'est donc dans ce contexte local et régional particulièrement compliqué qu'intervient la visite de Nabih Berry en France, qui, si elle n'est pas de nature à régler les crises, peut au moins permettre de clarifier les positions et d'établir un dialogue franc et constructif.




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