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A propos de la judéité de l’Etat « d’Israël »

A propos de la judéité de l’Etat « d’Israël »
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Mounir Shafiq (chercheur dans les affaires stratégiques)
Source: al Jazeera.net
Traduction: Fadwa Nassar

Pourquoi cette insistance de la part de Netanyahu pour que toute solution définitive de la question palestinienne, ou plus précisément, du règlement en cours ou des négociations bilatérales qui ont débuté à Washington, doit implicitement inclure une reconnaissance palestinienne que « Israël » est l’Etat du peuple juif, ou une patrie pour le peuple juif ?
Netanyahu a mis fin à toute confusion que peut comporter la reconnaissance de la judéité de l’Etat d’Israël. Il a fermé la porte à toute possibilité d’interprétation, comme la réponse de Mahmoud Abbas à cette demande israélienne, disant que Netanyahu, et avant lui Olmert ou Peres peuvent appeler l’Etat d’Israël comme ils le voulaient, c’est une question qui les concerne mais pas lui, s’ils insistaient sur la judéité de l’Etat d’Israël.
Cette insistance de Netanyahu sur le fait qu’Israël est l’Etat du peuple juif, ou la patrie du peuple juif, montre que la reconnaissance de la judéité de l’Etat d’Israël n’est pas une simple question de reconnaissance de son identité juive, mais elle porte atteinte à la terre elle-même, ce qui signifie qu’elle relève du droit du peuple juif et qu’elle lui appartient et que ni  les Palestiniens, ni les Arabes ni les musulmans, y compris les chrétiens palestiniens, n’y ont droit.
Ainsi, Israël ou la terre d’Israël deviennent la suppression de la Palestine, de la terre palestinienne et des droits palestiniens, actuels ou historiques, et la négation du peuple palestinien qui la possède et qui jouit du droit exclusif sur elle, actuellement et historiquement, tel que l’expriment les conditions posées par Netanyahu pour la reconnaissance de l’Etat des juifs.
Cette condition avancée par Netanyahu en tant qu’obligation dans les négociations bilatérales en cours n’est pas une condition du parti Likoud ou du gouvernement israélien « de droite », mais elle fait partie de l’unanimité des dirigeants israéliens et sionistes, malgré les quelques voix marginales qui défient cette définition.
La judéité d’Israël et le retour à la promesse Balfour
Le pire est que cette condition a été entérinée dans la politique américaine officielle au temps du président américain Barak Obama, de manière très claire alors qu’aucun président américain ne l’avait aussi franchement exprimé. Dans son dernier message à Netanyahu et Pérès envoyé à l’occasion de ce qui s’appelle la fête de l’indépendance, Obama précise « que la Palestine historique est la patrie historique du peuple juif », ce qui ne peut que rendre plus claire l’intention d’affirmer la judéité de l’Etat d’Israël, qui est plus qu’une simple identité générale de l’Etat.
Donc, si telle est la question, que signifie l’accord palestinien officiel de l’Autorité de Ramallah (illégitime) en acceptant d’entamer des négociations dont cette question est l’une de ses résultantes ? Ensuite, que signifie le soutien par les gouvernements, les présidents et rois arabes qui ont rejoint ces négociations directes ?
La reconnaissance de l’Etat de l’entité sioniste comme un Etat pour le peuple juif, par le négociateur palestinien ou tout autre président d’un pseudo-Etat palestinien sur la base « de la solution de deux Etats » (liquidatrice, d’où qu’elle vienne) signifie, entre autres, la suppression des droits fondamentaux des Arabes palestiniens qui sont restés dans le pays après 1948, ou ceux qui resteront dans l’Etat de l’entité sioniste, pour ensuite les exposer à l’exil puisqu’ils résideraient dans un Etat qui est au peuple juif.
Mais cette reconnaissance signifie encore plus, c’est la suppression du droit au retour et tous les droits historiques du peuple palestinien, des Arabes et des musulmans, en Palestine ainsi que la suppression du  droit exclusif du peuple palestinien à l’autodétermination, conformément au droit international.
Il s’agit en fait de la reconnaissance de l’occupation sioniste imposée par le mandat britannique et l’entérination des crimes de génocide et d’expulsion des Palestiniens en 1948, avant et après. Ainsi, elle transforme cette occupation en prétendu droit du peuple juif, ce « peuple » qui s’est constitué de force dans l’Etat de l’entité sioniste à partir de minorités juives ayant émigré de leurs patries pour coloniser une terre sur laquelle il n’a absolument aucun droit.
Tous les sacrifices consentis par les Palestiniens et les Arabes, en résistant contre le projet sioniste, s’évaporent lorsque leur droit sur la Palestine est nié et que la justice de la cause palestinienne lui est arrachée.
La reconnaissance que le mouvement sioniste et les gouvernements de l’entité sioniste veulent arracher aux Palestiniens, puis aux Arabes et musulmans, et au monde entier, considérant qu’Israël est l’Etat du peuple juif, n’est pas une question formelle ou une simple confirmation de la réalité, ou une prolongation de la promesse Balfour ou de la résolution de partage. Il y a, de plus, un grave saut en avant, même par rapport à ce qui était indiqué antérieurement, injustement et illégalement d’ailleurs, dans le slogan « la création d’une patrie juive pour les juifs en Palestine à condition de ne pas porter atteinte aux droits de ses habitants locaux ». Nous sommes aujourd’hui face à la suppression du peuple palestinien sur sa terre, la suppression de ses droits historiques, nationaux, nationalistes, islamiques et chrétiens palestiniens. Tout comme il s’agit de la négation de la Sourate coranique du voyage nocturne et du traité signé par ‘Umar ben Al-Khattab.
Nous sommes donc face à une réelle catastrophe que visent le processus de paix, le règlement et les négociations directes. Personne ne sera excusé en faisant l’autruche devant ce processus où il est demandé au négociateur palestinien de commettre une traîtrise envers la terre, la question, le peuple, l’histoire, la religion, la nation, les générations passées et futures.
Nous ne sommes pas aujourd’hui face à un marchandage politique, mais un marchandage sur l’existence et le droit, d’où qu’ils viennent.

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